J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne, de Jean-Luc Lagarce
Vu samedi avec N et le chat (inconditionnel de JLL) la pièce de Lagarce à l'affiche à la Cité U. La pièce, l'une des dernières de l'auteur qui est mort du sida en 1995, est davantage de la musique de chambre que les Prétendants, cette comédie grinçante du monde du travail, et plus un psychodrame bergmanien que Derniers remords avant l'oubli qui était souvent très drôle et dont j'ai un souvenir très ému. Elle montre cinq femmes d'âges divers face au retour du fils de la famille, à l'agonie et absent de la scène, dans la maison familiale dont il a été chassé, il ya longtemps, par son père. Mais elle est aussi une chronique de la vie de province, de la campagne de l'est de la France. Lagarce est du Jura et la pièce a été montée au théâtre du peuple à Bussang, ce beau théâtre à l'allemande qui ouvre sur la forêt, dans les Vosges (....je rêve d'y voir la bataille d'Arminius). La langue est belle, toute de ressassement, presque du Thomas Bernhardt, en moins tendu. Elle supporte assez mal une mise en scène qui en fait trop. Pas vraiment emballé par Cécile Garcia-Fogel dont le personnage est pourtant bouleversant: celui d'une femme de 35 ans qui s'est fait à des amours de passage avec des hommes mariés qui ronflent avec leurs chaussettes. Mais je me souviendrai d'une grande scène de théâtre, au milieu, quand Catherine Hiegel rugit pour rétablir la vérité, et se défend comme une lionne contre la benjamine qui provoque ses aînées en leur reprochant de ne pas avoir su prévenir le drame.