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zvezdoliki

9 mars 2007

Schumann Poulenc Ravel à Pleyel


Hier soir, une envie pressante de 3ième symphonie à 3 temps et trois bémols à la clef, histoire de vérifier la solidité de la chaîne qui unit la 39ième de Mozart - l'objet de toute mon affection, en ce moment - aux 3ièmes de Beethoven et Schumann, voire à celle de Brahms (même si elle a un bémol en trop à la clé). Doncques: ce concert de l'Orchestre de Paris à Pleyel.

- 3ième de Schumann: un premier mouvement qui se souvient certes de ses glorieux ancêtres mais quand même très schumannien, avec ces interruptions exogènes du discours. Par exemple dans ce long développement (qui peine à retrouver ce mi bémol si sûr de lui; en attendant que ça jouisse la musique a des poussées de clarté laiteuses qui ne débouchent sur rien) on entend le fil d'Ariane .... de l'introduction de la 4ième symphonie. Tout ce mouvement est une apothéose de l'hémiole, ressassée jusqu'à saturation comme souvent chez Schumann. Les trois mouvements centraux sont des scènes de genre, très réussis chacun dans leur style. J'attends toujours avec impatience le complot des cuivres dans ce second mouvement de plein air, le retour du surmoi avec les trombones dans le quatrième mouvement Feierlich. J'aime toujours autant les subtils décalages rythmiques du finale. Même si je n'ai pas retrouvé mon coup de foudre de l'été 198x, je trouve toujours qu'il y a plus de fraîcheur (théorème) et d'invention musicale dans les symphonies de Schumann que dans celles de Brahms.

- Poulenc: concerto pour orgue, cordes et timbales. Du faux Bach (toccata et fugue), du faux Tchaikovski (sérénade), du faux Montand (A bicyclette). Et aussi.... du vrai Poulenc: de la tierce à gogo, surtout aux timbales, comme dans Dialogues des Carmélites). Tout ça sonne très bien, on ne s'ennuie pas une seconde. Et puis tant de conviction dans le mouvais goût ne peut qu'emporter l'adhésion. Dans le bis de l'organiste, une sorte de Noël canaillou, ethnique et sautillant, le dosage entre conviction et mauvais goût était moins optimal; j'ai eu du mal à contenir mon hilarité (comme certains musiciens de l'orchestre, je ne vais pas balancer).

- Autant la 3ième de Schumann était terne, autant Daphnis (qui n'est pourtant pas mon Ravel préféré) en version light était réussi (notamment le solo de flûte.... chapeau)

 

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9 mars 2007

Une causerie sur Adi

En gambadant sur youtube à partir du site du centre Schoenberg (une véritable mine), je suis tombé sur cette vidéo.

En regardant le fils Schoenberg, on peut imaginer à quoi aurait ressemblé Schoenberg avec des cheveux (et l'accent yankee).

On y apprend aussi - détail crucial - que Schoenberg était vraiment connu comme le loup blanc dans sa banlieue de Los Angeles..... comme le père de Ronald Schoenberg, le fameux champion de tennis.

7 mars 2007

Schönberg / Buch

Viens de refermer le bouquin d'Esteban Buch sur Schönberg (passionnant et amusant). Je me dépêche de rédiger quelques notes avant de tout oublier.

Le livre fait une histoire de la réception des premières oeuvres de Schoenberg, du concert de la Nuit transfigurée au Skandalkonzert du 31 mars 1913 (un foutoir massif: invectives, gifle, intervention de la police, impossibilité de jouer les Kindertotenlieder, double procès), à partir des comptes-rendus critiques et de la correspondance de Schönberg. Et développe la thèse que c'est la réception catastrophique de ses oeuvres qui a conduit Schönberg à assumer pleinement sa position d'avant-garde en rupture avec la tradition.

Le point nodal a été le scandale de la création de l'opus 10, après lequel Schönberg est passé d'un discours d'intégration à celui de la rupture. Jusque là, Schönberg, qui s'est toujours senti l'héritier des grands musiciens viennois, avait pris la défense de ses oeuvres attaquées en minimisant leur potentiel de rupture et en mettant en avant leur conformité aux canons classiques. Mais les critiques ont été sourds à ce discours et ont fait une fixation sur l'orchestration (les stridences de la Symphonie de chambre - ces acidités pourtant si jouissives !), la densité insupportable de dissonances, l'affaiblissement des fonctions tonales (délicieux mot de Schönberg à ce sujet: "Un accord d'ut majeur est un effet d'orchestre spécial, dont il ne faut pas abuser et qui ne peut être employé qu'avec la plus grande précaution"). Par exemple, il semble qu'à 4'00" du début de la Symphonie de chambre, le public ait perdu pied: je trouve qu'on entend clairement la majeur, mais entre les ponctuations, c'est un peu un no man's land qu'il faut accepter de traverser.

La critique est passée complètement à côté de la forme des oeuvres. Personne n'a compris Pelleas comme une symphonie en quatre mouvements en ré mineur, par exemple (c'est toutefois difficile de jeter la pierre ex post et de savoir comment on aurait entendu cette musique en première audition, sans avoir lu l'analyse de Schoenberg). Personne n'a vu toute la finesse du travail motivique (remarquable au début de Litanei, le 3ième mouvement de l'opus 10, qui reprend des motifs des 1er et des 2ndsmouvements).

Plus qu'à une critique foncièrement conservatrice, Schönberg s'est heurté violemment à une critique plutôt incompétente, modérément progressiste, en accord avec la critique wagnérienne d'un Beckmesser qui s'en tient trop strictement aux règles scolaires, valorisant l'impression par rapport au travail d'exégèse (une critique d'ambiance: Stimmungskritiker), favorable à la dissonance mais pas à trop de dissonance, une critique prête à encenser Reger, Pfitzner, le jeune Strauss. On trouve des traces de cette lutte à mort entre Schönberg et la critique viennoise dans les caricatures du musicien ....et son Pierrot Lunaire, dont Buch lit finement deux numéros, les n°16 (Gemeinheit avec son piccolo qui vrille) et 19 (Sérénade avec son violoncelle lyrique), comme une représentation du conflit entre l'artiste (Pierrot) et le critique (Cassandre)....

 

 

3 mars 2007

(pl)ouf

ils ont signé ! Ce matin 8 heures. Bien sûr ils ont encore huit jours pour changer d'avis, mais je sens que je vais enfin pouvoir faire autre chose de mes week-ends que de débiter à des colonies de mamies à juste titre soupçonneuses des salades pas fraîches du genre mais oui c'est un quartier très calmemais non il ne fait pas trop chaud en étémais oui l'électricité est à peu près aux normes et j'en passe.... Encore deux mois avant de commencer la nouvelle vie (gourou à Lanzarote ? docker à Saint-Nazaire ? gambiste à Utrecht ? voyante à Timisoara ?)

19 février 2007

Deux ou trois choses en passant sur la 39ième de Mozart (en mi bémol)

  • Dans le 1er mouvement de la 39ième de Mozart, pour peu que le chef adopte pour l'allegro un tempo exactement double de celui de l'introduction adagio, la descente des violons à l'introduction

est très exactement identique aux déluges descendants de la partie modulante de l'exposition.....

mais l'effet est radicalement différent, dans un cas c'est une longue levée en suspens (5+3=8), dans le registre piano, en creux entre deux accords pleins et royaux de mi bémol; dans l'autre c'est quelque chose de bien installé, sans ambiguïté, forte, bien inscrit dans une mesure à 3 temps. L'auditeur a l'impression fausse que ce sont deux musiques différentes, que ça va plus vite dans le deuxième cas. Cet effet d'illusion qu'on appelle l'agogique est un des ressorts préférés des classiques, les champions des trompe-l'oeil perceptifs (chez Haydn ici)..... pas totalement un hasard.

  • Autre source d'émerveillement, la variété de cette musique. Prenons en particulier les trois présentations successives de mi bémol. Celle de l'introduction, lente et splendide (cf plus haut), une musique royale à quatre temps, termine dans une incertitude chaotique terrible. Celle du début de l'allegro à trois temps, une conversation en musique, en demi-teinte, est étonnante de simplicité démocratique.

Enfin, après tout cela arrive le thème que tout le monde retient habituellement, forte à trois temps, auquel Beethoven a sans doute pensé en écrivant l'Eroica....

(zou ! dans la radio.)

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12 février 2007

Dieu, Bush, Poutine et Chirac

(via jlf à qui vous pouvez souhaiter de bonnes vacances)

Dieu convoque Bush, Poutine et Chirac et leur dit: J'en ai marre, vous avez foutu le bordel sur la planète: la guerre au Liban, en Irak, en Afghanistan, en Tchétchénie, au Soudan. J'en ai marre, ça suffit maintenant, vous êtes des incapables, ça ne peut pas durer comme cela; je décrète que dans deux mois ce sera la fin du monde".

