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zvezdoliki
9 mars 2006

le 2ième mouvement de la 93ième symphonie de Haydn

Retour au 2ième mouvement de la 93ième symphonie de Haydn, qui décidément rentre très bien dans le CadreEtroitDeMaTrèsStricteLigneEditoriale. (soyons clairs: ce qui suit va être long et encore plus abscons que cette sentence liminaire).

Quelle musique drôle, concise et variée ! Comme on y respire bien ! Quelle invention dans la forme - à la fois maîtrisée et énigmatique ! Vignal y voit une forme sui generis, qui tient du rondo et de la variation ; il note que le thème revient à 5 moments dans le mouvement, à chaque fois à la tonique (sol majeur), le plus souvent par blocs de 4 mesures, les deux premières, non variées, restant à la tonique (sol majeur) , les deux dernières menant à la dominante (ré). Tout cela est vrai, mais je trouve que c'est un peu court; on ne comprend pas vraiment l'architecture d'ensemble (qui est à la fois cohérente et variée), le pourquoi du prout (ce qui est très très embêtant), ce qu'il y a dans les parties intermédiaires....

J'aurais bien aimé rééditer le coup de force tenté avec le finale du KV428, y voir une forme sonate, pour changer. Ce n'est pas complètement convaincant (il manque le voyage tonique- dominante et sa résolution) mais je me lance à l'eau (je sais, ça fait topoguide, mais j'ai fait le travail et il ne faut pas gâcher). Je vois trois parties dans le mouvement (les numéros de mesures renvoient à la partition)

I- Un thème ironique, tout simple, qui a du mal à décoller du sol (4 modules, mesures 1 à 29, jusqu'à 1'54"):

  • mesures 1 à 8: 4+4; deux voyages de sol à ré, l'un via do, l'autre via si mineur. Le tout exposé très simplement au quatuor à cordes. Une musique déjà un peu ironique, empesée avec ses rythmes pointés, pleine de silences.
  • mesures 9 à 16: 4+4; strictement la même chose, mais en orchestre, avec l'ensemble des cordes, pianissimo, et un basson un peu narquois.
  • mesures 17 à 22: 4+2; ça ressemble à un coup de gueule haendelien en sol mineur, forte subito, avec timbales - le grand jeu, quoi- , mais c'est bien un dérivé du thème : même rythmique perruquée, mêmes intervalles, même matériau, une petite fixation sur les trilles pour finir.
  • mesures 23 à 29 : 4+3; retour du thème proche de l'original, mais avec une nouvelle variante qui permet d'aboutir en sol (la bonne idée !) et de clôre ce qui sinon serait sans fin. Avec un petit appendice de 3 mesures qui sera promis à un brillant avenir (27-29), des sauts d'intervalle importants qui dilatent - un peu - le temps. Des triolets (nouveauté !) introduisent autre chose:

II- On va à l'opéra (on dirait un développement, jeunes gens) (mesures 30 à 60; à 1'54")

  • mesures 30 à 43 : des bouffées de chaleur, des triolets, un hautbois qui chante éperdument et se fait relayer par ses petits camarades. Une installation qu'on pourrait croire définitive en ré (en passant par si, comme la deuxième modalité du thème), que Haydn désamorce subrepticement. Les triolets prolifèrent, avec des petites notes que l'on retrouvera.
  • mesures 44 à 51 (4+4) : retour du thème dans sa première moûture (4 mesures), mais infecté par les triolets. Puis 4 mesures modulantes, toujours sur le thème, allant vers si bémol.
  • mesures 52 à 60 (8) : retour de la cavatine avec le hautbois en mineur; triomphe des triolets et des petites notes, on va vers ré.....

III- On liquide tout (ça sent la réexposition, non ? en 2 époques, mesures 61 à 88) (à 3'39")

  • mesures 61 à 70 (4+6): Retour définitif à sol majeur. Le thème est exactement comme de 23 à 30, mais infecté par les triolets (salauds de triolets !) et avec un appendice qui double de taille (avec le hautbois opératique qui s'invite au-dessus des sauts d'octave). Mais le meilleur est encore à venir.
  • mesures 71-73: dernière apparition du thème, dans sa deuxième modalité, mais contractée (ce sont les mesures 5-6 et 8 qui sont fusionnées, Haydn évacue la complication savoureuse du passage central en si mineur (un peu comme à la fin des variations du KV 464). C'est fortissimo (pas comme au début) et inondé de triolets.
  • Mais manque de bol ! ce tortillon conduit à ré ! et pas à sol ....On va se perdre sur cette descente, qui est disséquée et ralentie, jusqu'à arriver à ce dialogue d'une extrême délicatesse entre violons et flûtes, au bord du rien (ces silences sont constitutifs du thème initial)...
  • ....quand le basson (mesure 80) redonne de l'élan et du carburant avec son prout do grave, qui permet de conclure, avec force trilles et éclats de rires. Retour au pianissimo et à l'atmosphère chambriste du début.

Je mets ce beau mouvement à la fois dans la radioblog canal historique (en compagnie du ©prout du Chant de la terre), et, promo !, dans la radio-Haydn avec le 1er mouvement (qui déménage aussi).

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