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zvezdoliki

20 juillet 2005

l'étonnante synthèse : Huelgas et la Rochelle

...je continue à picorer dans mes disques Huelgas et je tombe sur leur subliiiime disque Claude Lejeune, le Printans, que j'avais complètement oublié. Tiens, Claude Lejeune, un parpaillot qui s'est réfugié à La Rochelle en 1589, pendant l'un des âges d'or de la ville, avant le siège de 1628 et le retour à la couronne royale. Ce cahier célèbre dessine une des portes de sortie possibles au grand bain lustral (ou la grande bouillie, comme on voudra) de la Polyphonie Renaissante, pas la plus empruntée assurément. Lejeune adopte la scansion des Anciens et abandonne la mesure fixe, se calant complètement sur le texte de de de de Baïf qui est remarquablement intelligible, de de de ce fait. Comme le dit sauvagement le texte de la pochette (je n'oserais pas opposer homophonie à mélismes, moi, c'est sûr), Lejeune "opte sans compromis pour un style purement homophone, exempt de mélismes". Accessoirement, Lejeune était l'un des compositeurs de Messiaen, à cause des rythmes non rétrogradables (ou palindromiques, si on veut) et de l'écriture modale, je crois ....Hop, dans la radio (il faut bien pouvoir s'isoler de ses petits collègues, de temps à autre).

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11 juillet 2005

Ensemble Huelgas à Saintes (14 juillet)

En dépit du retour à Paris, encore un peu sous le coup de l'euphorie du concert de l'ensemble Huelgas de Paul Van Nevel qui ouvrait le 14 juillet le festival de Saintes (qui va se refermer avec Herreweghe dans Mahler, huhuhu). Programme festif, centré sur les polyphonies imaginaires de la Renaissance, ces architectures chorales de 12 à 40 voix solistes, plus accessible qu'il n'y paraît malgré sa haute tenue musicologique. D'une difficulté redoutable, magistralement chanté par l'ensemble Huelgas dont on ne louera jamais assez la plénitude sonore (du chocolat 90% de cacao, disons-le); van Nevel ne fait jamais le choix de voix criardes individualisées comme certains le font dans le répertoire de la fricassée parisienne.

 

 

Variété dans les dispositions: chaque effectif suscite une nouvelle structure géométrique, les pièces à 40 (Tallis, Striggio) ou 24 voix étant données en cercle, les pièces à 16 en carré, la pièce à 3 choeurs de 4 étant chantée en stéréophonie, en utilisant les deux chapelles du transept (pas facile d'être nickel rythmiquement; ils le sont !).

Le programme reprenait quelques "tubes" du disque magistral Utopia Triumphans (un disque à acheter et emporter sur l'île déserte, et dont la peinture ci-dessus orne la couverture- j'ai lontemps cru, à tort, que c'était une oeuvre de la Renaissance....): les motets à 40 voix de Striggio et de Tallis (qui, épaté par le motet de Striggio, a voulu relever l'honneur des Anglois dans la catégorie 40 voix), le 24 voix de Josquin (Qui Habitat), qui fait vraiment minimaliste américain, et le subliiiiime 16 voix de Gabrieli (Exaudi Domine) dont je parle plus bas. Mais comportait aussi d'autres pièces, notamment une chanson parisienne lyonnaise: jamais avare de putasseries, je ne résiste pas à la tentation de recopier les paroles pour amuser le Vrai Parisien Dieusaitqui: en venant de Lyon bon bon bon/ Trouvay en buysson Robin et Marion/ il lui levoit son pellisson bon bon....etc...enfin, vous voyez le genre, genre, genre.

Une musique d'éléphants blancs: d'un côté, l'étourdissement de l'individualisation à outrance, de l'autre, un texte inintelligible, le caractère cristallin d'une musique qui a du mal à varier le propos. La descendance de tout cela: les modernes bien sûr mais aussi des conservateurs, évidemment: la sublime fantaisie de Vaughan Williams, les Métamorphoses de Strauss... sans parler de ce motet à 35 voix que l'un des chanteurs de Huelgas a écrit pour les 35 ans du choeur.....

Pour recommencer sur des bases saines, je colle dans la radio le Tallis et le Gabrieli. Le Tallis, Spem in alium c'est tellement beau qu'on devrait l'instituer hymne de la blogosphère et le chanter aux grandes occasions, genre pique-nique de Kozlika, seulement s'il fait beau toutefois, sinon le triomphe de la perfide Albion serait total. Le Gabrieli tire nettement vers le monde des madrigalistes: c'est le seul morceau de musique dans lequel on comprend le texte, dans lequel il se passe quelque chose (et dans lequel on ne baigne pas dans un liquide amniotique ou dans une cathédrale, au choix) et pour lequel la découpe strophique s'entend très bien (chaque strophe se finissant par "quando caeli movendi sunt et terra..."), avec une péroraison finale sur le dernier vers sur lequel van Nevel a, vendredi, accéléré comme un possédé (enfin, davantage que dans le disque). Pour élargir le propos, je remets un des plus beaux motets des franco-flamands, le Nesciens Virgo Mater de Jean Mouton (dans l'interprétation un peu ancienne de David Munrow et de son ensemble).

