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zvezdoliki
21 février 2008

Thésée (1675), de Lully

Hier soir, au Théâtre des Champs-Elysées. Une des premières tragédies lyriques françaises. Le genre de spectacle où je me serais ennuyé à mourir il y a encore 10 ans. Comme quoi il suffit d'un peu d'obstination, et en 38 ans, on parvient à apprécier n'importe quoi. La partition est rarement émouvante et inoubliable mais mais mais.... elle est toujours intéressante. En découpant chaque scène en petites unités dramatiques, on finit par être étonné par la variété des situations, des discours, des instrumentariums. Le plus réussi n'est pas tout le bric-à-brac de la tragédie à la française - Charpentier fera bien plus terrifiant avec le personnage de Médée, peu de temps après, - mais les scènes plus quotidiennes, vivantes et si humaines: récitatifs décrivant des négociations un peu corsées, scènes de comédie entre seconds couteaux (la très belle scène finale, si peu guindée, avec Jaël Azzaretti; le duo de grotesques avec accompagnement de bassons, à l'acte III). Lully réussit avec éclat les scènes de réjouissances un peu officielles, avec cuivres, timbales et le relief qu'apporte le choeur (je me suis un temps demandé où il se cachait). Côté voix, je dois avouer avoir été horriblement déçu par la von Otter (que j'aime infiniment dans d'autres répertoires); j'ai trouvé ses pianissimos de fausse Barbara chichiteux, son registre de magicienne est bien pâlot à côté de ce qu'auraient fait une Mc Nair ou une Hunt; enfin, son français était rigoureusement incompréhensible, tout comme celui de Paul Agnew (et on se demande vraiment pourquoi le TCE n'a pas surtitré le spectacle). Les nombreux seconds rôles étaient en revanche tous magnifiques (notamment Azzeratti et Haller). L'orchestre était pléthorique (2 clavecins, une dizaine d'altos si j'ai bien compté) mais il semble que c'était le cas à la création. Direction pleine de punch, sans baguette, tout en souplesse du poignet, de la belle Emmanuelle Haim (tombant la houppelande à poils de bêbête après le premier entr'acte). Mise en scène décidée à bien mettre dans le crâne du spectateur que Thésée = Louis XIV (Oui, chef ! Bien reçu, chef !). Costumes réussis, décors douteux (un parquet en miroirs noirs, une overdose de références à l'histoire de la peinture). Public connoté sociologiquement (beaucoup de mecs de la finance), nombreux et enthousiaste pour soutenir la jeune création française (héhé).

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