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zvezdoliki
2 décembre 2012

BSB3 aux Bouffes du Nord

Schönberg: Quatuor n°3 opus 30. Forme on ne peut plus classique (sonate- variations - intermezzo- rondo), langage dodécaphonique. On entend bien les notes répétées du thème du 1er mouvement (un comble pour une oeuvre sérielle, je dis ça je ne dis rien). Les deux derniers mouvements sont par moment excitants, mais je trouve cette musique plus grise et ennuyeuse que, par exemple, la suite opus 29.

Boulez, Livre partie 2. Plus virtuose et avec des modes de jeu plus exotiques qu'aux deux séances précédentes, mais c'est loin d'avoir la force poétique des quatuors de, au choix, Lachenmann, Ligeti ou Kurtag....

Beethoven: quatuor opus 131. Chef d'oeuvre. A propos des variations, Stravinsky écrit: "(...) la flamboyance des instruments dans ces variations est chose unique ("des maçons qui chantent en construisant des toits en or", dit l'Archevêque dans Henri V). Aussi bien, est-ce notre "âme" même qui semble s'exiler à l'écoute de cette musique; à notre extrême surprise, car c'est subrepticement que les premiers mouvements ont informé et défriché cette région mal définie. Et cette réalité éthérée n'est nullement brisée par les pizzicati des variations à 6/8, malgré qu'on en soit venu à associer cet effet de style avec des pirouettes d'hippopotame et autres acrobaties incongrues accomplies par les habitants du zoo animé de Disney." On était plus proche de l'hippopotame que de l'éther aujourd'hui.... Il est vrai que le sf est dans la partition

Nouvelle image (14)

Disons que la volonté de maximiser les contrastes a mieux fonctionné à certains moments (le début de la fugue, magnifique) que d'autres.

 

 

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29 novembre 2012

Requiem de Dvorak

Un Requiem à griffe: un thème en forme de croix, un BACH simplifié et renversé: deux demi-tons ascendants encadrent un ton descendant; impossible de le louper, le Requiem démarre par ça et on l'entend très souvent dans l'oeuvre (du coup une des chansons des demoiselles de Rochefort m'a trotté en tête toute la soirée, Perrin chante quelque chose qui ressemble beaucoup à ce thème). Curieux attelage: texte latin d'une part, musique slavisante d'autre part (beaux choeurs a cappella et prédilection pour le très grave: basse profonde solo, contrebasson dans l'Offertoire). Le texte du Requiem est vraiment impossible ("Placez-moi parmi les brebis, Séparez-moi des béliers, En me mettant à droite"; il faut vraiment avoir une commande duFestival de musique sacrée de Birmingham pour avoir envie de mettre un texte pareil en musique). Bien aimé le Graduale (merveilleux air de soprane, orchestration délicate), le Tuba Mirum (chabraque,avec des ploums à la Verdi), la fin du Lacrymosa (le choeur a cappella), l'Offertoire (pompier comme on aime, qui finit par un quam olim Abrahae, qui je vous le donne en mille, est une fugue..... un des rares moments de vitalité rythmique de l'oeuvre, irrésistible), et l'extrême fin de l'oeuvre. Merci à guillaume à qui je dois cette découverte.

25 novembre 2012

BSB2 (en fait, SBB) aux Bouffes du Nord

Programme de luxe. J'en profite après le concert pour relire les bons auteurs (plutôt Buch que Stuckenschmidt sur Schönberg, par exemple) et les piller ici sans vergogne, en bon blogueur.

Schönberg: quatuor n°2 en fa# opus 10.  Splendeur. Pour faire simple (il existe suffisamment de littérature sur le sujet), le quatuor file tout droit en 4 mouvements vers l'atonalité, mettant en scène une crise dans les deux mouvements centraux.  Le 1er mouvement s'entend assez clairement comme une forme sonate; on sent bien la zone deuxième thème (à pulsation de valse) et la réexposition du thème principal est très marquée (mais en la et pas en fa#, pour une raison qui m'échappe). Le deuxième mouvement est un scherzo agité et ludique (avec le Lieber Augustin en trio). Le 3ième mouvement (Litanie) est une bonne occasion de réviser ses préjugés: un quatuor peut faire BEAUCOUP de bruit, même face à une chanteuse déchaînée dans l'aigü. On se dit que l'affrontement va être sans pitié dès l'intervention fortissimo du violoncelle, qui marque le début des hostilités et on en oublie de remarquer que le thème de violoncelle est le même que celui du 1er mouvement. Le dernier mouvement est l'une des pages les plus somptueuses de toute l'histoire de la musique et je n'en dirai pas plus.

Boulez: Livre pour quatuor, parties 3a, 3b, 3c et 5a. D'après le programme, des pages "où l'écriture se laisse le plus aller aux contrastes expressifs", avec une utilisation des trilles comme dans la Grande Fugue. J'imagine que cela devrait suffire à notre bonheur (mais j'en doute).

Beethoven: quatuor opus 130 en si bémol. Un des quatuors les plus déroutants de la série. Dans le premier mouvement, le discours est dispersé à un point rare. Entre une "introduction" qui revient à plusieurs reprises (et essaime avec rythme  croche-2 doubles), un thème d'Allegro en 123 (forte)- soleil (piano), fuyant vers une cadence qui ramène l'introduction (c'est ballot):

opus130

On va de si bémol à sol bémol (ce qui est pour le moins inhabituel). Le court développement est le seul tissu cohérent du mouvement, avec une pulsation continue, quasi-militaire.

Deux "petits" mouvements intercalaires (un presto et une danse allemande avec soufflets, découpée en éléments simples sur la fin) encadrent un beau mouvement Andante en ré bémol, en forme sonate sans développement. Musique parfaitement insouciante, joueuse et pleine de trouvailles, comme un ruisseau campaganrd riche en poissons. Stravinsky (*double prosternation rituelle*) écrit: "alors que l'Andante semble écumer la surface des émotions personnelles du compositeur aussi légèrement qu'un hydroglisseur - ceci par rapport au plongeon en profondeur de la Cavatine, son élan musical, quel que soit le prix que le compositeur ait payé et ses sentiments ultérieurs à son égard, est le moins superficiel des deux." et aussi que "le Génie frappe au hasard, et que dans le cas de la Cavatine il n'a pas frappé très profondément".  Pour être juste, cette Cavatine devient intéressante avec l'épisode beklemmt, en do bémol majeur (qui m'a rappelé l'hallucination de l'air de Florestan). Quant à la Grande Fugue, elle continue à m'intimider et j'ai déjà été bien long.

22 novembre 2012

Tamestit dans Bach à Gaveau

Merci à Klari sans qui j'aurais loupé ce concert exaltant consacré aux suites pour violoncelle de Bach transcrites à l'alto (1, 3 et 5 donc sol, do et do mineur).  Impressionné par la maîtrise de l'archet de Tamestit, qui retient parfois des coups d'archet mettant particulièrement en valeur les aspérités rythmiques du discours. Le concert était construit avec le même soin que le concert Hindemith qui m'avait tant plu, avec deux interludes entre chaque suite, le premier avec le sublime 1er mouvement de la sonate de Ligeti, Hora lunga, une musique inspirée qui épuise le potentiel de la corde de do, le second avec l'Elégie de Stravinsky, qui introduit bien le climat de la suite en ut mineur. Public enthousiaste et encombrant (un nombre record de boîtes d'alto). En bis, le cheval de bataille des altistes, le Hindemith "so rasch wie möglich", bien dans son élément naturel pour conclure une soirée d'hommage à Bach.

20 novembre 2012

BSB1 aux Bouffes du Nord

Le quatuor Diotima (précis et spectaculaire, merveilleux violon 1 (chose que je déteste devoir écrire à propos d'un quatuor)) dans: 

  • Beethoven: quatuor n°12 opus 127 en mi bémol. Je m'embrouille à chaque fois dans les numéros, mais c'est bien celui-là, je crois, mon préféré dans les derniers quatuors. Sans doute en raison de la profonde joie tellurique, l'atmosphère de très haute pression que j'y entends, dans chacun de ses mouvements. Le 1: celui avec l'ouverture en portique (très spectaculaire, hier soir) répétée à trois moments clé, sur mi bémol, sol puis do (!).... et la sublime cadence avec les retards et la montée dans l'aigü. Le 2: immense et magnifique thème et variations en la bémol, avec beaucoup de surprises (on va jusqu'à bifurquer jusqu'en mi). Le 4: celui avec le thème paysan très rythmique, qui finit dans une étrange péroraison ternaire.
  • Boulez: le Livre pour quatuor, parties 1a et 1b. ça démarre très mal, comme une caricature de musique sérielle: 12 sons, les 4 instruments avec des hauteurs différentes dans 3 modes de jeux.... ça se complexifie, notamment dans la deuxième section, nettement plus virtuose.
  • Schönberg: 1er quatuor opus 7 en ré, que je n'ai pas si souvent eu l'occasion d'entendre en concert. En quatre mouvements enchaînés, avec une impression de gigantesque forme sonate (la réexposition du tout début, si véhément, intervient avant le début du mouvement lent, par exemple; la musique du finale reprend des éléments déjà entendus plus tôt). Il fallait bien une structure un peu ferme pour assembler toutes ces musiques d'ambiance, tour à tour fiévreuses, ironiques, glissantes, vénitiennes, glamour, passionnées, fatoumesques, fantomatiques.... (ça glisse très vite d'une ambiance à l'autre). Je note avec satisfaction qu'un des plus beaux moments, à la fois par sa simplicité et sa tendresse, est réservé à l'alto, dans le mouvement lent. 
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30 septembre 2012

