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zvezdoliki
27 octobre 2004

Saint François d'Assise: sacré Messiaen ! (2/2)

Comme je ne doute de rien, je continue avec quelques notes sur le spectacle, tableau par tableau, pour garder une trace ici de ce que j'ai vu.

la croix: le tout début de l'oeuvre, c'est un chant de fauvettes aux percussions (vibraphones et autres xylophones)

les laudes: le thème grave (cf radioblog, morceau a), ondes (numériques, on dirait des portables: on a envie de se retourner pour insulter son voisin, et non, ce ne sont que des ondes placées au premier balcon), bois graves puis choeur d'hommes.

le baiser au lépreux: l'intervention de l'ange puis la joie tellurique du lépreux, comme dans laTurangalila. Nordey a évacué les pustules, on ne voit qu'un homme à bandelettes, en blanc sur fond blanc, qui rappelle l'homme invisible. C'est une illustration intelligente de "l'invisible se voit", un des fils conducteurs de l'oeuvre.

l'ange voyageur: excellente scénographie de Nordey, qui rend la scène drôle et vivante. Il fait danser l'ange sur le rythme rigolo dont j'ai parlé. Il ya une vraie dimension comique à cette situation de l'ange qui se contrefait et pose une charade au moine qui l'envoie bouler. Christine Schäfer s'amuse et a le timbre délicieux du personnage.

l'ange musicien: Saint-François, debout sur sa colonne fait un long discours (un des rares moments où j'ai eu l'impression de perdre le fil du discours) qui le mène tout droit à l'hallucination: l'ange qui sort comme un baby kangourou de la poche verte. Et voilà le frotti-frotta délectable de l'ange à la viole. Je crois qu'un critique du Figaro (déjà à l'époque, ils étaient inspirés) parlait en 1945 de musique de négresse lubrique au moment de la création des trois petites Liturgies. Il n'est sans doute pas excessif de parler d'érotisme au sujet de la musique de ce tableau, de même qu'on peut utiliser ce mot au sujet au sujet du quintette en sol de Mozart.

le prêche aux oiseaux. Très différent de ce que j'avais anticipé; peu de séquences analogues au fouillis d'oiseaux de Chronochromie. La scène est vivante parce que François transmet une sagesse à Frère Massée (Charles Workman, voix souple et fraîche, retenons ce nom), le guide à travers les chants d'oiseaux, avec des petits commentaires astucieux sur le faucon crécerelle, le gammier (qui fait des gammes descendantes puis montantes !), la gerygone. Evidemment, c'est beaucoup moins ennuyeux que la rousserolle effarvatte où il y a 50 minutes de roulades. Comme d'habitude, Nordey n'est pas littéral; les oiseaux, ce sont les lettres proliférantes du texte de l'énigme. La lumière éclatante rappelle Pelléas, et sa sortie du souterrain. Un moment où la tension se relâche, après l'émotion du tableau précédent.

Les stigmates: la musique qui m'a le plus impressionné. Incroyable début éclaté, avec des fa# obstinés aux violoncelles. Une musique très violente sous le choral du choeur. L'idée visuelle de Nordey et son décorateur est géniale: un triptyque, vert, noir et blanc; quand François subit les stigmates, le carré du centre est progressivement barbouillé en rouge.

-la mort et la nouvelle vie: des réminiscences de toute l'oeuvre, on reconnait le thème des laudes, des oiseaux, avant un grand retour à la musique de l'ange et du lépreux, pour l'apothéose finale.

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25 octobre 2004

trop Grave, ce Messiaen

Je continue mon festival de blagues foireuses autour de la haute personnalité d'Olivier Messiaen. Pour le titre de mon compte-rendu de Saint-François d'Assise (vu hier), j'en ai prévu une encore plus mauvaise. Attendez-vous au pire, ça devrait sortir demain. Aujourd'hui, c'est juste un discret hommage à la Grave, un des lieux chers à Messiaen, face à la Meije.

Je me suis dit qu'une des meilleures façons de rendre justice à ce chef d'oeuvre était de préparer un petit assortiment de quelques extraits qui m'ont marqué sur la radioblog (rappel: il suffit de cliquer). Je me suis aidé pour le repérage avec l'analyse de l'oeuvre par Messiaen lui-même (disponible dans le Kobbé) une lecture bien préférable au blabla pseudo-poétique du programme de l'Opéra....

