Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
zvezdoliki
23 février 2010

Plus vite, j'ai dit. Plus vite ! (sur le concerto de Beethoven)

Relu avec amusement le passage que Leibowitz consacre au concerto pour violon de Beethoven dans son beau livre sur compositeurs et interprètes. C'est bien vachard et salement polémique: avec force "Tradition ist Schlamperei", il assassine en quelques pages, avec le concours de son compère Kolisch, le grand violoniste, les solistes qui abusent des rubatos et prennent des tempi bien lents, pour un concerto qui hélas manque d'indication métronomiques.

Leibowitz (et Kolisch) pensent que le premier mouvement (noté à 4 temps, Allegro ma non troppo) doit être pensé à la blanche, à un tempo voisin de 88 à la blanche, comme le sublime opus 69, qui est de la même époque:

opus69


d'ailleurs la deuxième partie du thème hymnique du concerto (ci-dessous) a exactement le même profil que le début de celui de cette sonate:

opus61_1_theme

(Hum: Casals par exemple, cf enregistrement ci-dessus, la prend lentement, cette sonate - pas plus de 60 à la blanche. Mais peu importe: sur ce coup-là, c'est l'idée de cette parenté entre les deux oeuvres que je trouve séduisante)

Leibowitz reproche aussi à la plupart des interprétations les variations excessives du tempo, avec des erreurs qu'il qualifie "de débutant": ralentir dans les passages qui sont piano, ou en valeurs longues, ou à un endroit où la densité diminue; les trois caractéristiques étant cumulées dans la coda, que la plupart des solistes abordent comme s'ils débarquaient sur Mars:

opus61_1_cadence

Le danger général est celui de la sentimentalisation (le passage en sol mineur dans le développement, par exemple) pour une oeuvre qui après tout, oppose de façon plaisante un thème de timbales

opus61_1_metre

à un violon jouant ridiculement aigü - rien de sentimental là-dedans, mais beaucoup de musiciens en font quelque chose d'angélique et d'éthéré. Et puis c'est amusant de penser qu'une oeuvre dont la signature est ce mètre-étalon des quatre noires immuables des timbales, qui revient à toutes les sauces, est précisément une des oeuvres de Beethoven la plus trahie et déformée par ses interprètes.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité