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zvezdoliki

21 décembre 2005

Diane Arbus: Revelations (au V&A)

Vu l'expo Arbus au V&A. Une collection de monstres: déplaisant et impressionnant.

I want to photograph the considerable ceremonies of our present because we tend while living here and now to perceive only what is random and barren and formless about it. While we regret that the present is not like the past and despair of its ever becoming the future, its innumerable inscrutable habits lie in wait for their meaning.... These are our symptoms and our monuments. I want simply to save them, for what is ceremonious and curious and commonplace will be legendary.

(je recopie car c'est beau comme du méta-blog)

papa maman et le petit prince

La visite que je faire à mes parents dès demain, une cérémonie considérable de notre présent ?

 

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20 décembre 2005

Le petit lieutenant, de Xavier Beauvois

  • Lui, le petit lieutenant (Jalil Lespert), la lèvre rose et l'enthousiasme idéaliste, frais émoulu de Cannes-Ecluse, va se fracasser sur le mur du réel ; elle, la femme de 40-50 ans (Nathalie Baye), qui s'est déjà fracassée sur le mur du réel, a peur de revivre cela. Le film démarre autour de lui, puis se décentre insensiblement sur elle : il est un révélateur de son histoire à elle.

il est bourré velu

  • la circulation de l'alcool et du shit. La scène de fumette sur le canal saint-Martin. Elle lui propose un pétard (elle est son supérieur hiérarchique) ; ils le fument semble, lui étourdi, elle amusée. Un type passe, leur demande une taffe ; le petit lieutenant lui passe le pétard, l'autre remercie et leur dit de faire attention, car l'endroit est plein de keufs. Silence éloquent.
  • Un film de familles. Au générique final: les enfants de Beauvois, ceux de Zem, le frère de Lespert. Et puis Jacques Perrin, en fantôme du passé.
  • Complètement palpitant, et tous publics. Même moi, je n'ai pas eu peur ; et pourtant, j'avais peur d'avoir peur.
  • C'est bien vrai, ça, que c'est difficile de rester deux heures sans crier Jalil féconde moi !.....(viamatoo). Discussion passionnante chez (...)-(...), plus... critique, quoi....

14 décembre 2005

Boris au Châtelet, dans la version de l'opéra Mariinski

 

  • Mardi au Châtelet, Boris Godounov. Dans la première version de Moussorgski : plus courte quecelle vue en mai à Bastille, aussi resserrée que l'Or du Rhin, sans entr'acte. Elaguée de l'acte polonais (qui de toutes façons ne sert à rien), et avec une scène d'épouvante de moins pour Boris (la première) - et aussi beaucoup moins de sixtes majeures et de cloches. L'opéra clôt sur la mort de Boris et pas la scène de l'idiot, une fin anesthésiée à la Wozzeck que je regrette.
  • En plus des grands moments habituels (le sacre avec les cloches et l'angoisse au coeur; la mort de Boris; la scène de l'idiot), surtout sensible cette fois encore à la scène du monastère. Dans cette production, un décor unique est installé avec le sacre de Boris, un décor qui disparaîtra avec le tsar, figurant aussi bien le palais que le monastère du vieux chroniqueur et de l'imposteur. De ce fait, on est tenté de voir en Boris et Grigori des jumeaux, les seuls à être vraiment hantés par le destin du tsarévitch assassiné, à vouloir habiter à l'ombre de ces tours oniriques et sous la menace de cette lampe/mamelle/méduse (venue de On connaît la chanson ? qui finira par subir un court-circuit provoqué par un pizz de contrebasse, ffffortissimo). D'ailleurs, les tsars finissent moines (c'est Pimène qui le dit) et l'histoire de Grigori montre que la transformation inverse est possible. Le vêtement du sacre de Boris, une cage (dans lequel celui-ci meurt et qu'il partage avec un autre enfermé, l'idiot), Chouiski finira par la destiner à Grigori....
  • Dans cette scène du monastère le fil rouge des violoncelles

c'est vraiment Pelléas, non ?:

(j'étais bien content d'avoir retrouvé la trace de ce passage, d'autant qu'en entendant mardi soir la scène du monastère, je me suis dit à cet endroit-là: mais c'est bien sûr, c'est Pelléas ! mais où ? A la réécoute je ne suis plus si sûr : chez Debussy le tempo est beaucoup plus agité)

