La Clemenza de Currentzis
Comme à chaque fois chez Currentzis (voir ici), une proposition parfois hors sujet (les tempos dans l'ouverture....) mais toujours excitante et stimulante. Les meilleurs moments de cette Clemenza ont été de mon point de vue les extraits de la messe en ut - Kyrie et Qui tollis en particulier - tension continue, densité du choeur - (poils dressés....) et la musique funèbre maçonnique K427 à la fin, même si elle et assombrit et dénature le sens de la fin de l'opéra.
Après réécoute, j'ajouterais à ma liste de 2011:
- Le n°2, air de Vitellia qui va de la douceur et la séduction (flûtes et cordes, sol majeur) à la menace (Alletta ad ingannar). Hautement virtuose.
- Le n°7: (seul) grand duo d'amour de l'opéra, en la majeur, Annio-Servilia. Musique purement apollinienne.
- Le n°9, l'air de Sesto au 1er acte avec clarinette. Harnoncourt: "Il me semble que la clarinette représente la Vitellia idéale à laquelle Sextus obéit constamment. Elle l'entraîne au plus haut des aigüs, au plus bas des graves. Cela ressemble à la stratégie d'un hypnotiseur, que Vitellia soit fixée dans l'esprit de Sextus sous la forme d'une clarinette. L'hypnose totale par la clarinette". Immenses silences, vendredi soir, entre d'Oustrac et la clarinette.
- Le trio n°10 à l'acte I: musique déchiquetée, prise à un tempo extrême par Currentzis (parfait pour satelliser les chanteurs)
- Le trio n°14 à l'acte II: après le moment Sesto, on discute ici finement le pont, l'entrée de cette s****e de Vitellia, mais la fin de l'exposition - et de l'air - (avec les Vieni de Publius qui vient arrêter Sesto) est très marquante aussi.
- Le n°23, air de Vitellia au second acte. Faussement aimable, avec une excitation qui s'accumule par la virtuosité croissante des cordes et du cor de basset. Bon exemple de la complexité des sentiments dans cet opéra.