dimanche 9 juin 2019

Artemis/ Brahms

Lundi, c'était le concert d'adieux/renouveau des Artemis, qui perdent deux membres (Anthea Kreston et Eckart Runge) et en regagnent deux (Suyoen Kim et Harriet Krijgh). Concert plein d'émotions, au programme le 1er sextuor de Brahms, un arrangement sextuor de la sonate opus 1 de Berg (torride mais pas très convaincant) et le quatuor de Smetana.

C'est le Brahms qui m'a tapé dans l'oreille et en particulier le 1er mouvement, un 3/4 en si bémol majeur, remarquable par ses très longues pédales. Déjà dans l'exposition, on a 30 mesures (sur 140) de pédale de dominante (sur do). Sur un rythme à trois temps, une impression de circularité et de statisme que Brahms déjoue par un long crescendo decrescendo.... qui se calme et aboutit à la reprise (obligatoire) de l'exposition. A la réexposition, même ronronnement /syle fleuri / montée-détente de l'excitation sur 30 mesures, sauf que après quelques mesures de reprise du thème en trio à cordes, la pédale reprend de plus belle (un fa sans concession tenu au violoncelle) sur 20 mesures supplémentaires, et ce n'est qu'à l'extrême fin du mouvement que la cadence a lieu. C'est vraiment ce qui s'appelle faire durer le plaisir....

Johannes Brahms String Sextet in B flat major Op.18, Amadeus Q

 

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samedi 17 décembre 2016

c'était très bien cette exposition Beethoven #NOT

....mais il manquait mes deux tombeaux préférés de Beethoven (enfin, là où j'aime bien me balader, le dimanche):

1- cette séquence en la bémol majeur dans le 1er mouvement du concerto de Schumann (ici à 4'35''). Dialogue piano/ clarinette, dans une tonalité éloignée, calme. Bien sûr, c'est le thème de choral de hautbois du début (en la mineur) qui revient masqué; mais c'est surtout la sublime citation de l'air de Florestan (à 2'03'' ci-dessous). Ce moment suspendu, cette bulle euphorique, c'est la cellule de prison où Florestan/ Robert (aux cheveux artistement mal lavés, ci-dessous) va être sauvé par Clara/ clarinette/ Leonore. 

 

2- le finale de l'opus 60 de Brahms (à 24' ci-dessous). Citation presque encore littérale de Beethoven, du fameux sol-sol-sol-mib. C'est le violon qui fait les notes (sol-mib) et le piano le rythme - qui est très reconnaissable et va chauffer le discours, jusqu'à 24'59''- où la cellule rythmique envahit tout. C'est le ferment de la 5ième de Beethoven, mais c'est du aussi du très très grand Brahms.

 

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samedi 23 janvier 2016

Biennale 2016

Trop peu de quatuors (les quatuors avec piano, ça ne compte pas):

Lundi: Arditti (à V2 hipster)/ Manoury (Fragmenti) et Jerusulem (à alto en brun quand les autres sont en gris, la sécession menacerait-elle?)/ Chostakovitch 12 et Beethoven op 18 n°1. Fragmenti pas mal, comme du Kurtag ou des bagatelles, une succession de pages à idée unique. Beaucoup aimé le pas de vis de l'Accelerando (varié par des modes de jeu, avec toujours un instrument qui reprend un tempo plus lent). Chosta 12: celui avec un mouvement lent initial et les 3 mouvements suivants compactés (six jours plus tard, j'ai encore la rengaine du scherzo dans la tête; inquiétude: et si c'était une juste une musique vulgaire et dépressive?). Beethoven 1: ils prennent l'idée initiale en poussant (bonne idée), comme si c'était une question. Joie parfaite du finale, musique magnifique.

Jeudi: Artemis/ Bach-Piazzola (en trio à cordes), Schumann op 47 et Brahms op 60. Concert dédié à la mémoire de Friedemann Weigele. La période deuil touche à sa fin puisque le quatuor a annoncé le recrutement d'un V2. Perception un peu spéciale dans la mesure où le souvenir d'avoir joué le Schumann (avec déséquilibres cachés et écriture lacunaire dans le mouvement lent, et une jubilation un peu académique dans le finale) et le Brahms est encore tout frais.

