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zvezdoliki

5 juillet 2007

Palmer et Mackerras dans Katia Kabanova à Covent Garden

- Vertige de voir Mackerras diriger, lui qui a dirigé le premier opéra de Janacek en Angleterre en 1951, et qui a tant fait pour ce répertoire (par exemple, débarrasser Jenufa des trahisons imposées à Janacek). Depuis, et grâce à lui, l'Angleterre aime passionément Janacek.

- Reprise d'une production de 1994: très réaliste (il y a des vrais chevaux et des vraies croix orthodoxes) mais avec un décor unique très frappant: une sorte de tore sur lequel circulent les personnages, rappelant le cinéma expressionniste et évoquant irrésistiblement à la fois l'oeil du cyclone et la boue torrentielle du dégel russe.....

- Ce qui me déplaît dans Katia Kabanova, ce drame de la belle-mère ? La méchante (incarnée par lagrande Felicity Palmer) l'est trop; difficile de trouver des qualités à Kabanicha (contrairement à Kostelnicka dans Jenufa). C'est la sale bête type, elle n'est que nuisance et volonté de nuisance. Quant à Katia, elle est passablement allumée, et déjà dans un état grave au tout début de l'opéra (elle entend des voix et se prend pour un oiseau, ça finit mal).

- A vrai dire, je m'ennuie un peu dans les trois premiers tableaux; tout change avec le quatrième, la nuit d'été; après ce tableau-là, l'action accélère. L'acte de l'Orage (qui a donné son nom à la pièce d'Ostrovski) passe comme un éclair, la dernière scène concentre un nombre impressionnant d'événements (si on récapitule tout ce qui s'y fait et dit .....)

- Les grands moments de musique ? les quartolets dans l'introduction, aux timbales piano puis déchaînés.... que l'on retrouve au moment du serment de Katia. Et surtout la nuit d'été, cette fascinante musique nocturne avec le décalage si typique de Janacek, ici entre les deux héros maudits, en coulisse, en pleine extase romantique, et sur scène, les deux jeunes gens "sains", avec leur musique de jolie ballade populaire....

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30 juin 2007

I don't want to sleep alone, de Tsai Ming Liang

- Dormir avec un mauvais matelas vous gâche la nuit et le tempérament.

- Lee Kang Sheng en respiration artificielle est-il l'avenir de Lee Kang Sheng en SDF chinois perdu à Kuala Lumpur ? je me perds avec ces rubans de Moebius à la Haydn.

- On commence par la Flûte enchantée et on enchaîne avec une chanson malaise où il est question d'oiseaux tout cuits et d'un roi.

- Salauds d'Indonésiens; en brûlant leurs forêts ils nous forcent à mettre un masque à gaz pendant l'amour.

- Comment ranimer l'aimé ? en le lavant et en le bichonnant.

- Un Tsai Ming Liang polyglotte, doux, cruel et flottant qui me laisse inexplicablement euphorique.

26 juin 2007

Le nouveau russe du jour

Je précise: il s'agit d'un solliciteur - il vient nous demander de l'argent, il serait plus efficace qu'il soit poli. Donc, le nouveau russe du jour (que j'abrège par la suite en LNRDJ) a rendez-vous avec moi aujourd'hui à 12h45. Il m'appelle vers 11h pour me dire que ce serait mieux pour ses collègues que nous nous voyions au restaurant, et me charge d'en trouver un près de nos bureaux. LNRDJ arrive vers 13h10, ne s'excuse pas, me fait remarquer que le trafic est infect à Paris, que nous ferons donc la réunion ici. A jeun, me dis-je. Dans l'ascenseur, LNRDJ rit très fort, sortant quelque chose de manifestement très drôle en russe à l'intention de ses collègues. Après la réunion, vers 14h, ils sont enfin partis, ma stagiaire, qui se débrouille bien en russe et sait cacher son jeu, m'explique: il a ri parce que notre ascenseur sentait la soupe. Comme c'est drôle.

23 juin 2007

Pelléas au TCE


A chaque représentation de Pelléas, j'ai des attentes faibles ou inexistantes: je me doute que la mise en images va m'exaspérer et que les chanteurs ne seront pas à la hauteur de ceux des enregistrements par lesquels j'ai plongé dans l'oeuvre, le Désormière de référence amélioré en remplaçant Jansen/ Joachim par Maurane /Danco....

Au fond, la seule chose que je demande, c'est de pouvoir comprendre le texte pour suivre. De ce point de vue, la soirée d'hier peut faire date.

Naouri est un Golaud subtil, jamais ridicule, d'une grande violence. Le metteur en scène le fait chanter la réplique du Berger (Ce n'est pas le chemin de l'étable). L'effet est terrifiant, d'autant que Golaud se lève à ce moment là, après avoir été prostré sur scène pendant le babil d'Yniold, sous une fourrure, comme un mouton; cela marche impeccablement avec la musique. Kozena n'est pas toujours complètement compréhensible (Mélisande l'est-elle ?) mais elle est scéniquement parfaite et elle a un timbre qui convient, chafouin et mystérieux..... L'excellent ténor québecois Lapointe campe un Pelléas dangereusement hétérosexuel (on aura tout vu, ces metteurs en scène osent vraiment n'importe quoi...). C'est à mille lieux des voix transparentes que j'aime en Pelléas. Ce Pelléas est avant tout élan vers Mélisande. Son je t'aime sonne comme la sortie d'un bouchon de champagne et contraste efficacement avec le je t'aime aussi de Kozena. Le reste de la scène était merveilleux vocalement. Au fond, j'ai beaucoup aimé: diction parfaite, élan irrésistible.

Quant à Arkel.... un timbre magnifique, la prestance d'un François Joseph (d'un Renaud Camus ?). Ses âneries pontifiantes ("Il n'arrive peut-être jamais d'événement inutile" et autres calembredaines) étaient (heureusement ?) inintelligibles. Frappé par le contraste à l'acte I de la musique d'Arkel avec celle de Geneviève et sa scène de la lettre: au fond Arkel est peut-être le seul personnage d'opéra traditionnel, loin du parlé/chanté des autres personnages.

Un mot de la mise en scène. Quelques trouvailles à l'acte IV: le "on a cassé la glace avec des fers rougis" sur une levée de rideau; cette coque qui tournoie en spirale, une idée qui rend bien justice au lyrisme de la scène (et oui, Titanic était un beau film lyrique). Oui, la sensualité vient avant l'aveu de la passion; je ne crois pas que ce soit un contresens, ce sont deux choses différentes, pas nécessairement synchrones.... et la 1ère scène de l'acte III est incroyablement érotique, davantage peut-être que la fin de l'acte IV, juste une histoire de lumière et d'ombre, de portes refermées ou entr'ouvertes.

Aussi: ici, ici, et .

9 juin 2007

Da gelo a gelo, de Sciarrino


Vu Da gelo a gelo de Salvatore Sciarrino à Garnier. Un spectacle précieux, très lisible et... passablement assommant.

Une succession de très courtes scènes d'amour, pour l'essentiel des lettres avec de courts poèmes entrelardés par des séquences de prose dites par deux flûtistes parlant dans leurs flûtes (et oui). Sciarrino parle d'un "voile sonore à travers lequel se fait l'écoute (...) qui ferait presque penser à une mauvaise liaison téléphonique". Pendant quelques scènes censées avoir lieu en extérieur, un percussioniste s'attaque à un grand radiateur avec des roulements de mailloche : effet très réussi, on se croirait sur une terrasse d'aéroport, avec un barouf couvrant efficacement les voix (mais peut-être pas les sacs plastiques (malheureusement pas de mami joueuse ce soir là pour tenter l'expérience))). La musique m'a séduit: bruitiste, avec des coups de griffe des cordes, des glissandi de cuivres épars au-dessus de longues tenues des vents. Malheureusement le texte est pauvre (avec un lexique qui tient en une dizaine de noms, dont ramier, coucou, charmille, pluie) et l'oeuvre est trop répétitive pour ne pas susciter l'ennui.... sauf peut-être un passage où la soprano, dans un grand moment de solitude, s'adresse directement au public, rompant les codes - stricts- du reste de l'opéra (celui/celle qui écrit la lettre chante dos au public dans le noir, celle/celui qui lit reste face au public, éclairé).

Une soirée qui a rendu un taiseux lyrique mais pas ramené à l'addiction une blogostar à la retraite...

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6 juin 2007

Lohengrin, de Richard Wagner

- Vu, en bonne et blogueuse compagnie (gilda 1 et 2, juju, goon) le Lohengrin de la Bastille - quelques années après celui du Châtelet (qui m'avait prodigieusement emmerdé).

- On est tenté de lire ce Lohengrin mis en scène par Carsen avant tout comme une histoire d'Allemagne, un conflit identitaire non résolu entre l'influence chrétienne (Lohengrin et le Graal) et les racines païennes (Wotan et Fricka invoqués par Ortrud), dont la défaite finale est grosse d'avenir.

- Musicalement, le versant teuton (la scène des proscrits du second acte, avec ses tritons, ses serments à l'unisson) est plus intéressant que le versant catholique romain et les violons sulpiciens du prélude du 1er acte (accompagnés, lundi soir, par le lachenmannien froissement de sac plastique d'une mamie attirée par une place mieux située que la sienne mais hésitant, chochotte créature, à faire le Grand Saut et s'agrippant pour se rassurer à cette saleté de sac).

- Il y aussi d'autres histoires dans Lohengrin: celle du nom caché me rappelle à vrai dire plus Barbe-bleue et son épouse que Tristan. La nuit d'amour du 3ième acte de Lohengrin est brève et tout de suite envahie par les tourments d'Elsa. Musicalement, le thème du nom est très facilement reconnaissable à sa quinte descendante initiale, avec laquelle Wagner joue tout au long de l'opéra. Par exemple, c'est l'intervalle par lequel Ortrud appelle Elsa, à son balcon de l'acte II, mettant tout de suite le doigt sur ce qui fait mal. A cette quinte descendante s'oppose une sixte ascendante associée à la jalousie et la curiosité. Ce deuxième acte, dans lequel la musique annonce les jeux complexes du Ring, se révèle plus passionnant qu'un troisième acte entrelardé par des choeurs virils qui laissent tout juste le temps à Lohengrin d'enfiler sa carapace d'insecte géant.

- Vocalement, le duo Delunsch/ Heppner ne fonctionnait pas si mal hier soir, Heppner étant en méforme et Delunsch en forme (et j'ai trouvé ses phrasés intéressants)....

4 juin 2007

Un bal masqué, de Verdi

  • Vu Un bal masqué avec mon gros loup avec S avec qui j'aurai vu plus de Verdi en un an que dans les vingt dernières années.
  • C'est celui à la prophétie autoréalisatrice: Riccardo sait qu'il sera tué par son meilleur ami, mais il n'y croit pas, le bougre
  • Une distribution à oublier: un Riccardo tellement enroué qu'il fait pitié et qu'on a envie de mettre en urgence sous perfusion de pastilles Pullmoll, une Amelia au vibrato aussi indécemment large que son tour de taille... seule belle voix, celle de Camilla Tilling en Oscar vibrionnant.
  • La musique de Verdi: son génie du montage, l'ironie des situations, toujours à plusieurs sens: à l'acte II, le bref trio en ré mineur, beau comme du Mendelssohn, où le mari/ami, sa femme et le comte chantent la mort qui approche; le finale où les conjurés se moquent de l'ami fidèle qui s'est fait piéger; et enfin, à l'acte III, le quintette des conjurés avec Amalia et Oscar, véritable chaudron où cuisent les affects avant la grande scène de bal. Qu'il me soit permis de préférer la musique décolorée du petit orchestre en coulisses pour les adieux du comte et d'Amalia à ce qui suit, cette fin pompeuse où le ténor n'en finit pas d'agoniser tout en cherchant à réconcilier la terre entière....
  • Pas sûr que la musique du Lohengrin, demain, soit aussi simulante.

28 mai 2007

Haydn à l'Epau (24h au Mans (et ailleurs))

Ce week-end, petite balade au Mans pour découvrir le festival de l'Epau, consacré cette année à Haydn. L'Epau: un festival à la programmation impeccable, plus gommettes que paillettes, dans le beau décor d'une abbaye cistercienne, en banlieue du Mans. Le hasard du calendrier a voulu que nous assistions, les deux Philippe et moi, à la soirée rigolade de ce festival: dans le dortoir des moines, un programme de vendredi saint, avec la météo qui allait avec.....

  • à 18h30, le Stabat Mater (de Haydn):

Oratorio en treize numéros d'un Haydn qui en 1767 n'a pas encore sauté le pas du style classique. Une musique contemporaine des grands Stabat italiens, pas vraiment passionnante. Il faut bien convenir que sur un texte aussi mauvais, c'est difficile d'écrire une belle musique. L'intérêt de l'auditeur se porte surtout sur chacun des douze excellents choristes du choeur Bernard Têtu, que l'on a l'occasion d'entendre chacun séparément ou par petits ensembles. J'ai aimé les deux airs de basse (complètement Sturm und Drang et Dieu sait pourquoi moins gnangnan que le reste) et les morceaux avec choeurs, surtout le n°7, juste au centre.

  • à 21h, Les Sept Paroles du Christ en croix.