  • La Lituanie: la contre-Russie, l'empire du Mal. Une vraie litanie: 1) Chouiski a gagné autrefois la bataille de Lituanie, 2) le contre tsar file vers la Lituanie, 3) Boris conseille à son héritier de se méfier de la Lituanie,....
  • Au chapitre des bizarreries de cette représentation, des décors et costumes souvent laids (les impers en plastique transparent permettent bien de faire patouille patouille dans la bassine pour la chanson du canard, mais sinon...). Un Boris jeune, plutôt good-looking, qui vient saluer comme une rock star, sûr de ses effets (du coup...méfiance). Direction très spectaculaire de Gergiev (lui aussi une star), qui prend la chanson de Kazan à un train d'enfer et pousse l'orchestre au bord de la sortie de route (il n'y a pas qu'aux amateurs que cela arrive...)
11 décembre 2005

de la musique de vieux


C'est fou ce qu'une remarque stupide peut vous pourrir la vie. Depuis que *** a dit, mi-sur le ton de la boutade, mi-sérieux, que Schumann c'était de la musique de vieux, et bien même si je la trouve stupide cette remarque, le ver est dans le fruit. J'en rêve la nuit, je rumine dans le métro, au cinéma, etc... je retourne le problème sous tous ces angles. Voici le résultat de mes ruminations (une sorte de baygon anti-"Schumann c'est de la musique de vieux" qui devrait enfin m'apporter la libération):

  1. j'aime Schumann depuis longtemps,
  2. ça ne me dérange pas d'avoir des goûts de vieux;
  3. ce que j'aime chez Schumann (les sautes d'humeurs, l'énergie, le côté obessionnel, les voix intérieures, les absences, le surmoi vieil-allemand, la révérence à Beethoven) n'est ni jeune ni vieux.

C'est bon là ?

 

4 décembre 2005

accusé de réception

 

génie

Cargaison bien reçue. Stop. N'a pas mis mille et une nuits mais quand même un mois et demi. Stop. Le génie est resté sagement dans la bouteille tout le long du voyage mais s'est échappé de la boîte aux lettres, pile poil au moment de la livraison. Stop. M'a demandé le mot magique, et je suis resté collé : c'était bien Trivandrum, n'est-ce pas ?

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2 décembre 2005

Le temps qui reste, de François Ozon

  • On pleure beaucoup et on n'est pas gentil du tout, dans le dernier Ozon. Pas même Jeanne Moreau, qui après une visite pleine d'émotions laissera crever seul comme un chien son petit-fils. "T'es comme moi, tu vas mourir".

poupaudmoreau

poupaudphoto

  • Bruni-Tedeschi, cheveux courts, gourdasse et rêveuse comme McLaine chez Minnelli (c'est Ozonqui le dit), susurre gênée Jalil Melvil féconde moi ! Pourquoi Poupaud finit-il par revenir ?
  • Une scène magnifiquement juste avec le père dans la voiture (oublions la mère, une punaise, classique).

poupaudduval

  • Le sourire parfois mauvais de Poupaud. Pas étonnant que tant de pédéblogueurs détestent....Aux antipodes de ce jeune homme dans un chef d'oeuvre de Rohmer:

poupaudrohmer

  • A la fin, beau coucher de soleil à Crozon (= croix+ Ozon ?). Moins au second degré que celui de 5x2 (qui, paraît-il n'était pas à prendre au second degré). Malgré la musique (à chier), pour moi, c'est le plus beau film d'Ozon. En tous cas l'un des plus sincères.

1 décembre 2005

Lachenmann en héritier inattendu....

En écoutant un disque Lachenmann, je tombe sur Kinderspiel qui me rappelle irrésistiblementMikrokosmos dont je parlais l'autre jour: des pièces courtes et faciles pour le piano, centrées sur une idée simple, technique et poétique tout ensemble ....

Un Lachenmann inattendu, accessible (1981) et intéressant. Plus ça va, plus j'ai du mal à le situer, ce lascar....Goût de la citation, de la musique populaire, mais sans second degré ; radicalité mais qui ne craint pas d'explorer des quintes et des intervalles consonants ; bruitisme sans hédonisme ni glorification à la française du matériau. Mon appétit pour ce Protée (beau portrait ici) croît !

Dans la radio, j'ajoute les pièces suivantes (c'est moi qui traduis, pas taper):

  1. Hänschen klein : (ging allein in die weite Welt hinein, faut-il répondre) une comptine populaire en pas de vis vers le grave, avec un jeu sur le flou (pédale) et le piqué.
  2. Falscher Chinese (ein wenig besoffen) un faux chinois un peu gris ! et qui a bien du mal à quitter le milieu du piano....
  3. Filter-Schaukel : une bascule de filtres (si je ne m'abuse): une pièce longue qui rappelle les sphynges de Schumann, cette musique indicible. Concrètement, le pianiste joue des clusters et ce sont des harmoniques différentes qui résonnent après, en écho et à bascule.....de plus en plus lente. Une pièce très simple et très mystérieuse....
  4. Glockenturm (clocher): encore une étude de résonance entre le très grave (qui monte), le très aigu (très mat) et les registres médians ....le mieux c'est d'écouter.

22 novembre 2005

Debussy et la musique contemporaine

Chose promise, chose due, retour aux fondamentaux. Je recopie ici des extraits d'une interview de Debussy en 1914, "une appréciation de la musique contemporaine" (extrait de Monsieur Croche, que je découvre). C'est une saine incitation à se taire quand on parle de musique et c'est truffé de remarques pertinentes. Bien sûr j'aurais pu choisir un éreintement de la Tétralogie, il y en a toutes les deux pages (le pauvre ! il les a vraiment toutes vues....). Mais vous m'accorderez que cela ne cadre pas avec Ma-Ligne-Editoriale-Eclectique-Et-Néanmoins-Cohérente. On ne retrouvera donc pas ici le style féroce du carnetier des concerts du répertoire, est-ce vraiment un mal ?


********************

Je ne prétends pas faire de la "critique" mais donner, simplement et franchement, mes impressions. Dans la critique le sentiment personnel joue un rôle beaucoup trop grand et souvent tout ce qui est écrit ou dit peut se résumer à: "vous avez tort parce qu'il se trouve que je pense différemment" ou l'inverse. Ce qu'il faut faire, c'est découvrir les principales impulsions qui ont donné naissance aux oeuvres d'art et le principe vivant qui les constitue. (...)

Je ne suis pas beaucoup l'actualité. Il arrive un moment dans la vie où l'on veut se concentrer et maintenant je me suis fait une règle d'entendre aussi peu de musique que possible.

Prenez par exemple, Schönberg. Je n'ai jamais entendu aucune de ses oeuvres. Mon intérêt étant suscité par ce que l'on écrit sur lui, j'ai décidé de lire de lui un quatuor, mais je n'ai pas encore réussi à le faire.

Un point que je veux souligner, c'est que je considère comme un crime de juger prématurément. L'habitude d'autrefois, qui consistait à permettre aux artistes de mûrir en paix et de ne pas leur prêter attention jusqu'à ce que leur art se soit pleinement affirmé, je la considère beaucoup plus saine que celle d'aujourd'hui. C'est imprudent de déranger de jeunes artistes en en faisant des sujets de discussions souvent superficielles et partiales. La hâte fébrile que l'on met à discuter, à disséquer et à classer est une maladie de notre temps. A peine un compositeur a-t-il fait son apparition que l'on commence à lui consacrer des articles ; on se jette sur ses oeuvres et on leur applique d'ambitieuses définitions.

J'estime, par exemple, que, aussi tentant que cela peut l'être, le moment n'est pas venu de juger les jeunes hongrois tels que Bartok et Kodaly. Tous deux sont deux jeunes artistes extrêmement intéressants et pleins de mérites, qui cherchent passionnément leur voie, il n'y a aucun doute. Ils sont à peu près sûrs de la trouver. Et l'une des caractéristiques importantes de leur musique est l'évidente affinité entre leur esprit et celui de la musique française moderne. Mais je n'en dirai pas plus.

Igor Stravinsky offre un autre excellent exemple d'un jeune artiste doué d'une vive et ardente curiosité. Il est bon pour de jeunes artistes d'être ouverts et d'aller chercher leur voie dans toutes les directions, mais je pense qu'il s'assagira en temps voulu. Il est le seul des jeunes russes avec lequel je sois en relations. (...)

Pourquoi parler de l'opéra italien moderne ? Cela serait lui attribuer une importance dont il est absolument dépourvu. La majeure partie du public se délecte dans la vulgarité et le clinquant, et s'est de tout temps complu dans le mauvais goût. Les Italiens, bien conscients de ce que veut le public, comblent ces voeux. Je ne pense pas que leur influence soit nuisible, car chaque artiste compose les oeuvres qu'il était prédestiné à écrire. Si quelqu'un est attiré par le médiocre, la réalité le révèle lui-même médiocre et nous pouvons supposer que de toute manière il ne pourrait dépasser la médiocrité.(...)

