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zvezdoliki
22 janvier 2006

Le dernier concert du cycle Lachenmann Mozart à la Cité de la Musique

Lachenmann c'est relaxant comme du Varèse: sans hauteurs, il n'y a ni analyse thématique ou harmonique, le compilateur interne peut se mettre au repos et se concentrer sur quelque chose qui s'apparente ....à la musique. Kundera a écrit quelque chose de très beau sur pourquoi il aimait écouter Varèse dans les années 70 en Tchécoslovaquie, je ne retrouve pas cette interview au Monde de la Musique mais je ne crois pas déformer sa pensée en écrivant que c'était à cause de son absence totale de psychologie ; ça pourrait aussi s'appliquer à Lachenmann, sans doute. C'est la deuxièmefois que j'entends du Lachenmann en concert, ses oeuvres orchestrales sont plus spectaculaires que sa musique de chambre.

Donc, hier, il y avait:

  • Accanto (1977): une sorte de concerto pour clarinette, parsemé d'extraits très fugaces de celui de Mozart. Je n'ai pas écouté l'oeuvre comme si ce lien était central. Au début, on a l'impression que le clarinettiste répète à blanc une partition imaginaire; on n'entend que les bruits de clés. Suit un moment ostinato : tout l'orchestre scande la même pulsation, les cordes jouent en pizz : au deuxième pupitre d'altos, il y a un petit blond qui utilise sa carte bleue (une Gold) comme capodastre (il a raison, c'est mauvais pour les doigts tous ces pizz). Il y a aussi un beau moment prouts : il s'agit d'appuyer l'archet comme un boeuf en remontant sur la touche (petit plaisir régressif pour les violonistes qui ont tous fait ça quand ils avaient moins de 8 ans), avec une accélération subite qui fait un peu mal au coeur: chaque instrument le fait en solo, et à un moment ça s'affole, comme un troupeau de vachettes en folie. Un court extrait du Mozart déclenche le foutoir: les tubas éructent dans leur instrument, le soliste crachouille tant et plus et finit par débiter des insultes tout en jouant; je crois bien avoir aussi entendu un début d'hymne américain. Le public rigole; c'est une partition qui n'est pas emmerdifiante pour un sou, il s'y passe toujours quelque chose, comme au sous-sol du BHV.
  • Mozart: la 34ième Symphonie. Magnifique premier mouvement, riche en constrates et en relief. Entrée en matière solennelle, comme un portique romain. Une variété étonnante d'émotions... un long développement en mineur avec des hoquets et des soupirs. Une symphonie de pauvre: ni flûtes ni clarinettes, pas de scherzo. Grand moment chambriste dans le 2nd mouvement, où le quatuor s'écoute.
  • Schreiben (2003): Autant Accanto est déceptif, lacunaire (une sorte de sphynge géante comme dirait RSch), autant Schreiben est opulent, plein, sonore, parfois gueulard. Les cuivres font beaucoup de bruit : les glissandi de tubas font - eux aussi - un peu mal au coeur. Il arrive aux violons de jouer des notes. On entend même un quatuor à cordes jouer un accord parfait de do majeur. C'est l'empire des signes : les basses font des triangles avec l'archet (comme dans Salüt für Cauldwell): un coup perpendiculairement à la corde (la voie normale), un coup dans le sens de la corde, un coup en biais. Beau début, avec le bruit du vent; on se croirait dans les Boréades. Le 4ième violoncelle, un petit père d'une cinquantaine d'années, a l'air de ravi de faire "fffffff...." avec ses collègues. Belle fin, avec des bruits de tuyauteries isolés dans le silence (effet comique assuré): c'est le pianiste qui grattouille à l'intérieur du piano (impression première: tiens, le voisin fait encore des travaux chez lui), et le timbalier qui frotte à la main un instrument à percussions. Au total, j'ai trouvé ça plus fouillis et longuet que Accanto.

(Orchestre du SüdWestFunk de Baden Baden, dirigé par Hans Zender).

Add1. ouf ! bladsurb et guillaume ont entendu à peu près la même chose....

Add2 Pour illustrer tout cela, des extraits dans la radio de mon disque de chevet du moment, des airs de Mozart interprétés par Mrs Price, avec une voix large comme le Nil et un refus strict de la psychologie que ne désavouerait pas Lachenmann. Je mets le grand air de l'Enlèvement au Sérail avec sa variété étonnante d'interventions bondissantes d'instruments solistes (qui m'évoque cette chanson française que je n'arrive pas à googler, où "chantent ton nom ô ma Louison" rime avec "oursons", thons"). Et puis un grand air de concert, Resta o cara KV528.

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