dimanche 4 avril 2010

RER, de Besset au théâtre de la Tempête

C'est de l'histoire de Marie-Léonie L., mais aussi de Tawana Brawley, dont Besset se souvient avec cette pièce. Une pièce qui ressemble finalement assez peu au film de Téchiné: la jeune fabulatrice de Besset est franchement timbrée (elle se voit à l'Eden Roc avec un couple d'amis anglais, un certain Charles et une certaine Camilla) et sa mère (Andrea Ferreol herself) est plus gratinée que l'était Deneuve chez Téchiné (si c'est possible). Ce qui est réussi, c'est le jeu sur les apparences (cette Juive qui ne l'est pas, cet ingénieur français qui fait l'éloge de l'exportation des platanes) et le fil rouge des contingences (ce qui arrive et ce que l'on attend). Il y a des facilités dans cette pièce (les petites tirades complaisantes contre le parking de la MC 93, le couplet attendu sur les littéraires et les scientifiques....) qui est moins personnelle que l'opus précédent mais globalement, ça fonctionne bien, et c'est un très bon moment de théâtre (avec son complément obligé, important pour titiller l'imaginaire, ligne 1 jusqu'au  terminus puis navette à travers les bois pour la Cartoucherie)

R

Posté par zvezdo à 12:23 - spectacles - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :

samedi 12 décembre 2009

Au secours! les Bienveillantes attaquent

(Aïe! je suis victime d'une attaque brutale de didiergouxisme)

Il y a un point commun à deux pétitions qui ont circulé ces derniers jours - ici et ici - sur des sujets qui n'ont rien à voir, une combinaison curieuse d'enflure, d'arrogance morale et d'indigence intellectuelle. 

Indigence intellectuelle quand on préfère pontifier sur des généralités (les humanités, c'est bon pour la santé, comme les carottes et la piscine et puis ça rend intelligent, alors que les maths et la physique ça abrutit) plutôt que débattre du détail d'une réforme qui se traduira par une augmentation des heures de cours d'histoire géographie en première. C'en est au point qu'on se dit que c'est sans doute mieux, effectivement de réduire les heures de cours de cette discipline si ses thuriféraires en sont à ce niveau là.

Même processus à l'oeuvre contre Besset: on avoue ne pas comprendre en quoi la nomination de quelqu'un d'aussi intéressant que lui (pourquoi personne ne lui a jamais proposé un tel poste? ça me dépasse) au poste de directeur d'un théâtre public à Montpellier ferait rompre "les digues" "établies sous Malraux" (sans doute contre le faSSisme) ou serait un viol intolérable de la Blanche Mystique du Théâtre Public. On en est à un tel niveau de délire et de pose ! Pauvre Besset. Dites-le franchement, vous ne l'aimez pas parce qu'il est pédé ET bourgeois (oh! ce que c'est sale) et qu'il veut travailler avec son mec. 

Posté par zvezdo à 16:21 - Commentaires [4] - Permalien [#]
Tags :

dimanche 21 septembre 2008

Perthus de Jean-Marie Besset


Au Rond Point.

Deux garçons de 17 ans et leurs deux mères, dans les années 70.

Perthus: le lieu de la frontière, celle entre l'enfance et l'âge adulte, l'endroit où l'amitié devient l'amour, une frontière qu'est prêt à passer l'un des garçons, pas l'autre. Au fond, c'est -encore ! - une adaptation de la princesse de Clèves, mais les nombreuses références qui parcourent le film fonctionnent, elles - et se font écho, comme dans un concert. Scènes de la vie de province: c'est une comédie, avec deux gros insectes possessifs et un peu (un peu seulement) masculins. L'une des mères (celle jouée par Jean-Paul Muel) est un personnage touchant et tragique, qui se rebelle finalement quand son fils est en danger. L'autre mère (Alain Marcel), pétrie d'ambition pour le fruit de ses entrailles et tremblant de peur que son chef d'oeuvre éducatif ne doive aller au rebut pour malfaçon, est un personnage plus directement comique.

Après quelques demi-déceptions (ses dernières pièces étaient un peu trop sociologisantes à mon goût), je retrouve avec enthousiasme et à l'état brut ce que j'aime avant tout chez Besset (que j'aime décidément beaucoup)- ce mélange troublant et précieux d'humour caustique et de roseaux sauvages. Et j'attends de pied ferme la fille du RER.

Posté par zvezdo à 22:41 - spectacles - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :

jeudi 2 novembre 2006

Un cheval, de Jean-Marie Besset


Vu Un cheval, de Jean-Marie Besset. Une réussite complète ! qui donne envie de tout miser sur ses prochaines pièces. Un Besset qui s'est ressourcé dans ce qui pourrait apparaître comme une pièce moins ambitieuse que les précédentes. Mais que j'ai trouvée plus percutante, avec plus d'humour, de tonus et de folie. C'est l'histoire d'un type qui n'arrive pas à arrêter de bloguer jouer..... avec quelques complications conjugales. La pièce est magnifiquement interprétée par Besset en personne (dévoré par le jeu et plus dilaté que l'on ne l'avait jamais vu), son ami Desvéaux (qui est aussi le metteur en scène), Camille Japy qui joue l'épouse de Besset, Eric Théobald (un taxi d'anthologie) et Mickaël Gaspar qui joue aussi bien une gamine de 14 ans qu'un turfiste acharné.

Posté par zvezdo à 22:43 - spectacles - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :

lundi 24 avril 2006

Les Grecs, de Jean-Marie Besset


Vu la dernière pièce de Jean-Marie Besset, les Grecs. Beaucoup plus réussi et percutant que Rue de Babylone, le dernier opus en date. Besset dit que c'est sa pièce la plus rock'n roll ; c'est vrai. Le texte est comme toujours brillant ; drôle, très souvent. Les acteurs sont parfaits, surtout Basler et Portal. Sans rentrer dans les détails, c'est une pièce à deux couples (Marianne Basler + Jean-Michel Portal, d'une part, Xavier Gallais+ Salim Kechiouche d'autre part, avec quelques complications), un samedi soir tard puis un dimanche matin tôt. Les Grecs, ce sont Basler et Gallais, qui se connaissent depuis l'adolescence. Ils forment un couple impossible, laissent au besoin sur le côté les deux pièces rapportées. Cee sont deux intellectuels déjantés au verbe haut et à la référence homérique : ils s'identifient davantage aux Grecs, ces empêcheurs de tourner en rond, qu'aux Troyens, les tenants assiégés des valeurs traditionnelles.

Cela écrit (je persiste à penser que la pièce mérite un ample succès et j'ai déjà écrit de nombreuses fois ici à quel point Besset m'a marqué), je dois avouer une certaine gêne. Il me semble que Besset est mieux dans l'analyse du désir que dans l'analyse sociologique. J'ai trouvé caricatural le personnage du jeune algérien possessif et sentimental (je dois écrire que *** n'est pas d'accord et aussi qu'il a plus d'expérience que moi en la matière). Le théâtre de Besset me semble de plus en plus écrit pour des bourgeois intello-branchés qui ont réussi, avec la morgue qui va avec (quel besoin a l'auteur d'infliger au public que le personnage de Basler est une normalienne ? à un public qui rit à un douteux "je vous prends tous les deux au tennis"). J'ai de moins en moins l'impression de me dire en voyant une pièce de Besset: "c'est moi, c'est nous, c'est untel" (alors qu'il y a mettons dix ans nous avions, en groupe, l'impression forte, grisante, de nous reconnaître). C'est moi qui change ou c'est Besset ?

Posté par zvezdo à 22:43 - spectacles - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :

dimanche 12 septembre 2004

Rue de Babylone de Jean-Marie Besset

Besset, saint patron de ce blog (la citation obscure en épigraphe, c'est lui !), est depuis longtemps un auteur dont j'essaie de ne manquer aucune pièce. Son dernier opus, Rue de Babylone, met en scène le patron d'un journal "social" et un SDF, dans le hall d'entrée de l'immeuble bourgeois où habite le patron de presse. Ce face-à-face hésite entre plusieurs pistes, avec une conclusion un peu improbable. On peut y voir successivement la culpabilité des nantis face aux SDF (où ressort l'habituel côté catho- ancien de Ginette de Besset), un conflit de cultures qui est vite désamorcé vu que ce SDF-là est quand même un brin atypique (il connaît le loup et le chien), la rivalité de deux hommes qui se flairent et se jaugent, et enfin une intrigue plus policière et boulevardière centrée autour d'un tiers absent. L'assemblage de tous ces éléments n'est pas vraiment convaincant. Il reste des bons moments de Besset, les répliques mordantes, l'humour un peu caustique, et un jeu d'acteur étonnant, celui de Robert Plagnol, grand danseur de tango et SDF de grande classe.....Pour la chronique mondaine, je crois ne pas me tromper en écrivant que Besset était samedi soir dans la salle à côté de André Téchiné. 

Posté par zvezdo à 22:44 - spectacles - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :