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zvezdoliki
28 juillet 2004

musée juif à Berlin

Puisqu'il a été question ici et là de transformation des chats, d'effet tunnel et d'esprit d'escalier, je reviens à Berlin. De nombreuses institutions ont réouvert depuis notre précédente visite (il y a 3-4 ans ?), parmi lesquelles le musée d'histoire d'allemande à l'Arsenal aménagé par IM Pei (très bonne expo sur 14-18 vu du côté allemand), la Fondation Helmut Newton (mais je goûte assez peu les Spiderwomen aux longs fuseaux).

Mais j'ai été surtout impressionné par le musée juif, dont matoo a d'ailleurs déjà parlé. L'architecture du lieu se fonde sur une idée unique simple (comme l'église de Turin devant laquelle je suis tombé en arrêt), celle de droites et de plans coupés. Le trajet du visiteur ressemble à un processus mental. On part du présent (paradoxalement, le bâtiment ancien) pour retrouver, en descendant via un souterrain, l'histoire du judaïsme en Allemagne (le bâtiment nouveau, en forme d'éclair, avec ses surfaces planes scarifiées).

Ce sous-sol, c'est ce que l'architecte Libeskind appelle un axe de la continuité, coupé par deux autres axes, celui de l'exil et celui de l'holocauste. Dans tout le sous-sol, on perd ses repères, rien n'est droit. Cette impression culmine dans le jardin de l'exil, qui évoque justement de façon très forte la difficulté de trouver des nouveaux repères. L'histoire de la Shoah n'est évoquée que de façon très fragmentaire, avec l'exposition d'objets émouvants, un portefeuille, une lettre, chacun attaché à une histoire personnelle. C'est bouleversant, dans un tout autre registre que l'histoire à la Hilberg.

Le parti-pris du reste de l'exposition permanente, c'est avant tout de décrire comment les juifs ont vécu en Allemagne, et pas comment ils ont disparu: il s'agit de célébrer une civilisation, ce n'est pas Yad Vashem. L'histoire du judaïsme en Allemagne, ce sont les synagogues de la vallée du Rhin au Moyen-Age, la famille Mendelssohn, toute l'histoire bien documentée de l'antisémitisme à la fin du XIXième siècle et du bouillonnement culturel de la république de Weimar, mais aussi des aspects moins connus comme la figure de Glikl bas Juda Leib, une femme d'affaires du XVIIième siècle qui a écrit ses Mémoires en yiddisch, avec le fascinant arrière-plan de l'époque avec ses faux messies. Tout cela est présenté de façon appétissante et interactive: nous avons passé une bonne partie de la journée dans ce musée. Last but not least, le restaurant du musée, bien que manifestement sous-dimensionné un lundi pluvieux - lundi est le jour de fermeture de la plupart des musées berlinois, à part le musée juif...et le musée gay - vaut le déplacement (excellent sandre farci....). Je dois dire que le pari du musée est gagné: il est très fréquenté et suscite manifestement l'intérêt des foules (beaucoup d'américains et d'allemands). C'est à voir si vous passez à Berlin.

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