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zvezdoliki

1 mai 2006

un peu de verdure...

(c'est le 1er mai, je fais grève du texte et je mets une photo - c'est moi qui l'ai faite, hier - digne d'un calendrier des pététés)

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28 avril 2006

Abbado dans Mahler et Schönberg au Châtelet

 

Hier soir, concert gvgvsso-mbresque : orchestre de luxe et chef de rêve (Gustav Mahler Jugendorchester sous la baguette de Claudio Abbado) dans deux chefs d'oeuvre: le Pelleas de Schoenberg et la 4ième de Mahler. Le GMJO ressemble à un amphi bondé (ça, il en faut du monde pour Pelleas) d'étudiants au look de mannequins d'Armani, excités comme des puces à l'idée de travailler avec Abbado. A la fin des morceaux, ils organisent eux mêmes la claque et à la fin du concert, tout le monde s'embrasse sur scène (ce n'était pourtant pas la fin de session). Dans lePelléas (très loin de Debussy, une colossale forme sonate en ré mineur), formation monumentale mais écriture transparente, chambriste ; Abbado impressionne par sa capacité à faire ressortir les lignes secondaires. La 4ième de Mahler (qui n'est pas ma préférée) a gagné d'un coup 10 points à mon Argus personnel, notamment le 1er mouvement, géré avec des superbes pianissimi, d'où émergeaient des éclats de son avec un relief et un humo(u)r incroyables. Magnifique violon solo dans le deuxième mouvement, devant jongler avec un deuxième instrument désaccordé d'un ton, qui pendait au pupitre comme un jambon dans un museo del jamon madrilène (photo). A part ça, les pianissimi du mouvement lent étaient moins beaux que ceux du premier et je n'ai pas trop aimé la chanteuse (pourtant très expressive). Abbado a eu l'air ravi de ses poulains, il y a de quoi.

(heu, au fond, pourquoi n'ai-je pas directement écrit une ode au jambon ?)

Add : Laurent y était aussi.

 

27 avril 2006

Messe en si, Joël Suhubiette à Saint-Roch

Un monument de lumière et de joie fervente. Rien de moins ! Ce doit être la deuxième fois que j'entends la messe en si en concert mais c'est la première fois que je rentre vraiment dedans. C'est une musique à laquelle j'ai besoin de me préparer pour ne pas être perdu, car c'est très long et l'équilibre des grandes masses de la liturgie y est passablement différent de celui des grandes messes du XIXième siècle (par exemple, l'Agnus est expédié fissa : c'est perturbant).

Grands moments d'écoute hier :

  • Dans le Kyrie, le Kyrie I (immense choeur, figurations en croix avec demi-ton descendant puis demi-ton ascendant);
  • Dans le Gloria, le Laudamus Te (hier, avec une merveilleuse soprano solo accompagnée par des solos de cordes); le Qui Tollis avec son voyage harmonique; le Cum Sancto Spirito (pris à toute vibure, sans déraillement: jubilation pure !).
  • Dans le Credo, mon grand moment est la passacaille dolente du Crucifixus. J'avais lu chez Cantagrel des choses fascinantes sur la symétrie interne du Credo, en 3X3 parties, centré justement sur le Crucifixus (n°5), avec en n°3 et en n°7 un air orné, et en n°1-2 et n°8-9 deux choeurs ; c'est vrai, mais la confrontation explosive du Crucifixus et du Resurrexit change un peu la perception (impression de réexposition au n°6).
  • A la fin, le Sanctus et les Osanna (jubilation) et le Dona Nobis Pacem qui reprend la musique du Gratias dans le Gloria (conclusion étonnante par ce choeur un peu sévère, montée graduée vers le ciel).

Un choeur magnifique (Les Eléments, de Toulouse + l'ensemble Moderne de Tours), qui "tient" vraiment toute la messe (épaté par les cinq ténors, notamment !). Suhubiette va souvent très vite (beaucoup plus que Harnoncourt que j'écoute au disque), et ils relèvent magnifiquement le défi.

