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zvezdoliki
17 mai 2011

Les divas ouzbèques à la MCM

Beau concert de musique ouzbèque, samedi dernier. Trois femmes, trois générations de chant maqam. Accompagnées d'un petit ensemble où on entend davantage la flûte nay (aux sonorités uun peu tourbeuses), la cithare qanun (sur table), la vièle ghijak et le tambour doira (qui donne la basse rythmique immuable) que deux luths à tout petit coffre qui sonnent assez peu (malgré un grattage intensif et méritoire). Chaque morceau part d'une séquence calme dans le grave et s'anime progressivement pour conclure dans l'aigu. Musique mélismatique, très ornée. 

 

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5 avril 2011

les Pražák aux Bouffes du Nord

Programme pas vraiment sortant des sentiers battus mais solide et copieux: l'opus 3 de Berg; Ainsi la nuit, de Dutilleux et le 15ième quatuor en la opus 132 de Beethoven. Et puis j'étais curieux d'écouter les Pražák en concert, que je n'avais jamais entendus autrement que dans un disque Schönberg que je n'aime pas beaucoup (à cause d'eux, je précise).

Impression mitigée, à vrai dire. Leur Berg m'a paru terne, pas vraiment engagé (la formule finale, par exemple, sans fougue....). Le Dutilleux, en revanche, a été superbe de bout en bout (joueur, rigolo, un festival d'intelligence). Dans le Beethoven, après un premier mouvement poussif, de très bons moments dans le menuet; et puis le chant de reconnaissance joué de façon très inhabituellement allante, ce qui a pour mérite de ne pas s'enliser sur la fin du mouvement (qui reprend une force qu'il n'a parfois plus). En somme, en forçant le trait, j'ai l'impression qu'ils sont meilleurs dans les pièces de genre ou les types d'écriture homogène que dans les discours un peu complexes. Et j'ai préféré le violoncelliste (placé au centre du dispositif) au nouveau premier violon (malgré ses qualités).

A l'entr'acte, j'ai eu la bonne surprise et le grand plaisir de tomber sur S. que je n'avais pas revu depuis le Grand Schisme (en fait, pas vraiment surprenant sachant sa passion pour Dutilleux) et son ami O (aux Bouffes du Nord, le fond de la scène est rouge, camarade).

4 avril 2011

Venez, les gens

MP_2011_v2

Un concert gratuit le 13 avril à 20h au temple des Batignolles, histoire de partager avec les amis un peu de l'esprit de ces sympathiques après-midis de musique de chambre qui font le sel d'une association (oh! le joli nouveau site) dont l'ambition ne se limite pas à la pratique orchestrale. On pourra aussi accessoirement m'y voir empoigner deux engins de taille différente; gageons que ne sera pas la seule surprise que réservera cette soirée.... 

2 avril 2011

Berg/ Wagner à Pleyel

(mercredi soir)

* Berg, 3 pièces opus 6. Ma première (Präludium) est une forme en arche (en avant, arche) de création du monde (le bruit, le rythme puis les hauteurs déterminées et quelque chose qui resssemble à une série, tous événements que l'on retrouvera énoncés en sens inverse à la fin de la pièce, le coeur serré car tout fout le camp mon bon monsieur). Ma seconde (Reigen) ressemble à un scherzo symphonique. Ma dernière (Marsch) est un gros bousin dont je comprends qu'il ferait rêver certains d'une petite pièce de Couperin, mais vaut qu'on surmonte ses réticences, surtout en concert (c'est Boulez qui dit qu'il faut ne pas hésiter à ne pas jouer les dynamiques écrites, un alto solo ayant du mal à passer sous huit cuivres). Bousin à accumulation donc, que l'on arrive à purger par trois interventions de marteau (trois séances de kiné à prescire pour le pauvre percussioniste qui passe du gong au marteau), la première parvenant imparfaitement à calmer le jeu, et la dernière coupant net un discours encore prêt à s'emballer.

* Wagner: Tristan, acte II. Le genre de musique narcotique/ chairdepoulesque dont je ne me lasserai jamais (même si l'orchestre a un peu couvert les voix des chanteurs). On préfère oublier le texte (variations sur "perfide jour/ favorable obscurité") et se concentrer sur les grandes plages de musique. Mention spéciale au solo de Brangäne (peut-être ce que je préfère dans tout Wagner) et à la déploration du roi Marke (clarinette basse et cordes graves).

(Add: réécouté le bousin partition en main; un peu du mal à tourner les pages, à certains moments, mais voir où est la Hauptstimme permet de comprendre un peu mieux le texte. Comme les moments annonçant Wozzeck (tout l'orchestre en train de monter - III, mesure 162). Je me demande (sans trop comprendre) pourquoi le thème (II, mesure 105) qui cristallise la fin de Reigen (et que l'on entend aussi renversé comme une crème):

berg

revient à la fin de la marche, juste déclenché par le premier marteau après le Höhepunkt (III, mesure 126):

berg2)

 

10 mars 2011

Beethoven Berg à Pleyel

Beethoven: Ouverture de la Consécration de la maison. Commence par des portes qui claquent. On entendra aussi un solo redoutable de basson, une fugue aérobique et beaucoup de nounous qui valsent. Pas exactement la quiétude d'une petite maison perdue dans la forêt viennoise.

Berg: concerto à la mémoire d'un ange. Magnifiques deux mouvements extrêmes. Le premier mouvement débute et finit par des cycles de quinte qui rappellent à tout violoniste ce par quoi tout commence. Je n'avais jamais repéré que dans le dernier mouvement, le soliste entraînait sans une grande ligne lyrique et dangereuse les violons un par un, comme le joueur de flûte de la fable. La coda du dernier mouvement est une succession serrée d'événements extraordinaires: 1/ l'appel du trombone en gamme par tons ramène, glacial, 2/ le choral aux bois sous un solo de grosse caisse, souterrain, terrible; 3 / choral qui, tombant vers le graves, est transmis aux cuivres pendant que 4/ les cordes montent une échelle aboutissant sur le sol suraigü du violon solo alors que 5/ les vents allument en désordre dispersé un accord étagé, dans une belle lumière chaude, 6/ laissant conclure violons 1 et contrebasse avec les quintes à vide (ou pas). 

Beethoven: 4ième symphonie, en si bémol majeur. Une des plus joyeuses, une des plus roboratives. Beethoven nous y fait au moins deux fois le coup de la carpette en peau de tigre. A la fin du second mouvement, le beau thème, que l'on avait vu parader accompagné d'un rythme pointé tout en muscles, est dénervé, aplati et séparé en deux: ce sont d'abord les vents (page 13) qui en exposent la ligne seule, pianissimo, raplapla; puis, plus loin, les timbales se chargent du rythme pointé, aussi pianissimo et à découvert. Après chaque aplatissement en carpette, la nature reprend le dessus. Ce sont quelques volutes des vents qui se chargent de réveiller ce qu'il reste du tigre, suscitant un crescendo formidable et un rugissement fatal.... Même topo à la fin du finale (11 dernières mesures), mais là cela ressemble davantage à une blague à la Haydn: le thème de mouvement perpétuel est soudain ânnonné aux violons semblant en découvrir les difficultés.... et hop, un petit coup de toboggan et la symphonie est terminée (et pitié, qu'on ne me parle plus des conclusions poussives des symphonies de Beethoven!)

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2 mars 2011

deux orchestres et un triple concerto

Avec (et grâce à) Klari, au conservatoire. Les deux orchestres sont le Southbank Sinfonia et des membres de l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire. Addition, puis soustraction (heu, qui reste, au juste? ah, les joies de la fusion) pour Mozart, car la formation utilisée pour jouer la 38ième symphonie (cordes par 3 si je me souviens bien) est vraiment étique (et dangereuse). Programme fougueux et juvénile qui se mange sans faim: Les Hébrides, la symphonie Prague puis le triple Concerto de Beethoven, qui me fait toujours autant d'effet (un Mac la bémol: deux mouvements d'un do majeur solaire et assertif enserrant un movement lent en lab, contemplatif et lunaire) (j'aime bien aussi les moments IRCAM, comme les altos qui frottent à la seconde du violoncelle solo lors de son entrée). Première fois que je vois le trio en avant scène, avec le chef et l'orchestre derrière, assez loin. Cela marche bien comme ça. Excellents solistes, avec une mention spéciale au violoncelliste solo, qui a la part belle dans cette partition. 

13 février 2011

La création, de Haydn

Vendredi soir, à Pleyel. Placé en arrière-scène. Avant de rentrer dans la salle, j'étais un peu inquiet de ne voir les chanteurs que de dos, côté acoustique, mais c'était tout à fait acceptable et j'ai pu apprécier le beau timbre fruité de la voix de Mme Piau et les talents dramatiques du baryton-basse. Et il y avait d'autres avantages considérables à ce placement: (i) être en mesure de voir la tête d'un copain de promo dodeliner dangereusement, au deuxième rang; (ii) voir la tête des violonistes ne pas dodeliner dangereusement  - ça c'est fascinant, ce degré de liberté du cou de ces violonistes jouant sur instrument ancien sans mentonnière (ce serait impecc' pour accompagner du Sheila); (iii) m'émerveiller de la veste du chef - et aussi, en prime, de sa gestique, quelle variété d'expression incroyable, quelle souplesse de phalanges, quelle façon de passer d'un geste introverti au déploiement complet d'un bras, à la Edouard Mains d'Argent (mais je dois dire que certaines attaques m'ont laissé perplexe, vu le délai entre le geste et l'attaque sonore - au demeurant cohérente). Pas tout suivi le texte (j'étais derrière les sous-titres) mais tilté sur certains mots (Licht, évidemment, Sterne, avec le timbre qui va avec, Odem, avec la respiration hachée des cordes, Walfische, avec une merveilleuse polyphonie serrée des cordes graves) et sur l'organisation générale (chaque journée démarrant par un récitatif et un discours se complexifiant; l'utilisation, dans la première partie, des formes sonates en mineur se résolvant en majeur, un truc des classiques auquel j'ai toujours du mal à me faire). Bref, moi qui ai toujours préféré Les saisons à La création, ça a été un déclic. Eh oui, parfois, on résiste et ça vient on ne sait pas trop pourquoi, là j'ai vraiment eu l'impression de redécouvrir cette oeuvre, et je vais réécouter tout cela au calme. 

19 janvier 2011

Mark Padmore à Gaveau

C'est curieux comme les gens sont nombreux à aller communier dans des gros machins d'orchestre postromantique, et comme il n'y a plus personne pour aller écouter les confidences d'un monsieur seul sur scène avec son pianiste. Et pourtant, c'est tout aussi nourrissant, émouvant, impliquant.... C'était le Grand Frisson hier soir pour Beethoven et Schubert chantés par Mark Padmore. Voix claire, aigüs superbes et puissants, science magistrale de l'articulation (on sait exactement où va la phrase, quel est son relief, même si l'intonation allemande n'est pas parfaite), tempi souvent lents, permettant de bien ciseler les effets .... j'ai adoré.

Beethoven: Adelaide, Mailied, Neue Liebe, neues Leben, et surtout An die ferne Geliebte. C'est une musique plus intéressante que ce que je me souvenais, un mix solaire de Fidelio et de lieder de Schumann. Dans Adelaide (un air à accélérations successives), Padmore fait merveille dans les aigüs. Dans le grand cycle de l'opus 98, ce qui me frappe, c'est l'instabilité des humeurs, des tempis, des modes d'accompagnement....ça bouge tout le temps. Dans le deuxième lied (modulation en sol venant de mi bémol, effet boeuf que réussit aussi chouchou, évidemment), Padmore chante les deux premières strophes d'une voix blanche, ce qui rend le cri de la 3ième strophe complètement déchirant. Et la fin, où le piano chante tout seul comme un grand, on se croirait chez Schumann. (on comprend qu'il ait copié et cité cette musique, comme un fétiche).

Le chant du cygne, qu'on n'entend pas si souvent non plus... Padmore choisit de ne pas chanter davantage que ce qu'il y a dans le cahier D957, et il chante dans l'ordre du cycle (qui n'avait pas été choisi par Schubert). C'est un cycle plus composite que Le voyage d'hiver (d'ailleurs le pianiste, l'excellent Till Fellner, nous le rappelle en dépliant à chaque lied un nouvel accordéon pour éviter les tournes, jamais le même format, ça tourne au gag) mais toujours d'un niveau émotionnel incroyable, dans l'ironie ou la catatonie. Les graves de Padmore sont parfois insuffisants ("Rauschender Strom"), mais le Doppelgänger et la Taubenpost sont à pleurer. 

(sur Spotify, on peut entendre Padmore dans La belle meunière - ceci par exemple - et Le voyage d'hiver, mais pas dans le Chant du cygne. J'ai aussi un faible pour son album Britten - ceci par exemple)

23 novembre 2010

Hindemith/alto/Tamestit

Quatre sonates de Hindemith, deux alto/piano (opus 11 n°4 et opus 25 n°4) et deux alto seul (opus 11 n°5 et opus 25 n°1). Concert excitant comme rarement: ce n'est pas si fréquent de découvrir une musique nourrissante, variée et neuve. Je connaissais les deux sonates pour alto seul, mais en disque seulement, et pas du tout celles avec piano. Petit speech chaleureux de Tamestit, expliquant son attachement à cette musique (son premier disque d'alto....) et précisant le parcours du concert: les deux sonates de l'opus 11 sont encore sous les influences croisées de Bach, Debussy et un peu Brahms, alors que dans celles de l'opus 25, Hindemith trouve sa voie, marquée par une virtuosité plus canalisée, un goût pour le motorisme, les machines qui s'emballent. 

  • opus 11 n°4: en 3 mouvements, avec piano. Etonné car le premier mouvement ("Phantasie") sonne comme du Brahms, une mélodie très puissante sur laquelle se superposent des fusées de notes extrêmement rapides (comme du Debussy). La fin du finale voit l'accélération d'une formule très spectaculaire, comme une démangeaison qu'on n'arriverait pas à dominer....
  • opus n°11 n°5: celle qui sonne comme un hommage à Bach, avec une passacaille finale avec section médiane comme dans LA Chaconne. C'est aussi celle avec un scherzo à glissandi, très amusant.
  • opus 25 n°1: celle où les deux premiers mouvements pérorent sur la même formule, mais à une vitesse de défilement différente. Ensuite, deux sublimes mouvements lents (dans le III, Tamestit était vraiment magnifiquement inspiré ce soir, avec des pp à pleurer) encadrent le morceau de bravoure à 640 à la noire, une musique sauvage et qui fait sonner tout l'instrument.
  • opus 25 n°4: encore en 3 mouvements, avec piano. Dans le 1er mouvement, le piano donne le ton avec un thème très belliqueux et marqué. C'est répétitif, mais avec une grande variété de schémas rythmiques (pour ça, c'est mieux que du Steve Reich). Le dernier mouvement est très spectaculaire car les instrumentistes se font des sales coups en se coupant la parole; au milieu, une étonnante section où l'alto tricote, mezza voce.

En bis, une Méditation, toujours de Hindemith, mais des années 30 (plus en ligne avec ce que je connaissais du compositeur)

24 octobre 2010

Gardiner dans Schumann (avec une tranche de Brahms)

Concert Schumann, avec une tranche de Brahms au milieu. Sir John avec sa dégaine hulotienne, tout droit sorti d'un dessin de Daumier. Avec l'orchestre révolutionnaire et romantique (qu'on a souvent entendu à l'Opéra comique ces derniers temps). J'aime bien les cordes - avec un vibrato parcimonieux, le travail sur la ligne, intéressant, ressort bien; mais les vents sont parfois moins tout confort; il arrive que les cuivres rappellent les vieux modems 56K, leurs miaulements apocalyptiques ET aléatoires avant la connexion. Avec ce genre d'engin, je préfère Schumann (avec ses sautes d'Humor) à Brahms.

  • L'ouverture Manfred comme le double concerto de Brahms commencent par trois accords tragiques qui signifient clairement qu'on ne va pas rigoler. Manfred, musique magnifiquement obsessionnelle, dissonances qui frottent, grand descrescendo final avec des accords aux cuivres pianissimo. 
  • Le double de Brahms, à vrai dire je n'en rafolle pas. Je commence généralement à sortir du coma dans le finale, où m'a un peu énervé cette façon de diriger hyper lentement les couplets (par exemple, à 116; nom d'un chien, ça n'est pas écrit qu'il faut diriger ça comme un poussah aux Indes, non?), mais globalement, c'était beau.
  • Magnifique Troisième de Schumann. Le troisième mouvement, pris très allant, est réglé comme du Elgar. Le finale: le bonheur du jeu. Avec des dynamiques très précises et des détails qu'on n'entend jamais. Par exemple, dans le premier mouvement, à 100, Gardiner fait ressortir le tougoudou des violons qui annonce le tagada de 110, trompette+ timbale (on dira ce qu'on voudra, c'est quand même bizarre). 

A la pause, je tombe sur Stéphane (qui me parle de Caledonia); sa belle-mère ressemble incroyablement à son mari (il y a une certaine logique à cela). En bis, mouvement lent du concerto pour violon de Schumann. Une musique qu'on n'entend jamais, et on comprend bien pourquoi.

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