Une expérience forte, assez différente de celle de l'écoute de mon disque favori. Plusieurs sensations curieuses: l'euphorie du son (ce bain moussant dès le prélude) et l'appétit devant une belle voix de Heldentenor (ingrédient indispensable du bain moussant); la curiosité sadique (comment diantre ce ténor - Andreas Schager, remarquable - va s'en sortir face à un tel orchestre? (en fait, très bien, merci)); la curiosité du botaniste zoologue (mais comment, dans quelle direction ce monstrueux corps vivant orchestral va-t-il se développer? surprise renouvelée devant ces enchaînements complexes dans la troisième partie); la fièvre qui monte (ce Schoenberg devait être barré et avoir la malaria quand il a composé cela, je ne vois pas d'autre explication); le délire interprétatif à la Berg (ce do-mib-sib descendant du prélude, atmosphérique, c'est bien le même motif qui cristallise en deuxième et troisième partie, en un bloc monumental, obsessionnel et tragique); le plaisir de la redécouverte du texte (chaque mention blasphématoire accompagné d'un choral de cuivres, qui devait avoir un sens fort pour un musicien prêt à renverser la table); et puis aussi, plus trivialement, l'étonnement devant la vitesse de remplissage du plateau (c'est long et compliqué) et la franche rigolade (ce portable qui s'arrête de sonner sur Nun tönt auch nicht der leiseste Klang, ça ne s'invente pas).
A mon chocottomètre personnel: la musique du prélude (musique à la fois éclatée en différents groupes d'instruments, très mobile, c'est mieux que le prélude de l'Or du Rhin, non?); le 3ième lied (Ross, mein Ross, avec la première explosion d'amour/orchestre); le silence poignant dans le 9ième lied, dernier AVANT la catastrophe; la prise de pouvoir de l'orchestre avec la musique intersticielle d'avant la Waldtaube; la marche et le glas dans la scène de la Waldtaube (crescendo bien étouffé par Jordan, qui fait bien ressortir la voix); LE lied de la IIème partie (Herr Gott, weisst du was du tatest, ma musique préférée entre toutes); l'ironie de l'air de Klaus-Narr avec ces motifs qui volètent à toute allure; les chaînes (oui, les chaînes) dans le choeur des Mannen; les tenues acides et blafardes de flûtes+ piccolos dans la scène du vent d'été (on se croirait dans le Rossignol).
samedi 2 novembre 2013
Résumé des épisodes précédents
* Pierrot Lunaire à l'Athénée, en français (on ne comprend pas beaucoup mieux le texte), chanté par un homme (Damien Bigourdan). Mise en scène très explicite... (ça, on voit bien les Riesenfalter et le Mondfleck). Deuxième partie moins palpitante (Paroles et musique, Beckett/ Feldman). Le chef avait prévenu avant le début du spectacle, sortir son portable pour regarder l'heure expose à une perte définitive de contact avec le spectacle.
* le Helikopter Quartett de Stockhausen, pour la nuit blanche. Colère froide devant tant de désinvolture. Les quartettistes ont semble-t-il facilement communiqué entre eux pendant leur balade en hélicoptère, mais nous n'en saurons pas grand-chose, puisque la liaison avec le plancher des vaches fonctionne par intermittences. Si l'idée était de montrer 1/ que la musique contemporaine, c'est un truc qui plane en haut, loin du public 2/ que l'événementiel prime sur la musique, c'était très réussi.
* Musique de chambre à la salle Colonne. Beau programme Brahms: trio opus 114 (découverte; quel dommage de se passer de violons et d'alto) et quintette avec clarinette (celui avec séquences brésiliennes et tsiganes) / Hersant (Nachgesang).
* Aida. Quasiment une découverte. Bizarrement, ça commence modestement aux cordes avec ce prélude humble et torturé comme une esclave éthiopienne; assez vite un décor en cuivre nous en met plein la vue (et qu'on ne me dise pas que ce n'est pas en cohérence avec le projet musical de Verdi), jusqu'au triomphe des cuivres, la scène des trompettes, où l'on voit sur scène quatre femmes de ménage astiquer un arc de triomphe en cuivre. Autre bon moment scénique: la danse des esclaves maures (collant pilepoil à l'esprit de la musique). J'ai aussi bien aimé la séance d'aérobic des altos ici (à 0'55" ici ), la façon dont Verdi organise un crescendo en faisant gonfler une figure secondaire (ici), et puis les deux tubes séraphiques et diaphanes avec violons dans l'aigü (le duo final me rappelle ceci de Peter Grimes, il serait peut-être temps pour moi de reconnaître ce que Britten doit à Verdi).
* Elektra. Evidemment un spectacle dont on ressort comme un chat d'un micro-ondes, en se demandant si on a encore tous les organes internes en place (foie: check; rate: check; glandes lacrymales: check). Scénographie redoutablement efficace, avec un choeur grec démultipliant les gestuelles des chanteuses. On a envie de sous-titrer la première scène (un choc): "Débandade des contempteurs de Joël et Jordan, bien obligés de constater qu'un bon spectacle peut être monté dans LaMaisonMaudite". Strauss reste pour moi un bruitiste génial, capable d'illustrer avec son génie orchestral n'importe quel cartoon, de figurer les Dieux par desclarinettes affolées, de faire aboyer l'orchestre, de le faire se grattes jusqu'au sang. On en vient à détester les rares moments bien viennois et crémeux (celui, par exemple, où Chrystothémis rêve d'une famille "normale").
dimanche 2 décembre 2012
BSB3 aux Bouffes du Nord
Schönberg: Quatuor n°3 opus 30. Forme on ne peut plus classique (sonate- variations - intermezzo- rondo), langage dodécaphonique. On entend bien les notes répétées du thème du 1er mouvement (un comble pour une oeuvre sérielle, je dis ça je ne dis rien). Les deux derniers mouvements sont par moment excitants, mais je trouve cette musique plus grise et ennuyeuse que, par exemple, la suite opus 29.
Boulez, Livre partie 2. Plus virtuose et avec des modes de jeu plus exotiques qu'aux deux séances précédentes, mais c'est loin d'avoir la force poétique des quatuors de, au choix, Lachenmann, Ligeti ou Kurtag....
Beethoven: quatuor opus 131. Chef d'oeuvre. A propos des variations, Stravinsky écrit: "(...) la flamboyance des instruments dans ces variations est chose unique ("des maçons qui chantent en construisant des toits en or", dit l'Archevêque dans Henri V). Aussi bien, est-ce notre "âme" même qui semble s'exiler à l'écoute de cette musique; à notre extrême surprise, car c'est subrepticement que les premiers mouvements ont informé et défriché cette région mal définie. Et cette réalité éthérée n'est nullement brisée par les pizzicati des variations à 6/8, malgré qu'on en soit venu à associer cet effet de style avec des pirouettes d'hippopotame et autres acrobaties incongrues accomplies par les habitants du zoo animé de Disney." On était plus proche de l'hippopotame que de l'éther aujourd'hui.... Il est vrai que le sf est dans la partition
Disons que la volonté de maximiser les contrastes a mieux fonctionné à certains moments (le début de la fugue, magnifique) que d'autres.
dimanche 25 novembre 2012
BSB2 (en fait, SBB) aux Bouffes du Nord
Programme de luxe. J'en profite après le concert pour relire les bons auteurs (plutôt Buch que Stuckenschmidt sur Schönberg, par exemple) et les piller ici sans vergogne, en bon blogueur.
Schönberg: quatuor n°2 en fa# opus 10. Splendeur. Pour faire simple (il existe suffisamment de littérature sur le sujet), le quatuor file tout droit en 4 mouvements vers l'atonalité, mettant en scène une crise dans les deux mouvements centraux. Le 1er mouvement s'entend assez clairement comme une forme sonate; on sent bien la zone deuxième thème (à pulsation de valse) et la réexposition du thème principal est très marquée (mais en la et pas en fa#, pour une raison qui m'échappe). Le deuxième mouvement est un scherzo agité et ludique (avec le Lieber Augustin en trio). Le 3ième mouvement (Litanie) est une bonne occasion de réviser ses préjugés: un quatuor peut faire BEAUCOUP de bruit, même face à une chanteuse déchaînée dans l'aigü. On se dit que l'affrontement va être sans pitié dès l'intervention fortissimo du violoncelle, qui marque le début des hostilités et on en oublie de remarquer que le thème de violoncelle est le même que celui du 1er mouvement. Le dernier mouvement est l'une des pages les plus somptueuses de toute l'histoire de la musique et je n'en dirai pas plus.
Boulez: Livre pour quatuor, parties 3a, 3b, 3c et 5a. D'après le programme, des pages "où l'écriture se laisse le plus aller aux contrastes expressifs", avec une utilisation des trilles comme dans la Grande Fugue. J'imagine que cela devrait suffire à notre bonheur (mais j'en doute).
Beethoven: quatuor opus 130 en si bémol. Un des quatuors les plus déroutants de la série. Dans le premier mouvement, le discours est dispersé à un point rare. Entre une "introduction" qui revient à plusieurs reprises (et essaime avec rythme croche-2 doubles), un thème d'Allegro en 123 (forte)- soleil (piano), fuyant vers une cadence qui ramène l'introduction (c'est ballot):
On va de si bémol à sol bémol (ce qui est pour le moins inhabituel). Le court développement est le seul tissu cohérent du mouvement, avec une pulsation continue, quasi-militaire.
Deux "petits" mouvements intercalaires (un presto et une danse allemande avec soufflets, découpée en éléments simples sur la fin) encadrent un beau mouvement Andante en ré bémol, en forme sonate sans développement. Musique parfaitement insouciante, joueuse et pleine de trouvailles, comme un ruisseau campaganrd riche en poissons. Stravinsky (*double prosternation rituelle*) écrit: "alors que l'Andante semble écumer la surface des émotions personnelles du compositeur aussi légèrement qu'un hydroglisseur - ceci par rapport au plongeon en profondeur de la Cavatine, son élan musical, quel que soit le prix que le compositeur ait payé et ses sentiments ultérieurs à son égard, est le moins superficiel des deux." et aussi que "le Génie frappe au hasard, et que dans le cas de la Cavatine il n'a pas frappé très profondément". Pour être juste, cette Cavatine devient intéressante avec l'épisode beklemmt, en do bémol majeur (qui m'a rappelé l'hallucination de l'air de Florestan). Quant à la Grande Fugue, elle continue à m'intimider et j'ai déjà été bien long.
mardi 20 novembre 2012
BSB1 aux Bouffes du Nord
Le quatuor Diotima (précis et spectaculaire, merveilleux violon 1 (chose que je déteste devoir écrire à propos d'un quatuor)) dans:
Beethoven: quatuor n°12 opus 127 en mi bémol. Je m'embrouille à chaque fois dans les numéros, mais c'est bien celui-là, je crois, mon préféré dans les derniers quatuors. Sans doute en raison de la profonde joie tellurique, l'atmosphère de très haute pression que j'y entends, dans chacun de ses mouvements. Le 1: celui avec l'ouverture en portique (très spectaculaire, hier soir) répétée à trois moments clé, sur mi bémol, sol puis do (!).... et la sublime cadence avec les retards et la montée dans l'aigü. Le 2: immense et magnifique thème et variations en la bémol, avec beaucoup de surprises (on va jusqu'à bifurquer jusqu'en mi). Le 4: celui avec le thème paysan très rythmique, qui finit dans une étrange péroraison ternaire.
