dimanche 15 décembre 2013

Résumé des derniers épisodes

* Les Puritains à la Bastille. Un livret que l'invention des téléphones portables aurait ruiné (avec un SMS du type "chérie, je sors trois minutes sauver la reine, attends-moi, on ira se marier après", on n'aurait eu qu'une petite demi-heure de bel canto). Apothéose du plateau tournant (oh! un gorgonzola! oh! un parmesan! oh, un provolone piquant). Au second acte, ça tourne, mais à vide: il ne reste que les chanteurs immobiles sur le plateau tournant dans une lumière froide, c'est vraiment Holiday on ice. La musique n'est ni déplaisante ni mal chantée, mais il ne m'en reste aucun souvenir (sauf peut-être cet air au 2ième acte, qui forme un contraste saisissant avec ce qui précède). 

* Quatuor Keller au Musée d'Orsay. Un quatuor de Kodaly que je ne connaisais pas (beau 1er mouvement, le reste est impressionnant mais très décousu); le 1er de Ligeti (un château de Barbe-bleue à 16 portes, dont certaines claquent plus que d'autres; je suis toujours inconditionnel du moment Enfant et sortilèges); plusieurs des duos de Bartok (peut-être le moment le plus fort de la soirée); le 4ième de Bartok (celui aux deux scherzos; je retiens que l'altiste fait les pizz solo avec le pouce et les pizz d'accompagnement avec l'index). Un brin déçu par rapport aux Kelemen

* Les espaces acoustiques, de Grisey, à la Cité de la Musique. Un projet ambitieux, six pièces allant du solo d'alto au très grand orchestre, avec de nombreuses correspondances entre les pièces. Pas vraiment emballé par les 3 premières pièces (trop long, le solo d'alto; trop potache, le théâtre musical de la fin de Partiels). La magie opère plus sûrement avec les pièces à grand orchestre, notamment Transitoires (avec les incroyables coups de boutoir de la contrebasse solo!), et l'épilogue avec 4 cors. Add: ceci sur Partiels

* Dialogues des carmélites, au TCE. Olivier Py a eu deux belles idées de mise en scène pour les scènes d'agonie. Celle de la fin, un nocturne d'une grande douceur, est au sens premier la concrétisation de l'étrange songe de Constance (avec sa musique de sauts d'octave descendants). L'autre scène avec madame de Croissy (pas idéale vocalement) rappelle autant la crucifixion que la guillotine. Petibon et Devieilhe (qui remplaçait Piau) ont été magnifiques, mais je n'ai eu d'yeux et d'oreilles que pour Véronique Gens en madame Lidoine. La voix de l'amour.... l'envers aimant de cette mère Marie de l'Incarnation, orgueilleuse et dure, qui manque à l'appel, à la fin.

 

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jeudi 22 novembre 2012

Tamestit dans Bach à Gaveau

Merci à Klari sans qui j'aurais loupé ce concert exaltant consacré aux suites pour violoncelle de Bach transcrites à l'alto (1, 3 et 5 donc sol, do et do mineur).  Impressionné par la maîtrise de l'archet de Tamestit, qui retient parfois des coups d'archet mettant particulièrement en valeur les aspérités rythmiques du discours. Le concert était construit avec le même soin que le concert Hindemith qui m'avait tant plu, avec deux interludes entre chaque suite, le premier avec le sublime 1er mouvement de la sonate de Ligeti, Hora lunga, une musique inspirée qui épuise le potentiel de la corde de do, le second avec l'Elégie de Stravinsky, qui introduit bien le climat de la suite en ut mineur. Public enthousiaste et encombrant (un nombre record de boîtes d'alto). En bis, le cheval de bataille des altistes, le Hindemith "so rasch wie möglich", bien dans son élément naturel pour conclure une soirée d'hommage à Bach.

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mercredi 13 janvier 2010

Mercredi c'est Ligeti

Déception: j'étais venu pour la Sonate pour alto (et salivais à l'idée de vérifier que "la corde de do donne à l'alto une âcreté particulière, compacte, légèrement enrouée, avec un arrière-goût de bois, de terre et de tanin"), mais patatras, l'altiste était malade et la sonate a été remplacée par deux Etudes pour piano (Arc-en-ciel et En suspens). Au menu aussi, les Six Bagatelles (qu'on a trop entendues comme générique à France-Musique), les Dix Pièces pour quintette à vent (une musique spectaculaire, malaimable, stridente et nonsensicale - à la fin, les instrumentistes déclament: "mais - Il y eut une longue pause. 'C'est tout?' demanda Alice timidement. 'C'est tout', dit Humpty Dumpty. 'Au revoir'). Ai été plus excité par les Mysteries of the Macabre, dans un arrangement pour trompette et piano - c'est à déconseiller si on a de l'hypertension, mais c'est tout-sauf-chiant et assez marrant. 

Mais le grand moment a été le Trio pour violon, cor et piano, dont j'avais oublié à quel point c'était un chef d'oeuvre. Ligeti fait celui qui se souvient de Brahms, mais en fait le thème du 1er mouvement se souvient des 'appels de cor' de la sonate des Adieux de Beethoven (c'est le violon qui fait le cor, dans ce 1er mouvement, en doubles cordes; le cor - qui fait le beau - lui répond, suivi du piano, qui sonne dans le suraigu comme un gamelang ou du Messiaen). Le deuxième mouvement est une mécanique virtuose, swingante, avec ces rythmes caraïbo-transsylvaniens qui font le chic du dernier Ligeti. Le mouvement suivant est incroyable de netteté: on y entend une déclaration véhémente du piano et du violon (qui s'échine à jouer des accords); le violon, à un moment donné, se décale comme un mauvais élève qui n'arrive pas à rattraper le piano; mais comme le même phénomène revient dans la récapitulation, on se sent rassuré sur le degré de maturité rythmique de la violoniste..... Le dernier mouvement est une chaconne où s'accumulent les descentes chromatiques, de plus en plus violentes. Le piano disparaît brusquement. Restent juste le violon, dans le suraigü, et le cor, dans le grave, pour une fin catatonique, bouleversante.

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jeudi 19 novembre 2009

Des hongrois à la Cité

Du moins au plus intéressant (et aussi dans l'ordre du concert):

  • Séquences du vent, de Peter Eötvös: du vent, effectivement.
  • Quatre caprices de György Kurtag (sur des textes un poil salaces d'Istvan Balint): trop long et pas assez épuré pour être du meilleur Kurtag.  
  • Torso de Marton Illes: une musique à fin blamblam (on s'extasie sur la capacité de Susanna Mälkki à battre rapidement des mesures vides) et une partition stimulante dont on comprend assez vite intuitivement les grands principes (agrégation/désagrégation, défilement de personnages rythmiques comme dans le Sacre, jeux de timbres)
  • et le Concerto pour violon de Ligeti, dont on avait oublié à quel point c'était une musique sublime. Praeludium féérique, à tissu moiré des cordes; Aria, hoquet et Choral à ocarinas; Intermezzo à escaliers d'Escher; Passacaille lugubre; puis un Finale avec un concours de sauvagerie pour les pizz entre violoncelles et contrebasses, et une vraie et magnifique cadence pour le violon solo. Heure de gloire méritée pour Diego Tosi, qui file faire la bise à ses deux collègues de l'EIC.

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jeudi 17 septembre 2009

Une gâterie...

ou plutôt une ligeterie.

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mardi 25 août 2009

Autour des Etudes de Ligeti

Mon thème astral doit être gigafavorable; j'ai emprunté samedi la partition des Etudes de Ligeti en compagnie desquelles je comptais passer un agréable week-end et voilà-t-y-pas qu'hier, via ici, je tombe sur Levinas commentant trois des Etudes! Bon, ça jargonne parfois velu (et inutilement), mais il y a de quoi faire son miel.

  • Désordre. Désordre mon oeil. Une écriture très simple et très claire (on a rarement écrit aussi simplement et intelligemment, c'est tellement beau à voir, cette partition - si je compare à celle de l'Automne à Varsovie, qui est génial, la partition est hypercomplexe et il y a intérêt à savoir compter pour s'y retrouver). Main gauche, et main droite, deux échelles qui se heurtent (l'une à base de touches blanches et l'autre à base de touches noires, de quoi perdre rapidement tous ses repères); un décalage rythmique se met en place, très régulièrement, la main gauche reste à 3+5, la main droite rajoute régulièrement un temps, comme le fait Stravinsky dans le Sacre avec ses personnages rythmiques (L cite aussi le développement de l'opus 27 n°1, chez Beethoven). Dans la troisième séquence, c'est la main droite qui reste stable et la main gauche qui rajoute des temps.




