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zvezdoliki
27 février 2010

Liberté, de Tony Gatlif

La chronique d'une tribu de bohémiens, dans la France des années 40. Film historique, mais pas que ça. La première des surprises est de voir dans un oeil tsigane un éloge vibrant de la France profonde, celle des bois et des champs, des guérets et des clairières - enchantée comme elle l'était dans les amours d'Astrée et Céladon.... ça n'arrive pas si souvent au cinéma (on est loin du naturalisme, mais c'est pourtant bien la belle campagne française). La deuxième des surprises est la qualité de la bande son - magique de bout en bout (ça n'arrive pas non plus si souvent); de cette belle séquence bruitiste du début à la chanson de Ringer au générique final en passant par ce jazz manouche (pour faire pondre les poules). La troisième belle surprise, c'est James Thierrée et ses yeux ronds. 

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25 février 2010

Béatrice et Bénédict à l'Opéra-comique

Première fois que je vois cet opéra mis en scène. La mise en scène (plus maline que le livret qui est mince, et qui met en valeur la musique, magnifique) insiste sur la fragmentation du récit (après tout, c'est un opéra à numéros, et la musique, une suite de miniatures plus fraîches que les autres), trouve souvent le raccourci juste (et le petit théâtre dans le théâtre dans le théâtre qui convient; et dans cette maison d'illusionnistes, on a le choix). La référence aux marionnettes se justifie pleinement (si Berlioz pense à Shakespeare, Shakespeare, lui, se souvient des romans de chevalerie) et reste en cohérence avec la musique....comme dans le tout début de l'ouverture (ce mystère qui trouve son sens avec le texte du duo final); ces trois segments de phrase liminaires, ce sont ces amorces du feu follet dont parle le texte, ces petites bribes d'amour qui ne savent pas comment s'allumer. Krivine dirige ce début de façon très hachée, démembrée: on entend bien les cordes puis les vents (avec leur saveur particulière) puis de nouveau les cordes - on pense à un pantin désarticulé, et c'est en pleine cohérence avec cette mise en scène qui manipule de façon autoritaire des marionnettes.

(A propos de cette saveur un peu particulière des vents, c'est la première fois que j'entends dans la suite de l'ouverture ce tic berliozien de permuter l'instrumentation - qu'on retrouve dans Roméo et Juliette -: on a une fois le thème lyrique joué aux cordes et accompagné aux vents, et puis, avant ou après, je ne sais plus, l'inverse: le thème chanté aux vents et accompagné aux cordes)

Moyen âge de carte à jouer: chaque scène est tirée du néant par un Monsieur Loyal anglais citant Shakespeare et n'hésitant pas à en forcer le caractère. On rit beaucoup, sans que cela tue l'émotion, comme dans l'air de Béatrice à l'acte II (un air à plateaux successifs, comme certains airs de concert de Mozart, dont le début reprend le thème lyrique de l'ouverture et dont la fin haletante est irrésistible), où la chanteuse envoie valdinguer un bouquet de fleurs (en rythme s'il vous plaît), s'accroche à sa marionnette, à la fois profondément ridicule et très touchante. Christine Rice - timbre magnifique et belle diction - chante cet air avec une grande noblesse. 

Comme souvent, il y a boire et à manger chez Berlioz; on aime bien son côté potache (les vers de mirlitons et les piques du premier duo entre Béatrice et Bénédict), mais pas son côté lourdingue et daté (il nous refait le coup du pastiche de la fugue, - comme dans la Damnation, avec un choeur qui chante faux). On préfère se souvenir de la belle musique nocturne de la fin du premier acte (duo entre Héro et sa suivante), avec des insectes (vibrionnant) et un spectre (forcément chromatique).

23 février 2010

Plus vite, j'ai dit. Plus vite ! (sur le concerto de Beethoven)

Relu avec amusement le passage que Leibowitz consacre au concerto pour violon de Beethoven dans son beau livre sur compositeurs et interprètes. C'est bien vachard et salement polémique: avec force "Tradition ist Schlamperei", il assassine en quelques pages, avec le concours de son compère Kolisch, le grand violoniste, les solistes qui abusent des rubatos et prennent des tempi bien lents, pour un concerto qui hélas manque d'indication métronomiques.

Leibowitz (et Kolisch) pensent que le premier mouvement (noté à 4 temps, Allegro ma non troppo) doit être pensé à la blanche, à un tempo voisin de 88 à la blanche, comme le sublime opus 69, qui est de la même époque:

opus69


d'ailleurs la deuxième partie du thème hymnique du concerto (ci-dessous) a exactement le même profil que le début de celui de cette sonate:

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(Hum: Casals par exemple, cf enregistrement ci-dessus, la prend lentement, cette sonate - pas plus de 60 à la blanche. Mais peu importe: sur ce coup-là, c'est l'idée de cette parenté entre les deux oeuvres que je trouve séduisante)

Leibowitz reproche aussi à la plupart des interprétations les variations excessives du tempo, avec des erreurs qu'il qualifie "de débutant": ralentir dans les passages qui sont piano, ou en valeurs longues, ou à un endroit où la densité diminue; les trois caractéristiques étant cumulées dans la coda, que la plupart des solistes abordent comme s'ils débarquaient sur Mars:

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Le danger général est celui de la sentimentalisation (le passage en sol mineur dans le développement, par exemple) pour une oeuvre qui après tout, oppose de façon plaisante un thème de timbales

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à un violon jouant ridiculement aigü - rien de sentimental là-dedans, mais beaucoup de musiciens en font quelque chose d'angélique et d'éthéré. Et puis c'est amusant de penser qu'une oeuvre dont la signature est ce mètre-étalon des quatre noires immuables des timbales, qui revient à toutes les sauces, est précisément une des oeuvres de Beethoven la plus trahie et déformée par ses interprètes.

21 février 2010

En très bref

Pour Brendel, Haydn et Mozart représentent respectivement la surprise de l'attendu et la surprise de l'inattendu; chez Schubert, il y a les deux en même temps, commenter (vous avez 30 minutes). Ma soeur (en tongs). Le barouf dans la salle d'à côté: (...) a des bouchons tellement puissants qu'elle a juste senti que tout l'immeuble vibrait, mais sans entendre la basse boum-boum. Chez Beethoven, bien penser les forte comme des paliers successifs. Au cinéma: Ander (excellent) et I love you Philip Morris (qui m'a bien plu aussi, et qui n'est pas du tout une comédie). Le destin commun des deux V(....). Pour bien articuler la formule rythmique du quatuor opus 18 n°1, commencer en tirant. Mon père sur Facebook (un coup de mon neveu, for sure). La lettre de démission d'un prof de maths. Le mare a mare Nord.

21 février 2010

Ander, de Roberto Castón

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L'éclatement d'une famille, dans une ferme isolée en Biscaye. C'est "un autre monde", comme le dit Reme, l'émigrée de Murcie, un monde rural, taiseux, avec ses solidarités de voisinage, ses silences, sa pesanteur, sa langue (le basque), ses paysages magnifiques. C'est aussi un autre siècle (on est en 1999 et ça a son importance). Le film ne fait pas que se concentrer sur ce fils de 40 ans (un "cochon boiteux") qui va changer de vie, il donne couleur à plusieurs personnages intéressants: l'ancien amoureux de la mère; la femme seule à attendre son homme, débarquée de nulle part; le journalier péruvien qui se tient à distance. Le film en dit plus par une mise en scène millimétrée (comme les deux tiers du film sont des scènes de repas, il s'agit de voir qui mange à quoi et à quelle place, et de bien surveiller qui regarde qui à table) que par des longs discours (les scènes sont souvent hachées par un cut brutal). Bien que ouvertement LGBT (le film a été commandité par l'association basque et LGBT Berdindu!) le film ne devient utopique que dans ses toutes dernières minutes (et encore que.... il y aurait tout un film à faire entre l'avant-dernière et la dernière scène .... comment ces trois là s'arrangent....) Une excellente surprise.

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18 février 2010

En bref

* L'autre jour il y avait Menus Plaisirs chez moi. Curieuses assonances entre le divertimento en ré et le quatuor avec flûte KV 285, lui aussi en ré (tous les deux de Mozart, et montés sur ressorts Dunlopillo). Il y avait un délicieux crumble (merci Paule) et un saint-Epvre qui m'a rappelé mes jeunes années (c'est un poil trop sucré, mais tout le chic du truc réside dans la nougatine pilée qui craque et colle aux dents). Il y avait juste ce qu'il fallait de participants (même si j'aurais eu la place d'en empiler encore un ou deux). Il y a eu aussi un morceau étonnamment lyrique et sérieux (pour diva sur son coulis de trois violoncelles). G. a rencontré quelques nouveaux et il s'est passé beaucoup de choses bilatérales, mais je n'ai pas suivi tout ce qui s'est dit et fait, et c'est très bien comme ça.

* Vus : In the Air (que j'ai regardé comme un martien, comme cela m'arrive avec des comédies américaines conjugales des années 40; appel au peuple: quelqu'un a vraiment aimé cette chose? qu'un quotidien qui se veut sérieux consacre une page entière à cette chose me dépasse complètement) et 12, le film de Mikhalkov, qui n'est pas uniformément mauvais mais dans lequel le réalisateur se donne le beau rôle (au détriment, vieille habitude, de Oleg Menshikov).

* Ah oui, aussi (ça m'amuse encore): un Japonais m'a pris pour le mari - entretenu - et le père des enfants d'une blogueuse...comment ça, les blogs c'est mort?

 

16 février 2010

Arbatz au Petit Saint Martin

C'est Gilda qui a eu l'oeil, parce que jamais je n'aurais repéré que Michel Arbatz, que nous avions vu ensemble en 2007, allait faire un nouveau concert à Paris.... et ç'aurait été dommage de le rater. Un nouveau programme, moins thématique que certains des albums que je connais et j'aime (Musée de l'homme, Dubillard ou Desnos), avec toujours la magie du texte - foisonnant, rigolard, incontrôlable, saoulant, polysémique, potache. Je suis bien incapable de citer des bouts de tirades tant c'est virtuose, mais il est question de l'étrangeté de la banlieue, de Zapotek, du Sud, des hémisphères affolants de la Vénus hottentote. Les arrangements, toujours malins, se souviennent de Brassens, de Brel, avec une pincée d'orient ... et de balai. Il y a aussi des moments de texte seul, avec quelques reprises de textes déjà connus (la météo marine ou Retrouver le sud) et des nouveaux (un éloge du pet de vache - éblouissante performance d'Olivier Roman-Garcia, pince-sans-rire, revêtu d'une veste en peau de bovidé). Une belle soirée où Arbatz brûle LA planche...

14 février 2010

Fauré au musée d'Orsay

Ce soir, l'orchestre de Paris faisait ses Menus Plaisirs au musée d'Orsay dans un programme - quel bonheur - tout Fauré. Très varié et chambriste, avec

