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zvezdoliki

10 septembre 2006

Lucia di Lammermoor, à la Bastille

Quand j'écoute Lucia, je me demande d'où vient l'émotion (car émotion il y a). Ma conclusion (provisoire): ça vient des voix, exclusivement. Même aux grands moments (à l'acte I, l'air de Lucia; à l'acte II, le duo entre le frère et la soeur, puis, à l'arrivée d'Edgardo, le sextuor; à l'acte III, l'air de la folie puis le suicide, et les deux airs d'Edgardo), difficile d'identifier un sentiment dans cette série de om-pa-pa; la seule chose qui change, c'est le tempo et la densité d'ornements, ce n'est pas assez pour définir une atmosphère. Dans un opéra de Wagner, de Mozart, de Rameau, on perçoit tout de suite l'accablement, la rage, l'étonnement; là...c'est toujours un peu la même chose, d'un peu indéfinissable...l'état victorieux, sportif du chanteur qui finit sa vocalise.

Comme disait le père Igor: "Je considère la musique, par son essence, impuissante à exprimer quoi que ce soit : un sentiment, une attitude, un état psychologique, un phénomène de la nature, etc... L'expression n'a jamais été la propriété immanente de la musique". En écoutant l'air de la folie par exemple, on se disait que s'il n'y avait pas le glass harmonica (comme ici) pour suggérer l'étrangeté et pour baliser le territoire (ailleurs: des cors, des trombones font chasse ou cimetière), la musique de cette scène pourrait tout autant suggérer une aube d'été en montagne, la découverte d'une nouvelle marque de yaourts au supermarché du coin que le début de la fin pour une femme qui sombre dans la folie. Même remarque pour le sextuor de l'acte II, dont Rosen loue la banalité; M** me dit que les six personnages expriment tous des sentiments différents - dans le texte sans doute, dans la musique, certainement pas.

Une production magnifique, donc, grâce aux voix : Natalie Dessay (grande présence scénique, voix plus grave et dramatique que je ne m'y attendais; déchaînée au moment des rappels, elle a tenu à faire la nique au public en marquant ostensiblement son soutien à Andrei Serban), mais aussi Ludovic Tézier (Enrico) et Matthew Polenzani (Edgardo). Je ne comprends pas l'hostilité suscitée par la mise en scène. Elle n'est même pas anachronique, elle a le mérite de la cohérence et suit bien la trame de la musique.

Add: pour les liens vers d'autres compte rendus, aller chez Kozlika ici (et aussi ici et  en attendant un très probable quatrième billet)

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1 septembre 2006

Prom 63

 

Vu le Prom 63 (écoutable ici) dans un Royal Albert Hall vide aux trois quarts. Une musique parfaitement dépressive. Les espèces de cachets roses géants suspendus au plafond du Royal Albert Hall m'ont tout de suite évoqué des neuroleptiques.... leur fonction acoustique m'a en revanche échappé. Un progamme pour choeur : les Songs of Despair and Sorrow de Kurtag (engendrant efficacement les sentiments décrits dans le titre), les doubles choeurs op 141 de Schumann (du RSch proche de l'asile) puis Rothko Chapel de Feldman.

Des trois oeuvres, c'est le Kurtag qui était de loin le plus intéressant. 6 pièces à effectif variable (sur scène, en plus du choeur, un quintette de cuivres, un sextuor à cordes, quatre bayans- des accordéons chromatiques russes, plus des percussions diverses et variées), mais personne ne joue en même temps. Je retiens le n°2 d'après Aleksandr Blok (très lent, avec des nappes de sons au choeur accompagné par les cuivres, avec le mot noch -la nuit- qui ressort), le n°5 - Crucifixion(Akhmatova), contrapunctique, passionné et très chargé quand il s'agit de Madeleine, puis brutalement hiératique quand il est question de Marie; et enfin et surtout le n°6, Pora (It's time) (Tsvetayeva), à base de percussions (cloches, cymbales, toms dans une ronde à trois temps), un adieu au monde finissant dans des chuchotements, du très grand Kurtag. Cette oeuvre sera redonnée à Paris dans le cadre du Festival d'automne (n'est-ce pas Pascal).

Rien à dire du Schumann (qui fait s'effondrer une théorie que j'aime à soutenir, à savoir qu'il y a des choses passionnantes même dans le dernier Schumann). Quant au Feldman.....ma théorie sur la question (puisque Rothko Chapel est souvent joué) c'est que c'est une musique qu'aiment des gens qui n'aiment pas la musique. Qui s'intéressent à la chapelle commandée par les DeMenil à Houston, par exemple. Mais j'ai trouvé qu'il y avait pour le moins un hiatus entre ce qu'annonçait le programme (une musique "expressive, subjective") et ce que j'ai entendu, une musique très pauvre - des percussions hiératiques, un choeur bouche fermée et un alto qui joue inlassablement les mêmes figures de septième. Le pompon étant cet air élégiaque vers la fin, dont Feldman dit que c'est le souvenir d'une pièce écrite quand il avait 14 ans..... Effectivement.

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Demain, on peut écouter le prom 65 en direct en attendant un éventuel compte-rendu ici.

 

28 août 2006

Le vent se lève, de Ken Loach

On voit bien la thèse: le sens du soulèvement irlandais de 1920 a été dénaturé par le traité de 1921 (consacrant la partition du pays et son indépendance économique mais pas complètement politique, l'Irlande restant un dominion au sein de l'Empire britannique); lors de la guerre civile de 1923, la répression fratricide des républicains anti-traité (poussant vers une politique sociale et économique plus radicale) par les nationalistes de l'IRA (proches de l'Eglise et des marchands d'armes) a été du même acabit que celle des irlandais par les Black and Tans anglais.

Soit. Cette histoire rappelle furieusement une autre trahison, celle des républicains espagnols par les staliniens à Barcelone. Sans coeur comme je suis, j'ai tout de même du mal à me convaincre que le choix d'accepter le traité effectué par les nationalistes et les militaires a été une faute inacceptable. Je lis ici qu'Eamon de Valera (un des chefs républicains anti-traité, futur président de la République d'Irlande) aurait déclaré ultérieurement que le rejet du Traité avait été une des pires erreurs politiques de son existence. Je note que la constitution de 1937 a mis à bas de nombreux pans de l'héritage du traité de 1921 et que l'Irlande a fini par se séparer totalement de l'Empire Britannique en 1949.

Prestige de la radicalité et du refus de compromis obligent, le film devrait faire un tabac en France. Il est très violent, bien joué et, efficace, vise droit aux tripes.


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Vais pactiser avec l'ennemi, à Londres, pour quelques jours. Ce blog sera peut-être mis à jour, mais peut-être pas non plus.

26 août 2006

ça brûle, de Claire Simon

- Une très jeune fille, un cheval, un pompier, le feu. Un début éblouissant: un cheval qui marche sur la route, réagissant à des bruits variés (un hélicoptère, des oiseaux, le vent), se penche sur la jeune fille allongée sur la route. Une voix off parle à la jeune fille: j'ai cru que c'était le cheval qui parlait, comme dans Shrek, mais non: c'est Melki, le pompier, qui reste les réflexes de la jeune fille en état de choc (une séquence qu'on reverra plusieurs fois dans le film). Trivial et puissant tout à la fois.

- Une première partie à la Iosseliani, avec un humour décalé (le blondinet de 3-4 ans qui tremble parce qu'il y a un cheval qui vient boire, vrouf vrouf, dans sa piscine démontable à lui: quelle angoisse), des rimes visuelles et un sens aigu du collage. Brusquement, ça bifurque vers le tragique - et le documentaire. Du très bon cinéma, un film qui n'est pas réductible, lui, à sa bande-annonce.

fr

- J'ai mis l'affiche de ça brûle (offerte quand on va voir le film) dans la cuisine, au-dessus du four. Du coup, j'ai décalé à gauche, au-dessus de l'évier, celle de la Tentation de l'Innocence (c'est difficile d'avoir les mains complètement propres dans cette cuisine

22 août 2006

Rien de tel qu'un détaché au violoncelle pour tout mettre à feu et à sang

Pour rester dans l'ambiance du billet précédent, dans la musique des années 60 de Chostakovitch, j'écoute le 11ième quatuor, à la mémoire de Vassili Chirinski, le second violon du quatuor Beethoven. Et dans ce quatuor, le quatrième mouvement, Etude.

Une mouche qui s'agite au dessus d'un choral simple et fraternel, à la Moussorgsky.

Deux façons d'intensifier le discours: passer du legato au détaché (ça volait, ça racle), passer le relais du violon au violoncelle (ces gros machins ont besoin de davantage de kérosène pour décoller). Idée simple, effet maximal.

Quelques autres mouvements, très brefs, de ce quatuor dans la radio.

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16 août 2006

Ils se sont mariés à Berlin....mais ils ont déjà un peu la tête en Amérique.....

Enfin tout de même, ils ne se sont pas mariés à la station Wedding, mais sous ce beau dais de roses.

