Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
zvezdoliki
8 novembre 2016

Haydn/ Ebène aux Bouffes

Il y avait beaucoup d'autres bonnes choses dans ce concert (notamment le quintette de Schumann, que j'aime malgré les deux mouvements extrêmes, d'une bonne humeur trop scoute à mon goût), mais le grand moment a été pour moi cet opus 20 n°2, en do majeur. Sublime 1er mouvement, avec ses deux phrases en trio (violoncelle ou violon + le centre), ses frottement de seconde, son thème noble.... l'histoire de la musique aurait pu s'arrêter après ça sans encombre. Le mouvement lent, en do mineur, est complètement dingue: unissons théâtraux, cantilène infinie en majeur - presque l'espoir beethovénien d'un monde meilleur. Les Ebène prennent le finale très très vite, très piano; le changement de potentiomètre à la fin n'en est que plus impressionnant.

 

 

Publicité
6 novembre 2016

Britten/ Berlioz à l'Orchestre de Paris

Sérénade pour cor et ténor/ Roméo et Juliette: beau programme, avec des échos troublants d'une oeuvre à l'autre. On retrouve les "lulling charities" du sonnet de Keats dans le scherzo de la reine Mab, ou dans ce ground qui m'a toujours fasciné à la fin de la scène de bal, avec cette ligne qui plonge dans le grave, ouvrant la porte aux forces du rêve.

Je n'ai pas si souvent entendu la sérénade en concert, et c'est vraiment un chef d'oeuvre. Plus que les pièces de genre un peu entêtantes (Dirge - la procession - comme chez Harold en Italie; le Nocturne avec son refrain avec cor obligé), j'ai préféré ce soir Pastoral (où les aigüs très doux de Padmore ont fait merveille .... pas près d'oublier ce Till Phoebus, dipping in the west/ Shall lead the world the way to rest, à 4'30"), le Sonnet de Keats (pour les lulling charities et l'assomption finale), et bien sûr l'Elegy de Blake (où c'est le cor qui chante - trouvaille que cette seconde descendante qui revient et contamine tout - le ver dans la rose). 

 

 

Benjamin Britten: Serenade for tenor, horn og strykere, op. 31 from Bergen Filharmoniske Orkester on Vimeo.

4 octobre 2016

Le quatuor Ebène aux Bouffes du Nord

Un concert magnifique. Le quatuor Ebène avec son nouvel alto pour la première fois aux Bouffes du Nord, cette salle idéale. Au menu:

Beethoven, opus 18-6: si bémol majeur. Celui avec le scherzo irrésistible à hoquets et le finale qui lutte avec la malinconia.

Dutilleux: Ainsi la nuit. Jamais entendu mes suraigüs de Miroir d'espace si justes.

Beethoven, opus 127. mi bémol majeur. Les accords du début (avec des coups d'archet jamais vus); la fin du premier mouvement avec les noires retardées qui font caler le moteur. Le #2 à variations, un la bémol majeur d'une grande noblesse. Les deux derniers mouvements d'une joie cosmique. La coda vaporeuse du #4 prise très très vite, peut-être un contresens, ça marche très bien et on conserve la direction.

Pas de bis crossover, on restera sur cette impression de joie cosmique.

22 septembre 2016

Mahler 10 (première fois en vrai)

pour l'Adagio, ses 6 dièses à la clé, son moment de vérité: l'accord qui agglomère les notes, la trompette qui tient une note qui survit à l'accord.... la tension des cordes qui font redescendre la trompette, et tout est résolu. Fin décantée des notes étrangères, fa# majeur (presque) pur.

pour la rythmique (bulgare?) du II, avec ses changements de mesures permanent. Il n'y a ça nulle part ailleurs, chez Mahler, non?

pour la fin du IV avec ses enchaînements de bruits (schattenhaft, comme dans la 7ième)

pour l'introduction du finale, riante à souhait. Ces coups de grosse caisse tutta forza sont parfaits pour plomber l'ambiance (astuce) et empêcher les contrebassons de sortir de l'état d'ectoplasme.

Sentiments mitigés, en particulier dans le finale. J'ai du mal à croire - sait-on jamais - que Mahler aurait pu composer un pareil solo de flûte... et se convertir si vite à la musique américaine des années 40. 

27 mai 2016

Nigl en roi fou

Alléché par le baryton (j'avais vu Nigl à la télé dans Wozzeck, et c'était remarquable).

