Nixon in China au Châtelet
Affiche mythique, résultat mitigé (bon mais parfois long). Résumons.
Premier acte: 1/ un grand choeur d'introduction (gammes ascendantes et slogans révolutionnaires); 2/ l'arrrivée du couple Nixon à l'aéroport (avec le morceau de bravoure de Nixon, "News"); 3/ l'entrevue Mao-Nixon (Mao superbe, voix de verrat aigüe; flanqué de trois traductrices ondulantes et adulantes, il a son Grand Air, où il oppose founders aux profiteers); 4/ les toasts ("gambei", finale brillant).
Second acte: 1/ une grande séquence avec Pat Nixon, cruche à souhait (à qui on montre un cochon, trombones) 2/ une grande séquence de ballet détachement rouge, un des sommets dramatiques de l'oeuvre. C'est plein d'ironie, Pat Nixon prend ce ballet sur la condition féminine au premier degré et donne des coups de sac à main aux méchants macs. Je crois entendre des citations de Wagner (Brünnhilde au brasier) qui soulignent le bovarysme de Pat Nigaude. 3/ l'entrée fracassante de madame Mao (Boo-oook, Boo-ok, Boo-ook, dans le suraigü; ça chauffe chez les gardes rouges).
Troisième acte: grande séquence danse de salon, nostalgie et propos d'ivrognes de fin de soirée, une scène centrée sur les deux couples présidentiels qui évoquent leurs jeunesses respectives. Madame Mao trouve que la musique n'est pas terrible (le chef s'incline et arrête l'orchestre) et change le juke box pour une musique sentimentale au piano seul. Toute cette séquence est proche de la musique des Chairman Dances qui souvent jouée en concert. Belle fin avec Chou Enlai, basse lyrique. Ce troisième acte, long et pas toujours très bon, rend très nerveux mon voisin, que je sens proche du cannibalisme vers 23h.
Orchestre coloré, plus de vents que de cordes, c'est répétitif sans être trop pauvre et le mélange d'ironie acide et de détachement est réussi. Le livret part parfois dans le décor (c'était le cas à la fin de Doctor Atomic) et n'est pas d'une ambition démesurée. Ce n'est que localement très bien, finalement.