  • Cordes à vide: le début est comme un lamento baroque, une plainte ourlée de descentes de quintes, ces fameuses cordes à vide qui dérivent, formant une harmonie mouvante (c'est cela l'idée simple de cette étude). A la fin, des appels de cors passent au-dessus d'un effet doppler. Levinas cite finement à ce propos la fin des Papillons de Schumann, avec ses effets de résonance.




  • Un automne à Varsovie: encore le lamento baroque, ces chromatismes qui défilent à vitesse accélérée sur une trame de doubles croches, en un subtil tissage polyphonique. Levinas analyse les complexités (encore plus velues que celles de la page 45) de la page 47 (aboutissant à un climax qui fait revenir la plainte nue, sans ourlures) à partir du fameux finale monodique de la sonate de Chopin -à la base, un choral, non plus vertical mais curviligne; les harmonies qui s'incurvent..... La pièce la plus complexe et une des plus célèbres du recueil.

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samedi 29 septembre 2007

Ligeti Jodlowski Puumala Grisey à la Cité


Vendredi soir à la Cité de la musique.

Quatre morceaux, quatre esthétiques très différentes....

Mélodien de Ligeti, je me faisais une joie de les découvrir en concert; c'est une musique d'une période de l'oeuvre de Ligeti avec laquelle j'accroche peu et c'est un rendez-vous raté, sans doute parce que j'étais trop fatigué pour en goûter les subtilités.

Drones de Jodlowski: esthétique de musique de jazz, petit ensemble avec cordes amplifiées (je déteste), prépondérance du batteur, écriture verticale, une musique virtuose et sans doute plaisante à jouer. Qui ne me pas empêché de piquer un petit roupillon à la Raymond (c'est toujours mauvais signe).

Chaînes de Camenae, de Puumala. 19' pendant lesquelles je ne me suis pas ennuyé une seule seconde: le discours est très lisible, c'est l'enchaînement parfois tuilé de petits moments musicaux à l'orchestration bien caractérisée, mais d'un style pour le moins... éclectique. Vers la fin, en entendant une espagnolade un peu lascive et d'unn goût douteux, je me prends à réévaluer l'ouverture du morceau qui m'avait fait forte impression, une marche funèbre à haute densité de grosse caisse.....

Le temps et l'écume, de Grisey. Encore une partition où il est impossible de s'ennuyer, et qui répond complètement à notre envie d'entendre enfin quelque chose d'inouï. On est frappé par l'habileté avec laquelle Grisey agence une multitude de petits événements sonores en donnant l'impression de quelque chose d'organique. Par exemple, au début, avec toutes ces percussions, on a l'impression d'une tempête de sable; dans la deuxième moitié, on entend l'orchestre ronfler ! oui oui, c'est comme une respiration suivie d'un ronflement; à la fin, c'est comme une catastrophe avec l'écroulement d'un mur. La pâte sonore est d'une richesse exaltante (qu'est-ce que c'est que ces yoyos que font tournoyer les percussionnistes, frôlant l'accident du travail ?), d'une beauté sans concession....

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dimanche 18 mars 2007

la générale du concert des 30 ans de l'EIC


Samedi 10h: c'était la générale du concert d'anniversaire des 30 ans de l'Ensemble Intercontemporain (où est allé bladsurb, le soir). 6 oeuvres, trois chefs: Eötvös (pour Boulez), Susanna Mälkki (pour Ligeti) et Boulez (pour le reste).

Messiaen: Couleurs de la Cité céleste. Une pièce pour cuivres, trois clarinettes et plein de percussions très résonnantes, dont un piano, des cloches de vache qu'on appelle cencerros, je crois, sans oublier des poêles à frire suspendues (dont on m'a dit le nom mais j'ai oublié, je suis vraiment gigablonde). Magnifique. Boulez a fait répéter des passages avec dong résonnants, justement, pour que le dongrésonne comme il faut (ni trop ni trop peu !).

Manoury: Passacaille pour Tokyo. Une longue pédale de mi bémol qu'on n'arrive pas à quitter. Passablement ennuyeux....

