concert Kagel à la Cité de la musique
Vu avec F. (merci toi) un concert Kagel, mercredi à la Cité de la musique, dans une salle vide comme j'en ai rarement vues à Paris (et encore, manifestement largement remplie avec des invitations....). Kagel, c'était presque une découverte pour moi. Trois oeuvres au programme: - Doppelsextett, une oeuvre assez grise, pour 2 violons, 2 violoncelles, 2 contrebasses et l'équivalent chez les bois (ie, sans alto ni clarinette, pas très schumannien, ça, Monsieur Kagel) - Finale, une oeuvre écrite par Kagel pour ses 50 ans. Elle met en scène (entre autres) une crise cardiaque du chef. C'est gentil, sans plus, mais orchestré de façon séduisante, avec cuivres et percussions. - Le morceau de résistance, c'était ...., den 24.XII.1931 , Nouvelles tronquées pour baryton et instruments (quatuor à cordes + piano+ percussions inventives et pléthoriques: presque tout le sous-sol du BHV.... et un peu du 1er étage aussi). Kagel a repris des extraits de journaux allemands du jour de sa naissance, à Buenos Aires, comme support au texte chanté par le baryton. L'ensemble tient remarquablement le choc: c'est à la fois drôle, poétique, puissant et d'une belle cohérence souterraine. Des idées de bricoleur de génie, qui passent bien, citons, en vrac au début de la pièce, un métronome qui démarre (normal pour une naissance), plus loin, un container d'objets qui tombe pour figurer l'effondrement du toit de la bibliothèque Vaticane. A la fois le sujet de la dernière pièce (sur la transmission par courant électrique du signal des cloches à Noël, de Palestine à New York puis à Buenos Aires) et l'orchestration du très délicat et magique numéro 4 (une marche de Mahler cotonneuse, les instrumentistes chuchotant des "chhh" tout en jouant des harmoniques...sublime) inspiré par cette ahurissante annonce publicitaire: Der Nationalsozialist raucht nur : Parole ! Sechs Pfennig. Mild und aromatisch. (Le national-socialiste fume uniquement : Parole ! Six sous. Léger et aromatique). m'ont rappelé ce moment de grâce absolue chez Britten, sur: J'ai tendu des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse (que je colle dans la radio, et hop; c'est Pears qui chante et Britten à la baguette)