Oncle Boonmee, d'Apitchapong Weerasethakul
Un film qui convoque les esprits, dans une lumière crépusculaire. Un film, doux et régénérant, sur la mort, les vies multiples, sur la jungle des films passés et à venir ….sur ce que certains (pas moi), ailleurs, appellent la vie éternelle et d’autres plusieurs vies… Une marche vers une grotte, une enveloppe corporelle vidée, un réveil dans la clarté forment une séquence magnifique qu’on n’est pas près d’oublier (comme celle, digne du Pasolini le plus bouffon, qui associe une princesse laide et un poisson chat). Oncle Boonmee est plus limpide et simple à suivre que les précédents films du réalisateur ; il guide le spectateur avec une trame linéaire centrée sur le personnage du vieil homme, sans la cassure des diptyques, mais avec des surprises et des ruptures de ton qu’on ne va pas dévoiler ici, notamment l’extrême fin, à la fois drôle et énigmatique. Et je suis particulièrement sensible à ce que je crois être la bonté – la douceur – de ce réalisateur (la belle scène dans les tamariniers, les scènes de dialyse qui ont tant déplu aux impatients, dans cette salle hostile où j’ai vu le film).