Grand concert, magnifique interprétation du quatuor Ysaÿe que je n'avais jamais vu aussi en forme. Chacune des paroles du Christ en croix était commentée par Michel Serres (une lecture au plus près des textes) et illustrée par des photographies de Gérard Rondeau. De quoi laisser respirer chacun de ces mouvements lents particulèrement denses. Pas évident de mettre en lien le texte et le commentaire, parfois aussi étrangers l'un à l'autre que les deux textes de W. Néanmoins, jubilation intense quand Serres explique que "Aujourd'hui, tu seras avec moi au paradis", c'est la croyance que la vie du bon Larron, une vie encore plus ratée que le naufrage social complet que représente la vie du Christ, peut être transfigurée in extremis par une parole. Et bien la musique de Haydn c'est exactement ça : dans cette forme sonate, le second thème succède sans transition aucune au premier thème, dont il reprend exactement la musique, mais en majeur, aussi héroïque et beethovénienne que le début était désolé et catatonique. J'ai aussi un faible pour "J'ai soif" et ses pizz étranges. Il faudrait citer les beautés de tous ces mouvements lents météoriques.

Et aussi

  • Roulé sur le circuit des 24h du Mans (avec Philippe[s] comme pilote dans la ligne (presque) droite des Hunaudières)
  • Ai croisé dans les allées de l'abbaye deux blogostars à la retraite, l'homme aux chaussures rouges (ce soir-là sans chaussures rouges ni gommettes (mais pas non plus va-nu-pieds)) et le très-souriant H (qui incidemment cherche une pension de famille avec piano près de la rue de Madrid, écrire à la rédaction qui transmettra).
  • Vu des fresques plus anciennes et plus belles que celle-ci, dans une vallée du Loir moins endormie qu'il n'y parait.

28 mai 2007

Les chansons d'amour, de Christophe Honoré

Un petit prince breton (Grégoire Leprince Ringuet, le gamin des Egarés, il a bien poussé, on est content pour lui) vient consoler un veuf inconsolable (Louis Garrel), pas mécontent d'assigner à distance une belle-famiglia telllllllllllllllllllement sympathique (grande prêtresse: la Roüan; première vestale adjointe: la Mastroianni, pas arrangée la pauvre). Vu cet opus-ci du jeune Honoré avec un plaisir sans nuage.

ici ici ici aussi

24 mai 2007

Mozart Chostakovitch à Pleyel

Programme éminemment mbresque (et pour cause):

  • le 17ième concerto de Mozart, en sol: une petite merveille que je n'avais plus en tête. Les deux premiers mouvements sont des sonates; le finale est un thème et variations, une allemande un peu lourde qui se déboutonne petit à petit. Champagne !
  • la 13ième symphonie de Chostakovitch (celle avec basse et choeur d'hommes sur des poèmes d'Evtouchenko). Un discours de l'Etat de la Russie et des maux qui la minent: antisémitisme, grandiloquence, corruption, règne de la terreur, culte du faux. Une musique très inspirée, dépressive, avec des basses omniprésentes: choeur d'hommes, basse solo, cordes graves toujours sur la brèche.
  1. Babi Yar: on change de monde après la poussée insoutenable de l'épisode Anne Frank ("- Ils cassent la porte. - Non, c'est la glace qui rompt"). A la fin, désespoir paroxystique, grimaçant sur "Mais sur moi pèse la hideuse haine de tous les antisémites comme si j'étais un Juif: Et voilà pourquoi je suis un vrai russe !"
  2. L'Humour: c'est un personnage qui s'en sort toujours, comme Till Eulenspiegel ou le Feuerreiter de Wolf. Une sorte de ballade désabusée et plébéienne.
  3. Au Magasin: le cliquetis des bidons et des casseroles, aux percussions, peut aussi s'entendre comme cette monnaie qu'on vole aux femmes. Moment emphatique de révolte, qui retombe brutalement (sur: Quand j'empoche mes pâtes farcies)
  4. Peurs: l'omniprésence de cette pédale sinistre à l'orchestre contredit l'optimisme du texte de dégel d'Evtouchenko.
  5. Une Carrière: le heurt de deux musiques (car l'orchestre est souvent seul dans ce beau finale): a) la sicilienne désabusée des flûtes (le vrai savant, Galilée ?), qui reviendra, fantômatique et réprimée, en pizz; b) la musique prétentieuse et pérorante des faux prophètes (qui rappelle le tout début de Peter Grimes), qui culmine dans une fugue mécanique. Fin curieuse (renvoyant au début, à Babi Yar ?) qui cite une mélodie juive (?) au célesta. C'est le glas qui a le dernier mot.

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