samedi 29 octobre 2011
Lulu à la Bastille
(vendredi soir à Bastille)
Avec Lulu, j'ai toujours parfois une impression de noyade dans un univers complexe et labyrinthique, mais j'avais lu Jameux avant, ce qui m'a permis de me repérer un peu mieux que la dernière fois (en 2003, déjà la même et excellente mise en scène).
Ce que je n'entends toujours pas:
- les séries: c'est trop long 12 notes; j'entends Lulu quand c'est une gavotte (un affect néo-classique décrivant la moquerie contre le mariage), pas quand c'est une série; pas repéré Alwa non plus, ni Schön; la conclusion s'impose, ma vie - enfin, hein, la vie de mon oreille - est un échec affreux;
- les palindromes: dans le magnifique interlude du 2ième acte: pas repéré le centre, le lieu où ça rembobine; il est vrai que ça va si vite.
Ce que j'entends et je repère bien:
- les grands râles mahlériens (Schön et Jack l'éventreur, forcément);
- la monoritmica (pam.... pam....papam, ça c'est perceptible, une séquence de quatre signes, ça va) qui sert pour la mort du peintre ET la scène avec le nègre (logique); que l'on retrouve avec les nein de Lulu, au moment fatal, et à l'extrême fin;
- la chanson misérabiliste de Wedekind (les variations de l'interlude de l'acte III et un thème qui figure la prostitution, comme dans la scène avec l'aigrefin à Paris). (un thème de complexité zéro, ouf)
- les quintes de Geschwitz (qui ne sonnent pas du tout comme du Berg, c'est très bizarre)
Ce que j'ai compris (réel soulagement):
- Ce n'est pas la peine de se mettre martel en tête à chercher à repérer les grandes formes. Il y a bien une grande arche qui traverse tout l'opéra, mais elle n'est pas stricte (par exemple, le troisième acte n'est pas la rétrogradation du premier; si Schön est le troisième mari, Jack est aussi le troisième client). La forme sonate est truffée de petites formes qui sont comme des bulles qui ne durent pas mais caractérisent un moment du texte de la pièce. Il y a l'hétérogénéité, la vie propre de la pièce de théâtre et ce qui est vraiment important, que soulignent la musique et les grandes formes (la lutte entre Lulu vs Schön, par exemple).
Très belle mise en scène (une arène, des gradins de théâtre au fond, des échelles par lesquelles communiquent ces deux mondes). Deux grandes réussites: la scène ou Lulu se débarrasse de la fiancée de Schön (avec ces lettres qui se multiplient) correspond finement à celle de la mort de Lulu (tuée par une multitude d'hommes à chapeaux).
En bref, encore deux ou trois fois à réessayer et ce devrait être bon; je finirai par l'aimer, cet opéra.
jeudi 27 octobre 2011
Mahler Berg au Châtelet
Crépuscule du cycle Mahler/ ONF/Gatti, avec le concerto de Berg et Le chant de la terre de Mahler, sur un fond de scène orangé et lumineux. Dans les deux cas, les solistes impressionnent plus que l'orchestre. Frank Peter Zimmermann m'a plus passionné que Gidon Kremer dans le concerto de Berg, avec un jeu athlétique et contrasté. Beau moment Hameln: Zimmermann a soudainement reculé au niveau de ses collègues violons du rang et on a vraiment eu l'impression qu'il les emmenait un par un vers une issue que l'on pressent fatale (chair de poule). Content d'avoir pu enfin entendre Lemieux (aphone ce jour-là), chanteuse subtile et raffinée, magnifique dans Abschied. Découverte des sous-titres grâce à mon voisin au moment pile où tout signifiait le printemps (gazouillis de flûtes en rut et enthousiasme suspect du ténor). Un grand merci à Laurent.
mardi 5 avril 2011
les Pražák aux Bouffes du Nord
Programme pas vraiment sortant des sentiers battus mais solide et copieux: l'opus 3 de Berg; Ainsi la nuit, de Dutilleux et le 15ième quatuor en la opus 132 de Beethoven. Et puis j'étais curieux d'écouter les Pražák en concert, que je n'avais jamais entendus autrement que dans un disque Schönberg que je n'aime pas beaucoup (à cause d'eux, je précise).