Vendredi: musique française avec Batiashvili, Braley et G Capuçon. Je me sens comme un koala apeuré tellement ma voisine a l'air malade et sent l'eucalyptus. Retenons le trio de Ravel (le pantoum fait plaisir à voir) et, de Dutilleux, les strophes sur le nom de Sacher et Ainsi la Nuit, cet immense chef d'oeuvre. 

Dimanche: je me demande pourquoi j'ai pris ce billet, c'est Schubert 15 (ça va bien 5 minutes) et Chostakovitch 15 (un valium puis une balle dans la tête). On verra bien demain. 

MAJ du lendemain: très beau Schubert, tout de même (même si j'ai mieux cerné ce qui me déplaît: la virtuosité, le caractère non-démocratique de ces longues lignes mélodiques - qui ne sont déjà plus dans l'esthétique classique; ce qui m'a plu: les dos bécarre qui font tout chavirer dans le 2ième mouvement et le scherzo, âpre, avec des notes piquées mémorables. Quant au 15ième de Chostakovitch, même structure générale que le 12; mouvement lent initial (avec un thème paléolithique de 3 notes et un rythme dactyle.....), scherzo et marche funèbre bien kitsch (avec une série de 12 sons grimaçante - parce que - et une valse déteinte), et réminiscence de ces joyeux moments dans le finale. Note pour moi: éviter les derniers quatuors de Chostakovitch.

 

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dimanche 1 juin 2014

Suite de l'éphéméride

* Dimanche: Dissonances à la Cité Philharmonie 2: Dutilleux (Ainsi la nuit et surtout Mystère de l'instant, magistral). La 1ère de Brahms, jouée très vite et très vert, à la Beethoven. On a l'occasion de vérifier (puisque c'est tout frais) que le mouvement lent en mi est dans le même rapport avec le 1er mouvement en ut mineur que dans le 3ième concerto de Beethoven. Dans le finale, Grimal et sa bande marquent beaucoup les contrastes de tempi (le choral un peu lent, le animato très vite, et le piu allegro final foudroyant, une joie délirante, cosmique, toute beethovenienne)

*Lundi: l'inloupable quatuor Jerusalem aux Bouffes: opus 76 n°4 de Haydn, opus 18 n°3  de Beethoven, 3ième quatuor opus 73 de Chostakovitch. Le Chostakovitch est un gros machin à programme en lien avec la Grande Guerre Patriotique, 1er mouvement néo-classique un peu ironique, 3ième mouvement motorique et spectaculaire, emplissant tout l'espace des Bouffes du Nord, 4ième mouvement en Requiem avec plainte à l'alto. Le Beethoven ne m'a pas fait forte impression, en revanche le Haydn.... J'avais bien en tête le 1er mouvement ("lever de soleil") mais c'est le mouvement lent qui m'a semblé génial. Rosen le voit en forme sonate mouvement lent en 2 parties, avec réexposition en mineur à 36 (une pratique déjà désuète écrit-il), Vignal le voit en 3 parties (la seconde commençant à 36 et la réexposition à 52). On ne va pas prendre parti, même si on a tendance à entendre deux grandes parties, l'une allant de mib à sib, l'autre allant de mibmineur à mi bémol majeur. Chaque partie est marquée par une accélération des rythmes: d'abord, des noires planantes, puis une pulsation en croches, puis la dentelle des sextolets. L'essentiel, c'est ce que Haydn tire de son thème à cinq notes (enroulement/décollage, chromatisme/diatonisme). La fin est génialissime avec le chromatisme au violoncelle qui vient porter une ombre à l'apaisement final.

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samedi 2 novembre 2013

Résumé des épisodes précédents

* Pierrot Lunaire à l'Athénée, en français (on ne comprend pas beaucoup mieux le texte), chanté par un homme (Damien Bigourdan). Mise en scène très explicite... (ça, on voit bien les Riesenfalter et le Mondfleck). Deuxième partie moins palpitante (Paroles et musique, Beckett/ Feldman). Le chef avait prévenu avant le début du spectacle, sortir son portable pour regarder l'heure expose à une perte définitive de contact avec le spectacle.