Boulez: le Livre pour quatuor, parties 1a et 1b. ça démarre très mal, comme une caricature de musique sérielle: 12 sons, les 4 instruments avec des hauteurs différentes dans 3 modes de jeux.... ça se complexifie, notamment dans la deuxième section, nettement plus virtuose.
Schönberg: 1er quatuor opus 7 en ré, que je n'ai pas si souvent eu l'occasion d'entendre en concert. En quatre mouvements enchaînés, avec une impression de gigantesque forme sonate (la réexposition du tout début, si véhément, intervient avant le début du mouvement lent, par exemple; la musique du finale reprend des éléments déjà entendus plus tôt). Il fallait bien une structure un peu ferme pour assembler toutes ces musiques d'ambiance, tour à tour fiévreuses, ironiques, glissantes, vénitiennes, glamour, passionnées, fatoumesques, fantomatiques.... (ça glisse très vite d'une ambiance à l'autre). Je note avec satisfaction qu'un des plus beaux moments, à la fois par sa simplicité et sa tendresse, est réservé à l'alto, dans le mouvement lent.
jeudi 22 décembre 2011
Boulez à Pleyel dans Schönberg et Bartok
Un concert que j'ai traversé dans l'euphorie, pour plusieurs raisons, la plus immédiate étant mon placement, au 1er rang de l'arrière scène, juste derrière la grosse caisse. Peut-être pas parfait acoustiquement (encore que pour Schönberg, c'était parfait et pour les deux Bartok, très acceptable), mais idéal pour observer le chef et les musiciens. La gestique de Boulez, en meilleure forme que Leonhardt, est devenue très économe; gestes de très faible amplitude, moins coupants qu'ils ne l'étaient, très en avance sur les musiciens, surtout dans les mouvements lents (au point qu'on se demande, torturé, si les musiciens vont finir enfin par réagir; miracle, ils réagissent tous avec le même retard, mais ils n'ont pas intérêt à traînasser, les bougres); et surtout, contraste entre un chef impassible et immobile et une musique post-romantique torrentielle (un vrai effet comique, quand on y réfléchit.... )
Au poilomètre (puisque le cheveuomètre marche moins bien avec moi), le Schönberg était le plus réussi. Gros hérissements pileux à la fin, mais aussi au moment où tous les violons se prennent pour des altos et les basses oscillent sur deux notes, comme au moment où la cloche sonne dans les Gurrelieder (à 20' dans l'enregistrement d'Arte). Le 2ième concerto de Bartok, je l'ai vécu à l'intérieur du pupitre de percussions, à voir la grosse caisse répondre aux timbales. Un poil moins emballé par le concerto pour orchestre (à part le 2ième et le 5ième mouvements qui me comblent toujours, le reste est tellement moins bien que la Musique pour cordes, percussion et célesta). Dans l'excitation post concert, j'ai molesté trois mamies pour aller saluer Alban Berg (qui ne m'aurait pas reconnu, lui) avant d'aller parler nombre d'Erdös et rêver de Chennai (le tout dans une odeur de fromage fondu).
vendredi 17 juillet 2009
Brahms Beffa Schönberg à l'hôtel Soubise
Je cède à mes penchants les plus réactionnaires en allant au concert de l'ensemble Hypnos à l'hôtel de Soubise. Au programme, le sextuor n°2 de Brahms, le quatuor de Beffa, et La nuit transfigurée de Schönberg.
Les programmateurs croient utile de présenter La nuit transfigurée comme une perle rare de Schönberg: une musicologue monte sur scène pour nous introduire dans cet univers (well well... faut pas pousser quand même); en revanche ils jugent inutile tout commentaire sur l'oeuvre de Beffa (qui est pourtant présent dans l'assistance) - il n'y a rien non plus dans le programme imprimé, qui est plus disert sur la contribution de Charpentier à l'histoire de la musique à l'hôtel de Soubise. Bon.
