Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
zvezdoliki
30 juillet 2005

les vacances de Monsieur Zvezdo

J'ai mis ici un album-photos de mes vacances début juillet, avec quelques vues:

  • de Toblach qu'on ne présente plus,
  • des Dolomites, en trois séquences: les Drei Zinnen, les Cinque Torri et le lago di Braies/Pragser Wildsee,
  • de Vérone, avec une série de photos sur les sublimes jardins Renaissance du palais Giusti, et aussi, dans la rue, à côté des arènes, les décors d'Aïda pour le festival d'opéra ....,
  • de Munich, un jour de Christopher Street Day,
  • et de la Rochelle, le dernier jour des Francofolies, et où j'ai caché une maison de Monsieur Hulot....

Publicité
26 juillet 2005

concerts imaginaires à la Roque d'Anthéron

Un fils spirituel de René Martin pourrait organiser un festival à la Roque d'Anthéron avec des concerts sans personne sur scène, les soirs de grand vent, de façon à ce que le public puisse se concentrer sur le decrescendo des cigales et l'irruption des grillons, à la nuit tombée, et puis sur le beau concert du vent dans les branches, en évitant des perturbations aussi inutiles que des chutes de pupitres sur la scène ou les bêlements des bassons (au hasard).

Comme ce que nous avons entendu ce week-end n'était pas fameux (un 1er concerto de Brahms à oublier, un récital Brad Mehldau intéressant sans être passionnant), je me me console en programmant sur la radio des extraits de:

- la Belle Maguelonne (pour faire couleur locale): Brigitte Fassbaender et Elizabeth Leonskaia dans Brahms; - la suite en plein air de Bartok (un souvenir de Deszö Ranki à la Roque en 2003; sauf que là c'est Claude Helffer).

21 juillet 2005

le goujat et la poivrade

A midi, je suis invité à un déjeuner professionnel, à l'enjeu ténu, pas de quoi me gâcher ce plaisir pas très fréquent. C'est chez Georges, le restaurant du 6ième étage de Beaubourg, avec la vue sur tout Paris.

Deux suites de tests psychotechniques, d'abord sur l'ascenseur: 1) trouver celui qui permet d'éviter l'entrée payante de Beaubourg et d'atteindre le 1er étage: 2) trouver celui qui va du 1er au 6ième. Une fois à table, le test continue avec la carte des plats: 1) comment la déplier; 2) la décrypter.

Autant il y a unanimité sur le plat (tout le monde a instantanément envie d'essayer le tigre qui pleure) (ex post, c'est effectivement un très bon choix), autant sur les entrées, il y a débat.

A, tentée par la poivrade au parmesan, demande : - la poivrade c'est bien du poivron ? (en vraie raclure de bidet, je ricane sous cape).

Le serveur (trètrètrès mignon, genre 15 ans, sortant d'Eton, l'accent de Jane B à ses débuts, la coupe de Louise B, mais en blond), ravi de pouvoir aider: - Ouiouiouiouioui, c'est ça. Au four.

Un quart d'heure plus tard la poivrade arrive. Catastrophe, c'est bien de la poivrade: des petits artichauts....A DETESTE les artichauts, qu'elle fait réexpédier en cuisine. On s'amuse de peu.

20 juillet 2005

l'étonnante synthèse : Huelgas et la Rochelle

...je continue à picorer dans mes disques Huelgas et je tombe sur leur subliiiime disque Claude Lejeune, le Printans, que j'avais complètement oublié. Tiens, Claude Lejeune, un parpaillot qui s'est réfugié à La Rochelle en 1589, pendant l'un des âges d'or de la ville, avant le siège de 1628 et le retour à la couronne royale. Ce cahier célèbre dessine une des portes de sortie possibles au grand bain lustral (ou la grande bouillie, comme on voudra) de la Polyphonie Renaissante, pas la plus empruntée assurément. Lejeune adopte la scansion des Anciens et abandonne la mesure fixe, se calant complètement sur le texte de de de de Baïf qui est remarquablement intelligible, de de de ce fait. Comme le dit sauvagement le texte de la pochette (je n'oserais pas opposer homophonie à mélismes, moi, c'est sûr), Lejeune "opte sans compromis pour un style purement homophone, exempt de mélismes". Accessoirement, Lejeune était l'un des compositeurs de Messiaen, à cause des rythmes non rétrogradables (ou palindromiques, si on veut) et de l'écriture modale, je crois ....Hop, dans la radio (il faut bien pouvoir s'isoler de ses petits collègues, de temps à autre).

11 juillet 2005

Ensemble Huelgas à Saintes (14 juillet)

En dépit du retour à Paris, encore un peu sous le coup de l'euphorie du concert de l'ensemble Huelgas de Paul Van Nevel qui ouvrait le 14 juillet le festival de Saintes (qui va se refermer avec Herreweghe dans Mahler, huhuhu). Programme festif, centré sur les polyphonies imaginaires de la Renaissance, ces architectures chorales de 12 à 40 voix solistes, plus accessible qu'il n'y paraît malgré sa haute tenue musicologique. D'une difficulté redoutable, magistralement chanté par l'ensemble Huelgas dont on ne louera jamais assez la plénitude sonore (du chocolat 90% de cacao, disons-le); van Nevel ne fait jamais le choix de voix criardes individualisées comme certains le font dans le répertoire de la fricassée parisienne.

 

 

Variété dans les dispositions: chaque effectif suscite une nouvelle structure géométrique, les pièces à 40 (Tallis, Striggio) ou 24 voix étant données en cercle, les pièces à 16 en carré, la pièce à 3 choeurs de 4 étant chantée en stéréophonie, en utilisant les deux chapelles du transept (pas facile d'être nickel rythmiquement; ils le sont !).

Le programme reprenait quelques "tubes" du disque magistral Utopia Triumphans (un disque à acheter et emporter sur l'île déserte, et dont la peinture ci-dessus orne la couverture- j'ai lontemps cru, à tort, que c'était une oeuvre de la Renaissance....): les motets à 40 voix de Striggio et de Tallis (qui, épaté par le motet de Striggio, a voulu relever l'honneur des Anglois dans la catégorie 40 voix), le 24 voix de Josquin (Qui Habitat), qui fait vraiment minimaliste américain, et le subliiiiime 16 voix de Gabrieli (Exaudi Domine) dont je parle plus bas. Mais comportait aussi d'autres pièces, notamment une chanson parisienne lyonnaise: jamais avare de putasseries, je ne résiste pas à la tentation de recopier les paroles pour amuser le Vrai Parisien Dieusaitqui: en venant de Lyon bon bon bon/ Trouvay en buysson Robin et Marion/ il lui levoit son pellisson bon bon....etc...enfin, vous voyez le genre, genre, genre.

Une musique d'éléphants blancs: d'un côté, l'étourdissement de l'individualisation à outrance, de l'autre, un texte inintelligible, le caractère cristallin d'une musique qui a du mal à varier le propos. La descendance de tout cela: les modernes bien sûr mais aussi des conservateurs, évidemment: la sublime fantaisie de Vaughan Williams, les Métamorphoses de Strauss... sans parler de ce motet à 35 voix que l'un des chanteurs de Huelgas a écrit pour les 35 ans du choeur.....

Pour recommencer sur des bases saines, je colle dans la radio le Tallis et le Gabrieli. Le Tallis, Spem in alium c'est tellement beau qu'on devrait l'instituer hymne de la blogosphère et le chanter aux grandes occasions, genre pique-nique de Kozlika, seulement s'il fait beau toutefois, sinon le triomphe de la perfide Albion serait total. Le Gabrieli tire nettement vers le monde des madrigalistes: c'est le seul morceau de musique dans lequel on comprend le texte, dans lequel il se passe quelque chose (et dans lequel on ne baigne pas dans un liquide amniotique ou dans une cathédrale, au choix) et pour lequel la découpe strophique s'entend très bien (chaque strophe se finissant par "quando caeli movendi sunt et terra..."), avec une péroraison finale sur le dernier vers sur lequel van Nevel a, vendredi, accéléré comme un possédé (enfin, davantage que dans le disque). Pour élargir le propos, je remets un des plus beaux motets des franco-flamands, le Nesciens Virgo Mater de Jean Mouton (dans l'interprétation un peu ancienne de David Munrow et de son ensemble).

*******************************************************
Pour la petite histoire, sur les conseils avisés des deux Philippe[s], nous sommes allés souper dans l'Abbaye aux Dames, sur une bande son d'accordéon et de feu d'artifice du 14 juillet. L'indispensable Sud Ouest révèle que le dîner, fort délectable, était concocté et servi par les Flying Saucers, une équipe "spécialisée dans la restauration événementielle". Service efficace et voltigeant, non avare de ces vols planés annoncés au programme et facilités par la configuration médiévale des lieux (non je ne me suis pas pris un bar aux épices sur le coin de la trombine, bine bine bine, mais bon, bon, bon....). Dîner à deux tables du maître, Paul van Nevel himself, en train d'achever un bâton de chaise, manifestement indifférent aux regards de gorgone du chat de Dieusaitqui (qui déteste les cigares et ceux qui les fument).

 

Publicité
11 juillet 2005

Toblach

Ma photo culte du Komponierhaüschen où Mahler a passé les étés 1908-1910 à composer la IXième, la Xième et le Chant de la Terre

J'ai enfin compris pourquoi on a l'impression dans la fameuse photo de 1909 que cette région est plate: c'est un point-selle (c'est marqué sur la carte Tobacco !) d'un côté, les sources de la Drave (qui va à Maribor puis Osijek, tiens tiens), de l'autre le lit de la Rienza (qui part plutôt vers l'Adriatique). C'est un beau point selle, presque plat, et les montagnes directement avoisinantes sont très basses, on a un sentiment un peu fou d'espace. Une pensée émue, évidemment, pour M. GvgvssE.

Ce que l'on voit du Komponierhaüschen:

11 juillet 2005

Vérone

Les sublimes jardins Giusti (un des plus beaux jardins qu'il m'ait été donné de voir):

Roméo (à droite) et Juliette (à gauche) (et Whisky et Zoulou ne sont pas loin)

11 juillet 2005

zvezdolomitico

9 juillet 2005

variations (1): où Mozart met la pilée à Beethoven 4 à 2


Je rappelle les règles de notre grand jeu-concours de ce soir, il faut:

  • avoir 29 ans
  • écrire au sein d'un quatuor en la, un mouvement à variations en ré majeur, mouvement qui fera l'ojet d'un vote du jury !

Qui ( roulements de timbales, majas desnudas, averse de gloubiboulga) de nos deux candidats de ce soir, Ludwig v. et Wolfgang A., va l'emporter ?

Alors là, j'arrête tout de suite, dans mon souvenir - car ce grand jeu a déjà eu lieu, c'est du différé, je dois bien l'avouer- le jeu était équilibré, Ludwig s'en sortait plutôt bien, le mouvement lent de l'opus 18 n°5 tenait la route par rapport à celui du KV 464. Et bien, je dois dire que, tout bien réécouté, avec mes oreilles d'aujourd'hui, je dirais maintenant que Wolfgang sort nettement vainqueur de notre grand jeu-concours.

La comparaison n'en reste pas moins très instructive sur les deux musiciens, écoutons donc.

Commençons par le Mozart: c'est le le 3ième mouvement du 18ième quatuor K464 daté de 1785.

Déjà, le thème est magnifique; élégamment asymétrique (8 +10 mesures), avec du relief, des chromatismes subtils, un équilibre rythmique étonnant avec cette formule entourée ci-dessous qui installe un contretemps qu'il faut résoudre, qui revient telle quelle une deuxième fois et crée carrément la surprise (forte subito). On la retrouvera plus tard (héhéhéhé), je n'en dis pas plus ici (teasing.....).

  1. 1ère variation (à 1'28"): c'est le 1er violon qui tricote (vite et bien) son fil rouge autour du thème. C'est une variation dite ornementale, dans le jargon.
  2. 2ième variation (à 2'56'', logique): le fil rouge passe au 2nd violon, du coup ça chante, ça respire.
  3. 3ième variation (à 4'16", c'est implacable): des dialogues, par blocs; ça se détricote, ça se détend, parce que plus tard, il faudra bien reconverger.... (manoeuvre subtile !)
  4. 4ième variation (à 5'44"): ré mineur. Des sextolets de doubles que l'on s'échange entre musiciens de bonne compagnie. Les rythmes pointés de la dignité outragée. Donna Anna, quoi. Au fond je n'aime pas beaucoup ce drame un peu factice (beurk, de l'opéra).
  5. 5ième variation (à 7'25") retour au majeur, avec une musique pleine d'effusion chromatique, chaude et contrapunctique à la fois. Je craque, je fonds de bonheur (enfin, il faudrait choisir).
  6. 6ième variation (à 8'44"): sur un rythme militaire au violoncelle, les 3 autres cocos complotent ensemble, mezza voce, à l'intérieur du chaudron.
  7. 7ième variation (coda, de 10' à la fin) : le rythme militaire s'élève progressivement d'instrument en instrument vers un la cadenciel, qui ne demande qu'à être résolu. Le thème est réexposé à 10'47", écoutez bien, on suit la phrase du début jusqu'à la formule magique que j'ai entourée dans le thème, qui se révèle être un raccourci pour conclure, en évitant le centre du thème (à caractère centrifuge si vous me permettez cette contradiction). Presque aussi énigmatique que la fin de l'opus 111 avec ses décélérations.

Passons maintenant à Beethoven avec son opus 18 n°5 en la de 1799. En fait, il a lu, aimé et recopié le quatuor KV 464, et il y a pensé, manifestement, en écrivant ce beau mouvement lent. Même s'il a moins d'expérience que Wolfie au même âge, ce n'est tout de même pas un poulet de l'année: il a déjà derrière lui des sonates pour piano, des trios.

Déjà le thème: il est tout simple, tout carré, c'est du 2*8 mesures, sans chromatisme ni relief tourmenté. Un thème-prétexte, comme souvent chez B.

  1. variation 1: Pas inconscient, Beethoven sait bien que son thème est nul et qu'il faut intéresser l'auditeur. Alors il écrit une variation avec beaucoup de caractère et d'humour, avec une succession de têtes baroques rigolotes. C'est une solution logiquement différente de celle de Mozart qui aime tellement son thème qu'il en respecte la lettre en se contenant de lui mettre du persil dans les naseaux (du moins, dans cette première variation).
  2. variation 2: le moment de bravoure (relative) du 1er violon (en sextolets; ça accélère et c'est une marque de fabrique de Beethoven de varier la pulsation de base: voir encore l'opus 111, c'est différent de Mozart qui garde son fil rouge rythmique inchangé). Rien à faire, un violon 1 qui fait le coq, ça me fout en boule.
  3. variation 3: accélération rythmique, clapotis du 2nd violon. Me touche surtout l'alto, qui, idéaliste tendance grave, chante un monde meilleur, au début de la seconde mi-temps.
  4. variation 4: variation mystérieuse, pianissimo, avec des successions d'accords qui s'animent de façon imperceptible. Ces enchaînements chromatiques frappent davantage l'imagination que ceux de Mozart car on ne les a pas entendus avant (c'est une bonne idée de Beethoven, ça)
  5. variation 5 (6'44"): Bastringue ! c'est la fête à Neuneu. M n'a pas tort, Beethoven c'est vulgaire. Mais que c'est drôle de voir ces marquises sauter sur leurs réveille-matin qui font dring....
  6. variation 6 (7'56"): bifurcation en si bémol une modulation, retour à ré.....cadence et thème déconstruit, liquidé. Ressemble étrangement à la fin du Mozart, en moins excitant je trouve.

Récapitulons: chez Mozart je trouve plus réussis le thème, la variation 2 (celle qui chante qui respire et qui palpite), la variation 6 (le complot sous contrainte militaire) et 7 (la fin, sublime). Mozart, 4 points.

Chez Beethoven, j'aime la variation 1 (son esprit "je casse tout"), la 3 pour l'idéalisme, la 4 pour les complots chromatiques. Et j'enlève un point à cause du bastringue. Beethoven, 2 points.

4 à 2 pour Mozart: c'est (presque) sans appel, non ? Enfin, dans la catégorie, thème et variations en ré majeur, compositeur de 29 ans....

 

Publicité
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité