jeudi 12 août 2010
Tout le monde en a déjà parlé, mais je plussoie:
Parfois la lecture des blogs réserve des cadeaux incroyables comme celui-ci .... ou comme celui-là. Chapeau bas.
(je crois avoir du chemin à parcourir, côté décapage des mauvaises couches.... et je n'arrive pas à lire sans amertume "« C'est dommage que ton père n'ait pas connu [le copain]. Il l'aurait beaucoup aimé. »)
dimanche 21 février 2010
Ander, de Roberto Castón
L'éclatement d'une famille, dans une ferme isolée en Biscaye. C'est "un autre monde", comme le dit Reme, l'émigrée de Murcie, un monde rural, taiseux, avec ses solidarités de voisinage, ses silences, sa pesanteur, sa langue (le basque), ses paysages magnifiques. C'est aussi un autre siècle (on est en 1999 et ça a son importance). Le film ne fait pas que se concentrer sur ce fils de 40 ans (un "cochon boiteux") qui va changer de vie, il donne couleur à plusieurs personnages intéressants: l'ancien amoureux de la mère; la femme seule à attendre son homme, débarquée de nulle part; le journalier péruvien qui se tient à distance. Le film en dit plus par une mise en scène millimétrée (comme les deux tiers du film sont des scènes de repas, il s'agit de voir qui mange à quoi et à quelle place, et de bien surveiller qui regarde qui à table) que par des longs discours (les scènes sont souvent hachées par un cut brutal). Bien que ouvertement LGBT (le film a été commandité par l'association basque et LGBT Berdindu!) le film ne devient utopique que dans ses toutes dernières minutes (et encore que.... il y aurait tout un film à faire entre l'avant-dernière et la dernière scène .... comment ces trois là s'arrangent....) Une excellente surprise.
lundi 8 février 2010
Were the world mine (une critique constructive pour un film vu en compagnie de trois uniques spectateurs)
Le film résumé dans le style inimitable de l'Officiel des spectacles : "Un lycéen marginalisé par son homosexualité découvre la recette d'un philtre d'amour. Il l'essaie sur celui dont il est amoureux, puis sur les élèves, les habitants de la ville.... Le philtre fait tomber les gens amoureux... de personnes du même sexe." ça ne peut être totalement mauvais, non? Eh bien, c'est une adaptation un peu fofolle du Songe d'une Nuit d'été, très réjouissante, mettant en scène un Puck adolescent gay qui fiche le boxon dans une ville à périr d'ennui au fin fond des Etats-Unis en faisant gicler du suc magique sur les yeux de Titania de victimes bien trouvées. Les scènes de comédie musicale sont d'un mauvais goût achevé mais la partie satire de la vie provinciale, moins acide que du Waters, est bien enlevée et très drôle. J'avoue entre autres que voir un prof de rugby déclamer du Shakespeare en roulant des yeux énamourés pour un proviseur quinquagénaire m'a bien amusé. La critique a snobé avec une belle unanimité ce délicieux petit film qui m'a consolé d'avoir raté The Fairy Queen....
lundi 14 décembre 2009
Une jolie histoire d'amour en un plan, vue d'un placard
(Parfois je rêve Que je suis une vache)
dimanche 29 novembre 2009
L'autre jour, un type m'a fait un doigt
C'était dans le bus, qu'il m'arrive de prendre juste pour deux stations. J'avais gardé mon sac au dos et je me suis assis assez négligemment tout au bord d'un strapontin, mi les jambes croisées comme une diva, mi comme une perruche une gazelle prête à bondir; j'étais un peu hébété après ma journée de travail, au point d'avoir la flemme d'enlever mon sac et d'en extraire mon livre du moment. Il y avait peu de monde dans le bus, et je crois avoir à peine remarqué un type plutôt bien roulé mais pas vraiment mon genre, en face de moi de l'autre côté de la porte. Je ne crois pas l'avoir regardé avec un grand regard insistant de grand fauve, toujours est-il qu'il s'est levé pour sortir à la station suivante et m'a regardé d'un air vraiment mauvais. Le bus s'est arrêté, la porte s'est ouverte, et il est sorti en regardant droit devant mais en faisant un doigt d'honneur à mon adresse, droit comme un chandelier.
Je dois dire que ça ne m'a pas spécialement traumatisé, mais je continue à m'interroger sur ce qui s'est réellement passé: ce petit con a-t-il cru que j'allais le poursuivre de ses assiduités jusqu'au bout de la planète? Etait-ce de la jalousie sociale mal placée (j'étais en costume cravate)? De la follophobie alors que j'étais dans une posture de diva (ça ne me déplairait pas de le croire mais à vrai dire c'est surtout que j'avais la flemme d'enlever mon sac à dos)? Une simple méprise et le doigt était adressé à un de ses acolytes resté derrière moi dans le bus?
Quand le bus est reparti, j'ai eu l'impression qu'une femme me dévisageait bizarrement, je me suis demandé si j'avais les lèvres violettes ou quoi, mais son regard a glissé imperceptiblement sur ma gauche, elle avait juste le regard vitreux et absent de la fin de la journée dans les transports en commun....
vendredi 6 novembre 2009
Madame Mouchabeurre, au Trianon
Quand Pinkerton rime avec "petite bretonne" (et aussi "petite conne").... Plus qu'une adaptation de Madama Butterfly à la mode de Bretagne, c'est une grande fresque sur plusieurs générations, à la Demy, avec coups de théâtre familiaux, adieux et retrouvailles dans un port breton. Souvent l'émotion - et pas seulement le rire - vient de la juxtaposition des bandes son - je pense à ce garçon abandonné chantant Jonasz avec ses rimailles aille aille ou à cette scène de reconnaissance qui pille le Mozart de la Flûte ("Ton- pa-pa c'est-mon-papa"). Pas trop aimé la fin ni l'accompagnement de synthé, mais tous comptes faits, cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu les Caramels Fous et je trouve qu'avec l'intrigue et les paroles de Michel Heim, on a dépassé le registre de la parodie pour arriver à quelque chose de plus troublant, qui tient très bien le choc dramatiquement (au beurre très salé). Mention spéciale à la bonne du curé (qui a au moins deux airs irrésistibles) et à la mère Chouchen (c'est Michel Heim, non?).
(Un spectacle à effets collatéraux .... *soupir*..... détonnants; quand je pense que depuis hier j'en ai un qui à la maison se prend pour une majorette en chantonnant à tout bout de champ "In the Navy")
(à vrai dire je suis plus Rhum and coca cola ou Je dois m'en aller)
dimanche 1 novembre 2009
Weerasethakul (อภิชาติพงศ์ วีระเศรษฐกุล) au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
D'emblée, à l'entrée de l'exposition, on est surpris par la force de cette vidéo (téléchargeable au bout du lien). Sur un fond d'explosions nocturnes, des adolescents d'une petite ville du nord de la Thaïlande jouent avec un ballon de foot enflammé qui va mettre le feu à une toile. Tout est déjà dit: le feu qui surgit et polarise l'écran, le jeu avec la violence qui fait surgir les vies antérieures de cette petite ville, autrefois un théâtre de la guerre civile. Weerasethakul a organisé cette exposition comme le portrait d'un endroit, un jeu subtil entre le passé et le présent (l'avenir, c'est le cinéma avec toutes ses images, dit un des personnages), un parcours de réincarnation avec la construction d'un vaisseau spatial, des loups dans la jungle, une princesse. Des choses très simples qui nous entraînent très loin.... Un des charmes de cette installation, c'est que, à la différence du temps linéaire d'un film, on peut s'y promener et y picorer des morceaux de temps. Plusieurs de ces vidéos marchent par groupe; ainsi, celle où des adolescents apprennent à tirer dans une rizière fait face à celle sur des explosions nocturnes inexpliquées. Je regrette juste d'avoir été pris par le temps et de ne pas avoir vu toute la dernière (et magnifique) vidéo (35').