Pour la première fois depuis que je fréquente ces concerts Jeunes talents, le concert a lieu dans une des cours de l'hôtel Soubise - très bonne idée, et très bonne surprise acoustique (oui, curieusement, parfois, le plein air, ça marche). Les Jeunes Talents du jour sont l'ensemble Hypnos (un sextuor avec quatre très belles jeunes femmes).
Heureux d'entendre le Brahms (que je n'ai pas en disque). C'est celui avec le gigantesque premier mouvement sous tension avec sa pédale ornée (le sol-fa#-sol-fa#-sol-fa# sol de l'alto) qui stabilise le beau thème en sol qui file tout de suite dans le décor (en mib).....il ya un moment beethovénien dans le développement où la pédale prend le pouvoir (pédales brodées' pawa). Le dernier mouvement est coquinou avec son petit jeu à la Haydn (je démarre sur la ... mais en fait je vais retomber en sol).
Le quatuor de Beffa: une alternance de mouvement très brefs (genre nocturnes avec des modes de jeux différents) et des mouvements élégiaques plus nourris. Le premier de ces mouvements longs m'a paru très pauvre (figures répétitives au violon 2 et à l'alto à la tierce, ploumploums à la basse, mélodie à la Messiaen au violon 1). Le dernier mouvement m'a fait penser à de la musique répétitive ou des néoromantiques polonais (hum).... mais je dois dire que sa fin est très réussie: elle convoque le petit mouvement flûté, tandis que le violoncelle sonne le glas, avec des pizz réguliers. Le langage est souvent tonal, il y a quelques belles idées harmoniques. L'ensemble est plaisant à écouter.
La tension accumulée pendant Schoenberg s'est résolue dans un gigantesque orage, avec grêlons ovoïdes convoqués sans aucun doute par Boulez et sa clique, avec un timing raté (trop tard pour perturber le concert).
dimanche 22 février 2009
Boulez Schoenberg à Pleyel
La nuit transfigurée, en version orchestre à cordes. Boulez prend lentement l'épisode hystérique au centre. La fin fait toujours autant d'effet.... je ne me souvenais pas de cette bizarre réminiscence du drame, noyée dans le sucre....
Concerto pour piano. Uchida, quel tempérament (mais elle n'a pas les guts de jouer ce soir sans partition). Musique étonnamment douce et chantante...
Variations opus 31. Première fois que j'entendais en concert. Oeuvre brillantissime, luxuriante, parfois trop. Introduction, thème, 9 variations, finale sur BACH (qui est inclus dans la série initiale, Gott sei dank). Le thème, déclamé par les violoncelles: on dirait du Elgar! (d'ailleurs le dodécaphonisme est peut-être l'unique façon de chanter en alexandrins; tous ces hexamètres, c'est au fond de la rhétorique classique.... ) Tout le confort Pullman, quoi. Boulez, toujours (inJalons)
On sent bien qu'il a lui aussi voulu jouer avec l'opposition dialectique de la reconnaissance et de l'inconnu. Mais les fonctions tonales ne sont plus là, et si, au départ, il y a certaines caractéristiques d'intervalles qui sont, et deviennent, le symbole d'une variation, on ne peut dire que les déductions dérivées de la série soient reconnaissables. C'est donc le caractère de la variation qui va donner son unité, et nous serons en présence d'une succession de "pièces de genre" dont le critère sera, avant tout, soit la texture orchestrale, soit la pulsion rythmique, soit une enveloppe expressive. C'est pourquoi Schoenberg a tellement besoin de cette séparation entre les différentes sections qui permettent à l'auditeur de changer de "registre", et donc de se reconnaître dans la succession des variations jusqu'à la variation finale et la coda.