  • quelques tapas délectables: 1) Pelléas et Mélisande transcrit par Dalbavie (ça marche beaucoup mieux que la réduction Schönberg du Chant de la terre... mais il y a un piano + un quatuor à cordes + une contrebasse + trois bois seulement, ça change la donne; peut-être aussi l'acoustique de l'auditorium du musée d'Orsay se prête mieux à ce genre d'oeuvre que la grande salle de la Cité); 2) Après un rêve pour contrebasse et piano; 3) la Fantaisie pour flûte et piano (dont Vicens Prats a expliqué drôlement l'histoire: c'est une pièce de concours avec vacheries obligées, que je me souviens avoir beaucoup entendu il y a une bonne trentaine d'années, avec Chaminade et Gaubert ...quand ma soeur était au conservatoire en classe de flûte).
  • un premier plat de résistance, la Bonne chanson, dans une version quatuor+ contrebasse et piano, chantée par Vincent Le Texier (belle voix d'opéra, très loin de celle de Maurane); plus d'ampleur que quand c'est avec piano seul, avec des combinaisons intéressantes ("Une sainte en son auréole", sans piano, par exemple)
  • un chef d'oeuvre: le quintette opus 115. Une musique qui me met en transe et me rend très heureux, sans que j'arrive à l'expliquer. Une oeuvre qui fait souvent penser à Beethoven, par le tissu serré, le souci de l'économie thématique et par certains détails (cet ut mineur qui mène irrésistiblement à un ut majeur comme dans la Cinquième, un ut majeur qui n'est pas claironnant, mais un ut majeur de clocher campagnard à midi; la sixte de l'alto dans le troisième mouvement, qui rappelle le Heiliger Dankgesang de l'opus 132). Le scherzo (qui va très vite et flirte avec l'atonalité) et le finale sont magnifiques mais les deux sommets sont le 1er mouvement [celui avec le thème à l'alto (quarte+ quinte=octave); avec la réexposition à fond les ballons toutes les cordes à l'unisson; avec la coda sublime en do majeur de chat qui ronronne et de cloches à toutes volées, ça ressemble à du Steve Reich, mais si seulement les minimalistes écrivaient comme ça!] et le mouvement lent [avec un moment incroyable avant la dernière récapitulation du thème: une polyphonie serrée qui monte sur une basse qui serre la vis avec des noires suivant une trajectoire dangereusement chromatique].

 

10 février 2010

l'EIC s'orientalise

Avec:

- Rain Tree, une pièce de Takemitsu pour 2 marimbas et vibraphone: c'était doux et très relaxant (hum)

- Noise: une création d'Ondrej Adamek, pour grand ensemble. Un hommage à la culture japonaise, avec beaucoup d'effets bruitistes très réussis - notamment la harpe a fait des trucs avec un machin (si vous voyez ce que je veux dire), mais aussi les cordes graves se sont défoulés avec des oua-oua d'amplitude variable, à la Xenakis, et le grand jeu pour le spectateur était de détecter lequel des musiciens venait de déclamer une insulte en japonais. J'ai trouvé que ça tenait bien le coup sur la distance (une demi-heure pour trois mouvements que j'aurais du mal à découper, mais le propos était cohérent et facile à suivre).

- Le chant de la terre, dans la réduction Schoenberg (achevée en 1983 par Rainer Riehn). Belle mezzo (Lilli Paasikivi, souriante et au timbre magnifique). Rien à faire, la masse des cordes me manque,  le quatuor a du mal à passer le mur des vents, le n°4 sonne acide et strident. C'est beau localement, par exemple au début du n°2 (avec l'écoulement du violon solo) ou dans certains moments de Abschied, mais je reste un peu sur ma faim.

8 février 2010

Were the world mine (une critique constructive pour un film vu en compagnie de trois uniques spectateurs)

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Le film résumé dans le style inimitable de l'Officiel des spectacles : "Un lycéen marginalisé par son homosexualité découvre la recette d'un philtre d'amour. Il l'essaie sur celui dont il est amoureux, puis sur les élèves, les habitants de la ville.... Le philtre fait tomber les gens amoureux... de personnes du même sexe." ça ne peut être totalement mauvais, non? Eh bien, c'est une adaptation un peu fofolle du Songe d'une Nuit d'été, très réjouissante, mettant en scène un Puck adolescent gay qui fiche le boxon dans une ville à périr d'ennui au fin fond des Etats-Unis en faisant gicler du suc magique sur les yeux de Titania de victimes bien trouvées. Les scènes de comédie musicale sont d'un mauvais goût achevé mais la partie satire de la vie provinciale, moins acide que du Waters, est bien enlevée et très drôle. J'avoue entre autres que voir un prof de rugby déclamer du Shakespeare en roulant des yeux énamourés pour un proviseur quinquagénaire m'a bien amusé. La critique a snobé avec une belle unanimité ce délicieux petit film qui m'a consolé d'avoir raté The Fairy Queen.... 

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