La création, de Haydn
Vendredi soir, à Pleyel. Placé en arrière-scène. Avant de rentrer dans la salle, j'étais un peu inquiet de ne voir les chanteurs que de dos, côté acoustique, mais c'était tout à fait acceptable et j'ai pu apprécier le beau timbre fruité de la voix de Mme Piau et les talents dramatiques du baryton-basse. Et il y avait d'autres avantages considérables à ce placement: (i) être en mesure de voir la tête d'un copain de promo dodeliner dangereusement, au deuxième rang; (ii) voir la tête des violonistes ne pas dodeliner dangereusement - ça c'est fascinant, ce degré de liberté du cou de ces violonistes jouant sur instrument ancien sans mentonnière (ce serait impecc' pour accompagner du Sheila); (iii) m'émerveiller de la veste du chef - et aussi, en prime, de sa gestique, quelle variété d'expression incroyable, quelle souplesse de phalanges, quelle façon de passer d'un geste introverti au déploiement complet d'un bras, à la Edouard Mains d'Argent (mais je dois dire que certaines attaques m'ont laissé perplexe, vu le délai entre le geste et l'attaque sonore - au demeurant cohérente). Pas tout suivi le texte (j'étais derrière les sous-titres) mais tilté sur certains mots (Licht, évidemment, Sterne, avec le timbre qui va avec, Odem, avec la respiration hachée des cordes, Walfische, avec une merveilleuse polyphonie serrée des cordes graves) et sur l'organisation générale (chaque journée démarrant par un récitatif et un discours se complexifiant; l'utilisation, dans la première partie, des formes sonates en mineur se résolvant en majeur, un truc des classiques auquel j'ai toujours du mal à me faire). Bref, moi qui ai toujours préféré Les saisons à La création, ça a été un déclic. Eh oui, parfois, on résiste et ça vient on ne sait pas trop pourquoi, là j'ai vraiment eu l'impression de redécouvrir cette oeuvre, et je vais réécouter tout cela au calme.