Pas de bol, vendredi soir, peu ou pas de séparation entre les variations. Les variations impaires sont d'esprit chambriste. Ma préférée reste la 8ième, ce petit galop léger, bien dans la tradition de Saint-Saëns ... ou de Berg ("Wozzeck, Er sieht immer so verhetzt aus!")
jeudi 29 janvier 2009
Schönberg + George et Webern à l'amphithéâtre de la Bastille
Mardi soir, à la Bastille, programme de classiques viennois: un tube-que-tout-le-monde-chante-sous-la douche (le 2ième quatuor de Schönberg), une oeuvre-célèbre-mais-jamais-jouée (Le livre des jardins suspendus, de Schönberg sur des poèmes de George) et des zakouskis de luxe (les 6 pièces pour piano op 19 de Schönberg entrelardées des 5 pièces de l'opus 5 de Webern - qu'on peut entendre ici dans la version du quatuor Thymos (oui, avec un transfuge des Diotima, qui n'ont presque plus personne d'origine), qui jouait mercredi, et puis trois des bagatelles de l'opus 9 de Webern, dans une version avec voix).
Forte cohérence: ce sont toutes des oeuvres des années 1909-1911, cette période de transition féconde entre toutes, des petites formes (mais en grande forme) avec l'apport de la voix.
J'étais très intimidé par le livre des jardins supendus, que je croyais aimer aussi peu qu'Erwartung (eh oui, personne n'est parfait). Alors un bon conseil pour ceux qui veulent plonger dans cette musique foisonnante: se trouver une bonne traduction des poèmes de George, qui ne sont pas si compliqués mais qu'un germaniste fatigué comme moi a un peu de mal à lire. La traduction canonique, celle de Max Deutsch et Cassou est très belle mais un peu éloignée du texte, celle publiée dans le programme en avant-première (de Ludwig Lehnen, qui sera publiée aux éditions de la Différence) est beaucoup plus utile car elle colle bien au texte. C'est important car j'ai l'impression que Schönberg, d'une façon plus modeste qu'on le pourrait imaginer, a souhaité illustrer de près ce texte; chacun de ces courts poèmes (une strophe) est caractérisé par une ambiance, un mouvement, une assonance - au sein d'une grande idée d'ensemble qui est une histoire amoureuse d'un couple dans un jardin, celui de Sémiramis ? approche puis détachement, mais dans une atmosphère beaucoup plus douce que celle d'Erwartung ou des Gurrelieder. Il faudra que je réécoute (chic, Fassbaender l'a enregistré - normal, elle est vraiment trop forte) mais je garde un souvenir fort du n°1 (avec ses figures énigmatiques de tierce et neuxième au piano), le n°6 (ou tot rime avec wenn der kalte klare morgen droht), du n°11 (un point bas de densité), et le dernier, travaillé par des accords tonaux (la tonalité comme couleur conclusive, comme dans le 2ième quatuor?).
mercredi 5 décembre 2007
BWB (et un peu BHV aussi)
A Pleyel ce soir: Berg (2 fois), Webern (2 fois) et Boulez (une fois).
Berg: deux fois les mouvements 2,3 et 4 de la Suite lyrique, d'abord en quatuor, puis en orchestre à cordes; même expérience avec Webern et les cinq pièces de l'opus 5 de (la révélation de la soirée: une musique joueuse et concentrée). Dans les deux cas, plus emballé par les versions quatuor que par l'orchestre à cordes.... (les modes de jeu passent mal, on perd en précision et en impact)
Après l'entr'acte (où j'ai aperçu un dieu allemand barbu). Trois improvisations sur Mallarmé de Boulez. Beaucoup de monde sur scène, notamment des percussions, une mandoline et une guitare bien désaccordées, cinq harpes, une soprano incompréhensible. C'était long (de plus en plus long ! les petites japonaises qui ont fui après le premier mouvement ont finement joué) et particulièrement casse bonbon.
Add: en attendant bladsurb, des compte-rendus plus substantiels chez guillaume et palpatine (que je n'ai pas vu)