Impression mitigée, à vrai dire. Leur Berg m'a paru terne, pas vraiment engagé (la formule finale, par exemple, sans fougue....). Le Dutilleux, en revanche, a été superbe de bout en bout (joueur, rigolo, un festival d'intelligence). Dans le Beethoven, après un premier mouvement poussif, de très bons moments dans le menuet; et puis le chant de reconnaissance joué de façon très inhabituellement allante, ce qui a pour mérite de ne pas s'enliser sur la fin du mouvement (qui reprend une force qu'il n'a parfois plus). En somme, en forçant le trait, j'ai l'impression qu'ils sont meilleurs dans les pièces de genre ou les types d'écriture homogène que dans les discours un peu complexes. Et j'ai préféré le violoncelliste (placé au centre du dispositif) au nouveau premier violon (malgré ses qualités).
A l'entr'acte, j'ai eu la bonne surprise et le grand plaisir de tomber sur S. que je n'avais pas revu depuis le Grand Schisme (en fait, pas vraiment surprenant sachant sa passion pour Dutilleux) et son ami O (aux Bouffes du Nord, le fond de la scène est rouge, camarade).
samedi 2 avril 2011
Berg/ Wagner à Pleyel
(mercredi soir)
* Berg, 3 pièces opus 6. Ma première (Präludium) est une forme en arche (en avant, arche) de création du monde (le bruit, le rythme puis les hauteurs déterminées et quelque chose qui resssemble à une série, tous événements que l'on retrouvera énoncés en sens inverse à la fin de la pièce, le coeur serré car tout fout le camp mon bon monsieur). Ma seconde (Reigen) ressemble à un scherzo symphonique. Ma dernière (Marsch) est un gros bousin dont je comprends qu'il ferait rêver certains d'une petite pièce de Couperin, mais vaut qu'on surmonte ses réticences, surtout en concert (c'est Boulez qui dit qu'il faut ne pas hésiter à ne pas jouer les dynamiques écrites, un alto solo ayant du mal à passer sous huit cuivres). Bousin à accumulation donc, que l'on arrive à purger par trois interventions de marteau (trois séances de kiné à prescire pour le pauvre percussioniste qui passe du gong au marteau), la première parvenant imparfaitement à calmer le jeu, et la dernière coupant net un discours encore prêt à s'emballer.
* Wagner: Tristan, acte II. Le genre de musique narcotique/ chairdepoulesque dont je ne me lasserai jamais (même si l'orchestre a un peu couvert les voix des chanteurs). On préfère oublier le texte (variations sur "perfide jour/ favorable obscurité") et se concentrer sur les grandes plages de musique. Mention spéciale au solo de Brangäne (peut-être ce que je préfère dans tout Wagner) et à la déploration du roi Marke (clarinette basse et cordes graves).
(Add: réécouté le bousin partition en main; un peu du mal à tourner les pages, à certains moments, mais voir où est la Hauptstimme permet de comprendre un peu mieux le texte. Comme les moments annonçant Wozzeck (tout l'orchestre en train de monter - III, mesure 162). Je me demande (sans trop comprendre) pourquoi le thème (II, mesure 105) qui cristallise la fin de Reigen (et que l'on entend aussi renversé comme une crème):

revient à la fin de la marche, juste déclenché par le premier marteau après le Höhepunkt (III, mesure 126):
)
jeudi 10 mars 2011
Beethoven Berg à Pleyel
Beethoven: Ouverture de la Consécration de la maison. Commence par des portes qui claquent. On entendra aussi un solo redoutable de basson, une fugue aérobique et beaucoup de nounous qui valsent. Pas exactement la quiétude d'une petite maison perdue dans la forêt viennoise.
Berg: concerto à la mémoire d'un ange. Magnifiques deux mouvements extrêmes. Le premier mouvement débute et finit par des cycles de quinte qui rappellent à tout violoniste ce par quoi tout commence. Je n'avais jamais repéré que dans le dernier mouvement, le soliste entraînait sans une grande ligne lyrique et dangereuse les violons un par un, comme le joueur de flûte de la fable. La coda du dernier mouvement est une succession serrée d'événements extraordinaires: 1/ l'appel du trombone en gamme par tons ramène, glacial, 2/ le choral aux bois sous un solo de grosse caisse, souterrain, terrible; 3 / choral qui, tombant vers le graves, est transmis aux cuivres pendant que 4/ les cordes montent une échelle aboutissant sur le sol suraigü du violon solo alors que 5/ les vents allument en désordre dispersé un accord étagé, dans une belle lumière chaude, 6/ laissant conclure violons 1 et contrebasse avec les quintes à vide (ou pas).
