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zvezdoliki
19 janvier 2011

Mark Padmore à Gaveau

C'est curieux comme les gens sont nombreux à aller communier dans des gros machins d'orchestre postromantique, et comme il n'y a plus personne pour aller écouter les confidences d'un monsieur seul sur scène avec son pianiste. Et pourtant, c'est tout aussi nourrissant, émouvant, impliquant.... C'était le Grand Frisson hier soir pour Beethoven et Schubert chantés par Mark Padmore. Voix claire, aigüs superbes et puissants, science magistrale de l'articulation (on sait exactement où va la phrase, quel est son relief, même si l'intonation allemande n'est pas parfaite), tempi souvent lents, permettant de bien ciseler les effets .... j'ai adoré.

Beethoven: Adelaide, Mailied, Neue Liebe, neues Leben, et surtout An die ferne Geliebte. C'est une musique plus intéressante que ce que je me souvenais, un mix solaire de Fidelio et de lieder de Schumann. Dans Adelaide (un air à accélérations successives), Padmore fait merveille dans les aigüs. Dans le grand cycle de l'opus 98, ce qui me frappe, c'est l'instabilité des humeurs, des tempis, des modes d'accompagnement....ça bouge tout le temps. Dans le deuxième lied (modulation en sol venant de mi bémol, effet boeuf que réussit aussi chouchou, évidemment), Padmore chante les deux premières strophes d'une voix blanche, ce qui rend le cri de la 3ième strophe complètement déchirant. Et la fin, où le piano chante tout seul comme un grand, on se croirait chez Schumann. (on comprend qu'il ait copié et cité cette musique, comme un fétiche).

Le chant du cygne, qu'on n'entend pas si souvent non plus... Padmore choisit de ne pas chanter davantage que ce qu'il y a dans le cahier D957, et il chante dans l'ordre du cycle (qui n'avait pas été choisi par Schubert). C'est un cycle plus composite que Le voyage d'hiver (d'ailleurs le pianiste, l'excellent Till Fellner, nous le rappelle en dépliant à chaque lied un nouvel accordéon pour éviter les tournes, jamais le même format, ça tourne au gag) mais toujours d'un niveau émotionnel incroyable, dans l'ironie ou la catatonie. Les graves de Padmore sont parfois insuffisants ("Rauschender Strom"), mais le Doppelgänger et la Taubenpost sont à pleurer. 

(sur Spotify, on peut entendre Padmore dans La belle meunière - ceci par exemple - et Le voyage d'hiver, mais pas dans le Chant du cygne. J'ai aussi un faible pour son album Britten - ceci par exemple)

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