Et aussi : enfin rencontré en vrai Enn (qui m'a abordé de façon très rigolote) ; et aussi giov qui chante aux Eléments (qu'impressionné j'ai vouvoyé). F. et E. (sur un nuage et déjà un peu à l'Ouest) ont rencontré Philippe. Tous les non-blogueurs sont allés vaquer à des occupations légitimes tandis que les blogueurs présents, eux, (PhilippeEnn' et Martinlothar (hé oui petit farf ! j'ai rencontré un de tes lecteurs)) sont allés siffler une bière. La conclusion d'une journée, qui, pour moi et à de nombreux titres, était à marquer d'une pierre blanche.

Add : des bouts de la version Harnoncourt dans la radio.

27 avril 2006

Chez Momo à Montfort

L'autre jour, visite de la maison de Ravel, à Montfort l'Amaury, avec F+E.

Côté pile :

Côté vue (la première des raisons de l'achat de cette "bicoque" en 1921):

Pour avoir une petite idée de l'intérieur : voir ici.

J'ai trop usé de superlatifs ces derniers temps pour être crédible, mais c'est une visite qu'il faut absolument faire. Tout est encore intact, on a l'impression d'être en visite chez Ravel. Ravel collectionneur : partout, des bibelots (l'oiseau mécanique, le chat chinois, le jack-in-the-box primitif qui tire la langue). Ravel bricoleur : les fausses colonnes peintes au pochoir et à l'envers, le salon devenu symétrique avec le faux placard pour les restes. Ravel, ses cravates et ses pochettes : la moquette en damier noir et blanc assortie au papier peint à rayures. Ravel le compositeur : le cabinet de travail, le saint des saints, avec une petite table, un grand Erard de concert et un piano muet ("pour Marguerite Long") (plus les bibelots).

Et surtout, de partout dans la maison, cette vue magnifique sur ces gradations de verts, ceux de la forêt de Rambouillet et de la vallée de Montfort.

26 avril 2006

Almodovar Exhibition

Vu l'Almodovar Exhibition à la Cinémathèque rue de Bercy. Une expo confortable, intime et chaleureuse. A côté des collages de Dis Berlin ou des accessoires impossibles de Kika, on peut se vautrer dans des canapés pour écouter le maestro nous parler et pour voir des extraits de films.

Des séquences improbables comme cette pub de Qu'est ce que j'ai fait... dans laquelle Cecilia Roth se souviendra éternellement d'un café inoubliable, le show-kermesse de Paredes devant une assemblée de nonnes dans Entre tinieblas, un court hilarant de 1985 (- Tu m'as trop fait confiance ! - Fausse blonde !) et aussi des moments de pure magie comme le chant intime de Veloso dans Habla con ella, sur un très grand écran courbe, troublant.

PAREDES pEDRO Y MAMA VOLVER

Tout cela donne une envie furieuse de voir Volver !

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24 avril 2006

Les Grecs, de Jean-Marie Besset

Vu la dernière pièce de Jean-Marie Bessetles Grecs. Beaucoup plus réussi et percutant que Rue de Babylone, le dernier opus en date. Besset dit que c'est sa pièce la plus rock'n roll ; c'est vrai. Le texte est comme toujours brillant ; drôle, très souvent. Les acteurs sont parfaits, surtout Basler et Portal. Sans rentrer dans les détails, c'est une pièce à deux couples (Marianne Basler + Jean-Michel Portal, d'une part, Xavier Gallais+ Salim Kechiouche d'autre part, avec quelques complications), un samedi soir tard puis un dimanche matin tôt. Les Grecs, ce sont Basler et Gallais, qui se connaissent depuis l'adolescence. Ils forment un couple impossible, laissent au besoin sur le côté les deux pièces rapportées. Cee sont deux intellectuels déjantés au verbe haut et à la référence homérique : ils s'identifient davantage aux Grecs, ces empêcheurs de tourner en rond, qu'aux Troyens, les tenants assiégés des valeurs traditionnelles.

Cela écrit (je persiste à penser que la pièce mérite un ample succès et j'ai déjà écrit de nombreuses fois ici à quel point Besset m'a marqué), je dois avouer une certaine gêne. Il me semble que Besset est mieux dans l'analyse du désir que dans l'analyse sociologique. J'ai trouvé caricatural le personnage du jeune algérien possessif et sentimental (je dois écrire que *** n'est pas d'accord et aussi qu'il a plus d'expérience que moi en la matière). Le théâtre de Besset me semble de plus en plus écrit pour des bourgeois intello-branchés qui ont réussi, avec la morgue qui va avec (quel besoin a l'auteur d'infliger au public que le personnage de Basler est une normalienne ? à un public qui rit à un douteux "je vous prends tous les deux au tennis"). J'ai de moins en moins l'impression de me dire en voyant une pièce de Besset: "c'est moi, c'est nous, c'est untel" (alors qu'il y a mettons dix ans nous avions, en groupe, l'impression forte, grisante, de nous reconnaître). C'est moi qui change ou c'est Besset ?

24 avril 2006

les Dichterliebe de Fassbaender

L'autre jour, je vois ceci à la FNAC

Quelle n'est pas ma stupéfaction quand je me rends compte que ce CD reprend l'essentiel d'un des rares disques dont je sois réellement tombé amoureux, et qui bien entendu n'a jamais été réédité depuis 20-25 ans. Je m'en souviens parfaitement, c'était un 45 tours que j'ai dû emprunter avant 1985 à la discothèque municipale à Nancy, à l'époque où elle était encore dans les combles de la mythique Bibliothèque municipale.

J'ai du mal à me souvenir de la façon dont j'ai entendu, adolescent, ce disque, mais je me souviens d'un triple choc : la découverte des Dichterliebe, de l'univers du lied plus généralement, et enfin de la voix de Fassbaender. Dichterliebe, c'est la quintessence de l'oeuvre vocale de Schumann, une oeuvre très dispersée sur le plan émotionnel (comme Carnaval ou l'Humoresque) un cycle plus dense et plus varié que l'amour et la vie d'une femme. L'ironie cruelle de Heine combinée au sens du non-dit de Schumann (les postludes du n°16 évidemment mais aussi du n°10 ou du n°6) permettent l'exploration de toutes les nuances du dépit amoureux, de la catatonie à l'insulte en passant par le sarcasme.

Je pense que ce cycle convient particulièrement à Fassbaender. Dans cet enregistrement de 1983, elle est au mieux de sa forme vocale, avec la variété de timbres qui la caractérise (du velours au métal, en restant à la lisière de la fêlure), une diction à la fois intelligible et hallucinée. Fassbaender est aussi l'une des grandes mezzos à s'être appropriée tout le répertoire des lieder pour voix d'hommes : elle va jusqu'aux quatre chants sérieux (pour basse !) de Brahms. Cette longue intimité avec ce répertoire provient sans doute d'abord des leçons de son père. Le remplacement de l'homme par la femme dans le lied romantique est bien plus troublant que l'usage du travesti dans l'opéra baroque, à mon sens : il accroît la distance entre la chanteuse et l'objet de son chant. Je ne suis pas sûr qu'elle aimerait cette description, mais il me semble que Fassbaender a incarné de façon convaincante, que ce soit au lied à l'opéra - je pense à Geschwitz ou Brangäne - le dépit amoureux poussé jusqu'au métaphysique, l'amour monstre, passez moi l'expression, transgenre...

L'appropriation par une voix de femme du répertoire masculin est féconde mais ne va pas sans problèmes. Là où les chanteurs passent en force (ils sont tous à trompetter dans Im Rhein, im heiligen Strome, par exemple), Fassabender pallie le manque de puissance dans les graves par un tempo lent. Le tempo lent donne quelque chose de très étrange dans le n°1, le mois de mai où "alle Knospen sprangen" ; quelque chose comme une méduse qui se déploie, des volutes un peu lourdes d'une fumée capiteuse : elle fait planer le drame là où il n'est pas encore dans le texte. Ou bien dans le n°4, première manifestation d'ironie amère dans le texte (Doch wenn du sprichst: ich liebe dich! So muß ich weinen bitterlich, pris très lent, dans un silence sépulcral). Ou enfin dans le n°15, quand on comprend, moment déchirant, que la bacchanale quasiment satanique du début du lied n'était qu'un rêve, que du rien (Zerfließt's wie eitel Schaum).

J'aime aussi cette façon hallucinée qu'elle a de faire sonner la langue allemande (son schauern und beben, dans le n°5; l'incroyable série de verbes du n°9 (ein Klingen und Dröhnen, ein Pauken und ein Schalmei'n et puis après schluchzen und stöhnen), ou encore dans le n°3 cette façon qu'elle a de rebondir sur Taube. Un des sommets du cycle reste pour moi le n°13(Ich hab' im Traume geweinet) où elle est terrifiante de douleur rentrée.

Je mets dans une nouvelle radio Lied tout le cycle, pour que vous puissiez juger sur pièces. J'ai vidé ma radioblog canal historiquede tout ce qui allait du lied à la mélodie en passant par la chanson française, hors opéra et musique religieuse (il y en a pour tous les goûts...je viens de réécouter Annie Anna de Trenet, où Bratislava rime avec refaire ma vie).

 

21 avril 2006

Moni Arkadi

Je mets en ligne des photos d'une des visites qui m'a le plus marqué en Crète, celle de Moni Arkadi, un des grands monastères de l'île, construit par les Vénitiens en 1538, un haut lieu de la résistance contre les Turcs (en 1866, les 900 assiégés ont préféré y faire sauter leur dépôt de munitions plutôt que de se rendre). L'endroit est maintenant très calme mais reste très impressionnant, avec un petit côté Far West- c'est un lieu clos par des murailles, sur un haut plateau auquel on accède par des routes de montagne qui tortillent sévère. Une très vieille femme m'a demandé si nous étions allemands, son visage s'est éclairé quand j'ai dit que non. L'endroit le plus vivant était comme souvent l'église : un jeune moine était en train d'allumer les bougies (avec ce système de poulies caractéristique) et il y avait un grand affairement près de l'iconostase. Le reste du monastère, vide, était comme une gigantesque volière.

20 avril 2006

Un camion en réparation, d'Arnaud Simon

Emballé par ce moyen métrage (43') - un boy meets boy frais, drôle, pas mièvre. L'histoire d'un jeune chat qui sort de sa cage pour sauter littéralement sur un plus vieux matou qui ne veut pas abandonner son indépendance. Le film démarre sur l'image d'un vieux chat (pas métaphorique) qui sort très mollement de sa cage ; la mère dit : "oh il va encore me saloper mon canapé", le fils répond: "bah...c'est un chat". On prend bien l'air (ça se passe dans l'Aisne, l'été), et on sirote beaucoup avec Edith Scob, ce qui est toujours plaisant.

Un camion en réparation est distribué après Etoile violette, un autre moyen métrage avec des idées et pas mal d'artifice (moins bien que les films d'Eugene Green dont semble se réclamer la réalisatrice).

20 avril 2006

La passagère, d'Andrzej Munk

Enfin vu ce film qu'une belle note de JS, il y a deux ans, m'avait donné envie de voir (c'est un des charmes de ce mois de vacances que de pouvoir aller à l'Accatone le mercredi à 16h50). C'est l'histoire d'une allemande qui, après la guerre, sur un paquebot, croise une détenue qui était sous ses ordres à Auschwitz et qu'elle a essayé de protéger. Munk est mort avant la fin du tournage et n'a tourné que deux longues séquences pendant lesquelles l'ancienne SS raconte à son mari ses relations avec cette femme ; la première fois, en se donnant le beau rôle, la deuxième fois en retrouvant comment elle a essayé à la fois de mater et d'utiliser cette détenue. Le film a été complété après la mort de Munk avec des photogrammes de scènes sur le paquebot commentés par une voix off. Le film fonctionne très bien comme cela, les camps étant la matière du film et les scènes de paquebot ayant l'irréalité d'un roman photo.

Amour et résistance : le film de Munk renvoie davantage à la grande tradition romantique polonaise qu'aux films plus récents sur la Shoah. Un moment fort est une scène de concert de l'orchestre des détenus (un mouvement lent de concerto de Bach, troué de bruits de trains) : pendant que la hiérarchie, connaisseuse, goûte la musique, la détenue polonaise et son petit ami parviennent discrètement à se rapprocher. Dans une autre scène très dure, la détenue polonaise doit lire devant tout le commando une lettre d'amour qui vient d'être découverte - et on se doute que c'est elle qui l'a écrit. Même s'il décrit une unité "protégée" (chargée de collecter les effets personnels des victimes), le film n'évite pas la question de la solution finale, comme en atteste cette scène où la détenue observe le moment de faiblesse de la kapo qui observe un SS verser des cristaux de gaz dans le haut d'une chambre à gaz. La voie est étroite pour évoquer la Shoah, j'ai trouvé la vision de Munk un peu datée même si le film - enfin, le dispositif qui résulte de l'inachèvement du film - est passionnant.

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