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zvezdoliki
10 janvier 2010

Un peu d'empathie pour Hypatie

Vu l'histoire d'Hypatie au cinéma. Le film est un peu du genre pas très bon (un critère important: beaucoup de mauvaise musique - si j'excepte une réminiscence assez bien venue des Métamorphoses de Strauss au début du film), mais qu'on ne raterait pour rien au monde (tellement l'histoire racontée est excitante). Il fait revivre avec beaucoup de moyens l'Alexandrie des années 390 -415 - ce qui n'est pas rien -  et n'est pas si mauvais, d'un point de vue historique, dans sa deuxième partie: le christianisme comme religion d'esclaves, les jeux de pouvoir entre le préfet, Oreste, le patriarche, Cyril et l'évêque de Cyrène, Synesios. J'ai déjà croisé Hypatie cette année dans une bonne lecture, dans laquelle l'auteur décrit le meurtre de cette mathématicienne et philosophe comme un des épisodes marquant la fin de l'Antiquité. Il donne quelques éclairages intéressants par rapport au film. Par exemple, la première partie du film, qui a l'intérêt d'introduire le personnage de Théon, le dernier directeur du Musée, est douteuse historiquement; il n'existe aucune preuve que la destruction du Serapeum en 391 ait réellement indigné Hypatie; à l'époque, c'était déjà essentiellement un lieu de culte païen, la bibliothèque avait déjà brûlé en 270 et la plupart des manuscrits avaient été transférés ailleurs. Autre point, au moment de son meurtre, Hypatie n'était pas la vierge jeune et jolie qu'a célébrée Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique mais une dame d'une soixantaine d'années (ce qui n'enlève rien évidemment, à l'horreur du crime des parabalani). Enfin, il est tentant de voir en l'histoire d'Hypatie le début d'âges obscurs; toutefois l'histoire des sciences à Alexandrie s'est poursuivie aux Vième et VIème siècles, de sorte qu'il difficile de pouvoir parler de décadence. 

Aussi: la mort d'Hypatie racontée par l'évêque de Nicée (salaud de chrétien) et Socrate de Constantinople (le point de vue grec).

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31 décembre 2009

Igor et Coco (sur l'air de "L'école est finie")

Le scoop du siècle: Stravinsky a réécrit le Sacre en 1920 en pleine crise sentimentale après l'échec d'une liaison avec Coco Chanel... (pas mal vu pour un compositeur qui a toujours clamé haut et fort que la musique n'exprimait aucun sentiment)

(Kounen aurait dû aller plus loin; le parfum n°5 de Chanel dont il est tant question dans le film, je me demande si ce n'est pas un hommage de Mademoiselle Chanel au fameux n°5 de Beethoven, rien que pour faire bisquer Stravinsky qui ne devait pas porter n°5 de Beethoven très haut dans son estime).

30 décembre 2009

3 films ratés

* Honeymoons: deux histoires, celle d'un couple albanais et celle d'un couple serbe, cherchant à émigrer pour des raisons différentes (pour fuir la misère et la pression du clan dans un cas, pour un poste de violoncelliste d'orchestre dans l'autre). La partie albanaise est assez réussie mais j'ai trouvé la partie serbe lourdingue et niaiseuse. Et la morale de ces histoires (puisque c'est un film à morale et c'est bien ça le problème) tombe à plat quand on sait que la circulation des Serbes dans l'UE vient d'être facilitée ... (ceux qui ont un vrai problème de passeport et de circulation, ce sont bien les Kosovars, mais alors ça, les Serbes s'en soucient comme d'une guigne)

* Hadewijch: l'itinéraire d'une novice renvoyée de son couvent pour excès de mortification. Je ne vais pas détailler mais le film déraille complètement à un certain moment, avec des ellipses injustifiables qui camouflent mal l'invraisemblance totale du propos (Dumont dit dans des interviews que tout le monde sait ce qui se passe au Moyen Orient, je ne suis pas sûr de savoir que qu'il faut savoir; je ne suis même pas certain d'avoir compris si la fin est un flashback ou pas!)  Et puis moi qui ai bien peu de foi, j'ai du mal à croire qu'une novice, étudiante en théologie puisse se retrouver dans cette solitude et cette confusion totale des sentiments (elle se prend pour le puddle du Christ). La fin (dans un jardin clos) est magnifique et j'aime bien aussi la façon dont Dumont filme Aubervilliers comme les hauteurs de Paris.

* Canine: l'histoire d'une famille grecque enfermée par un pater familias dans une villa. L'aspect le plus plaisant du film est l'ensemble des règles absurdes régissant la clôture (qui rappelle une certaine histoire de logothètes). Tout ça m'a laissé quand même terriblement froid.

24 décembre 2009

Le père de mes enfants, de Mia Hansen-Løve

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La chronique d'une famille, dont le père disparaît à la moitié du film. Il n'est pas nécessaire de savoir que le film est un hommage à la mémoire du producteur Humbert Balsan; c'est, comme un roman russe, l'histoire d'un producteur s'approchant du gouffre, vue de de sa famille. Il y a trois filles, deux petites qui tirent le film vers le monde de l'enfance (délicieux journal de 20h) et une adolescente autour de qui le film se recentre, dans sa deuxième partie. Ce qui se transmet (l'histoire des Templiers, la belle exigence du père qu'on retrouve dans sa façon de parler), ce que l'on sait - ce que l'on ne sait pas - de ses parents.... c'est un beau film, touchant, riche en émotions variées, qui m'a fait penser aux meilleurs des films d'Assayas. 