La mariée s'était inspirée pour sa robe de mariage de Joséphine de Beauharnais, qu'elle aurait fait pâlir de jalousie. Quant au marié, il avait piqué sa tenue de soirée au Parrain IV ; ce coup d'audace a rendu le mariage totalement incontestable.

Le soir, le marié a lu à la mariée une lettre à Elise de sa composition, avec ce mélange d'intime et depublic knowledge qui caractérise d'ordinaire les bons blogs. C'est l'occasion ou jamais d'inviter le choeur à chanter d'un air déchirant: Voglio una donna "F***! un blog !"

En bref, c'était un beau mariage et une belle journée, à la fois joyeuse et grave, signant la fin d'une époque: F et E seront encore plus qu'à Berlin (soupir) des amis virtuels une fois installés à NYC....

15 août 2006

Une publicité dégoûtante dans le métro à Berlin

(le classique a besoin de la passion, c'est une publicité pour Lothar Zagrosek et l'orchestre du Konzerthaus Berlin; il y en a toute une série, dont un violoniste avec une plaie sur le cou à l'endroit de la mentonnière - que je n'ai pas pu prendre en photo)

10 août 2006

encore Schwarzkopf

Citée par Alain Lompech dans le Monde, cette confidence d'Elizabeth Schwarzkopf en 1979:

Je me suis laissé émouvoir une fois en scène par mon propre chant et j'ai pleuré. Mon maquillage a coulé, mes larmes ont redoublé, et évidemment j'ai très mal chanté la suite de mon air.

Schwarzkopf: le meilleur (la lucidité, la ténacité, le refus de s'en laisser compter, la dévotion à l'art) et le pire (l'afféterie, le narcissisme,.... la dévotion à l'art).

8 août 2006

Je me souviens de la belle province (3)

Et voici un assortiment de photos de Montréal. Je certifie n'avoir blessé aucun animal en réalisant ces photos (sauf un bison à qui j'adresse l'expression de ma contrition la plus sincère). Et je m'excuse d'avance auprès de Laurent qui risque un choc nerveux à la vue d'une photo à proprement parlerinsoutenable.

J'ai pour habitude d'éviter de publier des photos avec des gens sur ce blog; j'ai fait quelques entorses cette fois-ci car cela me semblait très dommage de ne rien donner à voir, notamment pour les concerts et notre rhapsodie magnifiquement chantée par une contralto québécoise, Sonia Sasseville, et par l'association des deux choeurs vedette de la soirée, Ganymède et Melomen. Si quelqu'un trouve à y redire, qu'il n'hésite pas à me signaler, je suis prêt évidemment à retirer toute photo qui paraîtrait déplacée. Pour la cérémonie d'ouverture tout va bien; la plupart des photos sont floues car nous avons collectivement beaucoup remué dans cet immense parterre du stade olympique. Il y a d'ailleurs beaucoup de photos floues dans la série- l'émotion sans doute, l'émotion qu'il ne faut pas gommer.

J'ai créé une rubrique attente de la Gay Pride....car ces photos de retraités attendant assis sur des pliants et en mâchouillant du pop corn la Gay Pride sur René-Lévêque interdit à la circulation étaient bien plus amusantes que le défilé lui-même (beaucoup plus organisé et clos que le grand foutoir sympathique de la Gay Pride parisienne). Pour le reste...ces photos ne disent pas la joie que nous avons eue, collectivement je crois, d'être à Montréal ces jours-là.

Add: Pour illustrer la radio et rester dans l'ambiance, j'aurais bien mis une version de NOTRErhapsodie de Brahms, mais je ne suis satisfait par aucune de mes versions au disque, que ce soit Ferrier (qui crachouille et est proscrite par les bons auteurs) ou Price (qui n'a pas la voix qui convient). Je me rabats sur la sérénade de Suk, interprétée par les I Musici de Montréal. Je crève d'envie de rejouer cette musique, que nous n'avons pas travaillée avec cet orchestre-ci. Une musique nostalgique et chaleureuse, qui se souvient de la sérénade en mi de Dvorak qu'elle dépasse par moments.

Add. 2 (du 17 août) Ici d'autres photos (ni floues ni tremblées) avec un album complet consacré à l'orchestre.

8 août 2006

Je me souviens de la belle province (2)

t de ce déjeuner où j'ai pris du bison plutôt que du caribou du Nunavut dans mon hambourgeois

(C'est mou, c'est mou ce blog.... jamais je n'arriverai à faire aussi incisif pour mon retour de Montréal que ce retour de Marseille.....il est temps que ce blog se mette à manger du bison):

(ceci est un subtil teasing pour faire attendre photos + d'athlètes + gay + nus)

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