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Pour la petite histoire, sur les conseils avisés des deux Philippe[s], nous sommes allés souper dans l'Abbaye aux Dames, sur une bande son d'accordéon et de feu d'artifice du 14 juillet. L'indispensable Sud Ouest révèle que le dîner, fort délectable, était concocté et servi par les Flying Saucers, une équipe "spécialisée dans la restauration événementielle". Service efficace et voltigeant, non avare de ces vols planés annoncés au programme et facilités par la configuration médiévale des lieux (non je ne me suis pas pris un bar aux épices sur le coin de la trombine, bine bine bine, mais bon, bon, bon....). Dîner à deux tables du maître, Paul van Nevel himself, en train d'achever un bâton de chaise, manifestement indifférent aux regards de gorgone du chat de Dieusaitqui (qui déteste les cigares et ceux qui les fument).

 

11 juillet 2005

Toblach

Ma photo culte du Komponierhaüschen où Mahler a passé les étés 1908-1910 à composer la IXième, la Xième et le Chant de la Terre

J'ai enfin compris pourquoi on a l'impression dans la fameuse photo de 1909 que cette région est plate: c'est un point-selle (c'est marqué sur la carte Tobacco !) d'un côté, les sources de la Drave (qui va à Maribor puis Osijek, tiens tiens), de l'autre le lit de la Rienza (qui part plutôt vers l'Adriatique). C'est un beau point selle, presque plat, et les montagnes directement avoisinantes sont très basses, on a un sentiment un peu fou d'espace. Une pensée émue, évidemment, pour M. GvgvssE.

Ce que l'on voit du Komponierhaüschen:

11 juillet 2005

Vérone

Les sublimes jardins Giusti (un des plus beaux jardins qu'il m'ait été donné de voir):

Roméo (à droite) et Juliette (à gauche) (et Whisky et Zoulou ne sont pas loin)

11 juillet 2005

zvezdolomitico

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9 juillet 2005

variations (1): où Mozart met la pilée à Beethoven 4 à 2


Je rappelle les règles de notre grand jeu-concours de ce soir, il faut:

  • avoir 29 ans
  • écrire au sein d'un quatuor en la, un mouvement à variations en ré majeur, mouvement qui fera l'ojet d'un vote du jury !

Qui ( roulements de timbales, majas desnudas, averse de gloubiboulga) de nos deux candidats de ce soir, Ludwig v. et Wolfgang A., va l'emporter ?

Alors là, j'arrête tout de suite, dans mon souvenir - car ce grand jeu a déjà eu lieu, c'est du différé, je dois bien l'avouer- le jeu était équilibré, Ludwig s'en sortait plutôt bien, le mouvement lent de l'opus 18 n°5 tenait la route par rapport à celui du KV 464. Et bien, je dois dire que, tout bien réécouté, avec mes oreilles d'aujourd'hui, je dirais maintenant que Wolfgang sort nettement vainqueur de notre grand jeu-concours.

La comparaison n'en reste pas moins très instructive sur les deux musiciens, écoutons donc.

Commençons par le Mozart: c'est le le 3ième mouvement du 18ième quatuor K464 daté de 1785.

Déjà, le thème est magnifique; élégamment asymétrique (8 +10 mesures), avec du relief, des chromatismes subtils, un équilibre rythmique étonnant avec cette formule entourée ci-dessous qui installe un contretemps qu'il faut résoudre, qui revient telle quelle une deuxième fois et crée carrément la surprise (forte subito). On la retrouvera plus tard (héhéhéhé), je n'en dis pas plus ici (teasing.....).