Ce qui m'a encore le plus plu, c'est en définitive The Forgotten City, de David Hudry: musique brutale et séduisante (fasciné de voir le contrebassiste battre ses cordes avec une baguette en bois). Des pièces avec Nigl: le Jarrell (Adtende, ubi albescit veritas) est une pièce sérieuse, qui finit par émouvoir au dernier verset (In te, anime [me]us, tempora metior); le Maxwell-Davies (Eight Songs for a Mad King) est très (trop?) spectaculaire, mais plus impressionnant qu'émouvant (sauf, peut-être, pendant la parade finale). Il y avait aussi une pièce de Rihm (Die Stücke des Sängers, avec harpe soliste), mais je n'accroche décidément pas du tout avec cette musique.

 

Publicité
20 avril 2016

Mes premiers Gurrelieder live

Une expérience forte, assez différente de celle de l'écoute de mon disque favori. Plusieurs sensations curieuses: l'euphorie du son (ce bain moussant dès le prélude) et l'appétit devant une belle voix de Heldentenor (ingrédient indispensable du bain moussant); la curiosité sadique (comment diantre ce ténor - Andreas Schager, remarquable - va s'en sortir face à un tel orchestre? (en fait, très bien, merci)); la curiosité du botaniste zoologue (mais comment, dans quelle direction ce monstrueux corps vivant orchestral va-t-il se développer? surprise renouvelée devant ces enchaînements complexes dans la troisième partie); la fièvre qui monte (ce Schoenberg devait être barré et avoir la malaria quand il a composé cela, je ne vois pas d'autre explication); le délire interprétatif à la Berg (ce do-mib-sib descendant du prélude, atmosphérique, c'est bien le même motif qui cristallise en deuxième et troisième partie, en un bloc monumental, obsessionnel et tragique); le plaisir de la redécouverte du texte (chaque mention blasphématoire accompagné d'un choral de cuivres, qui devait avoir un sens fort pour un musicien prêt à renverser la table); et puis aussi, plus trivialement, l'étonnement devant la vitesse de remplissage du plateau (c'est long et compliqué) et la franche rigolade (ce portable qui s'arrête de sonner sur Nun tönt auch nicht der leiseste Klang, ça ne s'invente pas).

A mon chocottomètre personnel: la musique du prélude (musique à la fois éclatée en différents groupes d'instruments, très mobile, c'est mieux que le prélude de l'Or du Rhin, non?); le 3ième lied (Ross, mein Ross, avec la première explosion d'amour/orchestre); le silence poignant dans le 9ième lied, dernier AVANT la catastrophe; la prise de pouvoir de l'orchestre avec la musique intersticielle d'avant la Waldtaube; la marche et le glas dans la scène de la Waldtaube (crescendo bien étouffé par Jordan, qui fait bien ressortir la voix); LE lied de la IIème partie (Herr Gott, weisst du was du tatest, ma musique préférée entre toutes); l'ironie de l'air de Klaus-Narr avec ces motifs qui volètent à toute allure; les chaînes (oui, les chaînes) dans le choeur des Mannen; les tenues acides et blafardes de flûtes+ piccolos dans la scène du vent d'été (on se  croirait dans le Rossignol).

 

13 avril 2016

Messiaen Bruckner 8 par le LSO

Deux aérolithes catholiques:

Messiaen: Couleurs de la cité céleste. Piano + percussions à clavier + percusssions résonantes (cloches et gongs), cuivres et clarinettes. Court, clair, très impressionnant, et plus prenant qu'au disque. Les chorals de cuivres (très lents, succession d'harmonies froides). Trois coups très violents et très rapides. Figures de résonances. Hoquets. Fusées de chants d'oiseaux.

Bruckner 8: retrouvé un peu de tout cela mais aussi quelques moments: Le I. Le mi bémol majeur du développement (le "moment Fassbinder"): merveilleux de calme, c'est ce qui rend la récapitulation si impressionnante avec le retour d'ut mineur. La fin du mouvement est géniale d'amertume; la voisine de derrière décrète que c'est fini et commence à faire du bruit alors que les altos continuent à liquider le roulement de tambours, pianissimo. Le II: dans le moment central du scherzo, c'est la timbale qui est le fil rouge (le thème dépecé aux bois, les cordes s'affolant pianissimo). Etonnant trio, chaleureux solo des violons sur des pizz de parade de chevaux. Ce sont les harpes qui concluent (dans une de leurs rares interventions, particulièrement marquante). Dans le III: l'intervention des harpes et le tournoiement harmonique qui s'ensuit: UN REVE (mon royaume pour ces trois mesures). Le B= thème de violoncelles. Le moment où deux musiciens se lèvent (cymbales + triangle): deux interventions (je n'en vois qu'une dans la partition de 1892, mais Rattle a joué Haas 1939), un sommet puis une cadence rompue (catastrophe). La fin de ce mouvement, après la rupture - chaloupes et ré bémol majeur - est magnifique. Le IV: le début est tellement fort qu'il a tendance à tuer le reste; la coda est sans doute là pour rééquilibrer le mouvement en intensité (ça ne la rend pas aimable pour autant).

29 mars 2016

la Passion selon Saint-Matthieu, à la Philharmonie

Au-delà du concert. Une cathédrale de la foi, une somme théologique (dans le chœur introductif, l’arrivée du 3ième chœur sur « Lamm » en sol majeur trouant le mi mineur; la symbolique des deux chœurs ; le mouvement perpétuel de la sarabande finale). Un moment de la liturgie censé nous toucher tous, oui, même toi qui ne crois pas. Gardiner commence à exiger une minute de silence, debout (du coup, il faut bien une autre minute avant de retrouver le silence, une fois tout le monde assis). Implication de tous : les solistes instrumentaux et vocaux émergent des deux orchestres et du Monteverdi Choir, puis y retournent. Dédoublement des personnages et de leurs affects (Erbarme dich : le remords de Pierre n’est pas chanté par Pierre (basse), mais par une voix d’alto doublée d’un violon solo), volatilité du chœur (tour à tour accusateurs puis repentants).

Se souvenir du n°27 (après l’arrestation de Jésus ; sans basses, soprano+ alto, avec le choeur qui « marmonne » des protestations, comme l'écrit Gardiner); du n°34-35 (Mein Jesu schweigt, arioso haletant du ténor, suivi d’un air où le violoncelle, très virtuose, est tout en arêtes – Schimpf und Spott) ; du n°39, évidemment (Erbarme dich, la sicilienne avec le flux de pizzicati aux basses, violon soliste et alto) ; du n°51 (flagellation, voyage harmonique effrayant); du n°59-60 (voix d’alto, hautbois d’amour, intervention fulgurante du chœur –Wohin – comme si on était chez Emily Dickinson). Et bien sûr des chœurs introductifs et finaux.

25 mars 2016

COE à la Cité

Curieux programme qui rêve du style classique, sans en être.

A part peut-être, le Mozart de la 25ième symphonie, qui commence à l’inventer. Symphonie avec 2 hautbois, 2 bassons, 4 cors, pas d’autres vents (ni de timbales). Apothéose du sol mineur. Le 1er mouvement, âpre de bout en bout, jusque dans la coda, qui surprend par des entrées fuguées… (une cuisson par la fugue et votre matériau sera résistant à tout ; ce n’est plus un tressage rythmique, comme dans le reste du mouvement, mais un tressage de lignes). Etonnant mouvement lent, à base de tuilages, avec gazouillis fruités des bassons.

Concerto de Strauss (avant, il y avait le hautbois, on faisait des blagues idiotes à base de volatile palmipède et de fiabilité douteuse, et puis est arrivé le hautbois de François Leleux ! Un autre instrument, autre chose, vraiment). Un beau babillage, comme Capriccio. Le motif de 4 doubles croches aux violoncelles, que l’on retrouve au début du 1 et du 2. L’esprit du concerto grosso, la doublure du cor anglais et des clarinettes.

Pour finir, le classicisme des Français : Pavane de Ravel et Symphonie en ut de Bizet (qui a retrouvé ce soir-là ses couleurs malgré de nombreux lavages).

 

24 mars 2016

France -Angleterre au TCE

Match franco anglais ; à la mi-temps c’était mal parti pour la France, car Purcell (Didon, Fairy Queen) écrase de son génie Lully (Amadis). En deuxième partie, c’était plus équilibré entre Rameau (Pygmalion) et Haendel (Jephta, Semele). En bis, Where’er they walk de Semele, un air d’Acis et Galatée, puis de nouveau l’air de Pygmalion. Un concert contre le Brexit… ne partez pas, messieurs les Anglais !

Didon : ouverture à vagues, grande classe. L’histoire de la musique aurait pu s’arrêter après One charming night (« than a hundred lucky days…. than a thousand, thousand several ways »)

Pygmalion : Ouverture très excentrique, avec des sextolets rapides (6 et parfois 3 +3). Deux airs : un air à flûtes, et un air à silences et virtuosité haendelienne (Lance tes traits dans nos âmes, pris à toute vibure).

Grand art de Bostridge, français impeccable, tension et élasticité de la ligne, silhouette longiligne qui rappelle Cuénod. Concert très euphorisant.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité