Deux concerts à la Biennale de quatuors à la Cité de la Musique
(la scène occupe un des grands côtés du rectangle, les quatre tribunes sont utilisées, on se croirait au catch - vas-y l'alto, mords lui la pique, à ce gros rustaud de cello)
- Samedi, soir, les Borodine - presque entièrement reconfigurés, seul le violon 2 est là depuis 1975; le cello est là depuis 2007 et les deux autres depuis 1996. Schubert: 10ième quatuor (mibM) D89. Musique solaire, mais pas très captivante (du Mozart sans ressort, je m'ennuie). Ce n'est pas le cas du Quartettsatz, qui suit. Un thème qui démange, un vrai accès de prurit en do mineur, mal soigné; une erreur de dosage manifeste dans la pharmacopée anti-prurit suscite une dangereuse crise de lyrisme délirant dans une totalité éloignée. Le prurit a le dernier mot. En deuxième partie, un grand moment avec l'opus 51 n°2 en la mineur de Brahms. Magnifique 1er mouvement (la mineur - sol majeur- do majeur), ça bouge tout le temps! Dans la partie centrale du mouvement lent, les cris outragés d'une donna Anna un peu tzigane sur les bords. Le scherzo est une merveille (avec ses trois parties homophoniques au-dessus d'une basse de musette, ses sonorités blanches d'harmonica). Dans cette musique, les Borodine sont immenses. On a l'impression d'une pâte vivante qui est souple, se déforme insensiblement de façon homogène; et la variété de leurs vibratos est confondante.
- Dimanche à 17h, les Hagen. Première fois que je les entends en concert. Une sonorité impériale (mais c'est peut-être parce que je suis en galerie juste au-dessus d'eux (une très bonne place, ceci dit, on sent tous les doigtés et les coups d'archet....). L'altiste (Veronika) a une sacrée présence. Au programme, le quatuor de Debussy (qui leur va comme un gant); le quatuor de BA Zimmermann (encore un cas de testament trahi; le compositeur a demandé qu'on ne joue plus cette oeuvre, eh bien non, il y a encore des fouille-merde pour vouloir exhumer du sous-Hindemith qui n'ajoute rien à la gloire de Zimmermann). En deuxième partie, le quintette à deux violoncelles de Schubert déclenche l'hystérie du public tout en me laissant assez froid - je crois que j'entends surtout longueur dans sublime longueur - et je donnerais n'importe quelle page de Mozart pour faire cesser ces tunnels d'éternité (avec reprise).