J'ai choisi quelques moments, pas forcément les climax de l'oeuvre. C'est un choix subjectif, c'est mon choix (hum). C'est la version Nagano-Van Dam-Upshaw.

a) Un extrait des Laudes (le tableau 2). Saint-François chante le cantique des Créatures, (voir ici pour la version farces & attrapes), plus particulièrement la strophe qui évoque "soeur Eau" et "frère Feu". Au chant de François, à 1'33'', succèdent un motif très grave- comme mon titre- (ondes puis contrebasson puis choeur d'hommes) et des houhouhou du meilleur effet.

b) Dans le tableau 4 (l'Ange voyageur), un extrait orchestral qui annonce l'arrivée de l'ange. C'est une séquence typique de Messiaen: un enchaînement de discours très hétérogènes, très typés, avec des couleurs très vives. A 0'51", on entend la première occurence du thème de l'ange, un des marqueurs de l'oeuvre (le chant d'un oiseau, la gerygone), avec des piccolos rigolos staccato. Je parlerai demain du comique de situation de cette scène (oui absolument, vous avez bien lu, comique de situation).

c) Dans le tableau 5 (l'Ange musicien), après l'appel de François (et un thème-fusée de joie qui rappellera la Turangalila à ceux qui connaissent), un moment sublime et très simple: le chant de l'ange (en mode deux, pour les amateurs), interrompu régulièrement par le chant de l'oiseau piccolosrigolos staccato.

d) Ce qui suit immédiatement est purement orchestral, et décrit la caresse de l'Ange sur la viole, un moment d'une délicatesse suprême, qui fait défaillir François. Puis les vibrations de la forêt, la nuit qui avance (on pense à Ravel ! et aussi à Wagner). Pour clore la scène, un accord de sixte et quarte en do majeur avec solo des ondes Martenot.

e) Pour finir, un des moments les plus dramatiques, juste avant que François ne subisse les Stigmates. Le choeur est accompagné par un "orchestre d'angoisse", aux sonorités inouïes. Messiaen cite entre autres des sifflements de l'Eoliphone, une montagne de sable qui s'écroule, des montées en clusters des 6 cors.

La suite demain avec des commentaires sur le spectacle lui-même. Pourquoi je fais tous ces jeux de mots stupides, au fait ? Sans doute l'euphorie d'avoir découvert cette musique rutilante et fraternelle....

17 octobre 2004

Bruno Schulz au musée du judaïsme

Je déteste les expos, la faune des expos, l'état d'hébétude dans lequel je termine les expos, mais cette expo-ci, vue vendredi, vaut bien quelques sacrifices. Bruno Schulz, c'est un des grands écrivains d'Europe centrale (les boutiques de cannellele sanatorium au croque-mort), et aussi un excellent dessinateur. Pour les fans ce site est une mine....(en polonais, hé hé hé....hélas) de même que celienpour les illustrations du Sanatorium au croque mort.

14 octobre 2004

Le quatuor Ysaye dans Beethoven et Stravinski


Concert du quatuor Ysaye à l'auditorium du Louvre. Beethoven - opus 95 en fa mineur et opus 59 n°1 en fa majeur - et au milieu, Stravinski, avec un mélange curieux, le Concertino de 1920 en un mouvement, le Double Canon de 1960 puis les géniales Trois Pièces de 1914; en bis un mouvement lent de Schumann. Je trouve que Stravinski convient mieux que Beethoven à la délicatesse de jeu et au raffinement sonore des Ysaye, que je découvrais. Notamment dans la première pièce de 1914 (celle où le 1er violon est dans l'aigu de la corde de sol, comme un bouc qu'on égorge) et la dernière pièce, Cantique (qui est complètement homophonique, avec des harmonies qui rappellent le Sacre).

Dans le 1er mouvement de l'opus 59 n°1, la façon de jouer des Ysaye met bien en lumière le phénomène suivant: le thème initial, qui sonne comme un paquebot en croisière dans la plupart des versions, est en fait très profil bas (en clair, ce n'est pas le quintette à cordes en sol de Brahms); à la fois en termes de dynamique (il est joué piano 2 fois de suite) et harmonique (la tonique n'est pas énoncée, le V2 et l'alto jouent des batteries sur la-do, le violoncelle chante à partir du do alors qu'on est en fa). Il y a un long crescendo qui amène à la maison, en fa, un peu plus loin. Ce n'est qu'à la fin du mouvement, au début de la coda, que le thème apparaît fortissimo avec des fa en bourdon, en position de tonique. Mais alors il y a des accents sur les temps faibles (2 et 4)....la dernière tension à résoudre avant le nirvana. Les Ysaye ont très bien fait ressortir ça, cette progression d'un petit machin de rien du tout qui devient la base d'une grande arche.

 

13 octobre 2004

+1

Déj avec mon amie et ex-collègue ***. Révélations de part et d'autre. De mon côté, je lui ai parlé pour la première fois du chat, du coloc du chat, des deux orchestres (l'homo et l'autre), et de ce dont je ne parle pas en ce moment dans le blog. Pour le chat, qu'elle a déjà vu, elle s'en doutait et je me doutais qu'elle s'en doutait. Oui tu comprends, un de tes amis qui s'ennuie aussi mortellement à un concert, c'est suspect. Manifestement pour partageons, *** et moi, le même goût pour les mecs "massifs et poilus". Je me sens gai comme un pinson après ce micro-come-out.

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