* le Helikopter Quartett de Stockhausen, pour la nuit blanche. Colère froide devant tant de désinvolture. Les quartettistes ont semble-t-il facilement communiqué entre eux pendant leur balade en hélicoptère, mais nous n'en saurons pas grand-chose, puisque la liaison avec le plancher des vaches fonctionne par intermittences. Si l'idée était de montrer 1/ que la musique contemporaine, c'est un truc qui plane en haut, loin du public 2/ que l'événementiel prime sur la musique, c'était très réussi.

* Musique de chambre à la salle Colonne. Beau programme Brahms: trio opus 114 (découverte; quel dommage de se passer de violons et d'alto) et quintette avec clarinette (celui avec séquences brésiliennes et tsiganes) / Hersant (Nachgesang). 

* Aida. Quasiment une découverte. Bizarrement, ça commence modestement aux cordes avec ce prélude humble et torturé comme une esclave éthiopienne; assez vite un décor en cuivre nous en met plein la vue (et qu'on ne me dise pas que ce n'est pas en cohérence avec le projet musical de Verdi), jusqu'au triomphe des cuivres, la scène des trompettes, où l'on voit sur scène quatre femmes de ménage astiquer un arc de triomphe en cuivre. Autre bon moment scénique: la danse des esclaves maures (collant pilepoil à l'esprit de la musique). J'ai aussi bien aimé la séance d'aérobic des altos ici (à 0'55" ici ), la façon dont Verdi organise un crescendo en faisant gonfler une figure secondaire (ici), et puis les deux tubes séraphiques et diaphanes avec violons dans l'aigü (le duo final me rappelle ceci de Peter Grimes, il serait peut-être temps pour moi de reconnaître ce que Britten doit à Verdi). 

* Elektra. Evidemment un spectacle dont on ressort comme un chat d'un micro-ondes, en se demandant si on a encore tous les organes internes en place (foie: check; rate: check; glandes lacrymales: check). Scénographie redoutablement efficace, avec un choeur grec démultipliant les gestuelles des chanteuses. On a envie de sous-titrer la première scène (un choc): "Débandade des contempteurs de Joël et Jordan, bien obligés de constater qu'un bon spectacle peut être monté dans LaMaisonMaudite". Strauss reste pour moi un bruitiste génial, capable d'illustrer avec son génie orchestral n'importe quel cartoon, de figurer les Dieux par des clarinettes affolées, de faire aboyer l'orchestre, de le faire se grattes jusqu'au sang. On en vient à détester les rares moments bien viennois et crémeux (celui, par exemple, où Chrystothémis rêve d'une famille "normale"). 

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mardi 18 juin 2013

Brahms/ Jerusalem

Un concert où on était, sans l'avoir fait complètement exprès, littéralement aux pieds du (magnifique) altiste du quatuor de Jerusalem (que buvait des yeux le second violon, disposition oblige). Programme qu'on n'entend pas si souvent:

  • l'opus 51 n°1 (do mineur). Celui très âpre (avec le carburant de l'alto qui se réveille pour une coda mémorable à la fin du 1er mouvement).
  • le 1er quintette (fa majeur opus 88) avec Amihai Grosz (l'altiste du quatuor avant Ori Kam). Un fa majeur sportif et jovial (la transition vers la réexposition: une machine à ronronner qui s'emballe). Grand mouvement lent avec deux parties centrales sautillantes et une fin à soustractions.
  • l'opus 67 (si bémol): celui à la Haydn (avec des moments bizarres où Brahms se force à faire du Brahms, au lieu de continuer avec ses délectables petits jeux rythmiques). Merveilleux 3ième mouvement à solo d'alto (où Brahms fait du Bach). Un finale à variations (avec un bel épisode en sol bémol majeur à pizzicati magiques), qui conclut avec le thème du 1er mouvement, entrelardé de fusées descendantes que je trouve irrésistibles.

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mardi 25 octobre 2011

Sir JEG à Pleyel

Programme austère et classe avec Sir John Elliott Gardiner, choeur et vents (cuivres anciens pour la première partie, mélangés en seconde). Les cordes ont quartier libre (sauf les basses pour Stravinsky, en deuxième partie)

Brahms: Begräbnisgesang. Avec des triolets menaçants aux timbales et une section centrale qui rappelle le Requiem allemand.