Bruckner 8

J'ai trouvé ça passionnant pendant le concert, comme un gros roman riches en péripéties et personnages, et là, je trouve ça .... gênant, oui, carrément gênant quand je le réécoute ici dans le bureau avec partition à l'écran (d'ailleurs, le chaton adoré ferme rageusement la porte et lance des représailles non graduées, du genre allumer la télé pour des talk-shows politiques). Ce que je retiens du bousin, donc, au jour d'aujourd'hui:

1- L'Allegro initial: un mouvement sonate, l'exposition est en trois grands pans: 1- un truc pointé en do mineur, instable et malcommode 2- une rémission lyrique en majeur, avec Brucknerrhythmus 3- une séquence stress: pizz puis apocalypse (p 16 et 44: quel que soit le point de départ, la chute sera la même. C'est beau comme du Messiaen, de la théologie en action). Dans le développement, un moment Fassbinder: ironie, gloss et équivoque (p. 24). A la fin, l'horloge des morts, le Totenuhr des trompettes: moment bib bip coyote, où les trompettes continuent à trompetter seules alors que tout le monde s'est arrêté .... Comme les trompettes ne faisaient que le rythme, c'est aux cordes de liquider le thème, dans une ambiance funèbre à la Eroica II.

2- Le scherzo: le triomphe de la répétition, façon Sécession (inutile de répéter 150 fois que je trouve ça magnifique)

3- Le mouvement lent (ABA'B'A"B"A; B' est page 113 et B" est très court). Début à la panique haydnienne: mais qu'annonce donc ce rythme chaloupé? (samba? nuit d'amour? binaire? ternaire? c'est un début pour le moins équivoque pour une oreille innocente). Fin de la séquence A avec les harpes "qui font du bien" (copyright MK), déception, on ne les entendra que trois fois dans le mouvement. A": agitation maximale, sur un fond de sextolets (le pgcd des valeurs de la chaloupe initiale: ça tangue sec, on n'est pas dans l'adagietto de la 5ième de Mahler)

4- Le finale: encore une exposition en trois pans, interrompus par des silences (quelle bonne idée). Au début, un fulgurant appel de cuivres (sur fond de cordes à rythme pointé - en fait ce sont des snapshots, pas liés), avec un solo de timbale non moins fulgurant. Page 157, un vrai moment de gaîté (les flûtes ou de clarinettes gazouillent, c'est délicieux). Coda monstrueuse, qui reprend quatre thèmes de la symphonie, en une régurgitation inquiétante.

22 avril 2012

Londres (2)

  • Le Freischütz (à Barbican) Un peu le syndrôme Maîtres chanteurs: une oeuvre célébrissime qu'on n'entend plus vraiment beaucoup, et on comprend un peu pourquoi. Les mots qui me viennent à l'esprit sont 1) bourrin (cette série de danses allemandes, ces sarcasmes villageois....) 2) frais au sens où les primitifs flamands sont plein de fraîcheur (les couleurs de l'orchestre, les figurations naïves, les envols de flûtes). Grands moments: l'ouverture (encore un do mineur qui devient do majeur à la force du poignet); l'air d'Ännchen (Sally Matthews, chanteuse délicieuse); la scène de la Gorge aux loups avec le choeur des esprits (utilisant des cornets en carton noir pour les wou-ouh!) et le compte des balles, de un à six. Production inégale, mention spéciale à la Ännchen susnommée et à un Kaspar n'ayant pas oublié d'avoir l'air méchant (Lars Wogt, la dégaine d'un Podalydès qui aurait mal aux dents).
  • Artifact, à Sadler's Wells. Chef d'oeuvre. La 2ième partie, qui dévide le texte de la chaconne de Bach, est ponctuée par des tombées brutales du rideau. Cohérence, ampleur de l'inspiration, humour ravageur. (cf ici)
  • Concert Nancarrow à Southbank (c'était une intégrale en tranches des études pour piano préparé, j'ai fait 16h-17h). Enfin, concert, c'est vite dit: il y a deux personnes sur scène, qui sont juste là pour changer les rouleaux sur le pianola (et raconter des bonnes histoires sur Nancarrow pendant que les rouleaux commencent à tourner). Nancarrow est ce génie qui a influencé Ligeti, et programmé ces rouleaux sur pianola. Le résultat musical: une virtuosité insane, à rendre vert de jalousie n'importe quel pianiste humain (les martiens, je ne sais pas, ils sont déjà verts): glissandi sur des modes complexes, décalages rythmiques subtils, petites mécaniques folles. Comme c'est écrit dans un style mi-bastringue mi-Grand d'Espagne, peu de gens prennent ça au sérieux, mais ça vaut le détour.
 

8 avril 2012

Stile Antico à la Cité

Concert magnifique pour Jeudi Saint. Le plaisir de la découverte (Jean Lhéritier ! c'est bien comme un concert de musique contemporaine, où on sait qu'on va avoir le choc de la nouveauté) et une sensation de concert qui fait du bien (comme dirait MK). Installé comme un fondant au chocolat congelé prêt à couler, face au champ magnétique de douze chanteurs en arc de cercle. Disposés non par pupitre mais mélangés pour plus d'homogénéité, le petit jeu étant pour le spectateur: tiens, avec qui chante un tel cette fois? (ça  change, un motet à 5 ou à 8, ça rebat les cartes; il m'a bien semblé que l'un des ténors chantait soit avec les femmes en voix de tête, soit avec les hommes). Seuls points fixes aux extrémités, une basse et un ténor que tout le monde regarde à la fin de chaque motet pour couper le son.  

Au menu, passion et résurrection; des compositeurs anglais, franco-flamands et espagnols (Victoria et Morales). Chez les anglais, Cornysh (qui a montré la voie, ne parle-t-on pas de la Grande Cornysh) avec une pièce de dévotion un peu dolente, Woefully Arrayed (une des rares du concert), Taverner, Sheppard (un beau motet à 4, I give you a new commandment), Tallis (Salvator Mundi), Gibbons (le canonique et sportif Hosanna to the son of David, le planant et austère I am the resurrection, woo), et puis du Byrd (In Resurrectione tua). Chez les franco-flamands, Lassus (In Monte Oliveti et Vide Homo), et trois splendides découvertes (ou semi-): Gombert (avec le capilloérectant Tulerunt Dominum meumre-woo), Crecquillon (Congratulamini mihi) et Lhéritier (encore un natif du Pas de Calais - cette incroyable concentration de talents près de Béthune laisse rêveur - puis actif à Ferrare chez le duc d'Este, avec le magique Surrexit pastor bonus).

En bis, un saut de siècles avec une jolie chanson de Thomas Campion (un élizabéthain). Merci à Klari sans qui je n'aurais pas eu l'idée d'aller à ce beau concert. 

(PS: pour les flamands, il faudra penser à Povoa do Varzim)

25 mars 2012

A l'affiche aujourd'hui

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(hou, mais c'est que j'ai une tarte aux pommes à finir, moi)

7 mars 2012

Stravinsky (Noces et Oedipus Rex) au TCE

  • Noces. J'avais une envie furieuse de voir Noces après le documentaire de l'autre jour, et je n'ai pas été déçu, même si c'était loin d'être parfait. Pris très vite par Gergiev (on est souvent près de la sortie de route), avec des percussions qui couvrent tout (au fond ça ne me dérange pas, on entend mieux que d'habitude les peaux, le métal). Un peu déçu de voir que quatre voix solistes se partagent les rôles, qui ne sont pas individualisés (incidemment, la basse fait semblant d'ignorer ce qu'est une voix de fausset). On ne le croirait pas en écoutant le disque, mais les résonances de la fin, crotales et cloches, font toujours un effet physique étrange sur la salle: tout le monde se demande s'il n'y a pas une attaque magnétique en cours. La première toux, qui interrompt sans excès de pudeur la dernière résonance, ramène sur terre le public.
  • Oedipus Rex. Evidemment, après le génie de Noces, c'est la déprime assurée (Oedipus Rex est une oeuvre qu'il faut programmer après une partie d'airs de Massenet et Verdi, et qui semblerait bien alors (ou pas, d'ailleurs)). Tout pue le second degré (l'air à tiroirs de Jocaste.....) Stravinsky trouve même le moyen de s'épuiser dans l'assez belle fin à oscillations (sur un ostinato de triolets aux violoncelles, comme au début), qui est dépourvue de la moindre ambiguïté. Les chanteurs sont meilleurs que dans la première partie et Depardieu, l'idole des banquiers kazakh, est très bien. 
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