Il y a bien eu ce soir-là une pièce de Sébastien Gaxie, une de Ramon Lazkano et un assortiment de madrigaux d'un certain Claudio Monteverdi, mais j'étais tout ouïe tout feu tout flamme pour A propos, de Fabien Lévy, qui m'a semblé être l'oeuvre la plus intéressante du concert (et oui). C'est une oeuvre de vastes proportions, pour 5 instruments classiques utilisés avec de nombreux modes de jeu. Une sorte de musée imaginaire à la cohérence musicale plus grande qu'on ne pourrait l'imaginer (les cross rhythms, la structure en métabole, avec le mouvement n+1 annoncé avant la fin du mouvement n). 4 mouvements:
- Les automates intimes de Tim Hawkinson: cross rhythms, petits mécanismes. Pris plus lentement, plus aéré qu'ici.
- Quand Jeff Wall regarde Hokusai.... Lévy regarde Messiaen qui écoute du gagaku (ist aber Chopin dabei?). C'est du gagaku ET ce n'est pas du gagaku. Le mouvement le plus beau, le plus hiératique, le plus étale de l'oeuvre. La fin est d'une beauté sidérante: le violon (avec la grosse sourdine), à l'octave du violoncelle, reprennent du thème de gagaku de la petite clarinette, et leur formule lance un contrepoint serré bruitiste qui fait disparaître les fantômes et clôt le mouvement.
- Rouge Burri: le mouvement le plus violent. Entrecoupé de silences, un peu comme les trous et les effets de textures de Burri.
- Rajeunir, par Penone: des sifflotements (initiés par le flûtiste, qui fait ça avec plus de facilité que le violoniste, bizarrement) et des crissements du bois des instruments à cordes nous plongent dans une imitation de la nature à la fois naïve et sophistiquée. Le mouvement est aussi traversé par le souvenir des cross rhythms du 1er mouvement.
Add: un trio d'un autre compositeur qui s'amuse à jouer avec la perception de l'auditeur, avec l'excellent violoncelliste de 2e2m (le seul à jouer dans toutes pièces)
Aussi: ici et là, sur le site du compositeur.