Beethoven: 4ième symphonie, en si bémol majeur. Une des plus joyeuses, une des plus roboratives. Beethoven nous y fait au moins deux fois le coup de la carpette en peau de tigre. A la fin du second mouvement, le beau thème, que l'on avait vu parader accompagné d'un rythme pointé tout en muscles, est dénervé, aplati et séparé en deux: ce sont d'abord les vents (page 13) qui en exposent la ligne seule, pianissimo, raplapla; puis, plus loin, les timbales se chargent du rythme pointé, aussi pianissimo et à découvert. Après chaque aplatissement en carpette, la nature reprend le dessus. Ce sont quelques volutes des vents qui se chargent de réveiller ce qu'il reste du tigre, suscitant un crescendo formidable et un rugissement fatal.... Même topo à la fin du finale (11 dernières mesures), mais là cela ressemble davantage à une blague à la Haydn: le thème de mouvement perpétuel est soudain ânnonné aux violons semblant en découvrir les difficultés.... et hop, un petit coup de toboggan et la symphonie est terminée (et pitié, qu'on ne me parle plus des conclusions poussives des symphonies de Beethoven!)
mardi 13 mai 2008
Ce soir c'était le concert d'adieux des Berg à Paris. Merci pour tout! merci! merci!
Haydn: opus 77 n°1 en sol majeur. Somptueux second mouvement avec un thème hymnique; mi bémol majeur, forme sonate. En plein dans le développement, le discours s'interrompt sur un do long. Suit le thème en ré bémol, sur des marches harmoniques qui remettent le discours en marche. C'est très étonnant. Scherzo fou fou fou avec le 1er violon qui gamberge dans le suraigu. Finale rythmique, solaire et dansant. Haydn énonce trois fois le thème dans une harmonisation et une texture différentes.
Berg: quatuor opus 3. Deux mouvements, l'un assez lent, l'autre plus rapide. Grande intégration: on retrouve la tête de thème rapide à 6 notes partout. Grande variété de modes de jeu. Autant le premier mouvement est en demi-teinte, autant le second baigne dans une atmosphère de catastrophe. Suis largué dans l'analyse formelle (il faudra jeter un oeil à la partition).
Beethoven: opus 132 en la mineur. 1er mouvement: la cellule de l'"introduction" (un demi-ton ascendant, un demi-descendant), on l'entend partout dans le mouvement. L'exposition va de la mineur à fa majeur, le développement passe beaucoup de temps en mi mineur puis en do majeur (avec le "deuxième thème", au point que je finis - erreur fatale ! - par croire que nous sommes déjà dans la réexposition); la réexposition va de la en la, avec une grande âpreté et une étonnante intensification du discours, de plus en plus dramatique (il faut bien marteler dans la tête des mal comprenants -comme moi - que c'est un quatuor en la mineur). Deuxième mouvement en la majeur: petits jeux rythmiques qui donnent le mal de mer (à la Haydn), puis musette bien stable pour retrouver les vraies valeurs (et des temps forts bien marqués). Le troisième mouvement est le sublime chant de reconnaissance en mode lydien (ça finit sur un fa et il n'y a rien à la clé); c'est à pleurer. Les Berg alternent savamment son blanc et vibrato serré. Après un sas de décompression un peu opératique (marche puis récitatif), on revient à une couleur plus tendue dans le très beau finale en la mineur, localement plein de cris et de dissonances. Qui finit dans un la majeur d'adolescent amoureux, avec le violoncelle qui perd la tête à chanter ces notes éperdues en clé de sol (est-ce raisonnable ? non, pas du tout)
C'étaient les adieux des Berg à Paris. J'ai passé mon année d'armée - en 1987 - à écouter leur enregistrement des quatuors de Bartok, qui venait de sortir; c'est aussi par eux que j'ai découvert les quatuors de Mozart et de Beethoven, au disque. Je les beaucoup vus au concert à Paris. Au début, j'ai eu la ferme intention de voir tous leurs concerts, mais je dois bien avouer que cela faisait longtemps que je ne les avais pas vus (au moins 4 ans et demi si j'en crois ce blog; je n'avais jamais vu Isabel Charisius). C'est un quatuor que j'ai beaucoup aimé (maintenant je préfère peut-être les Borodine)... le son, le vibrato... cette souplesse dans le discours (il n'ya que Pichler pour anticiper les temps faibles à ce point....n'importe quel élève de conservatoire se ferait taper les doigts s'il jouait comme cela) ... leur sens du répertoire (que du nourrissant! et un quatuor du XXième siècle par concert, c'était dans le cahier des charges de la la veuve). Ils ont su partir au mieux de leur forme.
