22 avril 2012
Londres (2)
- Le Freischütz (à Barbican) Un peu le syndrôme Maîtres chanteurs: une oeuvre célébrissime qu'on n'entend plus vraiment beaucoup, et on comprend un peu pourquoi. Les mots qui me viennent à l'esprit sont 1) bourrin (cette série de danses allemandes, ces sarcasmes villageois....) 2) frais au sens où les primitifs flamands sont plein de fraîcheur (les couleurs de l'orchestre, les figurations naïves, les envols de flûtes). Grands moments: l'ouverture (encore un do mineur qui devient do majeur à la force du poignet); l'air d'Ännchen (Sally Matthews, chanteuse délicieuse); la scène de la Gorge aux loups avec le choeur des esprits (utilisant des cornets en carton noir pour les wou-ouh!) et le compte des balles, de un à six. Production inégale, mention spéciale à la Ännchen susnommée et à un Kaspar n'ayant pas oublié d'avoir l'air méchant (Lars Wogt, la dégaine d'un Podalydès qui aurait mal aux dents).
- Artifact, à Sadler's Wells. Chef d'oeuvre. La 2ième partie, qui dévide le texte de la chaconne de Bach, est ponctuée par des tombées brutales du rideau. Cohérence, ampleur de l'inspiration, humour ravageur. (cf ici)
- Concert Nancarrow à Southbank (c'était une intégrale en tranches des études pour piano préparé, j'ai fait 16h-17h). Enfin, concert, c'est vite dit: il y a deux personnes sur scène, qui sont juste là pour changer les rouleaux sur le pianola (et raconter des bonnes histoires sur Nancarrow pendant que les rouleaux commencent à tourner). Nancarrow est ce génie qui a influencé Ligeti, et programmé ces rouleaux sur pianola. Le résultat musical: une virtuosité insane, à rendre vert de jalousie n'importe quel pianiste humain (les martiens, je ne sais pas, ils sont déjà verts): glissandi sur des modes complexes, décalages rythmiques subtils, petites mécaniques folles. Comme c'est écrit dans un style mi-bastringue mi-Grand d'Espagne, peu de gens prennent ça au sérieux, mais ça vaut le détour.
Publicité
Commentaires
G