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zvezdoliki
29 mars 2006

L'accordeur et le piano de guerre

Ce matin, l'accordeur vient accorder. Très bavard, très sympa, très soixante-huitard, très curieux. Me dresse un panorama complet de la décrépitude de la facture de piano française depuis 1945 ; je sais tout maintenant des scissions de la maison Pleyel et de sa branche ardéchoise (Rameau, redevenu Pleyel Paris sans que ça ne trompe personne). Note aussi que les écoles de l'Est ont périclité après leur nationalisation ; que la mécanique des pianos allemands est très au point mais que ceux-ci sont moches, il faut savoir ce qu'on veut.

Il connaît bien ce piano-ci, que j'ai en dépôt. Il me montre l'étiquette avec la date de fabrication : 4-11-43. Autre indice que c'est un piano de guerre : les pédales sont en aluminium et pas en laiton (qui devait être réservé aux munitions, à l'époque). Il y a du boulot : un des do graves sonne comme un triton à lui tout seul. Il m'explique que certaines chevilles ne tiennent plus (et il ne suffit pas de mettre un peu de craie, comme on le ferait sur une cheville de violon). Puis me demande un marteau ; je lui amène mon unique marteau ; un peu inquiet, je lui demande s'il n'est pas trop gros, lui me dit que ça ne craint rien et commence à taper comme une brute un sourd. Le résultat est convaincant : le do grave, enfin unique, vagit dans toute sa pureté.

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