jeudi 10 avril 2008
Wozzeck à la Bastille
Le spectacle insupportable de l'humiliation d'un homme à tout faire. D'abord, la pression sociale dans toute son horreur. Dans le décor unique de Marthaler, pas d'intimité, on rentre et on sort comme dans un moulin, tout est common knowledge, vu et su par tout le monde, enfants compris; on y voit même un pianiste, qu'on n'a pas remarqué entrer et qui joue après la fin de l'acte I, pendant la pause, l'accord final du 1er acte - que l'on réentendra à la toute fin de l'opéra -, et qui se se fait littéralement renverser par cette brute de Tambour Major, à la fin de l'acte II. C'est la pression sociale, et aussi l'oppression des classes dites supérieures, ce capitaine qui trouve que Wozzeck est trop agité et n'a pas de morale, ce docteur qui reproche à Wozzeck de pisser dans la rue (tiens, la partition dit tousser - qu'il me soit permis de tousser -). Tout cela est désagréable mais laisse plutôt froid.
Cela change avec plusieurs scènes graduellement insupportables; celle du cageot (les insinuations vicieuses du docteur), la scène du bal (où Marie s'exhibe avec son bellâtre) puis la scène de la caserne (où le bellâtre anéantit Wozzeck - littéralement il lui pompe l'air, lui qui se permet de sifflotter la rengaine du Und meine Seele stinkt nach Branntewein).
Au dernier acte, le plateau est déserté pour le dernier face à face. Marthaler fait de la scène du meurtre (celle du rite, celle du si, La note) une scène d'amour, douce et solennelle (deux longs baisers pour un adieu à une bouche rouge). Après l'onde hurlante, la scène du rythme unique frappe par sa construction; un apparent désordre (les rythmes superposés, à des tempi différents), pendant lequel Wozzeck s'agite seul avec Margret, prélude à une mise en accusation implacable (une montée du rythme sur un tempo unique), avec le choeur qui boucle la scène comme un cordon sanitaire. Dans la dernière scène, les gamins, comme sur des bancs de classe, hurlent leur texte en allemand (qu'on ne peut s'empêcher de qualifier de scolaire); l'effet se veut terrifiant mais il est un peu raté.
On sort étourdi de ce très grand moment. Magnifiques prestations de Denoke et de Keenlyside. On va prolonger l'émotion en se replongeant dans la partition et dans le Jouve/Fano (un des meilleurs livres de musique jamais écrits).
samedi 1 mars 2008
Berg Webern Fuchs Zimmermann à la Cité de la Musique
Une place gratuite pour concert après avoir gagné en jouant à la Roue de la fortune à un quizz deMusicaréaction (ah! ce que je suis fort).
Première partie école de Vienne: les 6 pièces de l'opus 6 de Webern (ah ça, on n'est jamais déçu; de la belle ouvrage; m'en vais réécouter la 3, qui m'a tapé dans l'oreille; la 4 est une grande musique funèbre, qui part de rien et finit en climax). Ensuite, trois extraits de Wozzeck, pour soprano et orchestre. Le premier est centré sur Marie à sa fenêtre à l'acte I, ça se coupe brutalement avant l'arrivée de Wozzeck (la transition, dans l'opéra, est remplacée ici par une demi-cadence qui interrompt bizarrement le flux). La deuxième scène est la première scène de l'acte III où Marie lit des extraits de la Bible: l'invention sur un thème, la cérémonie dont parlent Jouve et Fano. La dernière scène commence à la fin de la scène de la noyade, inclut l'interlude en ré mineur puis la toute dernière scène de l'opéra. C'est Angela Denoke qui chante l'enfant dans cette scène (et elle qui a magnifiquement chanté Marie dans les deux premiers extraits, elle trouve le moyen de rater les "hop hop" de la fin - je ne peux m'empêcher d'en rire, c'est mal, je sais, et alors).
Deuxième partie picturale: l'oeuvre de Fuchs (Blue Poles) s'inspire de Pollock (et on comprend assez vite le principe: des tenues flûtées avec au-dessus des figures hystériques) et m'a laissé assez froid. En revanche, celle de Zimmermann, Photoptosis, qui s'inspire des bleus de Klein, m'a laissé pantois. Pour un orchestre monstrueux (ce soir, l'orchestre du conservatoire - au moins quatre ou cinq promos, sans doute - plus l'EIC), avec beaucoup de cuivres, notamment une trompette basse (jamais vu ça)... La fin de l'oeuvre voit se succéder divers camaïeux de vacarmes, tous subtilement différents (dont l'un avec des youhous apocalyptiques des cuivres, comme un veau qu'on égorge). Au milieu, après un nombre fini de coups de timbales (16 ? 24 ? je n'ai pas compté), toute une série de citations, puisqu'il s'agit d'un prélude (sous entendu: à un festival). J'ai repéré la IXième de Beethoven et l'Oiseau de Feu, what else? En tous cas les sociétaires de la caisse d'épargne de Gelsenkirchen, qui ont commandé l'oeuvre en 1968 pour fêter son centenaire, n'ont pas dû être déçus du voyage. Tout ce déferlement de puissance au service du cochonnet tout rose en majesté de la Ruhr. La finance allemande a bien décliné depuis, où est donc passé l'or du Rhin .....
A part ça, la minute pipole: croisé S. (à qui j'ai fini par refiler le bébé la partie de piano des sonates de RSch), bladsurb et Hélène Delavault (qui a une voix de stentor, je confirme).
mercredi 5 décembre 2007
BWB (et un peu BHV aussi)
A Pleyel ce soir: Berg (2 fois), Webern (2 fois) et Boulez (une fois).
Berg: deux fois les mouvements 2,3 et 4 de la Suite lyrique, d'abord en quatuor, puis en orchestre à cordes; même expérience avec Webern et les cinq pièces de l'opus 5 de (la révélation de la soirée: une musique joueuse et concentrée). Dans les deux cas, plus emballé par les versions quatuor que par l'orchestre à cordes.... (les modes de jeu passent mal, on perd en précision et en impact)
Après l'entr'acte (où j'ai aperçu un dieu allemand barbu). Trois improvisations sur Mallarmé de Boulez. Beaucoup de monde sur scène, notamment des percussions, une mandoline et une guitare bien désaccordées, cinq harpes, une soprano incompréhensible. C'était long (de plus en plus long ! les petites japonaises qui ont fui après le premier mouvement ont finement joué) et particulièrement casse bonbon.
Add: en attendant bladsurb, des compte-rendus plus substantiels chez guillaume et palpatine (que je n'ai pas vu)
lundi 1 octobre 2007
Goernelieder à Garnier
Hier soir à Garnier. Un concert moins excentrique qu'on ne l'avait espéré sachant que Pierre-Laurent Aimard en est le programmateur (il avait été question du Livre des jardins suspendus de Schoenberg). On retrouve avec émotion le grand le mieux-que-plantigrade le félin l'immense Goerne, avec au menu:
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un peu de Berg: l'adagio palindrome du concerto de chambre puis les lieder de l'opus 2, qu'on entend rarement. Le fil directeur des quatre poèmes est le sommeil, qui devient la mort dans le poème final, vers lequel converge tout le cycle, sorte d'opéra miniature, un mini Erwartung. Le premier lied est aussi très beau, avec un postlude au piano pour liquider les oscillations de la berceuse du début, que l'on retrouvera d'ailleurs à la toute fin de l'opéra miniature, après unStirb ! définitif. Le tout est très court, cinq-six minutes, pas davantage.
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beaucoup de Schumann: l'opus 35 (les Kerner-Lieder) et l'amour et la vie d'une femme. Dans ce dernier cycle, Goerne prend très lentement le premier texte, l'étirant jusqu'à la rupture. Mais j'ai été surtout impressionné par l'opus 35. Par son n°2, tout simple, strophique, l'histoire d'une fille qui a une crise mystique dans une cathédrale sous l'oeil effaré d'un garçon qui en est amoureux; dans les deux derniers refrains, le chanteur interprète successivement la fille (qui supplie qu'on la fasse nonne), avec une voix aigüe et extatique (miraculeux Goerne), et l'amoureux déçu avec une voix grave redescendue sur terre (et peut-être plus bas que terre). Et surtout par l'incroyable triade qui clôt le cycle. Stille Tränen, le grand théâtre des émotions, à la Ich grollle nicht, est suivi de deux lieder reprenant exactement la même musique, un peu décalée, blanche, au-delà des affects. C'est la fin du cycle, qui n'avance plus, le chanteur attend qu'un ange le réveille; le public fond, évidemment.
Vivement le prochain concert de la série (Moussorgsky Messiaen).
Quelques illustrations sonores dans la radio Lied.