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zvezdoliki
29 novembre 2013

Siemens/ EIC/ Beaubourg

Concert de + en + enthousiasmant, avec la musique de 4 lauréats de la fondation Siemens:

* Michael Jarrell: Congruences. C'était peut-être bien, mais après avoir vu Sophie Cherrier s'harnacher de fils pour l'électronique, j'ai beaucoup dormi.

* Ulrich Kreppein: Départ (les compositeurs français mettent des titres en allemand et les allemands des titres en français, on dirait). Musique fine et précieuse, parfois véhémente. Une séquence longue de solo d'alto mélangé à la flûte; dans le suraigü (sur un tapis de choral de cordes). Cela m'a globalement bien plu.

* Arnulf Herrmann: rondeau sauvage. Pour 7 instruments (3 cordes, 2 vents, piano et une percussion très fournie; notamment des genres de macarons métalliques à frotter avec un archet, produisant des aigüs très brillants). J'ai envie de faire les mêmes commentaires qu'à l'écoute de la dernière oeuvre que j'avais entendue de lui, si ce n'est que cette fois l'impression sonore est encore plus riche et variée. Ce qui me frappe est la clarté du discours musical, avec des percussions très excentriques pour liquider chaque section. Très virtuose aussi (je serais curieux de comprendre la cellule rythmique du début), et franchement puissant. Mon voisin n'a pas aimé et dit à sa voisine, "c'est simple à comprendre, comme un blackberry" (une réflexion qui m'a laissé perplexe, je n'ai pas trouvé ça du tout putassier.)

* Mauricio Kagel: Orchestrion-Straat. L'orchestre par deux en diagonale (comme un wagon de TGV): 2 violons, 2 flûtes etc.... avec sur la tranche un accordéon, un saxophone, un piano et 2 percussions encore plus excentriques que chez Herrmann. Musique de bastringue, de rue. Comme toujours chez Kagel, ça va bien plus loin, avec une invention poétique et musicale géniale. A la fin, l'orchestre continue à jouer, les deux percussionnistes se ruent comme des possédés dans les travées du public en agitant sous le nez des spectateurs des brocs de cantine pleins de ferraille (et continuent à le faire alors que l'orchestre a fini de jouer). Génie.

 

 

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18 novembre 2013

Written On The Skin, de George Benjamin

Livret classique, dans le plus pur style opéra-comique (avec quelques maniérismes un peu pénibles): dans cette nouvelle aventure, Golaud se venge en donnant à manger à Mélisande le coeur de Pelléas, un contreténor qui enlumine LE livre et embobine tout le monde avec son air de ne pas y toucher. Décollage un peu poussif, mais on finit par rentrer dans l'histoire. Orchestre chatoyant avec les les cuivres bouchés que l'on aime tant chez Benjamin, et en guest stars, des bongos, une viole d'amour et un glassharmonika. Magnifique trio de solistes (Hannigan/ Purves/ Davies).

On retiendra (tant pis si c'est anecdotique):

ceci pour la tension rythmique (une musique de bastringue bien acide)

ceci à 3'40" quelques mesures parfaites: les cordes divisées (le désir) puis une consonance qui s'évanouit vers l'aigü (comme la musique qui accompagne curieusement l'orgasme de la fin du 1er acte (Love is an act, vers 7'-7'30'')). Ce moment révélateur où le Protecteur se rend compte que le désir de sa femme a changé et s'exprime dans une étonnante crudité. 

ceci pour l'utilisation des bongos et des percussions (un discours haché comme un steak, avant l'ingestion du coeur, sucré et salé)

le moment où la musique se vitrifie avec le glassharmonika, pendant la chute au ralenti de l'héroïne (l'extrême fin de l'opéra est aussi très remarquable).

Aussi (et mieux): ici

 

2 novembre 2013

Résumé des épisodes précédents

* Pierrot Lunaire à l'Athénée, en français (on ne comprend pas beaucoup mieux le texte), chanté par un homme (Damien Bigourdan). Mise en scène très explicite... (ça, on voit bien les Riesenfalter et le Mondfleck). Deuxième partie moins palpitante (Paroles et musique, Beckett/ Feldman). Le chef avait prévenu avant le début du spectacle, sortir son portable pour regarder l'heure expose à une perte définitive de contact avec le spectacle.

* le Helikopter Quartett de Stockhausen, pour la nuit blanche. Colère froide devant tant de désinvolture. Les quartettistes ont semble-t-il facilement communiqué entre eux pendant leur balade en hélicoptère, mais nous n'en saurons pas grand-chose, puisque la liaison avec le plancher des vaches fonctionne par intermittences. Si l'idée était de montrer 1/ que la musique contemporaine, c'est un truc qui plane en haut, loin du public 2/ que l'événementiel prime sur la musique, c'était très réussi.

* Musique de chambre à la salle Colonne. Beau programme Brahms: trio opus 114 (découverte; quel dommage de se passer de violons et d'alto) et quintette avec clarinette (celui avec séquences brésiliennes et tsiganes) / Hersant (Nachgesang). 

* Aida. Quasiment une découverte. Bizarrement, ça commence modestement aux cordes avec ce prélude humble et torturé comme une esclave éthiopienne; assez vite un décor en cuivre nous en met plein la vue (et qu'on ne me dise pas que ce n'est pas en cohérence avec le projet musical de Verdi), jusqu'au triomphe des cuivres, la scène des trompettes, où l'on voit sur scène quatre femmes de ménage astiquer un arc de triomphe en cuivre. Autre bon moment scénique: la danse des esclaves maures (collant pilepoil à l'esprit de la musique). J'ai aussi bien aimé la séance d'aérobic des altos ici (à 0'55" ici ), la façon dont Verdi organise un crescendo en faisant gonfler une figure secondaire (ici), et puis les deux tubes séraphiques et diaphanes avec violons dans l'aigü (le duo final me rappelle ceci de Peter Grimes, il serait peut-être temps pour moi de reconnaître ce que Britten doit à Verdi). 

* Elektra. Evidemment un spectacle dont on ressort comme un chat d'un micro-ondes, en se demandant si on a encore tous les organes internes en place (foie: check; rate: check; glandes lacrymales: check). Scénographie redoutablement efficace, avec un choeur grec démultipliant les gestuelles des chanteuses. On a envie de sous-titrer la première scène (un choc): "Débandade des contempteurs de Joël et Jordan, bien obligés de constater qu'un bon spectacle peut être monté dans LaMaisonMaudite". Strauss reste pour moi un bruitiste génial, capable d'illustrer avec son génie orchestral n'importe quel cartoon, de figurer les Dieux par des clarinettes affolées, de faire aboyer l'orchestre, de le faire se grattes jusqu'au sang. On en vient à détester les rares moments bien viennois et crémeux (celui, par exemple, où Chrystothémis rêve d'une famille "normale"). 

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