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zvezdoliki
13 juin 2006

La Damnation de Faust, à la Bastille

  • Un opéra qui a longtemps été mon über-opéra (avant que je ne découvre Pelléas-Boris-Wozzeck et les grands Janacek). Hier comme aujourd'hui j'en aime toujours les couleurs vives, mais j'y reconnais maintenant ce mélange inimitable (et qui peut déplaire) d'emphase dix-neuxièmiste et d'invention sonore géniale, le plus exemple étant pour moi Voici des roses, l'air de Méphisto accompagné d'un choral de cuivres : à la fois génial et pompeux.
  • Le début ! quelle entrée en matière ce soir, avec l'air qui circule aux cordes, la musique qui prend corps : une vraie ouverture (avec la voix de Faust, off, derrière le grand livre).
  • Les morceaux de bravoure orchestraux : la marche de Rahoczy, avec des ophicléides qui faisaient hier soir un de ces raffûts (!) ; la chanson de la puce, avec ses morsures de violons dans l'aigu; D'amour l'ardente flamme, avec son cor anglais solo et ses somptueux hoquets beethovéniens....
  • Hier je n'ai pas su quoi répondre à M qui me demandait quel était mon top 10 des mises en scène. Souvent, je m'en moque de la mise en scène, c'est déjà bien qu'elle ne m'irrite pas et ne m'empêche pas d'écouter la musique. En faisant un effort, je pourrais citer en exemple Braunschweig avec Fidelio et Jenufa, Sellars avec The Rake's Progress, Nordey avec son Saint-François, et je ne sais plus qui avec sa petite Renarde rusée du Châtelet il y a quelques années. Et bien je sais ce soir que je peux rajouter cette mise en scène de Lepage à ce top10 personnel. C'est une réussite d'autant plus éclatante que la Damnation est l'oeuvre par excellence réputée impossible à mettre en scène....
  • La grande idée de Lepage est de subdiviser l'espace scénique en trois bandes elle-mêmes séparées en petites cases sur lequel il projette des décors vidéo, un espace à la fois bibliothèque, machinerie de théâtre, décor industriel, piscine et pellicule de cinéma (on retrouve Méliès et Marrey....). Le propos est souvent littéral, restant proche du texte et assumant ses naïvetés. Ainsi, dans D'amour d'ardente flamme, la maison de bois de bouleau un peu équivoque des amours de Marguerite et Faust est littéralement consumée, il n'en reste plus à la fin que l'armature. Les scènes de musique militaire et de ballets sont traitées comme des boîtes à musique, souvent réglées de façon surprenante (la marche de Rahoczy: les militaires défilent à reculons, à contretemps !). Gros succès public avec le ballet des feux follets : ce sont des diablotins à la Spiderman qui viennent titiller des ballerines en tutu et utilisent le mur comme un damier horizontal (une idée déjà utilisée intelligemment auparavant, le damier faisant écho aux deux dimensions du choeur, français-ternaire et latin-binaire)
  • Si on peut oublier Faust (le roi de la contrepéterie, qui transforme, "Quel air pur je respire", pic de pollution oblige en "Quel air pire....") et Marguerite (avec son vibrato trop large, elle chante presque toujours trop haut), le Méphisto de Van Dam, à la fois classe et toxique, restera dans mes annales personnelles.

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