  1. 1ère variation (à 1'28"): c'est le 1er violon qui tricote (vite et bien) son fil rouge autour du thème. C'est une variation dite ornementale, dans le jargon.
  2. 2ième variation (à 2'56'', logique): le fil rouge passe au 2nd violon, du coup ça chante, ça respire.
  3. 3ième variation (à 4'16", c'est implacable): des dialogues, par blocs; ça se détricote, ça se détend, parce que plus tard, il faudra bien reconverger.... (manoeuvre subtile !)
  4. 4ième variation (à 5'44"): ré mineur. Des sextolets de doubles que l'on s'échange entre musiciens de bonne compagnie. Les rythmes pointés de la dignité outragée. Donna Anna, quoi. Au fond je n'aime pas beaucoup ce drame un peu factice (beurk, de l'opéra).
  5. 5ième variation (à 7'25") retour au majeur, avec une musique pleine d'effusion chromatique, chaude et contrapunctique à la fois. Je craque, je fonds de bonheur (enfin, il faudrait choisir).
  6. 6ième variation (à 8'44"): sur un rythme militaire au violoncelle, les 3 autres cocos complotent ensemble, mezza voce, à l'intérieur du chaudron.
  7. 7ième variation (coda, de 10' à la fin) : le rythme militaire s'élève progressivement d'instrument en instrument vers un la cadenciel, qui ne demande qu'à être résolu. Le thème est réexposé à 10'47", écoutez bien, on suit la phrase du début jusqu'à la formule magique que j'ai entourée dans le thème, qui se révèle être un raccourci pour conclure, en évitant le centre du thème (à caractère centrifuge si vous me permettez cette contradiction). Presque aussi énigmatique que la fin de l'opus 111 avec ses décélérations.

Passons maintenant à Beethoven avec son opus 18 n°5 en la de 1799. En fait, il a lu, aimé et recopié le quatuor KV 464, et il y a pensé, manifestement, en écrivant ce beau mouvement lent. Même s'il a moins d'expérience que Wolfie au même âge, ce n'est tout de même pas un poulet de l'année: il a déjà derrière lui des sonates pour piano, des trios.

Déjà le thème: il est tout simple, tout carré, c'est du 2*8 mesures, sans chromatisme ni relief tourmenté. Un thème-prétexte, comme souvent chez B.

  1. variation 1: Pas inconscient, Beethoven sait bien que son thème est nul et qu'il faut intéresser l'auditeur. Alors il écrit une variation avec beaucoup de caractère et d'humour, avec une succession de têtes baroques rigolotes. C'est une solution logiquement différente de celle de Mozart qui aime tellement son thème qu'il en respecte la lettre en se contenant de lui mettre du persil dans les naseaux (du moins, dans cette première variation).
  2. variation 2: le moment de bravoure (relative) du 1er violon (en sextolets; ça accélère et c'est une marque de fabrique de Beethoven de varier la pulsation de base: voir encore l'opus 111, c'est différent de Mozart qui garde son fil rouge rythmique inchangé). Rien à faire, un violon 1 qui fait le coq, ça me fout en boule.
  3. variation 3: accélération rythmique, clapotis du 2nd violon. Me touche surtout l'alto, qui, idéaliste tendance grave, chante un monde meilleur, au début de la seconde mi-temps.
  4. variation 4: variation mystérieuse, pianissimo, avec des successions d'accords qui s'animent de façon imperceptible. Ces enchaînements chromatiques frappent davantage l'imagination que ceux de Mozart car on ne les a pas entendus avant (c'est une bonne idée de Beethoven, ça)
  5. variation 5 (6'44"): Bastringue ! c'est la fête à Neuneu. M n'a pas tort, Beethoven c'est vulgaire. Mais que c'est drôle de voir ces marquises sauter sur leurs réveille-matin qui font dring....
  6. variation 6 (7'56"): bifurcation en si bémol une modulation, retour à ré.....cadence et thème déconstruit, liquidé. Ressemble étrangement à la fin du Mozart, en moins excitant je trouve.

Récapitulons: chez Mozart je trouve plus réussis le thème, la variation 2 (celle qui chante qui respire et qui palpite), la variation 6 (le complot sous contrainte militaire) et 7 (la fin, sublime). Mozart, 4 points.

Chez Beethoven, j'aime la variation 1 (son esprit "je casse tout"), la 3 pour l'idéalisme, la 4 pour les complots chromatiques. Et j'enlève un point à cause du bastringue. Beethoven, 2 points.

4 à 2 pour Mozart: c'est (presque) sans appel, non ? Enfin, dans la catégorie, thème et variations en ré majeur, compositeur de 29 ans....

 

30 juin 2005

Young Mr Lincoln, de John Ford

- un gâteau à la pomme et un gâteau à la poire

- une guimbarde (c'est bien une tige qui se se sépare en deux branches, non ?)

- un tronc fendu en deux grâce à trois rivets (enfin...je crois?)

- un avocat qui se balance sur son rocking chair, histoire de bien montrer deux longues jambes nonchalantes

- une pleine lune/ pas de lune (cf l'almanach de maman, page 12)

- des doubles binds en veux-tu en voilà; ça commence par: -si vous m'élisez je serai reconnaissant, sinon merci aussi (ah zut ce n'est pas un double bind, pff j'ai l'air malin), ça se poursuit par -si vous voulez me payer, tant mieux, sinon tant mieux aussi (même remarque) et ensuite on passe à : -si je dénonce mon fils A, je perds mon fils B et réciproquement (ça sent salement le double bind, ça).

