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zvezdoliki
14 février 2004

dingue de Matthias Goerne

Mercredi je suis allé voir l'Orchestre de Paris, pour la Symphonie lyrique de Zemlinsky. J'avais deux bonnes raisons pour çà; c'est une partition avec laquelle je n'arrivais pas à accrocher (et c'est toujours mieux d'essayer le live dans ces cas là); c'est l'oeuvre la plus célèbre de Zemlinsky dont j'aime tant les quatuors (notamment le 2ième), et Berg la cite, en bonne place, dans sa suite lyrique.

En seconde approche, donc, c'est une oeuvre avec beaucoup beaucoup de notes, d'un style postromantique, mais raffinée comme celles de l'école de Vienne, et avec une pompe presque hollywoodienne pour évoquer l'Inde. On pense au chant de la Terre, mais autant je pense qu'il faut écouter le chant de la Terre comme une symphonie, en en suivant le fil de l'architecture musicale et en oubliant les voix, autant je trouve que la Symphonie lyrique gagne à être écoutée en lisant et comprenant le texte, très beau, de Tagore.

Comme la première partie des Gurrelieder, c'est une alternance de lieder de voix d'homme et de voix de femme (avec avantage à l'homme qui démarre; 4 au baryton et 3 à la mezzo). Les deux premiers décrivent la montée du désir, les 2 suivants l'accomplissement, les trois finaux la rupture. Contrairement aux Gurrelieder, il y a deux sphères bien séparées et inconciliables pour l'homme (pour faire simple, le prince travaillé par la métaphysique) et la femme (qui est plus dans la séduction et l'érotisme), avec des musiques de caractère différents. Je pense que c'est cet aspect qui a dû motiver Berg dans sa citation de la suite lyrique (dont on connaît maintenant l'arrière-plan biographique).

J'étais surtout venu pour Matthias Goerne. Il a grossi (il est presque bon pour le Bearsden:-) et il a une façon impressionnante d'extraire le souffle du torse, tout en utilisant l'ensemble du corps. Le résultat sonore est bouleversant, il a un grain de voix riche, jeune, et une diction subtile; une synthèse réussie de Prey et de Fischer-Dieskau. Je suis dingue (c'en est pathologique) de cette voix.

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