Palmer et Mackerras dans Katia Kabanova à Covent Garden
- Vertige de voir Mackerras diriger, lui qui a dirigé le premier opéra de Janacek en Angleterre en 1951, et qui a tant fait pour ce répertoire (par exemple, débarrasser Jenufa des trahisons imposées à Janacek). Depuis, et grâce à lui, l'Angleterre aime passionément Janacek. - Reprise d'une production de 1994: très réaliste (il y a des vrais chevaux et des vraies croix orthodoxes) mais avec un décor unique très frappant: une sorte de tore sur lequel circulent les personnages, rappelant le cinéma expressionniste et évoquant irrésistiblement à la fois l'oeil du cyclone et la boue torrentielle du dégel russe..... - Ce qui me déplaît dans Katia Kabanova, ce drame de la belle-mère ? La méchante (incarnée par lagrande Felicity Palmer) l'est trop; difficile de trouver des qualités à Kabanicha (contrairement à Kostelnicka dans Jenufa). C'est la sale bête type, elle n'est que nuisance et volonté de nuisance. Quant à Katia, elle est passablement allumée, et déjà dans un état grave au tout début de l'opéra (elle entend des voix et se prend pour un oiseau, ça finit mal). - A vrai dire, je m'ennuie un peu dans les trois premiers tableaux; tout change avec le quatrième, la nuit d'été; après ce tableau-là, l'action accélère. L'acte de l'Orage (qui a donné son nom à la pièce d'Ostrovski) passe comme un éclair, la dernière scène concentre un nombre impressionnant d'événements (si on récapitule tout ce qui s'y fait et dit .....) - Les grands moments de musique ? les quartolets dans l'introduction, aux timbales piano puis déchaînés.... que l'on retrouve au moment du serment de Katia. Et surtout la nuit d'été, cette fascinante musique nocturne avec le décalage si typique de Janacek, ici entre les deux héros maudits, en coulisse, en pleine extase romantique, et sur scène, les deux jeunes gens "sains", avec leur musique de jolie ballade populaire....