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zvezdoliki
20 octobre 2007

Retour en Normandie, de Nicolas Philibert

Un film magnifique

Un terrain fertile où prennent les boutures (1835, le parricide de Pierre Rivière, 1973, le travail d'historien de Foucault puis 1976, le film d'Allio et 2007, celui de Philibert, l'ancien premier assistant d'Allio)

Un film dans lequel les gens du cru retrouvent leur voix

Une ancienne boulangère marxiste léniniste devenue aphasique: son coma, son cahier de réapprentissage de l'écriture, son sourire magnifique pour dire "chocolat"

Le rire d'une jeune femme ne s'expliquant pas comment son père a pu être choisi pour être l'amant dans le film d'Allio

La vie et la mort d'une portée de cochons (avec une réanimation musclée !)

Une famille unie éprouvée par la maladie d'une de ses filles qui devient subitement psychotique

La fabrication du cidre

Une réunion de famille chez les Rivière (la mauvaise mère, le père opprimé et libéré par le fils meurtrier) sur les lieux du tournage

Le fils Rivière qui est devenu le père Hébert: un mystère intact

Une jeune fille qui redoublé sa seconde, s'est trouvé un frère, et a trouvé sa voie

Un cinéaste qui retrouve l'image de son père

et moi qui retrouve beaucoup de choses de ma - de mes - famille(s).....

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16 octobre 2007

En ce moment j'écoute en boucle...

... la Rose des vents de Mauricio Kagel.

J'ai longtemps sous-estimé Kagel, depuis ce concert-ci je me soigne activement. La rose des vents est un cycle de pièces pour orchestre de salon (clarinette+ quatuor + contrebasse+ piano + harmonium), la formation de Schoenberg pour le Verein für musikalische Privataufführungen, que Kagel épice avec beaucoup de percussions. C'est une oeuvre d'une ampleur étonnante: en matière de salon, c'est davantage le Divan du monde que convoque le compositeur qu'un cours de samba dans le XIième arrondissement. Il ne faut pas trop s'exciter sur la géographie; pour un Argentin, Südwesten, ça va du Mexique à la Nouvelle Zélande. On entend dans cette pièce (écoutable ici) des musiques du monde réinventées, des danses furieuses, le bruit du vent, les hurlements des loups dans les grands espaces. Comme toujours chez Kagel, le bricolage a une vertu poétique; mon moment préféré, c'est vers 12' ce bruit de seau qui déverse de plus en plus lentement je ne sais quel liquide, au-dessus d'une musique mystérieuse, qui se transforme en une sorte de danse chamanique (à 14')....

D'autres kageliana trouvées sur Koogel, la boule magique: une vidéo de la Rose des vents (pas terrible), quelques films, un site et une thèse.

7 octobre 2007

Pendant sa nuit blanche, le chat hait très fort les All Blacks

Remake de ça, mais sous forme de menace diffuse avec riposte impossible. Hébété comme j'étais après une semaine passablement merdique et un samedi de répétitions non stop, je me suis endormi samedi soir comme un bienheureux juste après avoir posé la tête sur l'oreiller, laissant le chat à une double peine: subir 1) moi ronflant et 2) la foule célébrant dans l'allégresse l'art contemporain et l'écrasement des antipodiens. Après deux heures de colère mal réprimée (dont je n'en rien su) le chat s'est éclipsé fort félinement, vers 4 heures du matin, en direction de ses appartements. Fin de l'épisode nocturne de cette histoire.

A 8h22 pétantes, je suis réveillé en sursaut par une sono particulièrement agressive. Assez vite, je comprends qu'à l'animation de gauche de la nuit précédente a succédé une animation de droite (pour gens matinaux). La fort mythique course des 10 km de Paris centre a le fort mauvais goût de venir franchir sa ligne d'arrivée sous la fenêtre de mon salon. Je vous passe le discours de Legaret, l'arrivée de la course des benjamins de la poule jenesaisquoi, les "on applaudit bien fort Madame Michu.... plus fort, plus fort"; bien évidemment je n'ai rien raté de tout cela. La véritable épreuve existentielle de ce matin aura été de faire simultanément les trois choses suivantes:

  1. recopier les coups d'archet sur la partition de la Sérénade de Tchaikovski (une activité mononeuronale, le neurone tirer/pousser suffit)
  2. entendre l'harmonie des Halles (que l'on aurait pu placer sans grand dommage au départ de la course plutôt qu'à son arrivée, je suis sûr que cela aurait encouragé les athlètes à se dépasser dès les 100 premiers mètres)
  3. écouter sur France mu le programme bien barje de Stéphane Goldet sur les pécheresses repenties (tu t'appelles Marie Madeleine ou Kundry, viens te lamenter en exhibant ta chevelure rousse).

1 octobre 2007

Goernelieder à Garnier

Hier soir à Garnier. Un concert moins excentrique qu'on ne l'avait espéré sachant que Pierre-Laurent Aimard en est le programmateur (il avait été question du Livre des jardins suspendus de Schoenberg). On retrouve avec émotion le grand le mieux-que-plantigrade le félin l'immense Goerne, avec au menu:

  • un peu de Berg: l'adagio palindrome du concerto de chambre puis les lieder de l'opus 2, qu'on entend rarement. Le fil directeur des quatre poèmes est le sommeil, qui devient la mort dans le poème final, vers lequel converge tout le cycle, sorte d'opéra miniature, un mini Erwartung. Le premier lied est aussi très beau, avec un postlude au piano pour liquider les oscillations de la berceuse du début, que l'on retrouvera d'ailleurs à la toute fin de l'opéra miniature, après unStirb ! définitif. Le tout est très court, cinq-six minutes, pas davantage.

  • beaucoup de Schumann: l'opus 35 (les Kerner-Lieder) et l'amour et la vie d'une femme. Dans ce dernier cycle, Goerne prend très lentement le premier texte, l'étirant jusqu'à la rupture. Mais j'ai été surtout impressionné par l'opus 35. Par son n°2, tout simple, strophique, l'histoire d'une fille qui a une crise mystique dans une cathédrale sous l'oeil effaré d'un garçon qui en est amoureux; dans les deux derniers refrains, le chanteur interprète successivement la fille (qui supplie qu'on la fasse nonne), avec une voix aigüe et extatique (miraculeux Goerne), et l'amoureux déçu avec une voix grave redescendue sur terre (et peut-être plus bas que terre). Et surtout par l'incroyable triade qui clôt le cycle. Stille Tränen, le grand théâtre des émotions, à la Ich grollle nicht, est suivi de deux lieder reprenant exactement la même musique, un peu décalée, blanche, au-delà des affects. C'est la fin du cycle, qui n'avance plus, le chanteur attend qu'un ange le réveille; le public fond, évidemment.

Vivement le prochain concert de la série (Moussorgsky Messiaen).

Quelques illustrations sonores dans la radio Lied.

 

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