14 décembre 2009

Une jolie histoire d'amour en un plan, vue d'un placard

 

(Parfois je rêve Que je suis une vache)

 

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7 décembre 2009

Vus:

  •  Strella: "j'ai voulu connecter deux fils, mais j'ai oublié de couper le courant" Ai trouvé l'intrigue téléphonée (mais je ne sais plus qui m'avait vendu la mèche, sachez que c'est mieux de ne rien savoir); j'ai bien aimé la scène initiale (beaucoup d'information en très peu de choses), mais je n'ai pas aimé 1/ la représentation de la prison (un aimable club de rencontres), 2/ l'unique scène de prostitution (complaisante au possible) et 3/ la fin familialiste (tout ça pour finir sur la Sainte Famille, moi qui croyais échapper deux heures seulement aux guirlandes de Noël). Mon venin ayant été craché, je dois reconnaître que le film est tonique, étonnant (il permet un peu d'imaginer la vie d'un transsexuel pré-opératoire grec, ce qui n'est pas rien) et il est porté par deux excellents acteurs (une Callas-Magnani aux larges épaules et un vieux de loup de mer ayant beaucoup bourlingué). 

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  • Rapt "Si vous voulez de l'affection, achetez-vous un chien", disait fort justement mon ancien boss. Drôle de retour pour un Ulysse dont seul le chien a une compréhension intime de l'épreuve qu'il vient de subir.

 

28 novembre 2009

Vincere, de Marco Bellocchio

La grand opéra du jeune fauve qui veut effacer sa femme. Mais celle-ci résiste (dans le film subsiste un doute sur la réalité du mariage, présenté comme un souvenir - ou une représentation mentale? - d'Ida Dalser). Scène terrible des accords du Latran, vus côté cour dans un hôpital pyschiatrique tenu par des religieuses, un ordre aux ordres ("oui, ma fille, il faudrait ne pas avoir de coeur pour ne pas entendre votre plainte, mais souvenez vous que le Seigneur n'a rien promis à Marie Madeleine, rien d'autre qu'une vie meilleure dans l'au-delà"). Scène terrible aussi, celle où le fils imite le père, en allemand (la langue de l'amour entre le père et la mère).

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17 novembre 2009

Sin nombre, de Cary Fukunaga

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Simplement un très bon film, tout droit et tout simple, la traversée du Mexique d'une jeune guatémaltèque cherchant à émigrer aux Etats-Unis et d'un jeune homme que poursuit une mafia locale; ça ne rend pas particulièrement optimiste sur l'avenir du Mexique et de ses enfants....

 

15 novembre 2009

La religieuse portugaise, d'Eugène Green

Paillasson Liminaire Merci de vous essuyer les pieds avant d'entrer dans ce billet Je décline toute responsabilité quant à vos futurs d'états d'âme au sortir de ce film; ne venez pas geindre ici que c'était ennuyeux, ridiculement distancié, mal joué au point que Bresson à côté c'est du grand cinéma populaire d'acteurs; il y a peut-être sans doute du vrai dans vos critiques mais il y a fort à parier que vous êtes passé à côté du film (je dis ça après avoir testé les réactions du cher-et-tendre-omètre, qui a été assez vite en état d'alerte maximale, et du reste de la salle, qui est assez vite devenu nerveux et a surréagi au subtil et discret humour de Green)

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Ceci ayant été dit: La religieuse portugaise est un film merveilleux qui conjugue force du cinéma et de la mystique, plaisir physique d'être à Lisbonne, rhétorique baroque et musique portugaise. Il est question, entre autres, d'une actrice qui doit jouer une religieuse portugaise et d'une religieuse portugaise, qui chaque jour, dévale une colline pour attendre Dieu sur la colline en face (comme si Lisbonne était une immense chapelle avec deux murs se faisant face). Au plaisir des films précédents (sens du décalage - on dit portatif et pas portable, on se rend compte que la modernité c'est la mobilité - , coexistence particulièrement réussie de différentes époques) on peut ajouter celui de voir Green himself, subtilement drôle et farfelu, avec son précieux accent américain; et celui d'écouter beaucoup de belle musique portugaise (je pense par exemple à une belle scène de fado où on voit le public écouter).

1 novembre 2009

Weerasethakul (อภิชาติพงศ์ วีระเศรษฐกุล) au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

D'emblée, à l'entrée de l'exposition, on est surpris par la force de cette vidéo (téléchargeable au bout du lien). Sur un fond d'explosions nocturnes, des adolescents d'une petite ville du nord de la Thaïlande jouent avec un ballon de foot enflammé qui va mettre le feu à une toile. Tout est déjà dit: le feu qui surgit et polarise l'écran, le jeu avec la violence qui fait surgir les vies antérieures de cette petite ville, autrefois un théâtre de la guerre civile. Weerasethakul a organisé cette exposition comme le portrait d'un endroit, un jeu subtil entre le passé et le présent (l'avenir, c'est le cinéma avec toutes ses images, dit un des personnages), un parcours de réincarnation avec la construction d'un vaisseau spatial, des loups dans la jungle, une princesse. Des choses très simples qui nous entraînent très loin.... Un des charmes de cette installation, c'est que, à la différence du temps linéaire d'un film, on peut s'y promener et y picorer des morceaux de temps. Plusieurs de ces vidéos marchent par groupe; ainsi, celle où des adolescents apprennent à tirer dans une rizière fait face à celle sur des explosions nocturnes inexpliquées. Je regrette juste d'avoir été pris par le temps et de ne pas avoir vu toute la dernière (et magnifique) vidéo (35').

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