Au Met
. Les lampes (qui ressemblent à des feux d'artifices) remontent lentement alors que débute la représentation. Il est temps d'appuyer sur le bouton pour afficher les surtitres, qui s'affichent sur la rembarde juste devant le siège du spectateur.

Doctor Atomic: enfin un grand sujet d'opéra. Les quelques jours avant l'explosion de la première bombe atomique en test, le 16 juillet 1945 à Los Alamos. Une sorte de bête dans la jungle: tout l'opéra s'organise comme l'attente d'un événement abominable et inconnu. On sent la tension qui monte dans l'équipe de physiciens rassemblée par Oppenheimer, la pression des militaires impatients et soucieux de préserver le secret des tests, la peur de l'accident ou du scénario catastrophe alors que de violents orages s'abattent sur le Nouveau Mexique, le désarroi des scientifiques qui croyaient oeuvrer de façon préventive contre l'Allemagne et ne comprennent pas l'utilisation de la bombe contre le Japon. Sellars, le librettiste, a combiné très intelligemment des textes d'archives, de la poésie que fréquentait Oppenheimer (John Donne, Baudelaire, la Bhagavad Gita) et une berceuse indienne chantée par la nurse de la petite fille d'Oppenheimer.

C'est plutôt de la bonne musique, bizarrement.... On retient après coup plusieurs moments forts: l'irruption de la musique concrète, au début et à la fin (l'explosion de la bombe après la machine infernale du compte à rebours ne déçoit pas, loin de là; la solution trouvée est marquante sans être vulgaire); le magnifique air d'Oppenheimer sur le sonnet de John Donne (une musique archaïque et véhémente, peut-être le grand moment faustien de l'oeuvre); le quintette du deuxième acte (avec la berceuse indienne, en surplomb....). Adams joue aussi magnifiquement des des densités d'orchestration et des vitesses de défilement pour donner vie au discours théâtral. Le discours musical, très transparent au premier acte, s'épaissit et se complexifie au second (et je dois dire que j'ai moins accroché, sauf à la fin....)