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zvezdoliki

18 janvier 2010

Deux concerts à la Biennale de quatuors à la Cité de la Musique

 (la scène occupe un des grands côtés du rectangle, les quatre tribunes sont utilisées, on se croirait au catch - vas-y l'alto, mords lui la pique, à ce gros rustaud de cello)

  • Samedi, soir, les Borodine - presque entièrement reconfigurés, seul le violon 2 est là depuis 1975; le cello est là depuis 2007 et les deux autres depuis 1996. Schubert: 10ième quatuor (mibM) D89. Musique solaire, mais pas très captivante (du Mozart sans ressort, je m'ennuie). Ce n'est pas le cas du Quartettsatz, qui suit. Un thème qui démange, un vrai accès de prurit en do mineur, mal soigné; une erreur de dosage manifeste dans la pharmacopée anti-prurit suscite une dangereuse crise de lyrisme délirant dans une totalité éloignée. Le prurit a le dernier mot. En deuxième partie, un grand moment avec l'opus 51 n°2 en la mineur de Brahms. Magnifique 1er mouvement (la mineur - sol majeur- do majeur), ça bouge tout le temps! Dans la partie centrale du mouvement lent, les cris outragés d'une donna Anna un peu tzigane sur les bords. Le scherzo est une merveille (avec ses trois parties homophoniques au-dessus d'une basse de musette, ses sonorités blanches d'harmonica). Dans cette musique, les Borodine sont immenses. On a l'impression d'une pâte vivante qui est souple, se déforme insensiblement de façon homogène; et la variété de leurs vibratos est confondante.
  • Dimanche à 17h, les Hagen. Première fois que je les entends en concert. Une sonorité impériale (mais c'est peut-être parce que je suis en galerie juste au-dessus d'eux (une très bonne place, ceci dit, on sent tous les doigtés et les coups d'archet....). L'altiste (Veronika) a une sacrée présence. Au programme, le quatuor de Debussy (qui leur va comme un gant); le quatuor de BA Zimmermann (encore un cas de testament trahi; le compositeur a demandé qu'on ne joue plus cette oeuvre, eh bien non, il y a encore des fouille-merde pour vouloir exhumer du sous-Hindemith qui n'ajoute rien à la gloire de Zimmermann). En deuxième partie, le quintette à deux violoncelles de Schubert déclenche l'hystérie du public tout en me laissant assez froid - je crois que j'entends surtout longueur dans sublime longueur - et je donnerais n'importe quelle page de Mozart pour faire cesser ces tunnels d'éternité (avec reprise).
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17 janvier 2010

Quatre pour une cinquième.

Hier samedi a été une journée à marquer d'une pierre blanche (et d'un billet de blog) pour notre jeune association: première journée en orchestre (ce n'est jamais évident mais je crois que ça va prendre) et surtout, recrutement d'un chef d'orchestre. Nous avons rencontré quatre chefs, à qui nous avons proposé de diriger le 1er mouvement de la 5ième de Beethoven. Chaque rencontre a été différente et révélatrice ... même si l'exercice peut paraître artificiel (chaque chef pouvant avoir envie de montrer un spécimen de l'étendue de ses talents plutôt que de conduire une vraie répétition d'orchestre). La fumée blanche est sortie pour Marc Korovitch, qui a fait l'unanimité du jury de professionnels que l'association avait invité à départager les candidats, et a été apprécié, je crois, d'une grande majorité des musiciens. C'est un chef qui m'a vraiment donné envie de travailler avec lui et qui nous a laissé entrevoir de belles qualités musicales; en 40 minutes, il a su aller à l'essentiel et éclairer la partition comme aucun autre des candidats, mettre en lumière les éléments moteurs dans des passages un peu confus (par exemple dans le développement, écouter trompettes+ timbales), faire ressortir les contrastes de dynamique, sans se perdre dans les détails. Et puis il a pris un bon tempo: pas injouable, et sans faire le contresens qu'a commis - à mon sens- un des candidats - qui dirige les quatre premières mesures nettement plus lentement que la suite du mouvement. Je crois que nous allons nous régaler...  

15 janvier 2010

Le quart d'heure keatonien du jour

Déjeuner avec X et Y, chez Yasube, un Japonais de la rue Sainte-Anne. Il n'y avait plus de place en haut et les seules places libres, en bas, étaient - hasard - des tatamis avec des tables à la japonaise - très basses. Moi qui ne suis pas tendre comme mon cher-et-souple Moi qui ne suis pas souple comme mon cher-et-tendre (qui fait des trucs de fille pour arriver à ses fins) j'ai eu du mal à garder la position. Nous avions mis nos chaussures à l'entrée du tatami, et patatras, une serveuse s'est cassé la figure en apportant trois bols, dont le contenu (une soupe délicatement odorante avec de nombreuses surprises solides) a fini par aller remplir la chaussure de X. C'est tout.

13 janvier 2010

Mercredi c'est Ligeti

Déception: j'étais venu pour la Sonate pour alto (et salivais à l'idée de vérifier que "la corde de do donne à l'alto une âcreté particulière, compacte, légèrement enrouée, avec un arrière-goût de bois, de terre et de tanin"), mais patatras, l'altiste était malade et la sonate a été remplacée par deux Etudes pour piano (Arc-en-ciel et En suspens). Au menu aussi, les Six Bagatelles (qu'on a trop entendues comme générique à France-Musique), les Dix Pièces pour quintette à vent (une musique spectaculaire, malaimable, stridente et nonsensicale - à la fin, les instrumentistes déclament: "mais - Il y eut une longue pause. 'C'est tout?' demanda Alice timidement. 'C'est tout', dit Humpty Dumpty. 'Au revoir'). Ai été plus excité par les Mysteries of the Macabre, dans un arrangement pour trompette et piano - c'est à déconseiller si on a de l'hypertension, mais c'est tout-sauf-chiant et assez marrant. 

Mais le grand moment a été le Trio pour violon, cor et piano, dont j'avais oublié à quel point c'était un chef d'oeuvre. Ligeti fait celui qui se souvient de Brahms, mais en fait le thème du 1er mouvement se souvient des 'appels de cor' de la sonate des Adieux de Beethoven (c'est le violon qui fait le cor, dans ce 1er mouvement, en doubles cordes; le cor - qui fait le beau - lui répond, suivi du piano, qui sonne dans le suraigu comme un gamelang ou du Messiaen). Le deuxième mouvement est une mécanique virtuose, swingante, avec ces rythmes caraïbo-transsylvaniens qui font le chic du dernier Ligeti. Le mouvement suivant est incroyable de netteté: on y entend une déclaration véhémente du piano et du violon (qui s'échine à jouer des accords); le violon, à un moment donné, se décale comme un mauvais élève qui n'arrive pas à rattraper le piano; mais comme le même phénomène revient dans la récapitulation, on se sent rassuré sur le degré de maturité rythmique de la violoniste..... Le dernier mouvement est une chaconne où s'accumulent les descentes chromatiques, de plus en plus violentes. Le piano disparaît brusquement. Restent juste le violon, dans le suraigü, et le cor, dans le grave, pour une fin catatonique, bouleversante.

10 janvier 2010

Ce week-end en quelques clics

* Un très beau film, frais, émouvant qui me réconcilie avec la langue anglaise (qui n'est pas ma tasse de thé, souvent).

* un peu de Haydn, de Haendel et de Beethoven. La rue Dieu (un personnage sans beaucoup d'intérêt). Le canal Saint Martin gelé au nord, libre au sud. Klari, c'est fini (aujourd'hui, la blague favorite de G, c'est plutôt Hypatie, A B ou C ?- ah, c'est que ça phosphore sec dans notre modeste chaumière)

* une galette républicaine et une somme sur la (complètement) chaconne.

 

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10 janvier 2010

Un peu d'empathie pour Hypatie

Vu l'histoire d'Hypatie au cinéma. Le film est un peu du genre pas très bon (un critère important: beaucoup de mauvaise musique - si j'excepte une réminiscence assez bien venue des Métamorphoses de Strauss au début du film), mais qu'on ne raterait pour rien au monde (tellement l'histoire racontée est excitante). Il fait revivre avec beaucoup de moyens l'Alexandrie des années 390 -415 - ce qui n'est pas rien -  et n'est pas si mauvais, d'un point de vue historique, dans sa deuxième partie: le christianisme comme religion d'esclaves, les jeux de pouvoir entre le préfet, Oreste, le patriarche, Cyril et l'évêque de Cyrène, Synesios. J'ai déjà croisé Hypatie cette année dans une bonne lecture, dans laquelle l'auteur décrit le meurtre de cette mathématicienne et philosophe comme un des épisodes marquant la fin de l'Antiquité. Il donne quelques éclairages intéressants par rapport au film. Par exemple, la première partie du film, qui a l'intérêt d'introduire le personnage de Théon, le dernier directeur du Musée, est douteuse historiquement; il n'existe aucune preuve que la destruction du Serapeum en 391 ait réellement indigné Hypatie; à l'époque, c'était déjà essentiellement un lieu de culte païen, la bibliothèque avait déjà brûlé en 270 et la plupart des manuscrits avaient été transférés ailleurs. Autre point, au moment de son meurtre, Hypatie n'était pas la vierge jeune et jolie qu'a célébrée Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique mais une dame d'une soixantaine d'années (ce qui n'enlève rien évidemment, à l'horreur du crime des parabalani). Enfin, il est tentant de voir en l'histoire d'Hypatie le début d'âges obscurs; toutefois l'histoire des sciences à Alexandrie s'est poursuivie aux Vième et VIème siècles, de sorte qu'il difficile de pouvoir parler de décadence. 

Aussi: la mort d'Hypatie racontée par l'évêque de Nicée (salaud de chrétien) et Socrate de Constantinople (le point de vue grec).

9 janvier 2010

Scènes de la vie de bureau (626)

L'autre jour, je me retrouve avec *** à attendre l'ascenseur. *** est une des trois filles du plateau qui est dotée d'une glotte tellement incroyable que, dès qu'elle ouvre la bouche, les 60 personnes du plateau entendent instantanément ses commentaires indispensables sur des sujets aussi variés que la neige, les soldes, le rhume de sa fille, et une foultitude d'autres sujets d'intérêt majeur pour elle et son mari - glotte doublée d'un timbre à peu près aussi désagréable que celui de la blonde de Chantons sous la pluie. Ce soir, elle tient à la main trois sacs, sur l'un d'eux c'est marqué "Theory". C'est là qu'a lieu ce dialogue impérissable:

MOI (désignant ledit sac, voulant être aimable tout en restant d'une distance convenable): Tiens! tu as un beau bagage théorique.

ELLE (en s'esclaffant) Mais tu n'y es pas du tout! (faisant comme si elle parlait à un martien, en articulant plus lentement). Mais tu ne savais pas ? aujourd'hui c'est le premier jour des soldes! je suis allé acheter des fringues.

C'est tout.

4 janvier 2010

Ces derniers jours en quelques liens

  • Traces pour ses lapins qui sautent à travers des anneaux
  • Destinée (avec ses riches rimes en an)
  • "une santé qui fait clic et des idées qui claquent" (le chantre du chabichou émule de Nasserdine Hodja)
  • Désolé Monsieur c'est le seul livre qui aura survécu à la bombe
  • une alarme incendie
  • le graphique 10 (qui vient d'ici) me laisse rêveur (pour commencer, parce que je ne parviens pas à me convaincre que la hausse réelle des prix de l'immobilier a été le double en France de celle des Etats-Unis sur la période considérée - si quelqu'un peut m'aider, sur ce coup-là)
  • l'enlisement dans le 1er quatuor de Borodine et la galette des reines
  • Tetro: la congélation en Patagonie avant la résurrection sur les avenues à 30 voies de Buenos Aires (pas envie d'écrire dessus, mais chef d'oeuvre)
  • Plein Sud: pour Théo Frilet et les 10 dernières minutes (pas chef d'oeuvre du tout)
  • Le premier concert des Concerts Gais? (quoi? moi, mauvais esprit?)
  • En attendant l'indépendance du sud-Soudan
2 janvier 2010

(Lorraine nous hante)

Bonne année 2010 ! Beaucoup de bonheur, de swing et de musique.... à vous tous, lecteurs et commentateurs, réguliers ou occasionnels.

31 décembre 2009

Daumier

 

Après une répétition Sibelius qui m'a laissé congelé et déprimé, rien de tel qu'une exposition Daumierpour retrouver du nerf.... Morceaux choisis:

L'orchestre pendant que l'on joue une tragédie

Ma belle dame... faut-y vous donner un coup de balai ?

Après l'eau, le feu

La métamorphose du roi Louis-Philippe en poire

Baissez le rideau, la farce est jouée (c'est Louis-Philippe et la Chambre après 1830)

Dans la série Histoire ancienne, le baptême d'Achille: Comme on trempe une arme de guerre / Thétis de son moutard voulant faire un héros / Le trempa dans le Styx dès qu'il vit la lumière / Ce qui prouve qu'un bain est bon à tout propos

et ceci pour (peut-être) faire réagir un exilé (du blog):

On vient de lui poser une question grave, il se livre à des réflexions sombres; la réflexion sombre peut seule éclaircir la question grave! ..... Aussi est-il le plus sombre de tous les grands hommes graves.

(une mine ici)

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