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zvezdoliki

15 décembre 2009

Platée à Garnier

Fini par voir, après la bataille, Platée (et je crois bien que c'est la première fois que je vois cet opéra, en vrai). Vu de la troisième loge de côté (au surplomb de la fosse). On voit le chef s'agiter avec énergie; les flûtes se faire rabrouer par une grenouille pour leur charivari (quand Jupiter arrive en chouette), un crapaud semer la zizanie dans la fosse (que l'on imagine humide). Sur scène, on voit Mercure descendre (c'est de saison), on rigole franchement de ces beaux ballets nuts, sur le thème de l'amour vache et plus généralement de la mise en scène (le début, avec ces ouvreuses ravagées qui replacent frénétiquement les spectateurs!). On s'imagine bien en Junon furieuse, prête à faire un carton avec sa pétoire. On aime bien Paul Agnew, mi clochard, mi reine d'Angleterre, diction impeccable. L'orchestre est très fort et on trouve les équilibres bizarres, mais c'est peut-être l'effet du placement.

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14 décembre 2009

Une jolie histoire d'amour en un plan, vue d'un placard

 

(Parfois je rêve Que je suis une vache)

 

12 décembre 2009

Une merveille

Plus tard, je serai Orphée; et puis Pluton aussi.

12 décembre 2009

Au secours! les Bienveillantes attaquent

(Aïe! je suis victime d'une attaque brutale de didiergouxisme)

Il y a un point commun à deux pétitions qui ont circulé ces derniers jours - ici et ici - sur des sujets qui n'ont rien à voir, une combinaison curieuse d'enflure, d'arrogance morale et d'indigence intellectuelle. 

Indigence intellectuelle quand on préfère pontifier sur des généralités (les humanités, c'est bon pour la santé, comme les carottes et la piscine et puis ça rend intelligent, alors que les maths et la physique ça abrutit) plutôt que débattre du détail d'une réforme qui se traduira par une augmentation des heures de cours d'histoire géographie en première. C'en est au point qu'on se dit que c'est sans doute mieux, effectivement de réduire les heures de cours de cette discipline si ses thuriféraires en sont à ce niveau là.

Même processus à l'oeuvre contre Besset: on avoue ne pas comprendre en quoi la nomination de quelqu'un d'aussi intéressant que lui (pourquoi personne ne lui a jamais proposé un tel poste? ça me dépasse) au poste de directeur d'un théâtre public à Montpellier ferait rompre "les digues" "établies sous Malraux" (sans doute contre le faSSisme) ou serait un viol intolérable de la Blanche Mystique du Théâtre Public. On en est à un tel niveau de délire et de pose ! Pauvre Besset. Dites-le franchement, vous ne l'aimez pas parce qu'il est pédé ET bourgeois (oh! ce que c'est sale) et qu'il veut travailler avec son mec. 

10 décembre 2009

Bach/Eisler par Goerne et alii au TCE

Comme il s'agit d'un concert, intéressons nous à la chorégraphie: le chanteur s'enroule en des torsades baroques (sur glauben, par exemple) ou manque de s'envoler, tandis que la violoniste a de très subtils mouvements de rotation (on dirait qu'elle est composée de plusieurs sphères de diamètre différents posées les unes sur les autres). Les autres musiciens sont assis, un peu chavirés par tous ces mouvements (et se raccrochent souvent à l'archet de la violoniste). Au fond, quatre chanteurs chantent sporadiquement un choral.

Du Bach d'abord:

* Der Friede sei mit Dir BWV 158: une cantate très courte avec un air de bravoure pour le violon solo - qui fatigue le baryton ("Welt, ade, inch bin müde") et, bien davantage, le choeur (qui chante, détaché du monde, un choral lointain)

* Ich will den Kreuzstab gerne tragen BWV 56: celle avec l'air à envol initial (Ich will den Kreuzstab...) et le mélisme accablé (traaaaaaaaaaaaaaaagen); et aussi un bel air avec hautbois solo.

* Ich habe genug BWV82: celle comme une symphonie en trois mouvements avec une immense aria existentielle pour commencer, une allemande-berceuse au milieu, et une gigue pour finir.

L'homme à la voix engorgée et assez grise enchaîne sans interrompre (c'est la permanence de l'expérience existentielle allemande) sur un cycle de Eisler, sept chants sérieux (avec orchestre à cordes). L'épilogue est sirupeux et raté, mais le reste est intéressant, parfois spectaculaire. Goerne (que je n'avais pas trop aimé dans le Hollywood Songbook, à l'auditorium du Louvre, il y a longtemps) est ici à son meilleur et chante cette musique avec une humanité bouleversante.

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7 décembre 2009

Vus:

  •  Strella: "j'ai voulu connecter deux fils, mais j'ai oublié de couper le courant" Ai trouvé l'intrigue téléphonée (mais je ne sais plus qui m'avait vendu la mèche, sachez que c'est mieux de ne rien savoir); j'ai bien aimé la scène initiale (beaucoup d'information en très peu de choses), mais je n'ai pas aimé 1/ la représentation de la prison (un aimable club de rencontres), 2/ l'unique scène de prostitution (complaisante au possible) et 3/ la fin familialiste (tout ça pour finir sur la Sainte Famille, moi qui croyais échapper deux heures seulement aux guirlandes de Noël). Mon venin ayant été craché, je dois reconnaître que le film est tonique, étonnant (il permet un peu d'imaginer la vie d'un transsexuel pré-opératoire grec, ce qui n'est pas rien) et il est porté par deux excellents acteurs (une Callas-Magnani aux larges épaules et un vieux de loup de mer ayant beaucoup bourlingué). 

strella_fond_alex_copie..19189572..

  • Rapt "Si vous voulez de l'affection, achetez-vous un chien", disait fort justement mon ancien boss. Drôle de retour pour un Ulysse dont seul le chien a une compréhension intime de l'épreuve qu'il vient de subir.

 

30 novembre 2009

au fond, tous ces orchestres amateurs qui se cassent la tête à essayer de recruter des violons....

... eh bien, moi je vous dis, un bon accordéoniste russe (non syndiqué), ça fait largement l'affaire.....

 

29 novembre 2009

L'autre jour, un type m'a fait un doigt

C'était dans le bus, qu'il m'arrive de prendre juste pour deux stations. J'avais gardé mon sac au dos et je me suis assis assez négligemment tout au bord d'un strapontin, mi les jambes croisées comme une diva, mi comme une perruche une gazelle prête à bondir; j'étais un peu hébété après ma journée de travail, au point d'avoir la flemme d'enlever mon sac et d'en extraire mon livre du moment. Il y avait peu de monde dans le bus, et je crois avoir à peine remarqué un type plutôt bien roulé mais pas vraiment mon genre, en face de moi de l'autre côté de la porte. Je ne crois pas l'avoir regardé avec un grand regard insistant de grand fauve, toujours est-il qu'il s'est levé pour sortir à la station suivante et m'a regardé d'un air vraiment mauvais. Le bus s'est arrêté, la porte s'est ouverte, et il est sorti en regardant droit devant mais en faisant un doigt d'honneur à mon adresse, droit comme un chandelier.

Je dois dire que ça ne m'a pas spécialement traumatisé, mais je continue à m'interroger sur ce qui s'est réellement passé: ce petit con a-t-il cru que j'allais le poursuivre de ses assiduités jusqu'au bout de la planète? Etait-ce de la jalousie sociale mal placée (j'étais en costume cravate)? De la follophobie alors que j'étais dans une posture de diva (ça ne me déplairait pas de le croire mais à vrai dire c'est surtout que j'avais la flemme d'enlever mon sac à dos)? Une simple méprise et le doigt était adressé à un de ses acolytes resté derrière moi dans le bus?

Quand le bus est reparti, j'ai eu l'impression qu'une femme me dévisageait bizarrement, je me suis demandé si j'avais les lèvres violettes ou quoi, mais son regard a glissé imperceptiblement sur ma gauche, elle avait juste le regard vitreux et absent de la fin de la journée dans les transports en commun....

28 novembre 2009

Vincere, de Marco Bellocchio

La grand opéra du jeune fauve qui veut effacer sa femme. Mais celle-ci résiste (dans le film subsiste un doute sur la réalité du mariage, présenté comme un souvenir - ou une représentation mentale? - d'Ida Dalser). Scène terrible des accords du Latran, vus côté cour dans un hôpital pyschiatrique tenu par des religieuses, un ordre aux ordres ("oui, ma fille, il faudrait ne pas avoir de coeur pour ne pas entendre votre plainte, mais souvenez vous que le Seigneur n'a rien promis à Marie Madeleine, rien d'autre qu'une vie meilleure dans l'au-delà"). Scène terrible aussi, celle où le fils imite le père, en allemand (la langue de l'amour entre le père et la mère).

 19096197

27 novembre 2009

La belle Maguelonne, de Brahms

Au disque, je n'avais jamais fait attention à l'histoire, racontée hier par Eric Genovese, en français, une histoire dans laquelle s'intercalent les romances de Brahms: une belle histoire d'amour partagé et heureux; un voyage circulaire et une histoire d'appétit pour le vaste monde, interrompue un moment par un corbeau emportant trois anneaux attachés par un ruban rouge. Les deux premiers lieder sont un peu atmosphériques (notamment le second, qui doit être chanté à pleine voix) et mettent en place le décor; avec le troisième on rentre dans l'action, chacun des lieder qui suit décrivant les messages de Pierre à Maguelonne et la progression de l'intrigue amoureuse. C'est un Brahms solaire et enthousiasmant, avec une partie de piano magnifique et très riche - on est très loin de l'humeur dépressive des cycles de Schubert ou Schumann, il n'ya guère que trois lieder tristes (le 10, modulant et furieux, le 11, dépressif et décoloré et le 12, une magnifique élégie), tout le reste est particulièrement anticyclonique. J'ai eu l'impression de redécouvrir une musique que j'avais surtout écoutée au disque.... tout est très beau, mais c'est le n°8 qui m'a le plus frappé l'oreille, hier soir - avec son début équivoque rythmiquement, indémêlable, lourdement bémolisé ("Wir müssen uns trennen") et sa la fin, chantée pianissimo par Goerne, dans une ligne immense ("Senke die Zügel, Glückliche Nacht! Spanne die Flügel, Daß über ferne Hügel Uns schon der Morgen lacht!"). Fin de soirée joyeuse et impromptue: suis allé dîner avec S., que je n'avais pas vu depuis un an, une année pendant laquelle il a enchaîné un cycle schubertien complet (il mérite maintenant un grand cycle brahmsien, large et en majeur) et avec A (qui connaît bien BC et JM, quel petit monde).

(le n°8; ici, ce sont Prégardien et Staier)

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