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zvezdoliki
16 décembre 2009

Beethoven à la Cité

Krivine et la Chambre Philharmonique, dans l'ouverture d'Egmont, le triple concerto et la 3ième symphonie.

Quelle fougue, quels tempos (très rapides, mais proches de ceux de Beethoven), quelle articulation. Je suis épaté par les violons qui sonnent comme un seul instrument, c'est très juste malgré l'absence de vibrato et ça sonne étonnamment rond - le 1er violon solo, Alexander Janiczek (qui joue aussi le solo du triple concerto), n'y est pas pour rien. Dans le 1er mouvement de l'Eroica, on entend comme jamais certains détails structurants comme les accents sur le second temps (à la fin de l'exposition). Un tempo rapide permet d'éviter l'enlisement dans les passages les plus minéraux et répétitifs et de garder la direction. Moins emballé par le triple concerto (et c'est la faute à Peter Wispelwey).

Pour ceux qui ont raté ce grand moment, les vidéos des symphonies 1 à 5 sont accessibles ici jusqu'au 18. 

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10 décembre 2009

Bach/Eisler par Goerne et alii au TCE

Comme il s'agit d'un concert, intéressons nous à la chorégraphie: le chanteur s'enroule en des torsades baroques (sur glauben, par exemple) ou manque de s'envoler, tandis que la violoniste a de très subtils mouvements de rotation (on dirait qu'elle est composée de plusieurs sphères de diamètre différents posées les unes sur les autres). Les autres musiciens sont assis, un peu chavirés par tous ces mouvements (et se raccrochent souvent à l'archet de la violoniste). Au fond, quatre chanteurs chantent sporadiquement un choral.

Du Bach d'abord:

* Der Friede sei mit Dir BWV 158: une cantate très courte avec un air de bravoure pour le violon solo - qui fatigue le baryton ("Welt, ade, inch bin müde") et, bien davantage, le choeur (qui chante, détaché du monde, un choral lointain)

* Ich will den Kreuzstab gerne tragen BWV 56: celle avec l'air à envol initial (Ich will den Kreuzstab...) et le mélisme accablé (traaaaaaaaaaaaaaaagen); et aussi un bel air avec hautbois solo.

* Ich habe genug BWV82: celle comme une symphonie en trois mouvements avec une immense aria existentielle pour commencer, une allemande-berceuse au milieu, et une gigue pour finir.

L'homme à la voix engorgée et assez grise enchaîne sans interrompre (c'est la permanence de l'expérience existentielle allemande) sur un cycle de Eisler, sept chants sérieux (avec orchestre à cordes). L'épilogue est sirupeux et raté, mais le reste est intéressant, parfois spectaculaire. Goerne (que je n'avais pas trop aimé dans le Hollywood Songbook, à l'auditorium du Louvre, il y a longtemps) est ici à son meilleur et chante cette musique avec une humanité bouleversante.

27 novembre 2009

La belle Maguelonne, de Brahms

Au disque, je n'avais jamais fait attention à l'histoire, racontée hier par Eric Genovese, en français, une histoire dans laquelle s'intercalent les romances de Brahms: une belle histoire d'amour partagé et heureux; un voyage circulaire et une histoire d'appétit pour le vaste monde, interrompue un moment par un corbeau emportant trois anneaux attachés par un ruban rouge. Les deux premiers lieder sont un peu atmosphériques (notamment le second, qui doit être chanté à pleine voix) et mettent en place le décor; avec le troisième on rentre dans l'action, chacun des lieder qui suit décrivant les messages de Pierre à Maguelonne et la progression de l'intrigue amoureuse. C'est un Brahms solaire et enthousiasmant, avec une partie de piano magnifique et très riche - on est très loin de l'humeur dépressive des cycles de Schubert ou Schumann, il n'ya guère que trois lieder tristes (le 10, modulant et furieux, le 11, dépressif et décoloré et le 12, une magnifique élégie), tout le reste est particulièrement anticyclonique. J'ai eu l'impression de redécouvrir une musique que j'avais surtout écoutée au disque.... tout est très beau, mais c'est le n°8 qui m'a le plus frappé l'oreille, hier soir - avec son début équivoque rythmiquement, indémêlable, lourdement bémolisé ("Wir müssen uns trennen") et sa la fin, chantée pianissimo par Goerne, dans une ligne immense ("Senke die Zügel, Glückliche Nacht! Spanne die Flügel, Daß über ferne Hügel Uns schon der Morgen lacht!"). Fin de soirée joyeuse et impromptue: suis allé dîner avec S., que je n'avais pas vu depuis un an, une année pendant laquelle il a enchaîné un cycle schubertien complet (il mérite maintenant un grand cycle brahmsien, large et en majeur) et avec A (qui connaît bien BC et JM, quel petit monde).

