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zvezdoliki
21 février 2016

Mendelssohn 1- 3- 5, COE

3 symphonies d'un compositeur de 15 ans (I), 21 ans (V), 24 ans (IV). Mendelssohn et le COE: heureux mariage, belle traversée.

(I) En ut mineur. Magnifiques mouvements extrêmes. Dans le finale, merveilleux passage en pizz pianissimo aux cordes, amenant un chant d'opéra à la clarinette (à la réexposition, ce sera une flûte clarinette, un curieux instrument à deux têtes).

(IV) En la majeur. Dans le 1er movement, la circulation des triolets; l'énergie du début. Dans le 2/, l'alternance des cordes graves et aigües avec leurs doublures aux vents (ah, les deux flûtes jumelles), leur superposition au sommet du mouvement, puis leur décroissance. Dans le 3/, à la fin, l'élégante hésitation entre la musique du scherzo (aimable) et celle du trio (chasseresse).

(V) En ré mineur.  Pas la version habituelle; ici, un récitatif de flûte (avec tout l'orchestre) avant le choral de Luther (qui apparente encore plus cette symphonie à la IXième de Beethoven). Dans le 1/, le chef prend l'Amen de Dresde curieusement sans relief (alors qu'un crescendo/ piano subito est écrit), atone, comme un passage extraterrestre (évidemment, ça contraste beaucoup avec l'intranquillité extrême de ce mouvement). Je n'avais pas repéré que la coda agitée de ce mouvement culmine sur le 2ième thème. Dans le 4/, je suis pris par la joie océanique de la fin (avec des vagues très tumultueuses....)

Je copicolle ici la note de programme que j'avais rédigée pour le concert de notre orchestre en décembre:

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La cinquième symphonie de Mendelssohn est l'oeuvre d'un jeune homme de 20 ans et la deuxième, par l'ordre chronologique, que Mendelssohn a écrite. Le compositeur a souhaité écrire cette symphonie pour le tricentenaire (en 1830) de la Confession d'Augsbourg, un des textes fondateurs dul uthéranisme; mais l'oeuvre, commencée en 1829, n'a été terminée qu'après l'événement. Avant sa création à Berlin en 1832, Mendelssohn avait souhaité présenter la symphonie à Paris, maisHabeneck et son orchestre ont rejeté l'oeuvre au prétexte qu'elle était "trop allemande". Cette symphonie, pour laquelle Mendelssohn avait des réserves, n'a été publiée qu'à titre posthume comme opus 107.

Même si ce n'est pas explicitement une oeuvre à programme, il n'est pas interdit d'y entendre l'écho des batailles qui ont permis le triomphe de la Réforme, ou le trajet intérieur d'une conversion à la foi protestante. L'introduction du premier mouvement donne l'impression à l'auditeur d'assister à un service sacré: polyphonie archaïque où l'orchestre - vents et cordes graves - sonne comme un grand orgue, fanfare en rythmes pointés qui annonce l'allegro qui va suivre; puis, dans un contraste saisissant, avec l'irruption des violons dans le registre aigü, le céleste Amen de Dresde, une formule liturgique qui, à l'époque, était davantage associée au catholicisme qu'au protestantisme. Cet Amen de Dresde rappelle à l'auditeur contemporain Parsifal. Ce mauvais joueur de Wagner, qui fera tout son possible pour ruiner la réputation de Mendelssohn après sa mort, ne s'est pas contenté de cet emprunt; comme le souligne Charles Rosen, il s'est servi d'artifices analogues à ceux de Mendelssohn pour donner à ses spectateurs l'illusion d'assister à la présentation du Graal. Après l'encens de l'introduction, les batailles: l'allegro de sonate en ré mineur commence dans une atmosphère querelleuse s'adoucissant dans un second thème qui nous évoque les soupirs d'un garçon sensible, que nous retrouverons plus loin dans l'oeuvre. Le retour de l'Amen de Dresde signale le début de la réexposition, au cours de laquelle les principaux thèmes sont repris piano, comme des fantômes; ce qui accroît d'autant l'effet produit par la coda furieuse qui conclut le mouvement.

Le deuxième mouvement est un scherzo élégant en si bémol, à la rythmique dansante avec, dans le le trio en sol majeur, un magnifique solo des violoncelles. Le troisième mouvement est un chant intérieur, en sol mineur, qui s'enchaîne directement au finale; à la fin de ce mouvement, l'auditeur attentif reconnaîtra une allusion au thème de garçon sensible dans le premier mouvement, comme un ultime doute avant la conversion. Dans ce mouvement lent, le rappel du passé et le récitatif chanté trahissent l'influence du finale célèbre d'une symphonie quasi-contemporaine en ré mineur, la Neuvième de Beethoven....  Les interrogations de l'arioso semblent trouver une (la?) réponse dans l'énoncé en sol majeur par la flûte solo du fameux choral "Eine feste Burg is unser Gott", le plus connu des cantiques de Luther. Cette affirmation de foi prend de la force en passant du solo au collectif, avec l'entrée des vents, puis des cordes graves; une orchestration plus agitée fait moduler la musique en ré majeur. L'auditeur a alors l'impression de sortir du temple pour le vaste monde, celui d'un dernier mouvement construit sur les fondations du choral. Ce finale triomphal, qui sent le plein air, semble composite à première vue (cantique, marche militaire, passages fugués), mais le choral n'est jamais loin. La coda finale émeut particulièrement par son atmosphère de joie océanique, avant un ultime retour du choral qui conclut l'oeuvre.

 

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14 février 2016

Capriccio à Garnier

Rien de tel que ce Capriccio pour se réconcilier avec Strauss et le Palais Garnier (qu'on aime bien détester). Le sextuor à cordes qui ouvre l'opéra préfigure le sextuor vocal: deux mécènes (la comtesse et son frère); deux créateurs (le poète et le musicien); deux interprètes (le metteur en scène et l'actrice). Ce sont les mécènes qui commandent et décident, la comtesse, bien sûr (qui a le grand air straussien et le mot de la fin); mais aussi le comte qui, incidemment, trouve le sujet de l'opéra. Mais tout de même, le musicien est un merveilleux ténor; le directeur de théâtre a un air de bravoure (que les domestiques ont trouvé bien long); même le souffleur, Monsieur Taupe, a un air, et les domestiques commentent finement l'action (Strauss n'est peut-être pas un homme de son temps, mais un contemporain de Mozart, ce n'est pas si mal). Ironie dans le charivari pour se moquer de la Naissance de Pallas Athéné (un octuor où on arrête d'écouter les paroles, et auquel les chanteurs italiens sont bien utiles); peut-être même dans le solo de cor de la Mondscheinmusik.... Fin magnifique (avec de fausses fausses notes échappées de la scène avec Sophie dans le Chevalier à la Rose, avant l'apaisement final).

 

7 février 2016

Il Trovatore

Dimanche dernier. Celui avec le quatuor de rêve (Netrebko/ Sementchuk/ Alvarez/ Tézier; 1-3, méfiez vous de 2-4) et la mise en scène à barbecue à trous carrés. Les ensembles (celui-ci évidemment, mais aussi ceci; Verdi, créateur de boîtes à rythmes) encore plus enthousiasmants que les airs (comme celui-ci, avec la Netrebko au top). Sinon, comment résister au choeur des schtroumpfs joyeux? Béguin spécial pour Marcelo Alvarez (fougue, style). 

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