Ligeti: Concerto de chambre. Date de 1970, une période de l'oeuvre de Ligeti que je trouve difficile, mais au concert c'était magnifique, il n'y a pas un seul moment d'ennui. Une oeuvre monstrueusement virtuose.... et de plus en plus hystérique, un peu comme la Suite Lyrique. Le premier mouvement commence en sons flûtés, très doux, mais les contrastes s'accusent vite, mélange à la Janacek de noirceur et de lumière crue; de tenues blafardes et de coups d'éclat. Vers la fin du deuxième mouvement, les cordes entonnent en choral une musique populaire, dans l'aigü, très criarde, alors que les cuivres chantent. Le mouvement suivant est une machine infernale, très spectaculaire, avec des pizz arrachés, à la Bartok. Le finale est écrit avec des arabesques très très rapides que jouent tous les instruments, même le contrebassiste... qui s'éclate comme un petit fou.

Boulez : Dérive 2 et Mémoriale. Vraiment en plein dans l'esthétique baroque: que des trilles et de l'ornementation. La musique française aurait-elle oublié d'évoluer depuis Duphly ?

Schönberg: le Lied de la Waldtaube, même en version dégraissée, sonne avec une ampleur étonnante, surtout après Mémoriale, sa flûte et ses cordes avec sourdine de plomb..... Boulez dirige très lentement. Je flippe à mort, comme à chaque fois, pendant le tocsin (Sonne sank indeß, die Glocke Gradgeläute tönte.) Schönberg ou l'émotion !

Add de lundi soir: j'ai mis dans la radio-Ligeti le concerto de chambre et dans la radiotout court le Messiaen.

 

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mardi 28 novembre 2006

Deux fois l'escalier du diable

Une musique spectaculaire à regarder.....(il n'y a pas grand-chose à expliquer)

Francesco Libetta.....




....et Gregg Anderson:




dans la 13ième des Etudes de Ligeti, l'Escalier du diable

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samedi 15 juillet 2006

Retour sur György Ligeti


Quelques pistes d'écoute dans cette radio pour donner envie d'écouter Ligeti. C'est très loin d'être exhaustif, mais j'ai mis ce que j'aime, sans me soucier si c'était connu ou représentatif (j'ai zappé les années 60....). Il y a quelques oeuvres qui sont déjà passées dans cette radio; j'ai trié par date de publication.

  • la 3ième, charmante et célébrissime, des six Bagatelles pour quintette à vent (1953): le charme du mécanisme....
  • un bout du Premier Quatuor (1953-1954), la VIIième partie, on dirait le 7ième quatuor de Bartok, et on peut difficilement faire plus ludique.....
  • un choeur énigmatique, Éjsszaka (1955) (Nuit). Comme Schönberg, Ligeti est un grand compositeur pour choeur, avec une production magnifique et très variée.
  • le Hungarian Rock, une passacaille pour décoiffer Elizabeth Chojnacka - au clavecin (1978)
  • Un extrait du Grand Macabre (1978), c'est la passacaille (encore....) qui conclut cet opéra (Fear not to die, good people all! No one knows when his hour will fall ! And when it comes, then let it be !)
  • le premier mouvement du trio pour cor, violon et piano (1982) avec son thème de cor (tierce, triton, puis sixte) : une musique très tendre, qui se souvient de la sonate Les adieux de Beethoven.
  • le mouvement lent du concerto pour piano (1985), peut-être son chef d'oeuvre, avec ses solos de vents (ocarina) lugubres et mystérieux, ses catastrophes variées et ses contrastes de timbres suraigu/ grave comme chez le vieux Janacek....
  • l'Escalier du diable, dans le deuxième livre des Etudes pour piano (1988-94)
  • le mouvement initial de la sonate pour alto (1991-1994) dédiée à Tabea Zimmermann (le souvenir d'un très beau concert, sous le plafond bleu roi de la mythique salle du conservatoire, rue Sainte Cécile)
  • le n°6, Keseredés, de Síppal,Dobbal,Nádihegedüvel (2000); (encore un tube )
  • Et pour conclure, le 3ième mouvement, Aria, aksak, hoketus, du Hamburg Concerto (1998-2002) pour cor solo et orchestre de chambre, avec ses quatre cors naturels obligés.....
Pour aller plus loin, une bonne gare d'aiguillage ici.

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