L'armée du crime, de Robert Guédiguian
L'histoire du groupe Manouchian, depuis la première arrestation de Manouchian jusqu'au démantèlement du groupe. Le film se concentre essentiellement sur trois personnages: le chef du groupe, Manouchian, poète arménien soutenu par une jeune femme aimante et courageuse, refusant la violence mais finissant par l'assumer; et deux jeunes gens, Rayman (Robinson Stévenin, excellent), le fils de tailleurs juifs de Belleville ami de Henri Krasucki, et Elek, le lycéen brillant et tête brûlée dont la mère tient un petit restaurant. Guédiguian apparaît bien dans ce film comme un communiste déviant, ne serait-ce que par ses emprunts au christianisme (la passion selon Saint-Jean pour marquer la valeur du sacrifice de ces étrangers pour une France insouciante et aveugle, ces grandes scènes de repas chez Ascaride qui rappellent le christianisme primitif), mais aussi par sa hiérarchie de valeurs (formidable scène où un mari et une femme se dressent contre ce membre du Parti qui les a enjoint de se séparer, pour des raisons de sécurité). De façon assez amusante, le film prend presque autant de libertés avec l'Histoire que Inglorious Basterds (la grande période d'activité du groupe Manouchian, c'est 1943, pas 1941-1942.....) A vrai dire, peu importe: j'ai trouvé ce film riche, réussi et incarné.