samedi 24 octobre 2009
En ce moment au cinéma, je donne dans le culte de la déesse H
Querelle: J'étais curieux de revoir ce film qui, comme Despair et contrairement à la plupart des Fassbinder, ne m'a jamais vraiment plu. Je l'ai trouvé encore cette fois à la fois déplaisant et bandant; il m'a moins choqué (mais tout autant troublé) que quand j'avais 20 ans; je comprends mieux que c'est une chose mentale et qu'il ne faut pas y chercher de trame réaliste. J'accroche bien aux deux premiers tiers du film (la rivalité avec le frère jumeau, la mise en situation de l'ouvrier polonais ("L’amour ne peut rester passif") que Querelle s'attache à transformer en un double de son frère (facile, c'est le même acteur qui joue les deux rôles) pour mieux l'aimer/trahir, en un mot); mais je trouve toujours la fin (dominée par le personnage du capitaine) vraiment déconcertante. La chanson de Jeanne Moreau (Each man kills the thing he loves) ne m'émeut que quand dans cette scène (vidéo ci-dessous) où l'accompagnement se tait, et où Moreau bifurque sur Each man cares the thing he loves. Je me souviens de l'incroyable histoire de El Hedi ben Salem, à qui le film est dédié, la dédicace apparaissant, de façon symptomatique, pile au moment des retrouvailles de Querelle et de son frère.
Hotel Woodstock: la combinaison curieuse d'une histoire d'apprenti sorcier (vite dépassé par l'événement qu'il feint d'organiser) et de songe d'une nuit d'été (le moment carnavalesque où chacun trouve sa part de vérité); le tout doublé d'un roman familial (comment un gentil pédé finit par s'émanciper d'une mère à côté de qui Pauline Carton à son apogée est l'image même de la douceur). Vu de maintenant, 1969 semble vraiment bien proche de la seconde guerre mondiale et des conflits qui ont suivi (VietNam et Corée). Le film est plaisamment terre à terre et n'a pas peur de la boue; j'adore cette scène où le travelo ex-GI de Corée défonce les parents avec huit brownies coupés à l'herbe....
lundi 7 septembre 2009
Récapitulons
Ce week-end: 1- j'ai passé plein de coups de fil pour cette nouvelle association de musiciens gais; 2- le chat est rentré enchanté de sa première randonnée gaie; 3- j'ai poussé le vice jusqu'à acheter des baguettes gaies dans une boulangerie gaie, rue Rambuteau. Aoui; je suis allé à un brunch pas gai mais qui était très gai, si vous voyez ce que je veux dire.
mercredi 22 juillet 2009
Le roi de l'évasion, d'Alain Guiraudie
- L'art de l'évasion d'un garçon de 43 ans (qui court bien, un vrai roi de la pédale) - on comprend qu'il soit fatigué de la drague homo, mais rester avec une jeunette, c'est une autre affaire; les hommes mûrs c'est quand même autre chose
- "- Si tu n'es pas content, je te mute dans le Tarn-et-Garonne! - Non, pas le Tarn-et-Garonne!"
- Le café de campagne avec le mari irascible (au menu: omelette de cèpes, avec de la charcuterie: jambon, saucisson, fritons de canard et fritons de porc)
- La tour de la cathédrale d'Albi (et le héros à contrejour, sur sa terrasse)
- Le choix de la couleur du tracteur (qui vire en scène de drague homo, laisse nous tranquilles une minute maman)
- L'abus de dourougne
- Le rêve dont on connaît la fin mais pas le début
- Un film aussi irracontable qu'un Lubitsch
- Un film qui devrait enfin désarçonner les mauvaises: mais oui! il est beau cet acteur avec ses rondeurs, son air carré et son regard mouillé
- La fin, douce et flamboyante - l'amour à deux, le baiser au septuagénaire puis la nuit à quatre