La carrière criminelle d'une femme qui s'ennuie, dans le district de Mzensk. La mise en scène encage l'héroïne dans une boîte à chaussures au plancher rose chair (vite souillé), îlot sur un plateau de terre battue délimité par une palissade qu'il sera finalement impossible de franchir. Musique mi-hystérique mi-catatonique, du Chostakovitch bien vert qui agace les gencives avec 100% d'acidité. Collection de pastiches et de grotesques, avec un goût pour le brandebourgeois déglingué (sur le modèle de la 2ième symphonie) - le contrepoint strict figurant invariablement la tension érotique (pas sûr que le grand Jean-Sébastien aurait aimé). A de rares moments, la musique se calme et les personnages deviennent autre choses que des pantins de grand-guignol; pendant cette berceuse zoologique (le poulain cherche la jument) un peu triste qui revient dans au moins deux tableaux; pendant la grande déploration orchestrale qui suit le meurtre du beau-père; pendant une scène d'amour un peu calme (en fa# ?) juste avant que le mari ne revienne; et surtout à la fin, dans cette grande scène si russe de bagne, avec le tic tac lugubre de la marche des forçats dans la steppe et le cri de Katerina, figuré à l'orchestre.