Bruckner: Messe en mi. Une oeuvre économe et pleine d'idées. Le Kyrie initial (les voix de femmes d'abord, puis les hommes) frappe fort dès le début par ses dissonances qui agacent bien les gencives, comme le choeur est très juste. Le Gloria et le Credo sont davantage des illustrations d'un texte qu'on croit avoir déjà fréquenté (apparemment, l'éternité chez Bruckner, ce sont des triolets aux vents - c'est toujours moins fatigant que des trémolos de violon). Le Sanctus fonctionne comme un arbre polyphonique très ramifié, avec une grande amplitude entre les aigüs et les graves. On se raccroche aux branches quand les cuivres interviennent.

Stravinsky: Symphonie de psaumes. 1er mouvement qui arrache comme il faut, bien méchant, vents acides. Mais ce qui me fait toujours grimper aux rideaux, c'est la fin du troisième mouvement. Protocole pour planer dans l'éternité: 0/ le timbalier accorde discrètement ses trois timbales sur mib, sib et fa (pendant que tout l'orchestre joue, n'importe quoi fera l'affaire) 1/ le timbalier déroule mi sib fa sib sur une période de 4 temps, alors que tous les autres, choeur et orchestre sont sur 3 temps 2/ la timbale gagne la partie provisoirement, on a maintenant l'impression d'être à 4 (malgré les accents décalés du choeur) 3/ Retour du 4 pour 3, la timbale seule contre tous, les notes de la timbales frottant toujours plus dangereusement avec des harmonies qui fuient vers l'aigü. Et la fin: retour du début (Alleluia), comme un paravent japonais qui se referme.....

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dimanche 24 octobre 2010

Gardiner dans Schumann (avec une tranche de Brahms)

Concert Schumann, avec une tranche de Brahms au milieu. Sir John avec sa dégaine hulotienne, tout droit sorti d'un dessin de Daumier. Avec l'orchestre révolutionnaire et romantique (qu'on a souvent entendu à l'Opéra comique ces derniers temps). J'aime bien les cordes - avec un vibrato parcimonieux, le travail sur la ligne, intéressant, ressort bien; mais les vents sont parfois moins tout confort; il arrive que les cuivres rappellent les vieux modems 56K, leurs miaulements apocalyptiques ET aléatoires avant la connexion. Avec ce genre d'engin, je préfère Schumann (avec ses sautes d'Humor) à Brahms.

  • L'ouverture Manfred comme le double concerto de Brahms commencent par trois accords tragiques qui signifient clairement qu'on ne va pas rigoler. Manfred, musique magnifiquement obsessionnelle, dissonances qui frottent, grand descrescendo final avec des accords aux cuivres pianissimo. 
  • Le double de Brahms, à vrai dire je n'en rafolle pas. Je commence généralement à sortir du coma dans le finale, où m'a un peu énervé cette façon de diriger hyper lentement les couplets (par exemple, à 116; nom d'un chien, ça n'est pas écrit qu'il faut diriger ça comme un poussah aux Indes, non?), mais globalement, c'était beau.
  • Magnifique Troisième de Schumann. Le troisième mouvement, pris très allant, est réglé comme du Elgar. Le finale: le bonheur du jeu. Avec des dynamiques très précises et des détails qu'on n'entend jamais. Par exemple, dans le premier mouvement, à 100, Gardiner fait ressortir le tougoudou des violons qui annonce le tagada de 110, trompette+ timbale (on dira ce qu'on voudra, c'est quand même bizarre). 

A la pause, je tombe sur Stéphane (qui me parle de Caledonia); sa belle-mère ressemble incroyablement à son mari (il y a une certaine logique à cela). En bis, mouvement lent du concerto pour violon de Schumann. Une musique qu'on n'entend jamais, et on comprend bien pourquoi.

