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zvezdoliki
19 décembre 2006

La ville dont le prince est un enfant, de Montherlant

Quand j'étais en 4ième, j'étais amoureux de Mademoiselle Moreau, ma très jeune prof de français, et fou de la Ville dont le prince est un enfant, la pièce de Montherlant. Je n'ai jamais revu mademoiselle Moreau, mais j'ai revu la pièce hier avec gast et je trouve que le charme opère toujours. Le sujet pourrait apparaître poussiéreux, scabreux ou martien à un jeune spectateur (la manipulation d'amitiés particulières par un religieux pas totalement désintéressé, leur immolation au nom de valeurs supérieures dont on pressent avec accablement la vacuité), mais il ne faut pas s'y tromper: le texte est fort et percutant et touche largement le public dans la mesure où c'est une histoire de pouvoir et de manipulation. Une des grandes réussites de la pièce réside aussi dans ces mots justes, frais et vivants que Montherlant a mis dans la bouche de ses deux jeunes héros, Sevrais le fort en thème (16 ans) et Souplier le cancre menteur (14 ans). Le texte touche par instants les rivages de la grande tragédie, notamment dans la dernière scène, entre le Supérieur et l'abbé de Pradts, une vraie scène d'horreur quand le choeur se met à chanter, off (- Souplier n'est pas à la maîtrise ? -Comment le savez vous ? - Je ne distingue pas sa voix dans le choeur des autres voix.... Qu'y a-t-il ? Est-ce qu'il est malade? Est-ce qu'il est puni ? Vous ne l'avez as fait exclure de la schola, je pense, à cause de cette histoire d'hier ? Mais non, ce n'est pas possible......- Si. - Quoi ? - Souplier n'est plus des nôtres.)

La production présentée au Théâtre du Nord Ouest m'a paru beaucoup plus intéressante que celle vue il y a quelques années au Théâtre Hébertot (avec Christophe Malavoy), essentiellement grâce à la qualité des jeunes interprètes. En particulier Maxime Raoust, élève dans la vraie vie de Pascal Parsat qui joue l'abbé de Pradts, joue Sevrais avec une intensité étonnante, tremblant de rage et d'émotion. Une des particularités de la production d'hier est qu'elle laisse respirer chaque personnage différemment. Il y a peu en commun entre le jeu de Pascal Parsat qui brûle de ce feu qui n'éclaire pas, un personnage très dur, et celui de Robert Marcy, un Supérieur humain mais inflexible, affolé devant l'étendue du désordre qui menace son institution. La disposition des lieux - le public est assis sur deux rangées en U autour de la scène - favorise la proximité avec les comédiens et avec le texte.

(et je vais changer fissa de disque parce que dans la série cureton, je fais fort ces temps-ci)

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