Bush retourne à Washington, convoque le Congrès et déclare: J'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise: la bonne, c'est que j'ai rencontré Dieu, il existe bien comme on l'a toujours pensé, la mauvaise, c'est que dans deux mois c'est la fin du monde.

Poutine rentre à Moscou, convoque son gouvernement et déclare: J'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise: la bonne, c'est que contrairement à ce que l'on a voulu nous faire croire pendant longtemps, Dieu existe, je l'ai rencontré, et la mauvaise c'est que ce sera la fin du monde dans deux mois.

Chirac de retour à Paris convoque la télévision et déclare : J'ai deux bonnes nouvelles, la première c'est que la France est bien un grand pays comme nous le pensions tous, Dieu m'a convoqué avec Bush et Poutine et j'étais le seul chef d'état européen à participer à cette réunion; la seconde c'est que Sarkozy ne sera jamais Président de la République.

11 février 2007

Amandine Beyer et Pierre Hantai dans Bach aux Billettes

Cinq sonates pour violon et clavier de Bach vendredi soir: un concert dont je suis sorti tout simplement heureux, c'est assez rare pour être mentionné.

Aux Billettes, une simple bougie sur scène, devant le clavecin, projette le crucifix sur la grande croix toute nue. Amandine Beyer et Pierre Hantai arrivent, on se croirait dans un tableau de La Tour. La bougie projette aussi l'ombre de la tête d'Amandine Beyer, énorme, un peu fantastique, sorte de méduse floue, toute en mouvement.

Ce ne sont pas là les seuls doubles de la soirée. Hantai fait sonner un lab, sur lequel s'accorde Amandine Beyer..... Et le programme débute par une sonate que j'entends en lab. Comme décidément il ya beaucoup de cordes à vide en lab, je décide que nous sommes en la, mais dès que ça module un peu, comme un canard sans tête je ne sais plus à quel étage j'erre.

Je suis resté captivé par la technique d'archet d'Amandine Beyer, cette façon de faire vivre les tenues sans que ça vire au chichiteux (comme c'est un peu le cas avec mon enregistrement avec Goebel), cette façon de faire danser la ligne mélodique.... le tout avec une sonorité très pleine, très ronde, très intime (jurant un peu avec le jeu très rentre-dedans de Hantai). C'était aussi simplement tout un spectacle que de voir le beau visage de la violoniste, à la Maria Joao Pires, ses sourires magnifiques quand une note tenue prend son envol, ou son regard malicieux pendant les interventions de Hantai.

Au menu: la la majeur n°2 (avec deux mouvements lents à pleurer); la mi mineur sans numéro BWV1023 (celle en 3 mouvements avec une intrada à bariolages, très virtuose, prise à toute vibure, une vraie émulsion de notes); la sol majeur (n°6), en cinq mouvements dont un où le violon se tait (la plus archaïque). Après l'entracte, la si mineur (n°1, avec un beau mouvement liminaire); et la do mineur (n°4) (sa sicilienne me fait grimper aux rideaux en ululant).

Je mets dans la radio et dans l'ordre du concert, l'allegro de la la majeur (qui donne une envie irrépressible de danser), le 1er mouvement de la mi mineur (baroque et virtuose), le 1er mouvement de la si mineur (avec ses tenues infinies) et le deuxième des mouvements lents de la do mineur.

Merci beaucoup Joël, et bonne fin de séjour en Inde......

 

28 janvier 2007

Les climats, Nuri Bilge Ceylan

Vu les Climats, de Nuri Bilge Ceylan (avec des points sur les i).

Un film magnifique. L'histoire d'un homme mûr (un parfait connard écrit-on à Libé, un jugement de valeur pour le moins inadéquat), d'une jeune femme au regard d'orage dont les pleurs sont difficiles à contenir, d'une femme avec des souliers pointus, plus vulgaire, dont le rire est tout aussi difficile à contenir.

Cela commence très fort à la plage. Elle dégouline de sueur, une vraie scène d'horreur (cf photo); elle rêve qu'il va l'enfouir sous le sable; alors qu'elle se baigne, lui répète comme un adolescent les mots de la rupture; bang, elle est déjà là dans le cadre, la rupture a déjà eu lieu.

Là n'est pas l'essentiel: comme dans Uzak (découvert cette semaine en DVD, une autre splendeur) il se passe toujours des choses cruciales dans le cadre; une abeille qui vrombit, un avion qui décolle, de la neige qui tombe (comme dans une bricole made in Dubai), une noisette à la trajectoire incertaine.....le tout sur une rumeur d'orage qui gronde.

En écho au film, on peut aller faire un tour sur le site de Ceylan et découvrir sa série Turquie en cinémascope, dans laquelle on retrouve non seulement Istanbul mais aussi Aphrodisias et le palais d'Ishakpasa, près du mont Ararat, qu'on voit à la fin du film.....(un autre Symi à découvrir)

24 janvier 2007

Les Contes d'Hoffmann à la Bastille

Vu la générale des contes d'Hoffmann avec I (qui a parfois 24 ans et souvent des bons plans). La production Carsen est bourrée d'idées (la trouvaille visuelle qui accompagne la barcarolle équivoque de l'acte III est un trait de génie) mais parfois raccoleuse (est-il utile d'appauvrir le spectacle en surlignant le coté sexuel des râles suraigus d'Olympia, la poupée mécanique ?).

Un spectacle plus-méta-tu-meurs. L'opéra dont tous les chanteurs brandissent la partition dans les Contes d'Hoffmann, c'est Don Giovanni (à l'affiche aussi à Bastille). Chez Carsen, les quatre tableaux (le prologue/épilogue et les trois actes) interagissent avec des représentations d'opéra....(davantage Garnier ou le TCE que Bastille...); la scène est envahie de faux metteurs en scène, pompiers, figurants et badauds.... Vertige méta redoublé par la proximité du vrai Carsen, tout près, et par le comportement du public de la générale (les pires nous dit une des ouvreuses) qui ressemble étonnamment à cette foule avide du prologue qui vient assaillir le bar.

Dans ce grand métaopéra, un seul personnage échappe au second degré, c'est Hoffmann, magnifiquement porté par Villazon (dont la diction française est mauvaise, mais quel élan, quelle fougue, quelle présence: wow!). J'ai mieux compris pourquoi je n'aime pas les Contes d'Hoffmann: contrairement aux opéras de Wagner ou même aux Troyens de Berlioz, ces Contes ne croient pas, ne croient plus à la magie du grand opéra, présenté comme un bric-à-brac qui mène à la facination morbide, l'aveuglement et la mort. Fin neuneu, Second Empire dans ce qu'il a de pire, c'est par les pleurs que l'on devient grand, ce lieu commun romantique éculé qui est que la création vient de la sublimation de l'échec amoureux .... une morale de bigote vitrifiée.

La musique... les passages les plus emphatiques sont assommants mais je retiens l'invention instrumentale dans plusieurs airs de l'acte d'Antonia (notamment celui de Niklausse); dans le même acte, la belle chanson de la tourterelle, toute simple.... et l'air du concierge sourd qui ne sait ni chanter ni danser, impayable. Et aussi, dans le prologue, la chanson de Kleinzach et le glouglou du début; à l'acte III, la barcarolle, féérique et toc.

21 janvier 2007

Arbatz au café de la Danse


Samedi soir, c'était chanson française, au café de la Danse avec Gilda et le chat.

En première partie, un groupe que je ne connaissais pas, Vis à vies: j'ai trouvé la musique toujours séduisante (les solos de guitare, la voix de la chanteuse, des effets sonores toujours intéressants comme du sable qu'on fait crisser), bien meilleure que les textes, parfois un peu fragiles.

En seconde partie, un chanteur d'un autre calibre, Michel Arbatz dans son nouveau spectacleRetrouver le Sud, alliant des chansons anciennes (le rap de la bipédie de l'album On a marché sur la terre, Lisbonne de l'album Desnos) et nouvelles (le Dodo, Zapotek). Je suis depuis longtemps un grand admirateur d'Arbatz; ses numéros parlés ou rappés, à la fois drôles, délirants et cohérents, me rappellent un peu le Trénet des années 30, ou même le grand Devos (dont il n'a pas la carrure). Ses chansons sont remarquablement mises en musique et servies par une troupe pince-sans-rire. Et sur scène il vaut le détour. Il mérite d'être plus connu ! Pour vous donner envie de l'écouter, j'ajoute dans ma radio Lied deux chansons de On a marché sur la terre, un album sur l'évolution (réalisé avec Yves Coppens; un mélange étonnant de vulgarisation scientifique et de fantaisie débridée).

 

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