Schumann Poulenc Ravel à Pleyel
Hier soir, une envie pressante de 3ième symphonie à 3 temps et trois bémols à la clef, histoire de vérifier la solidité de la chaîne qui unit la 39ième de Mozart - l'objet de toute mon affection, en ce moment - aux 3ièmes de Beethoven et Schumann, voire à celle de Brahms (même si elle a un bémol en trop à la clé). Doncques: ce concert de l'Orchestre de Paris à Pleyel.
- 3ième de Schumann: un premier mouvement qui se souvient certes de ses glorieux ancêtres mais quand même très schumannien, avec ces interruptions exogènes du discours. Par exemple dans ce long développement (qui peine à retrouver ce mi bémol si sûr de lui; en attendant que ça jouisse la musique a des poussées de clarté laiteuses qui ne débouchent sur rien) on entend le fil d'Ariane .... de l'introduction de la 4ième symphonie. Tout ce mouvement est une apothéose de l'hémiole, ressassée jusqu'à saturation comme souvent chez Schumann. Les trois mouvements centraux sont des scènes de genre, très réussis chacun dans leur style. J'attends toujours avec impatience le complot des cuivres dans ce second mouvement de plein air, le retour du surmoi avec les trombones dans le quatrième mouvement Feierlich. J'aime toujours autant les subtils décalages rythmiques du finale. Même si je n'ai pas retrouvé mon coup de foudre de l'été 198x, je trouve toujours qu'il y a plus de fraîcheur (théorème) et d'invention musicale dans les symphonies de Schumann que dans celles de Brahms.
- Poulenc: concerto pour orgue, cordes et timbales. Du faux Bach (toccata et fugue), du faux Tchaikovski (sérénade), du faux Montand (A bicyclette). Et aussi.... du vrai Poulenc: de la tierce à gogo, surtout aux timbales, comme dans Dialogues des Carmélites). Tout ça sonne très bien, on ne s'ennuie pas une seconde. Et puis tant de conviction dans le mouvais goût ne peut qu'emporter l'adhésion. Dans le bis de l'organiste, une sorte de Noël canaillou, ethnique et sautillant, le dosage entre conviction et mauvais goût était moins optimal; j'ai eu du mal à contenir mon hilarité (comme certains musiciens de l'orchestre, je ne vais pas balancer).
- Autant la 3ième de Schumann était terne, autant Daphnis (qui n'est pourtant pas mon Ravel préféré) en version light était réussi (notamment le solo de flûte.... chapeau)