20 novembre 2005

Deszö Ranki au Théâtre de la Ville


Un programme de rêve, comme toujours avec Ranki. Je me suis replongé dans les partitions (ça tombe bien, j'avais tout en stock)

  • La sonate en do majeur n° 58 (H 48) de Haydn(1789). Deux mouvements: un lent puis un rapide.

le premier: une musique à la fois impériale (c'est un 3/4, grandiose)...et brindezingue, comme souvent le dernier Haydn. Formellement, c'est un thème avec 3 variations et une coda. Le thème fait 2 fois 26 mesures=10*2+(7+9)*2 (pour mémoire: l'opus 109 ou l'opus 111= (8+8)*2, tout bêtement) (comment ça ? ça ne s'entend pas ? mais bien sûr que si ça s'entend !!!! il s'est amusé, le père Haydn, avec cette délicate asymétrie). Les variations (j'ai vérifié): 1 mineur, 1 majeur, 1 mineur modulante et foutraque (11+12 mesures et pas 26) et une coda qui reprend la dernière séquence, seule, (9 mesures) puis un sublime bonus. D'un point de vue perceptif, je m'y suis un peu perdu à l'écoute car le thème est très long, troué de silences (très beaux avec Ranki) ; par ailleurs, son coeur (les 7 mesures du début de la deuxième mi-temps) est en mineur, tout comme deux des variations (hiérarchie enchevêtrée, on dit ailleurs ?), ce qui fait qu'on ne sait plus si on est dans une variation en mineur ou dans le centre de la variation en majeur. Tout le mouvement peut être aussi vu comme un grand damier oulipien où Haydn dose des intensités (distribution des forte et des piano jamais au même endroit !), et des frivolités (groupes-fusée en gerbe d'eau, rythme pointé à la française; on ne peut se repérer que par le schéma harmonique). La forme sonate est là, c'est fatal; mais c'est le thème lui-même qui en est une (et gravement moniste: tout est issu de la première mesure....) La fin est d'une élégance incroyable (cette façon de prendre congé sur la pointe des pieds...).

Le finale: c'est une joie sans nuages, débridée. Mon passage favori: ces marches qui se courent l'une après l'autre, à une seconde d'intervalle. Total brindezingue.

  • Les Davidsbündlertänze de Schumann: du très grand R Sch. Un kaléidoscope d'humeurs. Florestan et Eusebius (la phrase dolente en si mineur, qui n'arrive pas à décoller). Un sublime postlude.
  • Les Valses nobles et sentimentales de Ravel: je n'aime pas beaucoup, sauf la fin: une pédale de sol, avec des réminiscences: on se débarrasse enfin de la quincaillerie de la valse. Ouf: enfin seuls.
  • Des extraits du 5ième cahier des Mikrokosmos, de Bartok. Chef d'oeuvre absolu. Bartok=Klee: un univers poétique créé avec trois bouts de ficelle ; l'esprit de l'enfance retrouvé. Amusant de voir comment les notations techniques et poétiques peuvent s'intervertir. Canotage est une étude sur les quartes; Quartes sonne comme une petite pièce percussive (les quartes sont dans des accords, on ne les entend pas (ricanement)) ;Changement de mesures s'entend comme une étude avec des couleurs primaires intenses.
  • La sonate de Bartok: une excellente façon de terminer dans l'hystérie un beau concert. Le premier mouvement est irrésistible ; mais c'est sur le deuxième (très dissonant et déceptif - qui aime à prendre l'auditeur à rebrousse-poil) que j'ai eu la révélation cette fois-ci. Je ferai une note dessus.

En bis Ranki a joué le Doctor Gradus ad Parnassum à toute vibure - délicate attention pour les mamies du Théâtre de la Ville, qui, bien que plus branchouille que celles du TCE, ont aussi des voitures au parking et des dindes au four. En papotant avec l'ami blad à la sortie, j'ai découvert qu'on prononçait geek guique (et non pas comme la JIC). Dingue.

(MAJ: en lien les billets de bladsurb et de Concertonet)

****************

J'ajoute dans la radio la sonate de Bartok, et un assortiment de Mikrokosmos joués par le compositeur en personne (beaucoup moins bien que Ranki) ; aux pièces déjà citées j'ajoute De l'île de Bali (un de meschiffres) et Syncopes. Par ailleurs je mets dans la radio-Haydn, pour la réveiller, les deux mouvements de la sonate dont vous avez le topoguide ci-dessus.

 

18 novembre 2005

Celle-là, personne ne me l'avait encore faite

MonCollègueX -Et tu sais ce que Bidule dit de Truc ? hein ? (avec un gloussement enthousiaste et un pétillement dans l'oeil gauche)

Moi - .....mmmmh.....

MonCollègueX - Qu'il a gardé son nom de jeune fille

Moi (sombrant dans une inexpressivité calculée, thermostat -45°C)- .....mmmmh.....

MonCollègueX (accablé mais toujours pétillant) - Tu comprends pas ?

Moi (restant stoïquement sur -45°C et concentrant tout mon venin dans un regard NOIR)- .....A vrai dire....Non.

MonCollègueX (pouffant de rire) - ...Qu'il est de la jaquette....

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