Young Mr Lincoln, de John Ford. Comment peut-on avoir ignoré si longtemps un film pareil ?

25 juin 2005

sensibilité: encore un mot de la langue française dont je ne dois pas connaître le sens, au fond

(...)...et puis tu dois tenir compte de ma sensibilité: par exemple, je ne peux même pas supporter l'idée de deux hommes en train de s'embrasser (moue expressive). C'est une affaire de sensibilité, ça, tu ne peux pas revenir là-dessus.....(...)


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Allez, ça suffit le ressassement, je file marcher entre Montparnasse et Bastille.

22 juin 2005

Autour du premier mouvement de la symphonie Haffner de Mozart

Mozart, encore Mozart, toujours ré majeur, cette fois-ci le premier mouvement de la 35ième symphonie, la Haffner. De loin la symphonie de Mozart qui me plaît le plus, pour sa tension et son énergie, son monothématisme strict à la Haydn. Cette forme sonate-ci est vraiment obsessionnelle avec ce thème guindé qui irrigue tout le mouvement.

Une cocotte-minute avec les tenues véhémentes, les rythmes pointés prêts à exploser. Chez Harnoncourt, ça sent le ragoût de mouton dès la première écriture contrapunctique (mesure 13, à 0'23"), on entend les altos bêler en contrechant (et faire scintiller les tenues, du coup, un peu comme des trilles). Je donne sans doute dans la psychologie de bazar mais il me plaît de penser que ce chaudron Ancien Régime avec ses rythmes pointés à la française a quelque chose à voir avec l'état général de fermentation pré-révolutionnaire de Mozart en 1783 et son irritation vis-à-vis de Sigmund Haffner, le commanditaire de l'oeuvre qui avait été anobli récemment.

Ce qui est très beau dans ce thème, c'est ce mélange de valeurs longues (la ronde) et courtes (des doubles croches) qui lui donne dès le début un air de musique venue de Sirius. Assez vite, la nature ayant horreur du vide, des figures rapides viennent se superposer au thème, qui change de physionomie à 30". La tentation pour un mauvais chef, je le sais d'expérience, est d'accélérer à ce moment là et d'écraser sans discernement les misérables vermisseaux qui tricotent dans la soute. C'est une des petites illusions délicieuses en musique: l'auditeur a l'impression que le discours s'anime alors qu'objectivement il n'y a pas la moindre variation de la vitesse de défilement. Soit dit incidemment, c'est aussi le ressort du quatuor Lever de soleil de Haydn (radio) et l'une des recettes de l'agogique.

Avouons-le, j'aime aussi ce mouvement à cause de son deuxième unisson qui me fait toujours un effet boeuf (à 2'05", de la à mi, pour pouvoir conclure en la; ou, à 5'08", de ré à la pour finir en ré), le pendant du thème initial à plus d'un titre. En reprenant la partition, je me suis aperçu que cette ligne qui monte vers l'aigu est le renversement de la gamme initiale (ré-do#-si-la) et le comblement, par degrés chromatiques, de l'ambitus initial (une octave et demie). Mozart comble son gap, comme un analyste chartiste. Sur un mode ironique et flamboyant, avec ses trilles et une accélération rythmique jupitérienne.

Nouvelles définitions de la forme sonate: 1) c'est ce qui comble le gap du chart; 2) c'est ce qui rattache Sirius à la terre. J'en ai une autre avec un lapin et un chasseur, ce sera pour une autre fois.

Radio: je mets aux côtés de l'allegro con spirito, le finale de la Haffner (pour les timbales et les surprises), et en radio-Haydn le début du lever de soleil (opus 76 n°4 en sib majeur).

PS: pour finir sur une note culinaire, je suis fou de la tache d'huile de la mixture violons-clarinette puis violons-flûte à 1'36" du début (la gamme ascendante).

17 juin 2005

Steamboat Round the Bend de John Ford

un film de John Ford en 1935,

- où un George Washington en cire, des litres de liqueur Pocahontas et tous les objets en bois, barque de secours comprise, finissent dans la chaudière d'un bateau à vapeur pour sauver un jeune marié de la potence....

- où un noir froussard à la voix inimitable propose un verre d'eau à un Nouveau Moïse repêché du fleuve (à ne pas confondre avec le Nouvel Elie)....

- où la formule de mariage "je vous unis jusqu'à ce que la mort vous sépare" prend un sens particulier....

- où, scène impressionnante, des paysans prêts au lynchage sont in extremis adoucis par le spectacle de quelques figurines.

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