Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
zvezdoliki
9 février 2006

Siegfried, au Châtelet

Hier au Châtelet (avec A***).

  • Une remarque d'ensemble: on peut penser ce qu'on veut de la mise en scène, mais je la trouve souvent très en phase avec une musique qu'elle sert bien.
  • Adoré le 1er acte. La musique y est tonique, brillante, gaie et souvent drôle, comme dans cettescène où Mime essaie de flanquer la frousse à Siegfried en se faisant passer pour Hulk. Et souvent intelligente, aussi : frappé par l'irruption, à la fin du prélude, du thème de l'épée, un do majeur qui jure avec une tenue de sib (on est en fa mineur) : il est difficile de trouver une illustration plus convaincante de l'impossible soudure.....
  • J'ai un faible pour la 2ième scène, celle où les deux pères (le fourbe envieux et le potentat masqué) se balancent à la figure, avec un succès inégal, des questionnaires oedipiens. Une scène où s'opposent deux musiques: l'une, modulante et hiératique, de Wotan, et celle agitée et grotesque, de Mime (Boulez dit qu'il dirige Wotan à 2 et Mime à 4). Cette opposition était très bien rendue par une mise en scène qui traite Mime comme une marionnette se mettant en branle à chaque question. Le Voyageur (Wanderer) = Le roi des métamorphoses (Verwandlung), des modulations (ce sublime thème d'accords chromatiques qui tournoient, comme au moment de vertige d'une passacaille) ?
  • Grosse fatigue au 2ième acte. Mais ont émergé, comme dans un rêve : les Murmures de la Forêt (peut-être ce qu'il y a de plus beau dans Siegfried, cette musique toute simple qui chante la nature.....) ; la scène où Mime essaie de prendre le heaume à Siegfried (qui évoque irrésistiblement la scène de Klaus Narr dans la IIIème partie des Gurrelieder) ; et puis, ces tubas-dragon qui rampent dans le grave....
  • Au 3ième acte, le prélude (avant la belle scène Erda-Wotan) est un fantastique emboîtement de leitmotive : on entend de la Walkyrie encastrée dans de la colère des Dieux (tout comme on avait entendu le Wanderer walkyrisé à l'acte II): c'est une colère solide comme une coque de bateau. Un autre grand moment: quand Siegfried rentre dans le cercle magique et s'approche de Brünnhilde, Wilson ferme puis réouvre la scène par un mouvement latéral du rideau de scène, qui coïncide avec la belle ligne des violons, seuls, qui monte, puis, touchée en vol par un bout de leitmotiv (le Tarnhelm ?), redescend (avant un troisième aller-et-retour, celui des deux clarinettes). Un peu hébété après 5 heures de spectacle, je reste toujours aussi insensible à la musique de la lente décongélation de la Walkyrie (lente pour des questions de cuisine sans doute), pas du tout pimentée par une mise en scène plus-que-lente.
  • Rien à faire, je trouve toujours détestable cette représentation enthousiaste du meurtre des pères et de l'arrogance de la jeunesse ; je n'arrive pas à me s'abstraire de l'idée que Siegfrieda dû être du pain bénit pour les nazis....Mime, d'accord, l'a peut-être bien cherché mais Wotan aussi est très en position de faiblesse dans cette scène obscure du 3ième acte....
  • Add: je mets dans la radio un assortiment Siegfried - en fait des morceaux commentés plus haut, le Prélude le l'acte I (avec l'épée à 3'35"), le début de la scène du Voyageur avec Mime; à l'acte II, un bout de la scène des Murmures de la forêt, un bout de la scène finale Mime/ Siegfried; à l'acte III, le prélude puis l'introduction de la scène du réveil de Brünnhilde (avec la ligne sinueuse des violons). Et quelques échos: la scène de Klaus-Narr dans les Gurrelieder et la scène des trois coups de l'ange qui cherche à rentrer dans le monastère, au tableau 4 de Saint-François d'Assise de Messiaen.

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité