Brahms Beffa Schönberg à l'hôtel Soubise
Je cède à mes penchants les plus réactionnaires en allant au concert de l'ensemble Hypnos à l'hôtel de Soubise. Au programme, le sextuor n°2 de Brahms, le quatuor de Beffa, et La nuit transfigurée de Schönberg.
Les programmateurs croient utile de présenter La nuit transfigurée comme une perle rare de Schönberg: une musicologue monte sur scène pour nous introduire dans cet univers (well well... faut pas pousser quand même); en revanche ils jugent inutile tout commentaire sur l'oeuvre de Beffa (qui est pourtant présent dans l'assistance) - il n'y a rien non plus dans le programme imprimé, qui est plus disert sur la contribution de Charpentier à l'histoire de la musique à l'hôtel de Soubise. Bon.
Pour la première fois depuis que je fréquente ces concerts Jeunes talents, le concert a lieu dans une des cours de l'hôtel Soubise - très bonne idée, et très bonne surprise acoustique (oui, curieusement, parfois, le plein air, ça marche). Les Jeunes Talents du jour sont l'ensemble Hypnos (un sextuor avec quatre très belles jeunes femmes).
Heureux d'entendre le Brahms (que je n'ai pas en disque). C'est celui avec le gigantesque premier mouvement sous tension avec sa pédale ornée (le sol-fa#-sol-fa#-sol-fa# sol de l'alto) qui stabilise le beau thème en sol qui file tout de suite dans le décor (en mib).....il ya un moment beethovénien dans le développement où la pédale prend le pouvoir (pédales brodées' pawa). Le dernier mouvement est coquinou avec son petit jeu à la Haydn (je démarre sur la ... mais en fait je vais retomber en sol).
Le quatuor de Beffa: une alternance de mouvement très brefs (genre nocturnes avec des modes de jeux différents) et des mouvements élégiaques plus nourris. Le premier de ces mouvements longs m'a paru très pauvre (figures répétitives au violon 2 et à l'alto à la tierce, ploumploums à la basse, mélodie à la Messiaen au violon 1). Le dernier mouvement m'a fait penser à de la musique répétitive ou des néoromantiques polonais (hum).... mais je dois dire que sa fin est très réussie: elle convoque le petit mouvement flûté, tandis que le violoncelle sonne le glas, avec des pizz réguliers. Le langage est souvent tonal, il y a quelques belles idées harmoniques. L'ensemble est plaisant à écouter.
La tension accumulée pendant Schoenberg s'est résolue dans un gigantesque orage, avec grêlons ovoïdes convoqués sans aucun doute par Boulez et sa clique, avec un timing raté (trop tard pour perturber le concert).