(le n°8; ici, ce sont Prégardien et Staier)

19 novembre 2009

Des hongrois à la Cité

Du moins au plus intéressant (et aussi dans l'ordre du concert):

  • Séquences du vent, de Peter Eötvös: du vent, effectivement.
  • Quatre caprices de György Kurtag (sur des textes un poil salaces d'Istvan Balint): trop long et pas assez épuré pour être du meilleur Kurtag.  
  • Torso de Marton Illes: une musique à fin blamblam (on s'extasie sur la capacité de Susanna Mälkki à battre rapidement des mesures vides) et une partition stimulante dont on comprend assez vite intuitivement les grands principes (agrégation/désagrégation, défilement de personnages rythmiques comme dans le Sacre, jeux de timbres)
  • et le Concerto pour violon de Ligeti, dont on avait oublié à quel point c'était une musique sublime. Praeludium féérique, à tissu moiré des cordes; Aria, hoquet et Choral à ocarinas; Intermezzo à escaliers d'Escher; Passacaille lugubre; puis un Finale avec un concours de sauvagerie pour les pizz entre violoncelles et contrebasses, et une vraie et magnifique cadence pour le violon solo. Heure de gloire méritée pour Diego Tosi, qui file faire la bise à ses deux collègues de l'EIC.
3 novembre 2009

Schumann à Pleyel (avec deux lichettes de Mendelssohn)

Concert mac Rhénan: entre deux tranches d'Ecosse, deux gros morceaux rhénans (Leberkäse? Blutwurst de Cologne?). Que des oeuvres que j'ai déjà fréquentées en orchestre, que du bon: du Mendelssohn pour commencer et finir (l'ouverture Les Hébrides et en bis, le mouvement lent de l'Ecossaise); au milieu, côté rhénan, le concerto pour violoncelle et la 3ième symphonie de Schumann.

Les Hébrides font plus bassin du Luxembourg qu'aventure d'Arthur Gordon Pym; Herreweghe agite les poings fermés à chaque grondement de timbale, mais ça n'est jamais bien méchant. Je m'amuse à imaginer qu'il ferme les yeux en agitant les poings, comme un bambin qui a peur de voir quelle terrrrible tempête il a déclenchée. Sa troisième de Schumann est magnifique, c'est un triomphe de la rhétorique (les hémioles du 1er mouvement, les accents décalés du finale). Le mouvement à choral des trombones est clair et allant. Dans les 2ième et 3ième mouvement, des pédales oscillantes introduisent un voile d'inquiétude, tellement schumannien.

Mais la vedette de la soirée, c'était Jean-Guihen Queyras! La grande classe dans Schumann.... et deux bis magnifiques (la sarabande de la 1ère suite de Bach et la 7ième étude de Duport - celui qui a créé les sonates opus 5 de Beethoven), . Comme vous êtes sages (et que j'ai envie de me faire plaisir), voici ceci 

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17 octobre 2009

Re-Stravinsky et re-Xenakis à la Cité

Un concert un cran au-dessous de celui de la semaine dernière.

C'était plutôt hier soir Stravinsky la vedette. Avec, en plat de résistance, la Symphonie de psaumes (5 flûtes, ni violons ni altos: voilà une oeuvre pour le RSO) et le Capriccio pour piano et orchestre, qui est mignon tout plein comme du Poulenc (joues roses et noeudnoeud dans les cheveux) et possède quelques éléments typiquement stravinskyens, par exemple dans le premier mouvement, un portique néo-classique pour entrer, et une coda calme et obsessionnelle (avec interventions du timbalier caché derrière les contrebasses) pour sortir.