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lundi 18 janvier 2010

Deux concerts à la Biennale de quatuors à la Cité de la Musique

 (la scène occupe un des grands côtés du rectangle, les quatre tribunes sont utilisées, on se croirait au catch - vas-y l'alto, mords lui la pique, à ce gros rustaud de cello)

  • Samedi, soir, les Borodine - presque entièrement reconfigurés, seul le violon 2 est là depuis 1975; le cello est là depuis 2007 et les deux autres depuis 1996. Schubert: 10ième quatuor (mibM) D89. Musique solaire, mais pas très captivante (du Mozart sans ressort, je m'ennuie). Ce n'est pas le cas du Quartettsatz, qui suit. Un thème qui démange, un vrai accès de prurit en do mineur, mal soigné; une erreur de dosage manifeste dans la pharmacopée anti-prurit suscite une dangereuse crise de lyrisme délirant dans une totalité éloignée. Le prurit a le dernier mot. En deuxième partie, un grand moment avec l'opus 51 n°2 en la mineur de Brahms. Magnifique 1er mouvement (la mineur - sol majeur- do majeur), ça bouge tout le temps! Dans la partie centrale du mouvement lent, les cris outragés d'une donna Anna un peu tzigane sur les bords. Le scherzo est une merveille (avec ses trois parties homophoniques au-dessus d'une basse de musette, ses sonorités blanches d'harmonica). Dans cette musique, les Borodine sont immenses. On a l'impression d'une pâte vivante qui est souple, se déforme insensiblement de façon homogène; et la variété de leurs vibratos est confondante.
  • Dimanche à 17h, les Hagen. Première fois que je les entends en concert. Une sonorité impériale (mais c'est peut-être parce que je suis en galerie juste au-dessus d'eux (une très bonne place, ceci dit, on sent tous les doigtés et les coups d'archet....). L'altiste (Veronika) a une sacrée présence. Au programme, le quatuor de Debussy (qui leur va comme un gant); le quatuor de BA Zimmermann (encore un cas de testament trahi; le compositeur a demandé qu'on ne joue plus cette oeuvre, eh bien non, il y a encore des fouille-merde pour vouloir exhumer du sous-Hindemith qui n'ajoute rien à la gloire de Zimmermann). En deuxième partie, le quintette à deux violoncelles de Schubert déclenche l'hystérie du public tout en me laissant assez froid - je crois que j'entends surtout longueur dans sublime longueur - et je donnerais n'importe quelle page de Mozart pour faire cesser ces tunnels d'éternité (avec reprise).

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vendredi 27 novembre 2009

La belle Maguelonne, de Brahms

Au disque, je n'avais jamais fait attention à l'histoire, racontée hier par Eric Genovese, en français, une histoire dans laquelle s'intercalent les romances de Brahms: une belle histoire d'amour partagé et heureux; un voyage circulaire et une histoire d'appétit pour le vaste monde, interrompue un moment par un corbeau emportant trois anneaux attachés par un ruban rouge. Les deux premiers lieder sont un peu atmosphériques (notamment le second, qui doit être chanté à pleine voix) et mettent en place le décor; avec le troisième on rentre dans l'action, chacun des lieder qui suit décrivant les messages de Pierre à Maguelonne et la progression de l'intrigue amoureuse. C'est un Brahms solaire et enthousiasmant, avec une partie de piano magnifique et très riche - on est très loin de l'humeur dépressive des cycles de Schubert ou Schumann, il n'ya guère que trois lieder tristes (le 10, modulant et furieux, le 11, dépressif et décoloré et le 12, une magnifique élégie), tout le reste est particulièrement anticyclonique. J'ai eu l'impression de redécouvrir une musique que j'avais surtout écoutée au disque.... tout est très beau, mais c'est le n°8 qui m'a le plus frappé l'oreille, hier soir - avec son début équivoque rythmiquement, indémêlable, lourdement bémolisé ("Wir müssen uns trennen") et sa la fin, chantée pianissimo par Goerne, dans une ligne immense ("Senke die Zügel, Glückliche Nacht! Spanne die Flügel, Daß über ferne Hügel Uns schon der Morgen lacht!"). Fin de soirée joyeuse et impromptue: suis allé dîner avec S., que je n'avais pas vu depuis un an, une année pendant laquelle il a enchaîné un cycle schubertien complet (il mérite maintenant un grand cycle brahmsien, large et en majeur) et avec A (qui connaît bien BC et JM, quel petit monde).

(le n°8; ici, ce sont Prégardien et Staier)

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