La religieuse portugaise, d'Eugène Green
Paillasson Liminaire Merci de vous essuyer les pieds avant d'entrer dans ce billet Je décline toute responsabilité quant à vos futurs d'états d'âme au sortir de ce film; ne venez pas geindre ici que c'était ennuyeux, ridiculement distancié, mal joué au point que Bresson à côté c'est du grand cinéma populaire d'acteurs; il y a peut-être sans doute du vrai dans vos critiques mais il y a fort à parier que vous êtes passé à côté du film (je dis ça après avoir testé les réactions du cher-et-tendre-omètre, qui a été assez vite en état d'alerte maximale, et du reste de la salle, qui est assez vite devenu nerveux et a surréagi au subtil et discret humour de Green)
Ceci ayant été dit: La religieuse portugaise est un film merveilleux qui conjugue force du cinéma et de la mystique, plaisir physique d'être à Lisbonne, rhétorique baroque et musique portugaise. Il est question, entre autres, d'une actrice qui doit jouer une religieuse portugaise et d'une religieuse portugaise, qui chaque jour, dévale une colline pour attendre Dieu sur la colline en face (comme si Lisbonne était une immense chapelle avec deux murs se faisant face). Au plaisir des films précédents (sens du décalage - on dit portatif et pas portable, on se rend compte que la modernité c'est la mobilité - , coexistence particulièrement réussie de différentes époques) on peut ajouter celui de voir Green himself, subtilement drôle et farfelu, avec son précieux accent américain; et celui d'écouter beaucoup de belle musique portugaise (je pense par exemple à une belle scène de fado où on voit le public écouter).