Côté Xenakis, j'ai trouvé les deux oeuvres au programme moins fortes qu'Aïs et Jonchaies la semaine passée. Synaphaï (mais pourquoi diantre ces titres ressemblent à des noms de médicaments) est une sorte de concerto pour piano et orchestre (58 cordes!!!), de lutte à mort entre le soliste (qui se fait une spécialité des sons répétés et tremblants) et la masse orchestrale. Pour tout dire, j'ai trouvé ça un peu fouillis. Metastasis est la première oeuvre de Xenakis (1953-1954); c'est pour un orchestre nettement moins pléthorique (seulement 46 cordes, vents dégraissés). Son début est éblouissant (glissandi de cordes divisées, avec une percussion très saillante); le centre de l'oeuvre, avec des cordes solistes, sent bien son sérialisme à plein nez. C'est émouvant de sentir déjà la personnalité de Xenakis, mais c'est quand même moins excitant que les oeuvres des années 70-80.

14 octobre 2009

Komitas à la MCM

Hier, concert Komitas, à la Maison des cultures du Monde. Commençant par une conférence donnée en arménien par un musicologue qui semble tout droit sorti du Matenadaran, traduit en français par une jeune femme à bottes médiévales à éperon, très souriante. A* me raconte la vie du père Komitas, formé à Berlin, ayant vécu à Constantinople, collectant et notant du matériel ethnomusicologique à travers l'Arménie, déporté en 1915, sombrant dans le mutisme puis interné en HP à Villejuif, où il meurt en 1935. Le musicologue oppose Komitas à un autre musicien arménien ayant intégré les quarts de ton (dont je n'ai pas retenu le nom); l'approche de Komitas est plus conforme au grand courant européen (dont se réclament les Arméniens, poste avancé de l'occident). Première partie consacrée aux monodies: musique essentiellement sacrée, avec des mélismes impressionnants et l'utilisation extensive de seconde augmentée. Seconde partie plus attrayante, avec des oeuvres polyphoniques (musique pour piano, pour piano et voix, et des choeurs à 4 voix excellemment chantés par le Choeur de chambre d'Arménie): musique plus haute en couleur, avec des rythmes rappelant les rythmes bulgares chez Bartok, à la fois populaire et sophistiquée, fondée sur les monodies entendues précédemment. Je suis finalement étonné de voir que tout cela est assez peu oriental (très loin de la musique traditionnelle azérie qu'on entend chez un Parajdanov, par exemple).

10 octobre 2009

Xenakis Stravinsky à la Cité

Xenakis: Jonchaies. La forêt des cordes, dans un tissage qui sonne pentatonique (avec les grondements d'orage des timbales au loin) (pas grand chose pour se raccrocher aux branches; heureusement, quelques violons plantent des clous avec des pizz pour baliser la jungle); le retour des battements (une séquence à côté de laquelle le Sacre est une aimable bluette); les six percussions à l'unisson, con tutta forza; les trombones hurleurs; les cordes qui tricotent, sous couvert de catastrophes écologiques; la fin saturée d'harmoniques avec deux piccolos en extinction (ouf), en duo dans le suraigü. 

Deuxième écoute en concert, et c'est toujours un choc.. Mieux compris ce qui me fascine dans cette musique - il y a bien sûr la force tellurique et dyonisiaque qui engendre la transe; il y a bien sûr aussi la séduction sonore, avec par exemple le traitement des cordes divisées jusqu'à ne plus pouvoir; il y a aussi la dimension stochastique (qui est une excellente idée musicale); il ya enfin "la beauté lavée de la saleté affective, dépourvue de la barbarie sentimentale". Mais aussi et avant tout, c'est une musique d'une grande clarté... un peu comme chez Haydn ou Messiaen (et à la différence des Varèse entendus la semaine passée), l'écriture peut être sophistiquée, saturée d'illusions sonores et de chausse-trappes, mais l'intention d'ensemble est simple et tout de suite perceptible; ça se décale, ça miaule, ça bat, c'est moins dense, c'est plus dense. On comprend tout de suite où on est et où on va. Ce n'est pas si fréquent. 

Avant, il y a eu Aïs. La très spectaculaire partie solo de percussions. Les cordes, massées derrière, protégées par une haie de plexiglas, comme si la police anti-émeutes était là. Les bêlements du baryton-bouc (et ses échos à l'orchestre). Les éclats de textes sur la mort tirés de l'Iliade, et de Sapho (rigoureusement impossible de s'y repérer). Les camaïeux de cuivres sur une note. La fin: le mouvement figé dans son élan.

Après, il y a eu l'Oiseau de feu de Stravinsky, dans la version 1945. Un peu dégraissé, le volatile. Et j'aime bien dans cette version (pourtant longue) le choc de la danse infernale de Katchneï (amené sans transition). Première fois aussi que je remarque que dans la phrase des contrebasses, dans l'Introduction, deux instrumentistes jouent en pizz, et ça change tout (ça avance, tout simplement).

4 octobre 2009

Varèse à Pleyel

Marathon Varèse, II (j'ai raté le I). 

360°C en 2h40 avec pause, c'est un peu comme un programme de machine à laver, avec une phase à très haute température (Arcana) et un essorage final (Déserts et le Poème Electronique). C'était plus festival d'Automne tu meurs donc 1) c'était plein à craquer de mamies FORCEMENT extatiques 2) il y avait les polémiques moisies dont personne n'a rien à cirer mais qui excitent les foules (la robe de la soliste était-elle VRAIMENT ridicule? la vidéo était-elle VRAIMENT à chier?). Côté musique, le principal intérêt de ce concert était de donner à écouter des oeuvres qu'on entend rarement (Déserts: une première pour moi) ou jamais (Nocturnal ou Etude pour Espace, orchestré par Chou Wen-Shung). Emballé par Nocturnal et EcuatorialNocturnal est la dernière oeuvre de Varèse (inachevée), c'est un cycle pour soprano, choeur d'hommes et orchestre sur des textes de Michaux et Anaïs Nin, une très belle musique nocturne et atmosphérique. Ecuatorial, c'est une autre atmosphère, un texte d'invocation extrait du Popol Vuh, pour un choeur d'hommes, huit cuivres, piano, orgue et deux thérémines (qui comme les lecteurs de ce blog le savent votent Obama; bon en bref, c'est une espèce d'onde Martenot en plus petit et plus agile dans les miaulements- une sorte de violon, quoi). Ionisation a été aussi un très beau moment (qui finit par les cloches et le piano - traité comme un instrument rythmique, le principe étant de mettre des coups sur le clavier avec tout l'avant-bras). En revanche, j'ai eu l'impression d'avoir raté le rendez-vous avec Déserts (saturation au bout de 2h20 d'éruptions des cuivres? austérité et complexité de l'oeuvre?) Attendons de voir ce que mes petits camarades blogueurs ont pensé de tout cela. (Add: ici, ici, et ici)
28 juillet 2009

Re-Soubise avec trois trios

Re-Soubise, avec les trois jeunes femmes du trio Arcadis (Add: qui ont mis palpatine d'humeurmétromusicale); au menu ce soir:

  • le trio élégiaque de Rachmaninov en sol mineur, que j'avais confondu, comme c'est ballot, avec le deuxième trio qu'est bien plus beau et si délicieusement lugubre. Très beau début impressionniste (ça commence par des frout frouts des cordes et c'est le piano qui chante), après c'est parfois moins passionnant.
  • le trio à cordes de Schnittke (oui, c'est bien le trio à cordes, mais le programme ne juge pas nécessaire de préciser que c'est un réusinage en version trio avec piano réalisé par Schnittke lui-même en 1992) - je n'ai pas du tout aimé, c'est pompeux, néonéonéo, avec plein de fausses fausses notes et de faux XVIIIième siècle....
  • le trio opus 49 de Mendelssohn (1- le scherzo - comme celui de l'Ecossaise - est une forme sonate, intégration maximale, pas de trio contrastant; 2- ce que la fin du second mouvement est belle ... élégance, distance)

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