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zvezdoliki
24 septembre 2004

à la découverte de Helmut Lachenmann

Ce soir, concert Lachenmann au vingtième théâtre. J'étais excité comme une puce d'y aller, pour deux raisons: voir jouer un de mes deux Fabien préférés (pas fafa, l'autre); mais aussi découvrir trois oeuvres de Helmut Lachenmann, le grand compositeur allemand dont tout le monde parle tout le temps mais que je n'avais jamais entendu en concert.

Après le trio à cordes de 1965 avec lequel j'ai peu accroché, les deux plats de résistance étaient Salut für Caudwell (1977), une pièce pour deux guitares, et le premier quatuor, Grand Torso (1971-1988).

Quel spectacle !!!! Le grand truc de HL, ce sont les bruitages; ça tombe bien, j'adore les bruits, que ce soit le bruit des archets chez les baroqueux, toutes les impuretés du jeu. Mais c'est de la musique allemande; le matériau s'inscrit dans une grande forme, ce ne sont pas 2/3 gadgets pour faire une tache de couleur et puis s'en vont.

La pièce pour deux guitares, d'abord. Je l'ai trouvée d'une séduction immédiate. C'est une grande forme (qui dure 25'), qui m'a rappelé de très loin Noces pour les ostinati, les résonances. Il y a une variété incroyable d'effets. Par exemple, bloquer les cordes avec la main gauche, et faire avec la main droite des figures géométriques genre des carrés et des triangles, en rythme: ça donne l'illusion, le contour d'une mélodie populaire, un peu comme les sphynges chez Schumann (des notes-clé qu'on n'entend pas)... Un autre grand moment: un ostinato avec des asymétries rythmiques et des pizz arrachés avec lequel se superposent les syllabes scandées d'un texte de Caudwell (un poète anglais tombé en Espagne pendant la guerre civile). Et sur la fin; des grands accords entrelardés de silences immenses, arrachés, incroyablement en place alors que les deux guitaristes ne se regardaient pas (il faut compter intérieurement me dit Fabien). Et je ne peux pas tout mentionner, les sons flûtés, les pizz en glissando....

Le premier quatuor est une pièce tout aussi étonnante. Il y a cinq minutes, au milieu, où l'alto passe son archet sur le cordier (tirer, pousser): on n'entend quasiment rien, juste une respiration calme: c'est vraiment le coeur du morceau.... Puis le quatuor reprend le procédé, en variant les rythmes. Ce n'est pas une pièce à jouer pour le public cacochyme des Champs-Elysées....c'est tellement ténu parfois qu'on en est paralysé, avec la peur de faire le moindre bruit. Ce qui est très spectaculaire mais perturbant, ce sont ces bruits d'archet du mauvais côté du chevalet, un bruit intermédiaire entre un marteau piqueur et un plancher qui grince ! On a l'impression irrésistible que le violon va être découpé à la tronçonneuse; ça défoule.

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